Jupiter : Le destin de l’univers – La nouvelle folie des Wachowski
Article Cinéma du Vendredi 16 Janvier 2015

Seize ans après Matrix, et seps ans après Speed Racer, Andy et Lana Wachowski retrouvent les studios Warner Bros Pictures pour nous concocter un long-métrage épique de science-fiction, visuellement hors-normes. Ce réjouissant « opéra spatial » leur permettra peut-être de renouer avec le succès…

Par Pierre-Eric Salard



Cette fois-ci, la Terre n’est que le point de départ d’une épopée spectaculaire mêlant science-fiction et fantasy, agrémentée d’un soupçon de contes de fées. Contrairement à la majorité des films à gros budgets proposés cette année, l’histoire de Jupiter : Le destin de l’univers (Jupiter Ascending) n’est ni une adaptation, ni une suite, ni un remake. Il s’agit d’un space opera original, qui puise son inspiration dans les comics strips, serials et autres pulps américains des années 1930-1950. Voyages et batailles dans l’espace, parcours initiatique du héros malgré lui et empires galactiques sont au programme du nouveau métrage des Wachowski. Quinze ans après le grand succès, tant critique qu’au box-office, que fut le Matrix original — , Andy et Lana ont ainsi l’occasion de proposer leur « Star Wars ». Le duo revient pourtant de loin. Si la trilogie Matrix leur promettait une carrière hollywoodienne stratosphérique, la décennie suivante ressembla davantage à un parcours du combattant. Précédé d’une forte attente, Matrix Reloaded rapporta, en 2003, 742 millions de dollars à travers le monde. Les critiques furent cependant globalement moins positives que pour le surprenant premier opus. Six mois plus tard, Matrix Reloaded, abhorré par la critique, récolta 300 millions de moins. Néo s’en fut sans les honneurs — méritées ou non, là n’est pas la question. En 2006, les Wachowski produisirent et signèrent le scénario de l’excellent V pour Vendetta, réalisé par James McTeigue. Deux ans plus tard, le spectaculaire Speed racer, l’adaptation d’un manga et anime, ne séduisit guère la critique. Le faible résultat de ce long-métrage au box-office – il rapporta près de trente millions de moins que son budget initial – enterra immédiatement un projet de suite, envisagé par les Wachowski. Cet insuccès pesa lourd dans la poursuite de leur carrière à Hollywood. Un film d’animation qu’ils produisaient, adapté d’une série comics qu’ils avaient eux-mêmes éditée, a ainsi perdu – incidemment ou non — une partie de son financement. Depuis lors, Shaolin Cowboy in The Tomb of Doom végète sous une forme brouillonne, au sein d’un placard des studios Madhouse (Ninja Scroll, Death Note), au Japon. S’il vous reste, par hasard, trois millions de dollars sous un matelas, n’hésitez pas à les contacter ! C’est la somme nécessaire pour terminer ce film co-réalisé par Seiju Mizushima (Neon Genesis Evangelion, Full Metal Alchemist) et Geof Darrow (illustrateur des comics Hard Boiled écrits par Frank Miller, designer pour la trilogie Matrix et Speed Racer). Même le fidèle studio Warner Bros n’a finalement jamais donné le feu vert à leur version de la légende de Robin des bois. Ni à Cobalt Neural 9, un film atypique dans lequel des archéologues auraient retracé des événements qui se seraient déroulés lors de l’occupation de l’armée américaine en Irak, à l’aide de « found footages » et de vrais-faux enregistrements vidéos. Les Wachowski ont eux-mêmes investi plusieurs millions de dollars dans la production de ce film, qui aurait – notamment – évoqué une tentative d’assassinat du Président des États-Unis, George W. Bush, et la relation amoureuse entre deux soldats… Le refus de la Warner Bros a mis en pause ce projet – que Lana et Andy Wachowski comptent toutefois reprendre ultérieurement. Mais ce revers ne les a pas empêchés de rassembler – en dehors du système hollywoodien — le financement nécessaire à leur adaptation du roman Cloud Atlas, écrit par David Mitchell. Le budget de cet ambitieux long-métrage, co-réalisé avec Tom Tykwer (Le parfum), aura mis près de quatre années à être récolté auprès de divers instituts financiers et sociétés de production, issus de nombreux pays. Sorti en 2012, Cloud Atlas, dont l’histoire se déroule sur plusieurs époques, a divisé la critique. S’il n’a guère séduit les cinéphiles américains, ce film a bénéficié d’échos assez positifs, à l’international, pour réussir à recouper son budget. Mais dans la filmographie des Wachowski, Cloud Atlas reste dans l’ombre du succès de Matrix, sorti treize ans plus tôt. Ce qui ne tempère pas leur enthousiasme. « Des spectateurs sont venus nous voir pour parler de Cloud Atlas et se sont mis à pleurer ! », se souvient Lana Wachowski. « Des gens nous ont même dit que Speed Racer était leur film préféré. Nous avons des fans géniaux. Et nous continuons d’essayer de les étonner ». Jupiter : Le destin de l’univers risque d’ailleurs de surprendre au-delà des rangs de leurs aficionados…

