Je commence le résumé des interventions de la journée d'étude. Voici la première intervention, les autres arriveront au compte-gouttes.
Laurent Mannoni
Ouverture de la journéeCette journée s’inscrit dans le cadre des conférences du Conservatoire des techniques cinématographiques. Le cinéma se transforme, mais il ne faut pas pour autant oublier son passé. L’histoire du cinéma a connu diverses annonces sur l’apparition du relief, nous verrons si la période actuelle se différencie des autres.
Bernard Bénoliel
IntroductionIl nous cite une lettre de Jean Renoir du 1er avril 1953 à Elliot Gibbons, son scénariste, racontant une séance de cinéma en relief à laquelle il avait assisté en 1913 (!) avec différents numéros dont l’un d’eux mettait en scène une jeune fille faisant de la balançoire, ce qui avait le don d’émoustiller les hommes assis dans la salle. Il se pose déjà la question de comment faire du cinéma avec du relief, en plaçant la question dans le contexte technique, économique, voire politique.
Puis, Bernard Bénoliel a ensuite parler de Walter Benjamin, qui écrivait, en 1939, sur le passage au parlant. Selon lui le cinéma muet génère une réaction incontrôlable du public, et le passage au cinéma sonore permettrait de contrôler les réactions du public. Il serait intéressant de voir si l’arrivée massive du relief, (que l’on compare souvent à l’arrivée du son ou de la couleur) procède de la même politique.
Thierry Lefèbvre
La Physiologie du reliefThierry Lefèbvre a commencé en s’excusant du fait que son propos puisse paraître fastidieux.
Les images stéréoscopiques sont diffusées depuis le XIXéme siècle, elles étaient visibles dans un stéréoscope. Il existait également quelques plaques anaglyphes visibles avec des lunettes.
Le relief vient de l’écart entre nos 2 pupilles (environ 6,5 cm), que l’on nomme parallaxe oculaire.
Il cite, ensuite, le professeur Bonnet, professeur d’ophtalmologie à Lyon : « L’œil est un observatoire placé par le cerveau à fleur de tête pour observer le monde », précisant bien ainsi que le relief prend naissance dans le cerveau.
Je passe sur la description de l’œil et du trajet des images dans notre cerveau.
La perception de la profondeur est due à différents facteurs :
§ Taille relative des objets
§ Masquage d’un objet par un autre
§ Perspective
§ Parallaxe musculaire du mouvement
§ Accomodation
§ Gradients de textures (effets dus à l’atmosphère : neige, brouillard)
§ Phénomène de convergence des yeux
Il est important de noter que ces éléments sont déjà pour la plupart présents dans les films en version plate (
Citizen Kane, par exemple).
Voici une image de
Stalker de Tarkovski, qu’il nous a montré comme exemple.
Un système de projection en relief est donc un système qui trompe nos sens.
Pour aller plus loin :
David Heubel,
L’œil, le cerveau et la vision, les étapes du traitement visuel, Paris, Belin, 1994
R. L. Geregrin,
L’œil et le cerveau : la psychologie de la vision, Paris, Bruxelles, 2000.
Je vous l'accorde, ce n'est pas le plus croustillant, mais la suite arrive très vite.