[Flashback] Richard Matheson : les œuvres moins connues d’un géant de la littérature pour la télévision – 2ème partie
Article TV du Lundi 06 Novembre 2017

Richard Matheson a été non seulement l’un des plus grands auteurs de SF et de Fantastique, mais aussi un scénariste de télévision à la carrière longue et fructueuse. Voici une sélection de quelques-unes de ses œuvres beaucoup moins connues que DUEL ou son formidable travail pour LA 4EME DIMENSION, mais qui ont néanmoins marqué l’histoire du Fantastique sur le petit écran.

Par Pascal Pinteau

TRILOGY OF TERROR (1975)

Conçu comme l’épisode-pilote d’une série d’horreur, qui n’a hélas pas abouti, TRILOGY OF TERROR est l’une des plus belles réussites de la télévision américaine dans le domaine de l’épouvante. Ce téléfilm réalisé une fois encore par l’excellent Dan Curtis donne à Karen Black l’occasion de déployer son talent en jouant les héroïnes de 3 sketches adaptés de nouvelles de Matheson. Si les 2 premiers segments ont été transposés par William F. Nolan (le co-auteur de L’AGE DE CRISTAL ), c’est Matheson lui-même qui s’est chargé du dernier, l’un des moments les plus terrifiants que l’on ait vus jusque là à la télévision. Dans le premier volet, intitulé JULIE, un étudiant, Chad, (Robert Burton) se met à fantasmer sur sa prof de littérature anglaise, Julie Eldrich (Karen Black). Il la convainc d’aller voir un film dans un drive-in en sa compagnie, et verse un puissant somnifère dans sa boisson. Chad conduit ensuite Julie dans un motel, la photographie dans des poses érotiques pendant qu’elle est inconsciente, puis abuse d’elle. Il la raccompagne ensuite, et quand elle se réveille dans la voiture, lui dit qu’elle s’est assoupie pendant la projection. Après avoir développé les photos compromettantes, Chad fait chanter Julie, la forçant à lui accorder ses faveurs. Après quelques semaines, Julie révèle à Chad que c’est en réalité elle qui l’a manipulé et lui a suggéré les étapes de ce jeu de rôle pervers qui l’excitait. Mais à présent, elle s’ennuie. C’est pour cette raison qu’elle a empoisonné le verre de Chad, qui s’étrangle et meurt. Julie traîne son corps dans la chambre noire, et jette une allumette dans un bac de produit chimique pour détruire toutes les preuves de leur liaison dans l’incendie de l’appartement… Plus tard, Julie découpe l’article du journal local qui annonce la mort de Chad et le colle dans un album où trônent les coupures de presse et les portraits de tous les étudiants qu’elle a tués après les avoir « consommés ». On frappe à la porte. C’est un nouvel élève qui vient demander à Julie si elle accepterait d’être son professeur-tuteur. Ce qu’elle accepte avec enthousiasme !
Le second volet, MILLICENT AND THERESE, décrit une rivalité entre sœurs qui dégénère en haine farouche. Tandis que la brune Millicent est une jeune femme prude à l’aspect austère, toujours cloîtrée dans la maison familiale, la blonde et provocante Therese, qui vit également là, collectionne les aventures d’un soir et les fêtes bien arrosées (les 2 rôles sont joués par Karen Black). L’antagonisme entre les sœurs atteint un paroxysme après la mort de leur père. Millicent achète alors une poupée vaudou, la pare de cheveux de Therese, puis la poignarde pour tuer sa sœur sans laisser de traces...Plus tard, quand le médecin ami de Millicent arrive dans la maison, inquiété par leur dernière conversation, il y découvre Therese morte, la poupée vaudou à ses côtés. Aux policiers qui lui demandent ensuite une explication, afin de savoir où Millicent pourrait se trouver, le docteur révèle que Therese et Millicent sont une seule et même femme, atteinte du pire cas de dédoublement de personnalité qu’il ait jamais vu. Therese avait couché avec son père, puis tué sa mère dans une crise de démence avant d’être internée. Par la suite, elle s’était créé la personnalité alternative de la chaste Millicent pour surmonter l’horreur de ses actions. Mais la mort récente de son père, nouveau traumatisme, l’a incitée à supprimer Therese, c’est à dire à préparer un meurtre qui était en fait un suicide…
