Journée d'étude à la cinémathèque

Des statuettes aux maquettes en passant par les making of, venez discuter des produits dérivés les plus intéressants !

Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Sam 03 Mai 2008 - 10:22

Je ne sais pas si c'est le bon endroit pour poster ceci, merci de le déplacer en cas de besoins.

La cinémathèque organise une journée d'étude lundi 02 juin sur les effets spéciaux. L'intitulé exact est le suivant : "Trucs, trucages et effets spéciaux, de Méliès à Spielberg".

Plus d'informations :
http://www.cinematheque.fr/fr/nosactivites/rencontresdebatslectures/recontres-debats-lecture/journee-etudes-trucs.html

J'y serais sans doute.
Dernière édition par furylion le Dim 04 Mai 2008 - 17:55, édité 1 fois.
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Re: Jouneé d'étude à la cinémathèque

Messagepar alienfactory » Sam 03 Mai 2008 - 12:29

Pourquoi ils font ça un lundi :? ? Ca aurait pas été mieux de faire ça un week-end? Parfois j'ai du mal à comprendre...
En tout cas merci pour l'info !
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Dim 04 Mai 2008 - 13:24

alienfactory a écrit:Pourquoi ils font ça un lundi :? ? Ca aurait pas été mieux de faire ça un week-end? Parfois j'ai du mal à comprendre...
En tout cas merci pour l'info !


Ils font toutes leurs journées d'études le lundi (la précédente était consacrée aux studios éclairs, il y a un an).
Il s'agit de conférences semi-organisées. C'est à dire que chaque intervenant sait ce qu'il va dire et projeter, mais on n'est pas à l'abri de bugs techniques.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Mar 03 Juin 2008 - 14:41

J'y suis allé, c'était assez bien fait, j'ai appris des choses. C'était peu centré sur la technique, plutôt sur l'histoire et l'esthétique des effets spéciaux. Chaque intervenant avait grosso modo 1/2 heure pour parler, du moins en théorie, car il y a eu du retard, comme quasiment à chaque fois, et certains intervenants ont du raccourcir leur intervention.
Les interventions les plus intéressantes étaient, à mon avis : Laurent Mannoni, la genèse des films à trucs ; Gilles Penso, les effets spéciaux à Hollywood des années 1930 à aujourd'hui ; Réjane Hamus-Vallée, les effets spéciaux du cinéma français de 1930 à 2008 ; Benoît Lestang, maquilleur d'effets spéciaux ; Georges Mourier, Abel Gance et son pictographe et enfin le dialogue, qui s'est transformé en monologue, avec Jean-Christophe Averty.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar Darkee » Mar 03 Juin 2008 - 15:21

Les interventions avaient l'air bien sympas ! Tu peux raconter un peu ? ^^
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Mar 03 Juin 2008 - 18:38

Selon le premier intervenant, Laurent Mannoni, les films à trucs, ont trois origines tant techniques qu'artistiques : les fantasmagories et tous les spectacles de lanternes magiques, la chrono-photographie et la magie.

Les Illusions d'optiques existent depuis longtemps, mais il n'est remonté qu'au 17 ème siècle. Il a parlé de divers moyens de projection d'images ou d'êtres humains par le biais de jeux de lumières. Avec des lanternes magiques, on projetait des images de squelettes ou des spectres au milieu d'un public plongé dans le noir, et ceux-ci grandissaient démesurément avant de s'évanouir. Dans le même ordre d'idée, les spectateurs toujours dans le noir, un acteur avec un masque de diable et un habit de loup évoluait dans une pièce contigüe à celle du public. Un orifice entre les deux pièces, peut-être avec une lentille, laissait passer la lumière et projetait l'image fantomatique du diable au milieu du public. L'effet devait être saisissant, d'autant plus qu'il était interactif !