Carte blanche

Quelques mois avant la sortie de Cloud Atlas, Warner Bros Pictures renoue enfin avec Andy et Lana Wachowski. En collaboration avec Village Roadshow Pictures (qui avait déjà participé à la trilogie Matrix et à Speed Racer), le studio annonce le lancement de la production de Jupiter Ascending. Cinq ans après Speed Racer, les Wachowski vont enfin avoir l’(ultime ?) opportunité de réaliser un nouveau film hollywoodien à gros budget ! Comme ils l’ont prouvé par le passé (Inception, Gravity, Interstellar), les dirigeants actuels de la Warner font partie des rares responsables d’un studio hollywoodien à prendre des risques. Les franchises à succès Harry Potter et Batman, synonymes de rentrée d’argent, ont pourtant – temporairement – quitté les écrans. Les cadres du studio continuent malgré tout à accorder leur confiance à quelques cinéastes révérés, dont Christopher Nolan et Alfonso Cuaron. Malgré les pertes financières liées à Speed Racer, Lana et Andy Wachowski font partie de ce club fermé, qui dispose d’une rarissime carte blanche. Après avoir successivement adapté sur grand écran un anime et un roman, ils proposent, cette année, leur propre version d’un space opera. Producteurs, scénaristes et réalisateurs de Jupiter : Le destin de l’univers, les Wachowski semblent décidément être abonnés aux productions à grand spectacle ! « Nous n’arrêtons pas de nous dire que nous allons faire un petit film », s’amuse Lana Wachowski. « Mais nos projets finissent toujours par être particulièrement complexes. Quelque part, nous essayons de proposer des œuvres différentes, ou que personne n’a encore essayé de faire ». Ainsi les premières images de Jupiter Ascending ont-elles surpris les cinéphiles et autres passionnés de cinéma de genre. Afin de s’éloigner des canons traditionnels établis par Star Wars il y a près de quarante ans, ce space opera puise – à l’instar de cet ancêtre — son style directement dans les comics books des années 1930 à 1950, mais aussi dans certaines œuvres de SF japonaises ou dans les fables d’origine européenne. « Jupiter Ascending s’inspire des nombreux genres que nous aimons », déclare Lana Wachowski. « C’est un space opera, de la science-fiction ». Elle ajoute que le film disposera ainsi de séquences d’action originales, mais aussi d’une romance entre deux personnages. Le scénario est d’ailleurs bien moins complexe — et donc plus accessible au grand public — que ceux des Matrix ou de Cloud Atlas. Jupiter : Le destin de l’univers respecte les critères d’un pur space opera : un empire galactique, des batailles gigantesques, du grand spectacle, des costumes bariolés, des lois de la physique peu respectées, des protagonistes manichéens et une intrigue relativement simple, dont les enjeux politiques se déroulent à une échelle interplanétaire. À l’instar de Star Wars, Jupiter : Le destin de l’univers est également très proche de certains archétypes de la fantasy. Caine, un ancien soldat de l’Empire créé dans des laboratoires de bio-ingénierie, possède d’ailleurs des oreilles pointues qui évoquent davantage un elfe qu’un Vulcain.

