PACIFIC RIM : Entretien exclusif avec Charlie Hunnam (Raleigh Becket) et Rinko Kikuchi (Mako Mori) - Première partie
Article Cinéma du Lundi 17 Juin 2013

Effets-speciaux.info a le plaisir de vous proposer une fois encore une très belle avant-première : un long entretien réalisé à Los Angeles avec deux des principaux acteurs du film de Guillermo del Toro. Charlie Hunnam et Rinko Kikuchi nous ont parlé des personnages qu’ils incarnent dans le spectaculaire hommage que Del Toro rend au cinéma de SF japonais, et plus particulièrement aux « Kaiju Eiga », les films de monstres géants…

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau



Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet PACIFIC RIM, et comment Guillermo Del Toro vous l’a-t-il décrit quand vous vous êtes rencontrés ?

Charlie Hunnam : Il se trouve que je suis fan des films de Guillermo depuis longtemps, et que j’avais eu l’occasion de faire sa connaissance il y a quelques années. Il m’a proposé de passer une audition pour le rôle de Raleigh, et bien que je lui aie posé un certain nombre de questions sur le personnage et qu’il ait eu la gentillesse de m’éclairer sur ces points, je dois avouer que je me suis fourvoyé pendant l’audition…C’était horrible, complètement à côté de la plaque ! (rires) Guillermo a eu la générosité de ne pas tenir compte de cette prestation catastrophique, et il m’a convié à venir faire des tests pour les prothèses des armures qui n’ont pas été très concluants non plus. A ce stade, je me suis demandé pourquoi Guillermo continuait à me faire confiance, et je crois que c’est ma collaboration avec son ami et complice de toujours Ron Perlman dans la série SONS OF ANARCHY qui lui a permis de voir ce que j’étais capable de faire et qui l’a convaincu qu’il pourrait quand même tirer quelque chose de moi ! (rires) Guillermo m’a invité dans son bureau/studio/atelier afin que je puisse voir le travail que son équipe était en train de faire sur les Kaijus et les Jaegers. Cela faisait déjà un certain temps que ces designers étaient à l’œuvre et ce que j’ai vu m’a énormément impressionné. Guillermo m’a montré ces designs et m’a expliqué tout l’univers du film. J’ai pu me rendre compte ainsi que la description visuelle de ce monde allait être très riche, et fourmiller de détails fascinants et de textures originales. Quand Guillermo m’a raconté l’histoire et la trajectoire de chacun des personnages, j’ai constaté que même si PACIFIC RIM était « un film de monstres et de robots géants », c’était d’abord et avant tout une histoire centrée sur un petit groupe d’humains très attachant. Toute l’intrigue et tous les enjeux s’articulent autour d’eux. Les rapports entre ces gens sont décrits de manière réaliste, dans un monde confronté à des situations fantastiques mais qui reste cependant crédible. Comme vous le savez sans doute, on apprend au début du film que des monstres colossaux ont surgi de l’océan, et que l’humanité toute entière a mis en commun ses moyens techniques et financiers pour construire des robots géants afin de combattre et de vaincre ces créatures. Dès que Guillermo a fini de me décrire tout cela, j’étais convaincu que le projet serait formidable, et j’ai du lui dire une phrase d’une profonde pertinence du genre : « Wow, ça a l’air super ! » (rires) Mais au-delà de ces images, de ces maquettes de robots et de monstres et de cette histoire, je dois dire que si c’était quelqu’un d’autre que Guillermo qui m’avait « pitché » cette idée, je me serais certainement enfui en courant à toutes jambes ! Avec Guillermo, on pouvait être sûr que le projet serait mené avec une telle intégrité, une telle finesse de compréhension et une telle maîtrise de ce genre cinématographique que cette histoire de robots et de Kaijus allait être un film épatant. Guillermo vit, respire et dort 24h sur 24 dans un univers de monstres. Il a une vraie affinité avec toutes les formes d’expressions du Fantastique et de la Science-Fiction. Il est parfaitement à l’aise là-dedans et est donc en mesure de mener à bien ces projets avec un brio que très peu d’autres réalisateurs sont capables d’égaler. De plus, c’est parce qu’il est mu par une passion sincère qu’il s’implique totalement dans chacun de ses projets. Il ne fait pas cela pour s’enrichir. Voilà tout ce qui m’a convaincu que je devais participer à ce film.

Rinko Kikuchi : Pour moi, les choses ont commencé de manière différente. En réalité, j’ai rencontré Guillermo pour la première fois de façon informelle, il y a un peu plus de 7 ans, au moment où je travaillais avec son ami le réalisateur Alejandro González Iñárritu sur BABEL, dans lequel je jouais une jeune fille muette. A l’époque, je ne parlais pas un seul mot d’anglais et j’étais donc incapable de dialoguer avec Guillermo… Je me souviens que la seule chose que nous avions été capables de nous faire comprendre mutuellement, c’était que nous étions tous deux des grands fans du film d’animation de Hayao Miyasaki MON VOISIN TOTORO ! (rires) Bien longtemps après cela, j’ai entendu une rumeur selon laquelle Guillermo cherchait une actrice japonaise pour l’un des rôles principaux de ce projet. Cela se passait au moment où je tournais dans le film 47 RONINS à Londres. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai envoyé un mail à Alejandro en lui disant que je voulais passer une audition avec Guillermo pour PACIFIC RIM. Quelques jours plus tard, Guillermo m’a envoyé un mail en me disant que je devrais venir le voir à Toronto. Je me suis donc rendue au Canada, et il m’a proposé de le rencontrer dans un restaurant où nous avons mangé des glaces. (rires) Puis il m’a fait jouer quelques extraits de scènes et peu après, il m’a dit qu’il me confiait le rôle, ce qui m’a rendu très heureuse.

