Entretien exclusif avec Sebastian Stan / James « Bucky » Barnes dans CAPTAIN AMERICA, LE SOLDAT DE L’HIVER - 2ème partie
Article Cinéma du Vendredi 11 Avril 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous décrire les procédures de maquillage et d’habillage par lesquelles vous passiez pour vous transformer en Soldat de l’hiver ?

La transformation durait entre 30 et 40 minutes, et quand elle était achevée, je n’arrivais plus à me reconnaître, ce qui était un grand avantage pour entrer dans la peau de mon personnage. J’avais l’impression d’être un autre homme. L’équipe des costumes a fait un travail formidable pour s’assurer que je ressemble exactement au Soldat de l’Hiver tel qu’il était dessiné dans les comics. J’ai préféré laisser pousser mes cheveux pour éviter d’avoir à porter une perruque. On m’a simplement rajouté des extensions, des mèches plus longues mêlées à mes vrais cheveux.

Portiez-vous aussi des prothèses faciales ?

Non, seulement un maquillage classique avec du fond de teint et de la poudre.

Le bras cybernétique du personnage est-il complété par des effets en images de synthèse ?

Oui. Je dirais que le bras robotique est représenté à 75% par une sorte de prothèse semi-rigide articulée, dont 35% est complété en 3D. Il y avait certains détails mécaniques internes que l’on devait voir au travers des articulations, notamment au niveau du coude, qui ne pouvaient pas être intégrés dans la faible épaisseur de la prothèse, d’où l’obligation de recourir partiellement à des images de synthèse. Ce bras a été réalisé à partir d’un moulage de mon bras gauche pour s’adapter parfaitement. Compte tenu de tous les combats et les cascades pendant lesquels il était mis à rude épreuve, il était impossible de représenter les mécanismes en détail. C’est la raison pour laquelle la prothèse que je portais représentait surtout les surfaces lisses du bras, décomposées en une multitude de pièces articulées et fixées sur un support noir élastique. Il y avait aussi des petits points de repères oranges fixés dessus pour permettre à l’équipe des effets visuels de bien caler les perspectives des mécanismes 3D dans le vrai bras.

Comment avez-vous trouvé de la vérité dans ce personnage pour l’incarner ? Sa trajectoire est vraiment ancrée dans le fantastique, avec son accident pendant la seconde guerre mondiale, son amnésie, la greffe d’un bras robotique et une hibernation de plus de 70 ans…

Au-delà des circonstances précises décrites dans la BD d’Ed Brubaker, il y a quand même beaucoup de similitudes avec ce que des gens ont pu vivre dans la réalité. Je parlais tout à l’heure des soldats qui ont été exposés pendant très longtemps à la violence, et qui en gardent des cicatrices mentales mais aussi physiques, comme des prothèses robotisées. La fiction de cette histoire n’est pas si éloignée du monde réel que cela. Il suffit d’écouter les témoignages récents de soldats qui ont combattu en Irak pour s’en rendre compte. Quand une personne est transformée en arme vivante, cela a forcément un impact sur tout le reste de sa vie. Tenter de le nier serait absurde. Je crois que tout cela se reflète dans notre récit, même s’il s’agit d’un divertissement. Et en ce qui concerne le regard d’une personne qui se souvient d’une époque située 70 ans plus tôt, et qui peut se sentir parfois décalée dans le monde d’aujourd’hui, je pense que c’est ce qu’expriment beaucoup de personnes âgées qui ont dépassé les 80 ans quand elles observent le monde actuel. Là aussi, c’est assez facile de puiser de l’inspiration dans leurs témoignages pour imaginer ce que Cap et Bucky peuvent ressentir en ayant « zappé » 70 ans pour se retrouver au 21ème siècle.

Comment avez-vous travaillé sur l’évolution de la relation entre Cap et Buckey avec Anthony et Joe Russo et avec Chris Evans ?

Notre collaboration a été très ouverte, très libre. Les frères Russo sont très talentueux et très agréables. C’est formidable d’avoir non pas un mais deux réalisateurs en face de soi, car il y a « encore plus de chefs pour mitonner un bon repas et faire tourner la cuisine » si j’ose dire ! Nous savions que c’était une histoire extrêmement importante dans l’évolution du personnage de Chris, ainsi que dans celle du mien, et nous voulions nous assurer que nous allions faire honneur à la bande dessinée originale, qui a marqué une date dans l’histoire des comics. Je sais que beaucoup de fans l’adorent, et en la lisant, on ne peut qu’être de leur avis : c’est vraiment un récit passionnant qui ne peut laisser indifférent.

Avez-vous du vous plier à un entraînement physique intensif pour devenir Le Soldat de l’hiver ?