Simple, mais efficace

Dans cet univers inventé de toute pièce par Lana et Andy Wachowski, et brassant de nombreuses influences, les terriens sont à la civilisation galactique ce que les australopithèques sont pour nous : des créatures peu évoluées, dotées de technologies rudimentaires. Les humains sont également surveillés par des êtres habitant des planètes lointaines. Cet univers dispose donc d’un point commun avec l’autre création originale des Wachowski — la trilogie Matrix. Sauf que cette fois-ci, la planète Terre est la Matrice dans laquelle notre évolution technologique évolution nous enferme. Certains membres de ces races extraterrestres possèdent de formidables richesses et de puissantes flottes de vaisseaux spatiaux. Si leur ADN est partiellement semblable à celui de l’être humain, différentes espèces ont évolué, suite à des expériences génétiques, afin d’acquérir des caractéristiques animales. Ainsi l’ADN d’abeilles a permis de créer de meilleurs ouvriers, alors que celui des loups a engendré des soldats puissants et sans peur. Caine, le soldat génétiquement modifié, faisait d’ailleurs partie de ce corps d’élite. Sur la planète Terre, la génétique — et le destin – réserve également une surprise de taille à une jeune émigrée, venue des pays de l’Europe de l’Est. Elle survit, bon gré mal gré, en alternant les petits boulots à Chicago, aux États-Unis. La tête dans les étoiles, elle rêve d’un monde meilleur. Elle ne sait cependant pas que, la nuit qui a vu sa naissance, la configuration des étoiles prédisait un événement extraordinaire, et lui promettait une destinée sans pareille. Il s’avère que Jupiter Jones dispose d’une empreinte génétique lui permettant de bénéficier d’un héritage extraordinaire, dans les étoiles : celui de la Reine de l’Univers. Jupiter : Le destin de l’univers débute avec l’arrivée de Caine sur la planète Terre. Il est chargé de retrouver Jupiter, qui représente un grave danger pour le règne du Roi de l’Univers, un tyran implacable. Après être tombé sous le charme de la belle héritière, le soldat la prend sous sa protection. Hésitante au départ (comme un certain Neo, quinze ans plus tôt), et poursuivie par les sbires du Roi de l’Univers, Jupiter va embrasser son destin et entamer un voyage qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos. La femme de chambre, coutumière du récurage de toilettes, pourrait bien devenir la maîtresse de l’univers… Quels cinéastes, exceptés les Wachowski, auraient pu imaginer un récit aussi simple que surprenant ?