Les lanternes magiques avec des systèmes pouvant aller jusqu'à trois lentilles, offraient déjà la possibilité de trucages. Ainsi, par exemple, on pouvais projeter séparément les personnages et le décor, ou faire apparaitre ou disparaitre un élément de la scène, ou encore le faire grossir ou rapetisser à volonté. Certaines lanternes pouvaient même projeter sur de la fumée, donnant ainsi un véritable aspect spectral à la projection.

Avec l'arrivée des théâtres de magie au XIX ème siècle, il devenait possible, dans le prolongement de ce qui a été dit avant, de faire apparaître des fantômes sur scène. Pour cela, il suffisait de placer sur la scène entre les spectateurs et les acteurs une vitre invisible du public et incliné à 45° vers lui. Sous cette vitre, dans une fosse invisible au spectateur, évolue un acteur grimé en fantôme et éclairé par une forte lumière.

N'ayant pas de reproduction des documents qu'il a projeté, je vous invite à regarder ceci, qui reprend ces aspects-là et d'autres (vidéos en Anglais) : http://fr.youtube.com/watch?v=c_lQY2Igqdw et http://fr.youtube.com/watch?v=UxN8zHB_nh4

Tout ceci concerne la préhistoire du cinéma. La chrono-photographie, la photographie qui décompose le mouvement en fait aussi partie. Jules-Étienne Marey a été l'un des précurseur dans ce domaine. Il s'agit de photographier "en rafale" les mouvement d'un sujet et d'impressionner le tout sur une seule plaque photographique, ce qui donne les célèbres planches que vous connaissez tous. En cherchant à décomposer la marche humaine, il va trouver des moyens pour isoler les parties du corps qui ne l'intéressent pas en les recouvrant de noir (jambe, moitié du corps)sur fond noir ou en recouvrant tout le corps du sujet de noir et en surlignant d'une bande blanche une partie du corps de l'individu.
Poussant ce processus à sa dernière extrémité, il ira jusqu'à recouvrir tout son corps de noir et écrire avec un point blanc son nom sur le fond noir. Ce principe de repérage d'un point blanc dans un espace noir est à rapprocher, selon Laurent Mannoni de la Motion-Capture. On nous a projeté, à ce moment, un extrait du making-off de Hulk de Ang Lee, où l'on voit Ang Lee interpréter Hulk dans une combinaison bleue avec des capteurs, et le résultat immédiat : des point blancs évoluant dans un espace noir.


Toujours en chrono-photographie, un dénommé Biney, contemporain de Méliès, a photographié des magiciens afin de décomposer leurs mouvements et d'étudier leur psychologie. Méliès a justement refusé de participer arguant qu'il ne voulait pas dé-biner ses trucs.

Et voilà pour le premier intervenant.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar Darkee » Mar 03 Juin 2008 - 18:48

Ce sont tes notes ?
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Mer 04 Juin 2008 - 8:32

Non, je n'ai pas pris de notes et je raconte tout ça de tête.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Mer 04 Juin 2008 - 9:19

L'intervention de Gilles Penso sur les effets spéciaux du cinéma Hollywoodien a débuté avec King Kong (1933). Ce film a été choisi car il est en quelque sorte le best-off des effets et des effets employés jusque-là. L'extrait projeté était le combat Kong/T-rex avec la comédienne au milieu. Différentes techniques étaient utilisées, marionnettes animées image par image (le dinosaure, le gorille, la fille) pour les plans large où la comédienne est minuscule. Pour les gros plans de la comédienne où on voit le combat en arrière plan, il s'agit d'une projection du combat préalablement filmé sur un écran derrière la comédienne. Les gros plans de la comédienne dans la main du gorille sont filmés dans une main géante, de même que le visage de Kong avec articulations à propulsion hydraulique.

Ensuite, un saut dans le temps pour arriver à L'homme invisible (1958) et plus particulièrement la scène du déshabillage. Il s'agit d'une surimpression : le comédien habillé en noir (comme Marey) et filmé sur fond noir enlève ses habits clairs. Puis, au moyen d'une tireuse optique on assemble cette image sur une vue du décor, le tout filmé en plan fixe. Et pour que le personnage ne soit pas transparent, on le projette sur un cache. il n'a pas expliqué comment on faisait les caches, mais Bille dans un article de l'ancienne version d'ESI l'avait très bien expliqué : on tire, depuis l'image du personnage,une image négatif à contraste très élevé qui fait disparaître le fond et affiche le comédien sous forme de tache noire (ce qui fonctionne très bien pour un homme invisible. lol). La vue du décor sera impressionnée derrière ce cache préservant la future place du comédien.