Oui. Chris aussi a du reprendre l’entraînement. On ne le fait pas seulement pour des raisons esthétiques, pour augmenter le volume de sa musculature, mais parce qu’il est obligatoire d’être en très bon état physique avant d’entreprendre un tel tournage. On fait donc d’abord de la gymnastique pour assouplir ses articulations et de la musculation pour retrouver la forme, puis on passe à la préparation des scènes de cascades et à l’apprentissage des mouvements de combat. Nos superviseurs des cascades et nos chorégraphes des combats étaient formidables, et nous les retrouvions tous les matins avec plaisir. Apprendre à se battre, c’est comme apprendre à danser, c’est répétitif et il faut refaire les mêmes gestes encore et encore jusqu’au moment où vous êtes en mesure de les reproduire à la perfection, sans aucune hésitation.

Quelles sont les principales scènes d’action auxquelles vous avez participé, et les cascades les plus difficiles que vous avez faites vous-même ?

Ce sont les combats à mains nues qui ont été les plus durs à tourner, pour la simple raison que l’on peut facilement se blesser s’il y a le moindre moment d’inattention ou la moindre erreur. En tant qu’acteur, vous voulez paraître à votre avantage et être crédible, mais en même temps, il faut rester prudent à tout moment et ne pas se laisser déborder par son énergie, car la sécurité de vos partenaires repose aussi sur vos épaules. C’est un peu comme si on vous apprenait à faire des choses de manière libre et instinctive, mais en étant enfermé dans une boîte minuscule ! (rires) Votre marge de manœuvre est extrêmement réduite. Il faut rester concentré sur les gestes appris et se maîtriser totalement pendant leur exécution. Pour tout dire, c’était épuisant, car nous avons tourné ces combats en plein été, en portant des costumes assez épais. Nous transpirions déjà beaucoup simplement en marchant d’un bout du décor extérieur à l’autre, alors imaginez ce que cela donnait quand nous nous battions toute la journée…Il fallait boire beaucoup d’eau pour éviter les malaises dûs à la déshydratation. Le soir venu, nous étions épuisés et nous avions des courbatures et des hématomes partout. Comme nous étions plusieurs à faire cela et que nous étions tous très motivés, nous nous remontions le moral et nous poussions à nous dépasser les uns les autres. Au-delà de la fatigue, c’était tout de même une expérience de groupe enrichissante et agréable. Quand chacun a un esprit positif, on arrive de bonne humeur sur le plateau le matin, et on est prêt à se donner à fond.

Quels sont les moments d’émotion du film que vous avez préféré jouer ?

J’ai aimé travailler la gestuelle du personnage parce qu’elle exprime ses émotions sans qu’il ait à dire un seul mot. Comme le Soldat de l’Hiver porte un masque qui recouvre tout le bas de son visage au début du film, c’était très important que je puisse jouer sur cela. Et sur le regard, bien sûr, car je devais m’en servir pour exprimer beaucoup de choses. C’était un défi plus intéressant à relever qu’un rôle traditionnel avec beaucoup de dialogues.

Est-ce agréable de jouer un ennemi au mental complexe dans un tel film ?

Oh oui ! Et c’est encore plus satisfaisant quand la personnalité d’un « méchant » est constituée d’autant de facettes différentes que celle du Soldat de l’Hiver. Cela vous permet d’explorer plus de nuances, de colorer différemment votre interprétation selon le contexte émotionnel du film. C’est bien plus plaisant à jouer qu’un personnage fait d’un seul bloc.

Au cours d’une de vos confrontations avec Captain America, vous parvenez à vous emparer de son fameux bouclier…

Oui, c’est un moment-clé, car cela permet aux spectateurs de comprendre à quel point le Soldat de l’Hiver est dangereux. Quand on voit qu’il est capable de faire cela, on réalise qu’il représente une menace terrible, car il peut s’emparer de l’emblème de notre héros et le retourner contre lui pour le blesser ou le tuer. C’est le point précis du film où l’on réalise qu’il est aussi fort que Captain America, et qu’il pourrait même le vaincre.

Allez-vous apparaître dans une autre aventure en solo de Captain America ? Dans les comics, l’histoire du Soldat de l’Hiver ne s’arrête pas à cette confrontation, loin de là…

Comme j’aimerais pouvoir répondre à cette question ! Je serais bien sûr ravi de poursuivre cette collaboration avec les studios Marvel, car ils ont à cœur de produire des films de la meilleure qualité possible, et se donnent les moyens d’y parvenir. Mais la vérité, c’est que je n’en sais strictement rien, car aucune décision n’a été prise dans un sens ou dans l’autre. Si cela se trouve, vous l’apprendrez avant moi ! (rires)

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