THOR, LE MONDE DES TENEBRES : Entretien exclusif avec Natalie Portman
Article Cinéma du Lundi 16 Decembre 2013

L'actrice retrouve son personnage de Jane Foster, et joue un rôle encore plus important dans ce deuxième opus.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous dire comment évolue l’histoire d’amour entre Jane et Thor dans ce second épisode, et comment Jane réagit quand elle découvre le monde d’Asgard ?

Jane a vu Thor à la télévision quand il défendait New York avec les Avengers, et elle est en colère après lui, car elle n’a pas apprécié qu’il ne profite pas de son retour sur Terre pour venir la voir à ce moment-là. Même s’il était très occupé, il aurait pu au moins lui téléphoner ! (rires). Donc, quand ils se retrouvent, elle a des reproches à lui faire… Un peu plus tard, quand Jane est frappée par cette arme mystérieuse des elfes des ténèbres, l’enjeu pour Thor ne consiste plus seulement à la sauver des griffes de ses ennemis, mais à la guérir. Cette épreuve qu’ils traversent ensemble et cette confrontation avec des adversaires impitoyables leur permettent de se rapprocher. Pour Jane, qui est une scientifique, la découverte d’Asgard est un émerveillement de tous les instants, car ce monde repose sur un environnement de technologies extrêmement avancées qui sont les concrétisations de toutes les théories et les idées les plus folles auxquelles elle pense depuis toujours. Et tout cela se retrouve brutalement sous ses yeux, et fonctionne réellement ! Elle est époustouflée par la beauté et la sophistication de cette cité et de ses machines. Elle est ébahie par tout ce qu’elle découvre, et même par des objets d’une banalité confondante pour les asgardiens (rires). Asgard est le lieu qui symbolise tout ce que Jane a toujours rêvé de voir exister.

Anthony Hopkins nous disait qu’il avait eu plusieurs scènes à jouer avec vous, cette fois-ci : comment avez-vous vécu cette collaboration avec un tel monstre sacré du cinéma ?

Comme le plus fantastique des privilèges. Anthony est un géant parmi les acteurs, et une personne extrêmement gentille. Je dois avouer que j’étais tellement intimidée pendant les premières prises de nos scènes que je n’arrêtais pas de me tromper dans mes répliques… J’en étais mortifiée, et plus je me trompais, plus la nervosité m’ôtait mes moyens. Heureusement, Anthony a une telle bonté et un tel humour qu’il a réussi à dédramatiser la situation et m’a permis de me détendre et de dire correctement mon texte. Quand je butais sur une phrase, il disait avec beaucoup d’indulgence dans la voix "C’est une réplique vraiment dure à dire…" (rires). C’était adorable de sa part… Anthony est une légende du cinéma, mais cela ne l’empêche pas d’être le plus agréable des partenaires.

Un univers nouveau

Avez-vous été surprise que l’on vous propose de jouer dans un film de super-héros ?


Surprise et ravie ! Je n’aurais jamais imaginé que l’on me le demanderait. Et comme cela me plaît beaucoup, je dis oui à chaque fois que Marvel me le propose ! (rires). J’aime changer de registre au cinéma et je suis ouverte à toutes les propositions. J’ai remarqué que les réactions des gens sont un peu différentes depuis que j’ai joué dans THOR : il y a beaucoup d’enfants et d’adolescents qui me reconnaissent. C’est très agréable de ressentir toute cette énergie positive, cet enthousiasme et cette bienveillance.

Connaissiez-vous l’univers des super-héros Marvel avant THOR ?

Non, pas du tout. Ma culture dans ce domaine était proche de zéro. Mais j’avais vu les principaux films tirés des Marvel comics et je les avais aimés. C’est pour cela que je n’ai pas hésité quand Marvel m’a contactée pour le premier THOR, et que j’ai été heureuse de tourner dans ce deuxième volet.

Jane Foster se retrouve à Asgard et vous, vous allez venir vivre en France très prochainement…

Oui, nous découvrons toutes les deux de nouveaux univers! J’adore Paris et je suis très heureuse de m’installer dans votre beau pays pour y vivre.

Les tournages des deux épisodes de THOR ont été probablement assez différents de la majorité des films dans lesquels vous aviez joués jusqu’à présent…

Le principal défi à relever quand on joue dans ce type de film, c’est d’arriver à imaginer tout ce qui est censé se trouver autour de vous alors que vous ne voyez qu’un fond vert et quelques accessoires. Mais Alan Taylor nous a beaucoup aidés, car il a pris à chaque fois le temps de nous expliquer en détail ce qui était sensé se passer, pour nous aider à nous replonger dans la scène et à prendre nos marques. Chris Hemsworth et moi nous sommes assez rieurs, et comme les mêmes choses nous amusent, il suffisait que je repère une petite étincelle dans son regard pour que nous soyons pris de fou rires. C’est amusant au début, mais quand on n’arrive plus à se contrôler et que l’on retarde tout le monde, on se retrouve dans une situation très embarrassante. Il a fallu que nous prenions les choses en main pour éviter que cela se reproduise et ne plus retarder l’équipe de tournage.

Aimez-vous la science-fiction ?

