La critique ESI : WOLVERINE, LE COMBAT DE L’IMMORTEL, une aventure en solo très réussie de la star des X-Men
Article Cinéma du Jeudi 18 Juillet 2013

Par Pascal Pinteau

Rongé par la culpabilité, Wolverine affronte ses démons et trouve l’amour au Japon dans un film spectaculaire et efficace.

C’est bien le Wolverine que l’on aime qui revient sur le grand écran toutes griffes dehors. Non seulement cette deuxième aventure en solo ne déçoit pas, mais sa narration fluide et riche en émotions et en rebondissements réussit à faire oublier la tentative bancale que fut X-MEN ORIGINS : WOLVERINE, qui s’éparpillait dans trop d’événements anecdotiques au lieu de bien raconter comment Logan fut capturé et soumis à d’innommables tortures pour être doté de son squelette d’adamantium (à la décharge du réalisateur Gavin Hood, rappelons qu’il n’avait pas eu les mains libres pour travailler, loin de là…) Ce nouvel opus de l’odyssée personnelle de Wolverine au cinéma est librement adapté de la BD écrite par Chris Claremont et dessinée par Frank Miller en 1982, qui confrontait Logan à la culture, aux traditions et aux codes millénaires du Japon. Dans cette transposition bien conçue, qui approfondit les motivations des personnages principaux, Hugh Jackman prouve qu’il n’a rien perdu de son charisme ni de sa prestance physique dans le rôle qui a fait de lui une star, et ce même lorsqu’il incarne un Logan perdu, hagard, vivant en ermite dans un massif montagneux parce qu’il ne se pardonne pas d’avoir tué Jean Grey pour anéantir la terrifiante puissance qui s’était emparée d’elle, et l’avait transformée en « Dark Phoenix ». Ce lien bien exploité avec le 3ème volet de la saga X-MEN permet aux scénaristes d’explorer les tourments de l’âme de notre héros et les souffrances liées à son immortalité, à la perte de Jean, l’amour de sa vie, et de son mentor, le professeur Xavier. Rappelons qu’après le départ du réalisateur Darren Aronofsky, qui avait une vision « R-Rated » trop violente du projet pour le rendre commercialement viable, Hugh Jackman et les producteurs ont eu la riche idée de faire appel à James Mangold et de lui laisser imprimer sa propre « griffe » à cette aventure. Et il a visiblement pu s’exprimer comme il l’entendait, car il livre ici l’une des meilleures aventures de Wolverine que l’on ait vu sur le grand écran.



En abordant le cinéma des super-héros, Mangold prouve une fois encore sa capacité à passer brillamment d’un genre cinématographique à un autre. On se souvient notamment qu’il a fait prendre 20 kilos à Sylvester Stallone pour le transformer en shérif intègre et faussement inoffensif d’une petite ville dans l’impeccable COPLAND (1997), qu’il a signé l’excellent thriller d’épouvante IDENTITY (2003), a rendu un hommage inoubliable au chanteur de country Johnny Cash dans WALK THE LINE (2005), et réalisé un superbe remake du western 3H10 POUR YUMA (2007). Un remarquable palmarès auquel il convient d’ajouter cette nouvelle réussite dans un registre exploré de multiples manières depuis une quinzaine d’années.

Pour se démarquer de AVENGERS, IRON MAN 3 ou MAN OF STEEL, plutôt que de jouer la carte de la surenchère des effets spéciaux dans WOLVERINE, LE COMBAT DE L’IMMORTEL, Mangold a intelligemment choisi de miser sur un contexte plus réaliste et sur une description du Japon qui évite les clichés décoratifs des cartes postales. Le rythme toujours soutenu fait songer à celui des grands thrillers d’espionnage des années 70, qui savaient aussi « laisser respirer » leurs personnages pour les rendre plus attachants. Veillant toujours à la qualité de la narration visuelle et à la sincérité du jeu de ses comédiens, le réalisateur se concentre sur les émotions de Wolverine et des autres protagonistes, respectant ainsi parfaitement l’esprit des Marvel Comics, même quand le script s’éloigne du récit original de Claremont et Miller. Si les péripéties et certains personnages changent un peu, ou dans certains cas beaucoup, les aspects les plus intéressants de la trame de la BD sont repris dans le film, notamment les affrontements avec les ninjas et les yakuzas, et la bataille finale avec un samouraï d’argent encore plus surprenant ici que dans les cases de BD parues il y a 30 ans. Et quel plaisir pour le spectateur que de voir Wolverine, éternel anarchiste, rebelle à toute forme d’autorité, se retrouver dans un Japon où l’honneur, les traditions et les coutumes sont omniprésents, et le contraignent à se plier en grognant aux règles locales !

Parmi les atouts du film, signalons les excellentes prestations des deux actrices japonaises du film, Rila Fukushima, qui incarne Yukio, mutante capable de prédire la mort de ses proches et fine lame, et Tao Okamoto qui joue Mariko Yashida, la demoiselle en danger que Wolverine protège avant de succomber à son charme. Les scènes romantiques entre Logan et Mariko fonctionnent d’autant mieux que le réalisateur prend le temps d’installer une relation crédible entre ces deux personnages qui n’auraient jamais du se rencontrer… Ken Yamamura et Hal Yamanouchi, eux, se succèdent efficacement dans le rôle de Yashida, à différents moments de la vie de ce personnage-clé. Nous découvrons ainsi dans le prologue le jeune officier protégé in extremis par Logan de l’explosion atomique qui anéantit Nagasaki le 9 août 1945, et nous le retrouvons de nos jours, patriarche agonisant régnant sur un empire technologique, qui offre à notre héros la possibilité de ne plus être immortel.



Grâce à sa construction efficace, et à l’habileté avec laquelle James Mangold continue à développer les personnages et les enjeux du récit même pendant les scènes d’action, originales et très bien menées, WOLVERINE : LE COMBAT DE L’IMMORTEL est une des belles surprises de cet été. Résistez à la tentation de lire les « spoilers » avant de voir ce film que vous prendrez plaisir à découvrir de bout en bout. ATTENTION ! RESTEZ ASSIS DANS LA SALLE MEME APRES QUE LE GENERIQUE DE FIN AIT COMMENCE A DEFILER !

N’oubliez pas ce conseil d’ESI, car vous rateriez alors une rencontre Xtrêmement intéressante !

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