Le dernier volet, AMELIA, est l’adaptation par Matheson de sa nouvelle intitulée LA PROIE (PREY ). L’histoire débute alors que l’héroïne est de retour dans son appartement situé en haut d’un immeuble, où elle vit seule. Amelia pose sur la table du salon un paquet qui contient le cadeau destiné à l’homme avec lequel elle a prévu de passer une agréable soirée. Il s’agit d’une poupée fétiche de la tribu Zuni, qui représente de manière grotesquement déformée un guerrier féroce, à la bouche immense et aux dents aussi pointues que des rasoirs. La poupée porte une petite chaîne métallique autour des hanches, et tient une sagaie. Le parchemin inclus dans la boîte affirme que la poupée contient l’esprit d’un grand chasseur Zuni appelé « celui qui tue », et que celui-ci en reste prisonnier tant que la chaîne n’est pas retirée. Amelia téléphone alors sa mère et leur conversation nous révèle l’emprise terrible que sa génitrice exerce sur elle. Amelia n’arrive pas à affirmer son indépendance et sa mère, par quelques mots empoisonnées et un chantage affectif qui dure depuis toujours, tente de la convaincre d’annuler la soirée romantique qui était prévue. Quand Amelia quitte la pièce à la fin de ce coup de fil éprouvant, la chaîne autour de la taille de la poupée tombe sans qu’elle le remarque. Plus tard, quand Amelia est occupée à préparer le dîner, elle se rend compte que la poupée ne se trouve plus sur la table du salon. Elle entend un bruit dans la cuisine et se rend compte que le couteau aiguisé qu’elle utilisait a disparu lui aussi. Dès qu’elle revient dans son salon, elle est attaquée par la poupée qui a pris vie, et qui la blesse en la frappant sauvagement aux chevilles. Hurlant de terreur, Amelia essaie d’échapper au fétiche Zuni en passant de pièce en pièce, et en utilisant ce qui lui tombe sous la main pour se défendre : des serviettes de bain, une valise pour y enfermer la poupée, et même les appareils de la cuisine. C’est un cauchemar, car la poupée semble indestructible… Cette confrontation formidablement filmée par Dan Curtis - qui utilise souvent le point de vue de la poupée tueuse, fonçant au ras du sol – et sa conclusion glaçante sont tellement saisissantes que nous ne saurions trop vous inciter à découvrir TRILOGY OF TERROR en vidéo (un DVD Zone 1 a été édité en 2006 aux USA, et on le trouve sur Amazon), ou à l’occasion d’une de ses prochaines diffusions télé. Il existe d’autres moyens de le visionner car de nombreux fans le font circuler sur la toile en l’absence d’une nouvelle édition DVD & Blu-Ray (Avis aux éditeurs !) L’abominable poupée Zuni est une telle star de l’horreur qu’elle a eu droit à son effigie collector fabriquée en série limitée ! Dan Curtis l’a d’ailleurs ressuscitée dans TRILOGY OF TERROR 2 qu’il a co-écrit avec William F. Nolan et réalisé en 1996, sans l’intervention de Matheson. Dans ce segment intitulé HE WHO KILLS ( le nom du guerrier tueur dont l’esprit est contenu dans la poupée), l’action se déroule dans un musée, et la jeune femme poursuivie (incarnée par Lysette Anthony, qui tient tous les rôles féminins des segments, à l’instar de Karen Black) est une scientifique que la police a chargé d’examiner la poupée après l’avoir récupérée en piteux état dans l’appartement d’Amelia… Malheureusement, passé cette introduction alléchante, HE WHO KILLS s’avère être un remake déguisé en suite plutôt qu’un nouveau chapitre intéressant. Les péripéties de l’affrontement au sein du musée désert et dans le laboratoire sont les décalques du segment de 1975 : la scientifique utilise même une valise, comme Amelia, pour y enfermer la poupée en furie ! Ces facilités décevantes, ainsi qu’une conclusion ratée, réduisent ce sketch à un statut de faible avatar du chef d’œuvre original…