J’apprécie la SF au cinéma, car la découverte d’autres mondes imaginaires y est souvent fascinante, mais je ne connais pas ce genre littéraire. Je suis hélas ignorante dans ce domaine. Et concernant les autres formes de vie, quand on aborde ce sujet, je repense toujours à cette scène du film d’animation de DreamWorks FOURMIZ, où l’on voit des soldats fourmis réunis autour d’un feu de camp, en train de fumer. Il y en a un qui se tourne vers ses camarades et qui dit "Eh, vous croyez qu’il existe quelque chose en dehors de nous, au-delà de notre colonie ?" (rires). Pour ma part, je suis certaine qu’il y a des formes de vie intelligentes dans l’univers ! Les calculs de probabilités fait par de nombreux savants démontrent qu’il est quasiment impossible que nous soyons seuls.

Une sérieuse préparation

Avez-vous beaucoup "révisé" les BD de Thor pour connaître la saga de Jane Foster ? On sait que Marvel fournit toujours une documentation importante aux acteurs afin qu’ils se familiarisent avec les origines des personnages qu’ils incarnent…


Oui, c’est exact. J’ai lu une partie des comics que les studios Marvel m’ont envoyés, mais comme le personnage de Jane a énormément changé dans la transposition qui en a été faite dans les scripts des films, je n’avais pas l’obligation de m’inspirer de ces histoires-là. En revanche, j’ai regardé plusieurs documentaires consacrés à la physique qui vulgarisaient les idées et les théories dont Jane parle, afin d’en comprendre les grandes lignes. C’est important de savoir ce que l’on dit, afin de le jouer avec conviction.

Est-ce ainsi que vous vous préparez pour tous vos rôles, en visionnant des documentaires ?

Oui, et aussi en rencontrant des gens pour les écouter parler de leurs vies et de leurs expériences. Mes amis proches m’inspirent beaucoup, car ils ont des activités très variées, très intéressantes, qui me fascinent. J’apprends beaucoup quand ils me racontent ce qu’ils font. Parmi mes amis intimes, il y a un compositeur, un responsable de fonds d’investissement, une personne qui travaille dans le bureau d’un procureur, un chercheur qui étudie les accidents cardio-vasculaires et les moyens de les éviter, et un architecte qui met au point le réaménagement de quartiers défavorisés de la ville de Detroit. Votre point de vue sur les choses évolue énormément quand des gens comme cela vous expliquent leurs projets et leurs réalisations. Cela vous ouvre de nouvelles perspectives sur le monde, loin des paillettes et des artifices du monde du cinéma. Certains de mes amis ont délibérément choisi d’exercer des métiers peu payés, mais qui les passionnaient après avoir obtenu des diplômes d’universités prestigieuses qui leur ouvraient les portes de professions aux salaires très élevés. Ils ont préféré entreprendre des projets généreux, et se mettre au service des autres plutôt que de penser à se créer un patrimoine financier, et je trouve cela admirable.

Quels sont les nouveaux aspects de la personnalité de Jane que nous allons découvrir dans ce film ?

C’est difficile à dire. On a vu dans le premier épisode qu’elle était passionnée, courageuse, avant-gardiste dans ses recherches scientifiques et très déterminée une fois qu’elle s’est fixé un objectif… Dans celui-ci elle n’hésite pas à gifler Loki dès qu’elle se retrouve en face de lui ! C’est une femme de caractère. Sur la fiche sur Jane rédigée pour donner des indications aux actrices qui auditionnaient pour le rôle, quelqu’un avait écrit "Il y a toujours de la vaisselle sale qui traîne dans l’évier de sa cuisine" ! (rires). Je me souviens que je m’étais dit "Oh oh… si c’est tout ce qu’ils trouvent à dire sur ce personnage, ce n’est pas bon signe !" (rires). Heureusement, le rôle de Jane a été bien développé pour le premier film et elle a des choses intéressantes à faire et à vivre dans celui-ci. Son enthousiasme et sa passion pour son travail sont toujours aussi vifs, et la poussent à accomplir de nombreuses choses de son côté, et avec Thor dans cette nouvelle aventure, et je trouve que cela donne lieu à des péripéties sensationnelles. Alan Taylor tenait beaucoup à ce que Jane ait toujours quelque chose d’intéressant et d’utile à faire.

Justement, pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec lui ?

Alan est un réalisateur extrêmement doué, et il est capable de jongler avec énormément de choses différentes en même temps. Tout en restant concentré sur la trame de l’histoire et les trajectoires des personnages quand il dirige les acteurs, il maîtrise également la mise en scène des situations et la manière de les traiter visuellement pour leur donner le meilleur impact dramatique. Il domine aussi très bien l’utilisation des effets visuels. Il sait exactement où placer sa caméra quand le fond de l’image n’existe pas encore, ni les personnages 3D qui seront ajoutés ultérieurement. Les épisodes du TRONE DE FER qu’il a réalisés lui ont permis d’acquérir une grande expérience de tout cela. Et vu qu’il a étudié la philosophie, il lui arrive aussi de dire des choses comme "Ce plan va refléter votre perception inconsciente des choses, et non pas ce qui se passe objectivement à ce moment-là avec les elfes des ténèbres". Et là, on est épaté, et l’on se dit qu’il a vraiment analysé très intelligemment tous les aspects de la scène ! (rires). Alan a apporté une perspective complètement nouvelle à cet épisode. Il déborde d’énergie, et c’est un atout indispensable quand on dirige un film de cette ampleur, car le tournage et la postproduction sont de véritables marathons d’endurance pour le réalisateur.

Selon vous, quels sont les principaux atouts dont dispose Le Monde des Ténèbres pour séduire les spectateurs ?

Son humour et ses personnages attachants. Et il y a beaucoup de scènes d’action, de rebondissements et de surprises.

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