THOR, LE MONDE DES TENEBRES : Entretien exclusif avec Tom Hiddleston (Loki) - 1ère partie
Article Cinéma du Lundi 11 Novembre 2013

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous parler du sort qui a été réservé à Loki depuis sa défaite dans AVENGERS, et des nouveaux buts qu’il se fixe dans LE MONDE DES TENEBRES, alors que Thor lui propose une trêve et vient lui demander son aide ?

Au début du film, on assiste au retour de Loki à Asgard, juste après les évènements qui ont été décrits dans AVENGERS. Comme vous pouvez l’imaginer, Odin va avoir des choses assez cinglantes à lui dire à propos de ses agissements, car Loki a quand même essayé de le tuer, puis d’éliminer son fils Thor, et enfin de dominer la terre en détruisant une bonne partie de New York pendant cette escapade ! (rires) En accumulant ainsi les traîtrises, Loki est désigné comme ennemi public n°1 du royaume, et Odin le condamne à être incarcéré dans le donjon d’Asgard, et à rester dans sa cellule pour l’éternité, jusqu’à ce qu’il pourrisse sur place…Mais ce qui rend cette situation intéressante, c’est que Asgard se retrouve confrontée peu après à une menace terrible, à des ennemis qui sont des elfes des ténèbres, commandés par Malekith, qui est incarné par Christopher Eccleston. La race des Elfes des ténèbres provient d’une autre partie de l’univers, qui est antérieure au big bang et à la naissance du cosmos tel que nous la connaissons. Ces êtres mystérieux existaient avant toute autre forme de vie, toute autre civilisation, et avant les dieux d’Asgard eux-mêmes. A un moment du film, Anthony Hopkins / Odin dit « Certains croient qu’avant la naissance de l’univers, il n’y avait que le néant et l’obscurité, mais ils se trompent… » Ce qu’il évoque, c’est cette préhistoire de l’univers pendant laquelle les elfes des ténèbres étaient les seigneurs absolus de ce qui existait. Mais contrairement à ce que Odin et les sages d’Asgard croyaient, ces elfes n’ont pas disparu depuis des millions d’années. Ils existent toujours et menacent désormais Asgard et les mondes qui en dépendent, dont la terre. Et l’ironie du sort, c’est que la seule personne du royaume qui soit peut-être en mesure de les localiser, les combattre et les vaincre est justement Loki ! Thor est donc forcé de se rendre dans le donjon et de se trouver une fois encore face à ce frère à la personnalité complexe qui est aussi un ennemi farouche, pour lui demander de lui apporter son aide. En raison de ces circonstances exceptionnelles, Thor et Loki forment alors un tandem lié par une allégeance particulièrement intéressante…

Ce que vous connaissez de l’univers de THOR vient-il des scripts des 2 films de la série et de celui d’AVENGERS, ou êtes-vous aussi un amateur des BDs Marvel depuis votre enfance ?

Mes connaissances sont principalement issues des scripts, mais tout ce que je viens de décrire du récit du film provient aussi directement de l’univers des Marvel comics. Une bonne partie de l’intrigue du MONDE DES TENEBRES est née des longues conversations que Chris Hemsworth et moi avons eues avec Alan Taylor et Kevin Feige. Nous avions envie de faire des choses nouvelles, de prendre ces personnages que les gens ont aimés et d’essayer de leur donner une nouvelle dimension, dans le cadre d’un récit très différent dans ses thèmes et dans sa forme. Nous ne voulions surtout pas ressasser ce que nous avions déjà montré aux spectateurs dans THOR et dans AVENGERS. Concernant les comics, je dois dire que je n’ai pas eu l’occasion d’en lire beaucoup pendant mon enfance, car mon éducation s’est faite surtout autour des livres. Mais ce que j’aime à propos des bandes dessinées de THOR et des AVENGERS que j’ai découvertes en me préparant à jouer dans ces films, c’est l’audace et l’inventivité de leurs scénaristes. Ils n’ont pas peur de se lancer dans des histoires de grande ampleur, avec de nombreuses intrigues parallèles, des péripéties très spectaculaires et des dizaines de personnages. Ces récits destinés à toucher un très large public racontent aujourd’hui avec un talent indéniable des histoires dont les thèmes existent depuis l’Antiquité. Shakespeare faisait exactement la même chose à son époque : il retravaillait des histoires très anciennes pour les adapter à son public. Il distillait des éléments du registre classique à sa manière en s’appropriant les figures des héros grecs, et en les parant de vêtements de l’ère élisabéthaine pour les présenter dans ses pièces. Les comics de superhéros utilisent eux aussi cette méthode. Ils sont notre panthéon des dieux modernes, notre mythologie actuelle. Ils ont le mérite d’être aisément accessibles au grand public et aux lecteurs de tous âges. Mais comme je vous le disais, ils n’ont pas fait partie de ce que j’ai lu pendant mon enfance.