DEAD OF NIGHT (1977)

Moins réputé que TRILOGY OF TERROR, DEAD OF NIGHT est cependant une autre belle réussite du tandem Matheson/Curtis. Dans le premier sketch, intitulé SECOND CHANCE, le jeune Frank (Ed Begley Jr) répare amoureusement une voiture des années 30, détruite à la suite d’un grave accident. Il réussit à la faire fonctionner comme si elle était neuve. Mais quand il entreprend une ballade sur les routes environnantes, il remarque que tous les véhicules qu’il croise sont eux aussi des raretés de la même époque. En arrivant dans la petite ville voisine, Frank comprend qu’il a été projeté dans le passé. Alors qu’il se promène à pied, un jeune couple qui sort d’une salle de cinéma saute dans sa voiture, et la fait démarrer. Frank tente de les retenir en leur disant qu’il s’agit de son automobile, mais le conducteur lui dit qu’il est certain d’en être le propriétaire, et le repousse. Notre héros perdu dans le passé voit son moyen de transport lui filer sous le nez. Après avoir erré dans les rues, Frank finit par s’endormir. A son réveil, il est revenu dans le présent. Quelques années après cette mésaventure, Frank est invité chez les grands parents de sa fiancée. Dans le garage du vieil homme, il retrouve « sa » voiture, dont il reconnaît les détails de la réparation. Le grand père lui explique qu’il a fait des bêtises fort dangereuses dans cette voiture dont il était fou dans sa jeunesse, comme ce fameux soir où après avoir vu un film d’action en compagnie de sa belle, il s’était mis en tête de faire la course avec un train, et de le dépasser en traversant in extremis un passage à niveau. Mais parce qu’il avait été retardé de quelques secondes ce soir-là pour une raison qui lui échappe – en réalité par Frank, qui voulait récupérer le véhicule – il s’était rendu compte que l’avance prise par le train ne lui permettait plus de gagner cette course stupide. Songeant au danger qu’il aurait pu faire courir à sa passagère, il avait renoncé une bonne fois pour toutes à ces folies. Le vieillard fait cadeau de la voiture à Frank, qui la récupère donc une seconde fois, en réalisant que s’il n’était pas intervenu, il n’aurait pas pu empêcher l’accident originel, et n’aurait jamais rencontré sa belle…Même si sa chute est un peu prévisible, cette adaptation du conte romantique de Matheson par Jack Finney (auteur du roman THE BODY SNATCHERS, dont on tira en 1956 le grand classique de la SF qu’est L’INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES) est une agréable variation sur le thème du voyage temporel…Richard Matheson signe les adaptations des 2 segments suivants, placés sous le signe de l’humour noir et de l’horreur. Dans NO SUCH THING AS A VAMPIRE (rien de tel qu’un vampire) , qui se déroule au 19ème siècle, la séduisante Alexis (Anjeanette Comer) se réveille chaque matin avec deux petits trous sur la gorge, et des draps maculés de sang. Son mari, le docteur Gheria (Patrick Macnee, l’inoubliable Steed de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR) est un homme rationnel qui a du mal à croire qu’un vampire s’attaque à son épouse. Et pourtant, il ne peut que constater qu’Alexis s’affaiblit à vue d’oeil. Son vieux serviteur Karel (Elisha Cook) dispose des guirlandes d’ail sur les portes et les fenêtres de la demeure, et affirme au Dr Gheria qu’il a eu jadis l’occasion de tuer un vampire. Voyant son épouse continuer à dépérir, le médecin décide d’appeler à l’aide un ami de la famille, le fringant Michael (Horst Buchholz) et lui demande de rester au chevet d’Alexis toute la nuit pour assurer sa sécurité, pendant qu’il surveillera le reste de la maison. A la nuit tombée, quand Michael est en place, assis à côté du lit d’Alexis, le docteur Gheria lui donne une boisson qui le plonge dans un profond sommeil. Le médecin utilise ensuite une seringue et pique deux fois Alexis à la gorge pour lui prélever une pinte de sang, puis en disperse un peu sur les dents, les lèvres et le col de Michael. Il emporte alors le jeune homme dans le grenier. Le lendemain matin, le docteur alerte son domestique, et