Vingt-mille lieux sous les mers (1954) avec la projection du combat contre la pieuvre géante, qui était une marionnette gigantesque animée par propulsion hydraulique. Il a attiré notre attention sur le fait que, comme les magiciens, l'attention du spectateur est détournée pour qu'on ne remarque pas qu'il s'agit d'une bestiole en caoutchouc : la scène a en effet lieu un soir d'orage et de tempête, il y a constamment un filet d'eau devant la caméra, des éclairs, une caméra mouvante et un montage chaotique.

Star Wars (1977). Projection de la bataille finale contre l'étoile noire. Il a insisté sur les maquettes et la diversité des effets (pyrotechnique, maquette, dessin animé pour les rayons lasers). Présence également, dans les écrans des vaisseaux de quelques images de synthèse.

Tron (1982) Sans projection d'extrait. Première apparition d'images de synthèse sur un film entier. Il n'a rien dit de plus que ce qu'en dit Bill : http://www.effets-speciaux.info/article?id=44

Jurassique Parc (1993) Projection du moment où le T-rex se retrouve entre les voitures, sa première apparition la nuit sous la pluie. Là encore mélange des techniques (robots+ images de synthèses).

King Kong (2005) Projection de la bataille King-Kong/Dinosaures. Comment deux réalisateurs avec mêmes impératifs techniques peuvent réaliser la même scène à 70 ans d'écart ? Il a également insisté sur le fait que la définition de l'espace n'est plus la même. Lors de la poursuite au bord du ravin, Peter Jackson nous plonge au cœur de l'action et le spectaeur se trouve environné par les cou flasque des dinos.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Jeu 05 Juin 2008 - 8:18

L'intervention suivante était celle de Réjane Hamus-Vallée sur les effets spéciaux du cinéma français de 1930 à 2008.
Les français étaient experts en effets spéciaux ? Oui, mais la recherche d'archive à ce sujet est très difficile. Tout d'abord, en France contrairement aux effets spéciaux, il n'y a pas de département spécifique dédié aux effets spéciaux. Il peuvent être réalisé par le chef opérateur ou le monteur suivant le cas. Ensuite, les français, suivant en cela l'attitude de Méliès, n'aiment pas débiner leurs trucs. On trouve donc très peu d'interview de spécialistes, chef opérateur ou même de réalisateur sur le sujet.

Il semblerait que les français ait mis au point plusieurs brevet avant les américains, dont celui d'une tireuse optique, malheureusement tous se feront déposséder de leur droit au niveau international.

Il y avait deux aspects des effets spéciaux que les français maîtrisaient : la surimpression et l'extension de décor.

Projection d'un extrait de La chute de la maison Usher (1928) : scène de l'enterrement, surimpression de chandelles allumées sur les images. Effet visible.

Projection d'un extrait de Nana (1926). Extension de décor, effet invisible.

Les effets spéciaux utilisés par la suite furent des amélioration de ces deux-là. Mais les effets spéciaux ont, en général, été peu utilisé par les français. Seule exception majeure : Jean Cocteau.

Projection d'un extrait d'Orphée (1950). Effet visible. Jean Cocteau s'est fait reproché par la critique d'utiliser trop d'effets et lui-même n'hésitait pas à les raconter, car selon lui une œuvre d'art était toujours une œuvre d'art , même vue des coulisses...

Mais les français ont été précurseurs dans le domaine des images de synthèses. Deux fois nous aurions pu avoir le premier film d'animation totalement en image de synthèse.
Une fois avec Vingt mille lieux sous les mers avec comme acteur richard bohringer. le projet sera bandonner faute de financement.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Jeu 05 Juin 2008 - 21:02

Voici maintenant une intervention un peu plus technique, mais au combien passionnante : les maquillages à effets spéciaux.

