Critique Blu-ray : Battlestar Galactica Blood & Chrome
Article DVD Blu-Ray du Vendredi 25 Octobre 2013
Quatre ans après l'arrêt de la diffusion de la série Battlestar Galactica - réjouissant remake d'un feuilleton de la fin des années 1970 –, le téléfilm Blood & Chrome nous invite à revenir dans le temps. Quarante ans avant les événements de la série, le navire Galactica est encore rutilant. Alors que la guerre entre les humains et les Cylons tourne à l'avantage de ces derniers, le jeune pilote William Adama, futur commandant du vaisseau, monte à bord du fameux Battlestar et se lance dans sa première mission. Contrairement à l'excellente série de Ronald D. Moore, Blood & Chrome a été intégralement tourné devant des fonds verts. Un exploit auquel ce Blu-ray nous permet d'assister...
Bien après la fin de la diffusion de Battlestar Galactica, et deux ans après l'annulation de la préquelle Caprica, Universal propose au producteur David Eick (co-créateur de BSG avec Ronald D. Moore) de développer une série tirant partie des dernières innovations technologiques. Ainsi une seconde préquelle est-elle lancée. Si Battlestar Galactica racontait la fuite désespérée des derniers survivants d'un génocide provoqué par les cylons, Caprica se concentrait sur la création des robots, soixante ans plus tôt. Très différente de son aînée (et pour cause : le projet original – la création et l'émancipation d'une intelligence artificielle - n'avait aucun rapport avec l'univers de BSG), Caprica n'a bénéficié que d'une unique saison avant de s'éteindre. Blood & Chrome se déroule ainsi vingt plus tard, pendant la première guerre contre les Cylons. Abandonnant les questionnements philosophiques de Caprica et les critiques sociales de BSG, Blood & Chrome se rapproche davantage d'un « Top Gun de l'espace ». Originellement envisagée comme une websérie, le projet est finalement devenu le pilote d'une nouvelle série dérivée. Mais le résultat a semble-t-il déçu les responsables du réseau Syfy et des studios Universal. Si Blood & Chrome a bien été diffusée sous la forme d'une websérie sur la chaîne Machinima de Youtube, puis remontée pour une diffusion à la télévision, aucune (première) saison n'a été commandée. Seul restera ce téléfilm, enfin disponible – en version longue - en DVD et Blu-ray. Outre la promesse de renouer avec les duels spatiaux sur le petit écran, Blood & Chrome marque également une étape importante dans l'histoire de la production télévisuelle. Les acteurs n'ont effectivement pas joués au sein d'onéreux décors, mais devant une multitude de fonds verts. Les technologiques numériques ne cessent donc d'évoluer, pour le plus grand plaisir des Cylons...
Top Gun spatial
La fin de la première guerre entre humains et cylons – ainsi que la jeunesse de William Adama - avait été déjà brièvement explorée dans la websérie Battlestar Galactica Razor (des flash-backs qui ont ensuite été insérés dans la version longue du téléfilm éponyme). Cette fois-ci, la guerre dure depuis dix ans, mais elle est loin d'être terminée. Dans Blood & Chrome (dont le titre fait référence au sang versé par les humains... et au métal froissé des Cylons), Bill Adama (Luke Pasqualino, qui remplace son prédécesseur de Razor, Nico Cortez) n'est qu'une nouvelle recrue arrogante - une forte tête qui doit encore faire ses preuves. Lorsqu'il est, à sa grande satisfaction, assigné sur le Galactica, son expérience sur les simulateurs ne lui est finalement pas d'un grand secours. La guerre n'a rien de réjouissant. Surtout qu'au lieu de piloter un chasseur Viper, il se voit confier les commandes d'un Raptor, un simple vaisseau de transport et reconnaissance... William « Husker » Adama va rapidement entre en conflit avec son co-pilote, Coker (Ben Cotton), qui sera bientôt démobilisé. Ensemble, ils devront pourtant participer à une mission secrète et escorter la ravissante Beka (Lili Bordan), une scientifique qui a auparavant travaillé pour Greystone Industries (la société à l'origine des robots, et au centre de l'intrigue de la série Caprica), aux confins du territoire des Cylons. Ils y croiseront une flotte fantôme, participeront à plusieurs batailles spatiales, assisteront au combat entre deux gigantesques vaisseaux spatiaux... avant de s'écraser sur une planète glacée ! Une terrible découverte – qui relie l' intrigue de Caprica à celle de Battlestar Galactica 2003 - les y attend. Le scénario de ce téléfilm ne restera certes pas dans les annales de la SF, mais il est efficace. Si la série avait obtenu le feu vert, il aurait rempli son rôle de pilote. Les fans pourront regretter les thématiques morales et sociales de la série originale ; Blood & Chrome ne manque cependant pas d’impressionnantes séquences d'action (surtout pour une production dédiée au web et à la télévision !). Malgré le tournage devant des fonds verts, les acteurs s'en tirent avec les honneurs. Si leur jeu manque de finesse, gageons que, avec le temps, ils auraient pris leurs marques au sein de cet univers virtuel. Car tous les décors et paysages – des coursives de vaisseaux spatiaux aux étendues glacées - ont été conçus sur ordinateur. Le résultat, imparfait, reste impressionnant. On peut regretter l'utilisation abusive des « lens flares » (si chères à J.J. Abrams), mais l'infographie a permis de transformer le Galactica en véritable fourmilière. Le navire n'est plus l'antique porte-avions spatial que l'on a découvert dans la série initiée en 2003. Les hangars abritent des dizaines de mécaniciens et autant de chasseurs stellaires – tous réalisés en images de synthèse. On imagine aisément ce que, de nos jours, une série de SF pourrait montrer sur le petit écran. Comme au cinéma, l'imagination est devenue l'ultime limite...
Au final, on remarquera surtout l'absence de Ronald D. Moore au générique. L'implication du créateur et showrunner de Battlestar Galactica aurait certainement permis à ce projet de passer à la vitesse supérieure. Blood & Chrome s'avère être un sympathique rejeton de cet univers, mais l'essence de la série s'est diluée en chemin. Les fans de BSG et de science-fiction spatiale n’hésiteront cependant pas à monter à bord pour une ultime aventure...
Techniquement, le Blu-ray, à l'image des précédentes éditions des séries BSG, fait un sans-faute. La présence de grain et la lumière saturée, qui pourraient déplaire à certains téléspectateurs, sont des choix artistiques. L'excellente qualité de l'image met cependant en exergue les effets spéciaux les plus faibles. Le Blu-ray propose également deux pistes sonores encodées en DTS-HD Master Audio 5.1, pour l’anglais et le français. Le résultat est parfait : si vous êtes bien équipés, votre salon se transformera rapidement en cockpit de vaisseau spatial. Et les Cylons, près de votre canapé, ne tarderont pas à vous menacer...
L'édition blu-ray ne propose que deux bonus. Mais la qualité prime sur la quantité ! Ainsi un passionnant making of (22 minutes et 58 secondes) vous plongera dans les coulisses de ce téléfilm hors-normes. Toutes les étapes de la création des effets visuels y sont abordées. Il est toujours étonnant de découvrir qu'un minuscule plateau vert est à l'origine de plans particulièrement impressionnants... Si elles sont peu intéressantes, les scènes coupées (29 minutes et 15 secondes) nous permettent justement d'assister aux conditions – rudimentaires – du tournage.