lui dit que son épouse a encore été attaquée. En fouillant les recoins de la demeure, Karel découvre un cercueil caché dans le grenier, où se trouve Michael, toujours endormi, les lèvres dégoulinantes de sang. Le serviteur cherche alors un pieu et un maillet, et transperce le cœur de l’infortuné Michael. Le docteur n’a plus qu’a revenir au chevet de son épouse qui se meurt, pour lui annoncer, sourire aux lèvres, qu’elle ne reverra plus jamais son amant !.. Ce segment de facture classique, bien réalisé, n’est qu’un amuse-bouche qui annonce le véritable plat de résistance du téléfilm, le formidable BOBBY. L’action se déroule dans une grande maison érigée sur une falaise surplombant la mer. Une femme (Joan Hackett) rentre chez elle après s’être procuré un grimoire de sorcellerie, des craies, une corde et des bougies. En s’aidant de la corde et d’une craie, elle trace un grand cercle sur le plancher sombre de son salon, dessine les 5 branches de l’étoile qui complète le pentagramme et dispose des bougies sur les pointes de l’étoile. Le téléphone sonne : c’est son mari, parti en voyage d’affaire, qui vient prendre de ses nouvelles. Il est navré d’avoir dû s’absenter alors que le couple a beaucoup de mal à faire son deuil après la mort de leur fils, qui s’est noyé. Le mari demande à son épouse de ne plus rencontrer des médiums et des charlatans de toutes sortes. Elle le rassure en lui disant « Ne t’inquiètes pas chéri. Ce ne sera plus nécessaire. » Le soir venu, la femme s’empare du manuscrit et après avoir récité une incantation, ordonne à Hieronimus, le prince des morts, de lui ramener son fils Bobby. Plus tard dans la nuit, alors qu’un orage se déchaîne, elle entend frapper à la porte. Elle va ouvrir, et découvre Bobby (Lee Montgomery) accroupi, trempé, mais bien vivant. Il est en état de choc. Elle l’embrasse et entreprend de le sécher avec une serviette. Bobby semble avoir perdu la mémoire. Il presse sa mère de questions. Il lui demande si elle lui avait donné la permission de jouer sur les rochers en bord de mer, puis s’il a toujours été un garçon obéissant, et enfin lui dit « Et toi, Maman as-tu toujours été gentille avec moi ? » Troublée, la mère répond oui, et incite Bobby à aller se coucher. Mais l’enfant, redevenu joyeux, veut jouer à cache-cache. Sa mère devra le retrouver. Mais au cours du jeu, le ton de Bobby change à nouveau. Il interroge sa mère sur ce qui s’est passé avant qu’il ne disparaisse, ce jour fatal. Par leurs échanges, on comprend que cette mère éplorée n’a pas été exemplaire, loin de là… Bobby annonce « Maman, maintenant c’est toi qui va devoir te cacher ! » , s’empare d’un grand couteau dans la cuisine et poursuit sa mère sans répit dans la maison. A bout de nerfs, elle saisit un revolver caché dans un tiroir de bureau et tire sur Bobby alors qu’il s’apprêtait à la poignarder. L’impact est si violent qu’il est projeté par la fenêtre et tombe du premier étage sur le sol pavé de la cour. Mais quelques instants plus tard, Bobby ouvre la porte d’entrée et remonte lentement l’escalier en disant « Ce n’est pas gentil ce que tu as fait là, Maman… » Sa mère, paniquée, veut rentrer sa barricader dans sa chambre, mais quand elle se retourne, Bobby se trouve déjà derrière elle. Sursautant, elle tombe en arrière et dévale l’escalier. Allongée sur le sol de l’entrée, elle voit alors l’enfant descendre lentement les marches vers elle, et l’entend ajouter « Tu n’as pas été gentille avec Bobby. D’ailleurs, c’est toi qui l’a noyé. Bobby te déteste à présent, et c’est pour cela qu’il m’a demandé de venir à sa place… » Quand la silhouette sort de la pénombre, on découvre le visage blafard d’une entité démoniaque, tandis que la mère indigne pousse un dernier cri d’horreur…Parfaitement conçu, filmé, et interprété, BOBBY est comme AMELIA l’un des sommets de la collaboration entre Richard Matheson et Dan Curtis, et un chef d’œuvre de l’épouvante télévisée. Dan Curtis réalisa un remake de BOBBY dans TRILOGY OF TERROR 2, en 1996, mais ce fut là encore une vaine copie, inférieure à l’original.