L'intervention de Benoit Lestang retrace en fait son parcours. Le premier film sur lequel il a travaillé est La Morte vivante (1982) et à l'époque le maquillage à effets spéciaux n'existait pas en France. A cela plusieurs raisons, entre autre le fait qu'il y avait moins de genre appelant ces aptitudes particulières, comme les films gore, fantastique... Cela a changé avec l'avènement du numérique sans qu'on puisse apparemment relier les 2 évènements.
Après avoir fait un autre film dans la même veine (sans mauvais jeu de mots), il a décidé de se tourner vers un cinéma plus réaliste.


1er extrait projeté : Les destinées sentimentales (2000) où l'on voit Charles Berling et Emmanuelle Béart vieillis. Les comédiens portent des fausses joues. Je ne me rappelle plus si c'était du silicone ou de la mousse de latex. Il a bien insisté sur l'évolution des matériaux, pendant longtemps, il n'y a eu que de la mousse de latex, matériaux commode quoique peu réaliste au niveau de la reproduction de la peau, puis la gélatine, qui reproduit bien la texture de la peau, mais comporte quelques inconvénients pratiques et enfin le matériaux phare actuellement le silicone.

2d extrait projeté : Arsène Lupin (2004) où l'on voit Romain Duris avec fausse barbichette et faux nez, prenant un accent russe dans une église, avant de défendre une jeune femme victime d'une agression. Il était déçu par cette prothèse, car il ne pouvait la réaliser en gélatine, la scène ayant été tournée en plein cagnard d'août et avait du se rabattre sur la mousse de latex.

3ème extrait projeté : Le pacte des loups(2001) scène où Vincent Cassel montre son bras déchiqueté par un loup. Le fantastique n'implique pas fait d'être réaliste.

4ème extrait projeté : L'homme qui voulait passer à la télé(2005), où Pascal Légitimus interprète plusieurs personnages, ce qui oblige à trouver différents moyens pour tricher.

5ème extrait projeté : un film mettant en scène une hermaphrodite-je n'ai pas retrouvé le titre, il a réalisé une prothèse de pénis qu'il a posé sur une comédienne. Il a déclaré aimé travailler sur les petites productions comme celle-ci, car ses interlocuteurs sont plus disponible que sur les grosse production.

6éme extrait projeté : Arsène Lupin (2004), un extrait où Lupin arrache son masque, il s'agit en fait d'un trucage numérique, l'effet ne pouvant avoir lieu uniquement grâce au maquillage : en plus de rajouter la fumée ils ont aussi rajouté des morceaux de masques, car il n'a pas arraché autant de morceau qu'on le voit, cela lui a pris plus longtemps et lui a irrité la peau...

Comment voit-il l'avenir du maquillage à effets spéciaux ?
Ayant travaillé sur Un secret tourné entièrement en haute définition, il a constaté que ces caméras enregistrent une image beaucoup plus nette qu'une caméra classique à enregistrement sur pellicule, d'où la nécessite de retoucher l'image en post-production.
Et c'est ainsi qu'il croit entrevoir le futur de sa profession : comme les créateurs de Matte-painting qui sont passés d'un travail de peinture sur verre sur verre sur le plateau au même travail sur ordinateur, il craint que le maquilleur ne finisse par travailler que derrière un ordinateur...
Y'a-t-il des maquilleurs sur ce forum ?
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar alienfactory » Jeu 05 Juin 2008 - 21:24

Merci pour tous ces articles Furylion!
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Ven 06 Juin 2008 - 9:52

alienfactory a écrit:Merci pour tous ces articles Furylion!

De rien ! Et ce n'est pas fini !
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar furylion » Ven 06 Juin 2008 - 10:32

Ensuite Georges Mourier est venu nous parler du Pictographe d'Abel Gance. George Mourier est réalisateur, et travaille actuellement à l'inventaire su fond Abel Gance de la Cinémathèque Française.