Charlie Hunnam : C’est tellement typique de Guillermo, de donner rendez-vous à une actrice dans un restaurant pour déguster des glaces ! (rires)

Rinko Kikuchi : Oui ! Mais je crois que c’était aussi une manière de dédramatiser cette première rencontre et de me permettre de me détendre avant l’audition.

Comment s’est déroulé le travail pendant le tournage, sur le plateau ?

Charlie Hunnam :
C’était époustouflant. Guillermo est un maître d’orchestre incomparable pour diriger tous les aspects d’un projet aussi complexe. En fait, c’est comme s’il avait 2 visages. D’un côté, il est de loin le metteur en scène le plus drôle et le plus détendu avec lequel j’aie jamais travaillé. Il nous lance toujours des plaisanteries, et se comporte de manière très chaleureuse avec tout le monde. Il est toujours à l’écoute des suggestions que l’on peut lui faire, car il apprécie le processus collaboratif d’un tournage. Tout cela contribue à créer une atmosphère à la fois concentrée et détendue. De plus, comme chacun sait qu’il est un des maîtres du Fantastique, la confiance règne sur le plateau. Nous n’avons pas à subir les doutes et les névroses d’un réalisateur stressé, comme cela arrive si souvent d’habitude ! (rires) Mais de l’autre côté, Guillermo est aussi l’une des personnes qui travaille le plus dur et le plus longtemps dans le monde du cinéma. C’est vraiment sidérant de le voir à l’œuvre…Son éthique de qualité du travail, sa créativité et sa productivité sont tout simplement stupéfiants. En ce moment même, il écrit la suite du film avec Travis Beachham afin qu’elle soit déjà prête si ce premier opus est bien accueilli par le public, il développe aussi une mini-série pour la chaîne FX qui est l’adaptation de son roman THE STRAIN, il vient de me proposer de tenir un rôle dans son prochain film, CRIMSON PEAK, qu’il est en train de finir d’écrire, il réécrit également le script de son projet de transposition de LA BELLE ET LA BETE, il avance sur le 4ème tome de THE STRAIN, et il assure le suivi de la postproduction de PACIFIC RIM ! Ce qui signifie qu’il écrit simultanément 4 scripts et travaille sur le casting et la préparation de 4 projets totalement différents, tout en finalisant ce film. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais la plupart des réalisateurs frôlent déjà l’épuisement et la dépression nerveuse en assurant la postproduction de leur film après un tournage éprouvant, parce que c’est très dur de le terminer à temps et de respecter la date de sortie imposée par le studio ! (rires) C’est absolument incroyable que Guillermo soit capable de mener tout cela à bien en même temps. Il est le meilleur exemple de professionnalisme que j’aie jamais vu.

Rinko Kikuchi : Oui, il travaille dur, mais pendant le tournage, il trouvait toujours le moyen de me faire rire. Je me suis beaucoup amusée grâce à lui. C’était important, car PACIFIC RIM a été de loin le film le plus éprouvant de ma carrière au niveau de la résistance physique. Cela a été vraiment dur pour moi par moments. Mais je me suis donnée à fond parce que je voulais absolument que Guillermo soit heureux, et pleinement satisfait de ma performance. Même si c’était parfois difficile, travailler avec Guillermo était passionnant, tous les jours, dans toutes les circonstances.

Charlie, quel était votre niveau de familiarité avec l’univers des Kaijus ? Rinko, étant japonaise, avez-vous grandi en regardant des films et des séries avec des Kaijus ou est-ce un genre davantage réservé au public des garçons? Si vous en avez regardé, quels étaient vos films et séries préférés ?

Rinko Kikuchi :
Oui, j’ai grandi en regardant de nombreuses séries en prises de vues réelles, séries animées et films avec des Kaijus, notamment les aventures d’Ultraman, les films avec Gamera et Godzilla. Mais je voudrais dire que PACIFIC RIM, même s’il est inspiré par tout cela, est une approche originale de cet univers. Il y a vraiment la patte de Guillermo dans ce film et ce sera une aventure très différente de celles que l’on a pu voir dans les productions japonaises.

Charlie Hunnam : Oui, pour aller dans le sens de ce que vient de dire Reiko, il ne faudrait pas croire que PACIFIC RIM est juste un hommage. Dans le genre « robots géants », le film est plus proche de BLADE RUNNER que de TRANSFORMERS…Guillermo a créé un monde très original, très riche, en y ajoutant des thèmes nouveaux. Quand on voit le film, on a l’impression que ce monde existe, et qu’il est tout proche de la réalité. Il y a bien sûr des visons et des situations extraordinaires, mais il y a tellement de strates dans l’histoire que l’on finit par y croire et par éprouver de l’empathie pour tous les personnages.

La suite de cet entretien paraîtra bientôt sur ESI !

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