Une équipe de choc

Le processus de casting de Jupiter : Le destin de l’univers débute en 2012, alors que Lana et Andy Wachowski sont plongés dans la délicate postproduction de Cloud Atlas. Ils envisagent initialement de confier le rôle de Jupiter Jones à Natalie Portman, qui avait auparavant collaboré avec eux pour V pour Vendetta. Mais l’actrice faisait alors une pause dans sa carrière afin de s’occuper de son premier enfant, né en 2011. Elle devait ensuite participer au tournage de Thor : Le monde des ténèbres, prévu pour le dernier trimestre 2012. Elle préféra ensuite s’engager à tourner dans le western Jane got a gun, ainsi que dans le prochain film de Terrence Malick. Rooney Mara (The Social Network, Millenium, Her) fut un temps considéré pour la remplacer, mais Mila Kunis obtint finalement le rôle. À la fin des années 1990, la jeune et ravissante Ukrainienne, âgée de trente ans, s’était fait remarquer grâce à la sitcom That '70s Show. Sa carrière cinématographique décolle en 2008 avec la comédie romantique Sans Sarah, rien ne va. Deux ans plus tard, son interprétation, face à Natalie Portman, dans Black Swan, lui permettra d’obtenir de nombreux prix. Plus récemment, elle a joué dans deux films de genre : Ted et Le Monde fantastique d’Oz. Le rôle de la sorcière Theodora, dans le dernier film de Sam Raimi, lui a d’ailleurs permis de se préparer pour Jupiter : Le destin de l’univers. « Il m’a fallu m’entrainer davantage à jouer tout étant attachée à des câbles », s’amuse-t-elle. Les nombreuses scènes d’action du film – et les chorégraphies des personnages lors des combats — nécessitent effectivement l’utilisation intensive de dispositifs de câbles, qui seront ultérieurement effacés, lors de la postproduction. Ce qui n’a pas semblé déplaire à la jeune actrice ! « J’adore ce processus », confie-t-elle. « Autant que possible, je vais réaliser mes propres cascades ». Mila Kunis ajoute que le rôle de Jupiter Jones est le plus difficile – physiquement — de sa jeune carrière. Il a lui a ainsi fallu s’entrainer durant sept mois ! « Ma patience a également été testée : vous finissez toujours par être frustré quand vous ne réussissez pas à faire certaines choses ». Caine, quant à lui, est interprété par Channing Tatum, né en 1980. Révélé en 2006 grâce au film musical Sexy Dance (il ne faisait que de la figuration, un an plus tôt, dans La guerre des mondes de Steven Spielberg), l’acteur américain a obtenu son premier grand rôle dans G.I. Joe : Le Réveil du Cobra. Depuis 2012, il a participé à de nombreux films remarqués, dont 21 Jump Street, Magic Mike – inspiré de sa propre vie –, Effets secondaires et La grande aventure LEGO. Channing Tatum est méconnaissable dans les premières images de Jupiter : Le destin de l’univers. « Caine est un hybride, créé essentiellement dans un tube d’essai ». Le soldat dispose ainsi de certaines caractéristiques d’un loup. « Ou de ce qui s’approche d’un loup », précise-t-il. « Caine est aussi à moitié albinos ; il est donc quelque peu défectueux ». Si les cascades sont majoritairement réalisées devant les caméras, Channing Tatum a paradoxalement signé pour une aventure qui lui a longtemps semblé virtuelle. « Ce monde est créé de toutes pièces. Je ne savais pas 89 % de ce qu’on allait me demander de faire ! ». Le vil Roi de l’Univers, quant à lui, est incarné par Eddie Redmayne. Issu du monde du théâtre, où il a été maintes fois récompensé, l’acteur britannique, né en 1982, a notamment joué dans la minisérie Les piliers de la Terre et dans la récente adaptation cinématographique des Misérables. Le casting est complété par la présence de Sean Bean (Game of Thrones, Le Seigneur des anneaux), James d’Arcy (Cloud Atlas), Douglas Booth (le remake américain de LOL), Tuppence Middleton, Doona Bae ou encore David Ajala. Pour l’anecdote, un certain cinéaste, célèbre pour ses univers décalés, s’est vu offrir un petit – mais important — rôle d’employé de bureau dans Jupiter Ascending : Terry Gilliam. « Je connais les Wachowski depuis l’époque où… ils étaient encore des frères », raconte-t-il, en faisant référence au changement de sexe de Larry/Lana, en 2010. « J’ai toujours pensé qu’ils étaient géniaux. Ils m’ont proposé de jouer dans une scène qui est un hommage, selon eux, à Brazil ». Terry Gilliam semble avoir profité de l’occasion pour décontenancer les deux acteurs principaux en adoptant un comportement étrange, lors du tournage, ce qui provoqua l’hilarité de Mila Kunis et la déconcentration de Channing Tatum… En ce qui concerne l’équipe technique, Lana et Andy Wachowski ont fait appel à de fidèles collaborateurs. Hugh Bateup a ainsi signé la direction artistique de tous leurs films depuis Matrix. Ce qui est également le cas de la chef costumière Kym Barrett — qui a entre-temps travaillé sur Eragon et The Amazing Spider-Man. Outre la trilogie du Seigneur des Anneaux et Snowpiercer – Le Transperceneige, le responsable des maquillages Jeremy Woodhead a œuvré sur V pour Vendetta, Speed Racer et Cloud Atlas. Le monteur allemand Alexander Berne (10 000, Le Parfum, Alien vs Predator) a rejoint – avec un certain panache — ce groupe d’habitués pour Cloud Atlas. Notons enfin la participation du directeur de la photographie John Toll, qui a vu sa carrière décoller au milieu des années 1990 grâce à Légendes d’automne et Braveheart — pour lesquels il a successivement obtenu deux Oscars. Il a depuis signé de nombreuses images mémorables, notamment dans La ligne rouge, Le dernier Samouraï, Gone Baby Gone, Cloud Atlas et Iron Man 3. Il ne fait aucun doute : pour réaliser leurs films hors-normes, les Wachowski savent s’entourer…