Le Pictographe est une sorte de caméra, qui, au départ, devait servir à jouer sur la profondeur de champ. Ainsi, par exemple, avec une caméra "normale", si on veut filmer une salle de cinéma (exemple qu'il a donné) depuis l'estrade, on aura les premiers rangs net et le reste de la salle floue. Or Gance veut pouvoir montrer net une personne qui parle sur l'estrade, les deux premiers rangs et une personne qui écoute au dernier rang de la salle. Pour cela, il est obligé de mettre en place un système de lentille fractionnées, c'est à dire deux moitiés de lentilles acollées par lesquelles passera la lumière avant d'impressionner la pellicule.

En perfectionnant son appareil (sur plusieurs dizaine d'années), il s'est aperçu que cela pouvait servir à l'extension de décor. Pour cela, il dépose dans la machine, devant une fraction de lentille, une photo du décor qu'il veut rajouter et le tour est joué. cependant cette technique ne permet pas encore aux comédiens d'évoluer dans la totalité de l'image cinématographique.

Il finira par résoudre les différents problèmes techniques de son invention, et remplacera les photographies par de vrais films, donnant ainsi des images dans lesquelles on ne décèle pas le moindre trucage. George Mourier confesse d'ailleurs son impuissance à dire comment l'image a pu être faîte et a promis qu'à l'issue de la restauration des lentilles, il se lancerait dans dans des expérimentations, tout en sachant que le "corps" de l'appareil est aujourd'hui introuvable. Mais il en reste les plans...


Il y a une vingtaine d'années, alors qu'il travaillait déjà sur ce sujet, il est tombé sur un dossier, que l'on pourrait intituler "Gance contre Welles", où l'on apprend que Gance voulait attaque en justice le réalisateur de Citizen Kane (1941), car il l'accusait d'avoir utilisé sans son accord le Pictographe. C'est le genre d'affaire pouvant prêter à sourire, Abel Gance était déjà un cinéaste renommé, au crépuscule de sa carrière et attaquait un jeune cinéaste dont la renommée allait grandissante.
Et puis en décortiquant le film de Welles, à la lumière de ses récentes recherches, il s'est dit (texto): "Il y a mammouth sous caillou !".
Je ne pourrai pas résumer tous les plans qu'il a décortiqué, à l'aide de photogrammes du film, de photos de la copie... pour arriver à la conclusion suivante : dans le plan, où Kane défonce la porte de la chambre de sa femme, qui s'est suicidée, où l'on voit net au premier plan, les flacons de médicaments, Welles net au fond et la femme floue dans son lit, Welles n'a pu utiliser que le pictographe d'Abel Gance !
Sur le plan judiciaire, le réalisateur de Napoléon n'ayant pas les droits de son invention sur le sol des États-Unis, il a préféré abandonner les poursuites. Ce qui, des années après, ne l'empêchera pas de collaborer plus tard avec Welles.
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Re: Journée d'étude à la cinémathèque

Messagepar ohbewan » Ven 06 Juin 2008 - 10:56

furylion a écrit:dans le plan, où Kane défonce la porte de la chambre de sa femme, qui s'est suicidée, où l'on voit net au premier plan, les flacons de médicaments, Welles net au fond et la femme floue dans son lit, Welles n'a pu utiliser que le pictographe d'Abel Gance !

Concernant ce point, j'ai toujours lu que Welles utilisait de la double exposition pour arriver a tricher sur la profondeur de champ.
Tu filme une première fois la scène avec un cache occultant l'avant plan et en faisant la mise au point sur l'arrière plan. Puis tu rembobine la pellicule et tu refilme la scène en inversant le cache et en faisant la mise au point sur l'avant plan. Et le tour est joué !

C'est le même truc qui a été utilisé beaucoup plus tard pour tourner certaines scènes de Tron - vu qu'avec une caméra 65mm il faut énormément de lumière pour avoir une bonne profondeur de champ.
L'ennui, c'est les moules !
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