LA NOUVELLE 4EME DIMENSION : épisode APPUYEZ SUR LE BOUTON (BUTTON, BUTTON – 1986)

Accaparé par le cinéma à partir des années 80, Matheson eut de moins en moins de temps à accorder au petit écran. Après sa participation scénaristique à l’adaptation télévisée des CHRONIQUES MARTIENNES de son ami Ray Bradbury en 1980, Matheson fut comme lui atterré par la transposition en images médiocre de cette grande œuvre de la SF. Découragé par cet échec, il s’éloigna de l’univers de la télé pendant 6 ans avant d’accepter de participer à la renaissance de LA 4EME DIMENSION (THE NEW TWILIGHT ZONE, lamentablement rebaptisée « LA 5EME DIMENSION » en France par la chaîne « La 5 » lancée par Sylvio Berlusconi…) en signant l’adaptation de sa nouvelle de 1970 BUTTON, BUTTON. Au début de APPUYEZ SUR LE BOUTON (inclus dans l’épisode 20 de la 1ère saison), Arthur et Norma Lewis sombrent peu à peu dans la pauvreté. Un jour, ils reçoivent une mystérieuse boîte à la serrure close, accompagnée d’un mot indiquant qu’un certain Mr Steward va leur rendre visite. Steward arrive effectivement peu après, alors qu’Arthur s’est absenté. Il donne une clé à Norma et lui explique que si elle s’en sert pour ouvrir la boîte et qu’elle appuie sur le bouton qui se trouve dedans, 2 choses se produiront : « Votre mari et vous recevrez 200 000 dollars et quelqu’un que vous ne connaissez pas mourra. » Sur ce, Steward s’en va. Plus tard, le couple se demande si la proposition est réelle et se ronge les sangs, ne sachant comment agir. Norma pense à tout ce qu’ils pourraient faire de cet argent, et avance que cette personne inconnue qui mourrait serait peut-être un vieux paysan chinois ou un malade incurable. Arthur, lui, n’arrive pas à s’ôter de la tête l’idée que la victime pourrait aussi être un bébé innocent. A bout de nerfs, les Lewis ouvrent la boîte et découvrent qu’elle ne contient aucun appareillage électronique, mais un simple bouton poussoir. Considérant que c’est la preuve que tout cela n’est qu’un canular, Arthur jette la boîte à la poubelle. Mais Norma se relève pendant la nuit, et la récupère. Après avoir hésité pendant 2 jours, le regard rivé sur le bouton, Norma appuie dessus. Le lendemain, Steward revient, récupère la boîte, et remet au couple une mallette contenant les 200 000 dollars promis. Sous le choc, les Lewis lui demandent ce qui va se passer ensuite. Steward répond que la boîte va être reprogrammée et offerte à quelqu’un dans les mêmes conditions. Puis il ajoute « Et je peux vous assurer que la boîte sera remise à quelqu’un que vous ne connaissez pas ! » tandis qu’une expression d’épouvante se lit sur le visage de Norma…Si cette chute efficace ravit les téléspectateurs, elle déplut fortement à Matheson, car la production avait changé sa fin originale. Matheson exigea que sa contribution de scénariste soit créditée au générique sous son pseudonyme habituel de Logan Swanson. Dans la version originale du récit, après que Norma ait appuyé sur le bouton, son mari qui est parti travailler est poussé sur les rails et écrasé par un train. L’argent qu’elle reçoit est la prime de l’assurance-vie. Quand Norma, accablée, demande à l’étranger pourquoi c’est son mari qui a été tué, celui-ci répond « Croyez-vous que vous connaissiez vraiment votre mari ? » A cette conclusion plus complexe et atrocement pessimiste, il n’est pas interdit de préférer la dernière réplique plus simple et plus percutante imaginée par les producteurs de la série.

En conclusion, signalons rapidement la participation de Matheson à la série HISTOIRES FANTASTIQUES (AMAZING STORIES) produite par Steven Spielberg, dans l’épisode 23 de la 1ère saison intitulé L’ENCYCLOPEDIE VIVANTE (ONE FOR THE BOOKS – 1986). Matheson y adapte sa nouvelle éponyme dont le héros, Fred (Leo Penn) est un sexagénaire qui travaille de nuit et nettoie les locaux d'une université. Après être intervenu dans une salle de classe où l’on enseigne le français, Fred découvre qu'il est capable de parler cette langue qu’il n’a jamais apprise. Le lendemain, il devient incollable en physique et en mathématiques après avoir fait le ménage dans le labo du campus. Le 3ème jour, il s’évanouit après être entré dans la grande bibliothèque de l’université. Après son malaise, un ami professeur lui pose quelques questions et se rend compte que Fred a assimilé l’intégralité du contenu des livres de la bibliothèque sans les avoir ouverts ! Confronté ensuite à une assemblée d’experts, le vieil homme frôle l’apoplexie en répondant automatiquement à toutes leurs questions. Il quitte la salle, court vers un stade désert et se place au centre de la pelouse. Une soucoupe volante arrive au-dessus de lui, prélève toutes les informations que son cerveau humain « sous influence » a pu assimiler, et repart avec de nouvelles connaissances sur notre espèce, tandis que Fred redevient celui qu’il était, à la satisfaction de son épouse…



Citons enfin le script du téléfilm THE DREAMER OF OZ (1990), bel hommage rendu par un grand écrivain à l’un de ses pairs, L. Frank Baum, l’auteur du MAGICIEN D’OZ (incarné par John Ritter), dont Matheson raconte la trop courte vie avec une tendresse particulièrement touchante.

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