Les conteurs des étoiles

Le tournage de Jupiter : Le destin de l’univers s’est déroulé au sein des studios Leavesden (où ont été filmés les huit épisodes de la saga Harry Potter, et qui appartiennent à la Warner Bros depuis 2010), près de Londres, d’avril à juin 2013. Des scènes ont également été tournées à la cathédrale de la Sainte-et-Indivisible-Trinité d’Ely (notamment aperçue dans Le discours d’un roi), dans l’est du Royaume-Uni. L’équipe de production a ensuite emménagé à Chicago, où se déroule la première partie du film. À l’instar de Mila Kunis, Channing Tatum s’est rapidement enthousiasmé pour la méthode de travail des Wachowski. « Il n’y a pas, ou a très peu, de cascadeurs numériques dans Jupiter Ascending », explique-t-il. « Tout est réalisé en direct, sur les plateaux. Le tournage est difficile. Nous essayons de faire des choses qui n’ont jamais été faites, que ce soit en images de synthèse ou devant les caméras. C’est à la fois excitant et effrayant. Tout le monde se demande comment réaliser, techniquement, tel plan extrêmement compliqué ». Ce qui s’est avéré laborieux à mettre en place ; l’ambition des cinéastes oblige à repousser les limites. « Les Wachowski n’aiment pas faire ce qui a déjà été fait auparavant », ajoute l’acteur, qui peut cependant s’appuyer sur les animatiques élaborées lors de la préproduction. « La prévisualisation permet de savoir ce que désirent les réalisateurs. J’essaie simplement de faire en sorte que mes mouvements y correspondent. Le processus est exténuant, mais quand vous réussissez, c’est gratifiant ». Après Iron Man 3, Jupiter : Le destin de l’univers est seulement le second long-métrage pour lequel le directeur de la photographie John Toll utilise des caméras numériques. « Cela faisait longtemps que je désirais faire un film avec ce type de technologie », explique-t-il. « J’adore la pellicule. Mais il existe clairement des raisons incitant l’utilisation des caméras numériques, pour certains projets ». Le budget et les ressources alloués à Iron Man 3 lui avaient permis de faire de nombreux essais et d’apprendre à maitriser cette technologie. Pour Jupiter : Le destin de l’univers, il a donc fait appel, pour la seconde fois, à des caméras Arri Alexa. Disponibles depuis 2010, ces modèles ont également été utilisés pour les tournages de World War Z, Maleficient, Thor : Le monde des ténèbres, Captain America : Le soldat de l’hiver, Life of Pi ou encore Skyfall. « Ces caméras numériques sont particulièrement utiles pour les films nécessitant de nombreux effets visuels », ajoute John Toll. « Elles permettent un gain de temps et d’efficacité ». Des avantages dont tirera parti le superviseur des effets visuels de Jupiter : Le destin de l’univers, Dan Glass (Batman Begins, The Tree of Life), qui a lui aussi travaillé sur toutes les réalisations et productions des Wachowski depuis Matrix Reoladed, en 2003. John Gaeta, le superviseur des effets visuels de Matrix (pour lequel il a obtenu un Oscar), a quant à lui participé au design des trucages. Ces fidèles collaborateurs ont bénéficié d’un an de postproduction pour créer le tout nouvel univers – spectaculaire et propice à l’émerveillement – des Wachowski. Il semblerait d’ailleurs que les cinéastes souhaitent réinventer l’imagerie des scènes de poursuite, comme ils ont marqué l’histoire du cinéma, quinze ans plus tôt, en stylisant les combats de Matrix à l’aide du célèbre “bullet time”… « Les effets visuels de Jupiter Ascending sont bien plus complexes que ceux de Cloud Atlas », avoue/B> Andy Wachowski. Ce qui représente une gageure ! Le récit n’alternant pas entre plusieurs époques, le processus de montage est toutefois, selon le réalisateur, moins laborieux. Notons enfin que la composition de la bande originale a été confiée au talentueux Michael Giacchino (Lost, Là-haut, Star Trek), qui avait déjà œuvré sur Speed Racer en 2008. L’enregistrement s’est déroulé durant l’été 2013 aux studios Abbey Road, à Londres, avant même que le tournage de Jupiter : Le destin de l’univers ne soit terminé ! « Cette manière de faire m’offre davantage de liberté », explique le compositeur. « Je ne suis pas limité par des contraintes temporelles ». À quelques exceptions près, il est extrêmement rare qu’une bande originale soit composée et enregistrée aussi tôt dans le processus de production d’un film. Les Wachowski ont ainsi pu élaborer le montage des scènes d’action autour des musiques de Michael Giacchino. Le résultat s’appréciera dans la meilleure salle possible, à partir du 4 février 2015 (le film ayant été originellement annoncé pour le 23 juillet 2014…). « Les spectateurs disent qu’ils sont fatigués des sempiternels remakes d’anciens films et des adaptations de comics », rappelle Mila Kunis. « Jupiter Ascending, lui, est sorti tout droit de l’imagination des Wachowski. Il est unique ». Andy et Lana Wachowski ont depuis supervisé le tournage (à travers le monde) de la série de SF Sense 8, qu’ils ont créée avec J. Michael Straczynski (Babylon 5) pour le compte de Netflix. « Ensuite, nous prendrons un congé sabbatique », s’amuse Lana. À moins que Jupiter : Le destin de l’univers ne rencontre un franc succès… et qu’une trilogie puisse voir le jour ! Le duo rejoindrait, alors, le cercle restreint des conteurs des étoiles.

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