Que vous faisait-on lire ? La littérature anglaise classique et les pièces de Shakespeare ?

Eh oui ! (rires) Mais quand j’étais très jeune, je lisais LE HOBBIT de Tolkien, MARY POPPINS…J’aimais beaucoup MARY POPPINS ! A chaque fois que je revois le film à présent, je suis ému par des personnages différents. Comme ma sœur a presque le même âge que moi, quand nous étions petits, nous étions comme Jane et Michael, les enfants dont s’occupe Mary Poppins. Et bien sûr, nous nous identifiions totalement à eux ! J’adorais Mary et aussi Bert , joué par Dick Van Dyke. Quand j’étais jeune, je trouvais le personnage de Mr Banks très ennuyeux, alors que mon regard d’adulte est tout à fait différent aujourd’hui : il est devenu l’un de mes personnages préférés du film ! (rires) Il est tellement émouvant…MARY POPPINS, comme les récits des BDs de Marvel, prouvent que des histoires simples mais superbement conçues, peuvent produire des effets complètement différents sur vous en vous accompagnant tout au long des étapes de votre vie…

Absolument. Et d’ailleurs, quand on examine le contenu des récits fantastiques dont vous venez de parler, l’œuvre de Tolkien, Mary Poppins ou les BDs de superhéros, on s’aperçoit que si l’on retire tous les éléments purement imaginaires, ce qui reste, ce sont des thèmes éternels et des émotions capables de toucher tout le monde. Dans le cas de THOR, au cœur de l’histoire, il y a un fils mal aimé, Loki, qui tente de construire une relation avec un père trop distant, au-delà de la lutte pour le pouvoir qui l’oppose à son frère…Au fond, ce qui fait l’extraordinaire popularité de ces récits, ce sont ces thèmes essentiels, basiques, profondément humains…

Je crois que c’est indispensable pour ancrer ces histoires à grand spectacle dans la réalité. On peut dire la même chose des premiers films de la saga STAR WARS et d’AVATAR : les images de ces divertissements sont si étonnantes que l’on a l’impression d’être transporté dans d’autres mondes, mais tout repose d’abord sur des sentiments humains que chacun peut comprendre, et qui nous fascinent parce qu’ils ont forcément, d’une manière ou d’une autre, une résonance en nous. Je ne suis pas sûr que les gens réalisent toujours quels sont les éléments précis qui leur font apprécier ces films. Cependant, il est évident que ce sont pourtant bien ces structures dramatiques universelles qui permettent à ces divertissements de Science Fiction ou de Fantasy de remporter un succès aussi considérable dans le monde entier, en dépassant toutes les barrières culturelles. Comme tout le monde, j’adore les films qui sont de formidables spectacles visuels, mais je ne les apprécie pleinement que si je peux m’intéresser aux personnages, et m’identifier à eux grâce à leurs motivations et à leurs émotions. Si ce n’est pas le cas, on se désintéresse vite du film et de ce que le sort réserve aux personnages !

La suite de cet entretien paraîtra bientôt sur ESI, à moins que Loki ne nous joue un mauvais tour…

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