Reportage exclusif sur le tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE : Entretien avec Jonathan Schwartz, producteur - 4ème partie
Article Cinéma du Mardi 02 Septembre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

C’est en octobre 2013 que nous étions partis explorer un nouvel univers de SF sur les plateaux anglais de Shepperton, celui de l’une des superproductions les plus ambitieuses des studios Marvel : Les Gardiens de la Galaxie. Le réalisateur James Gunn entamait alors les trois dernières semaines d’un tournage de 82 jours, conscient de porter sur ses épaules la responsabilité de mener à bien un space opera au budget estimé à 200 millions de dollars, en s’appuyant sur des personnages à la notoriété limitée. Le miracle d’Iron Man – lui aussi peu connu du grand public avant d’être incarné par Robert Downey Jr et de triompher au boxoffice – s’est reproduit quand les foules ont découvert cette nouvelle équipe de héros qui ressemble à un inventaire à la Prévert : deux baroudeurs, une guerrière verte, un arbre vivant…et un raton laveur. Pourtant, le pari était d’autant plus audacieux qu’il s’éloignait de l’univers « classique » des superhéros qui a réussi à fidéliser les spectateurs. Mais l’équipe des studios Marvel menée par son PDG et producteur Kevin Feige a maintes fois prouvé que ses intuitions étaient justes. Rappelons qu’elle a fait preuve d’une intelligence et d’un sens stratégique brillant en programmant chacune de ses productions pour construire un univers cohérent et interactif, à l’image de celui qui a fait le bonheur de millions de lecteurs de comics depuis les années 60. Et c’est justement au cours de cette première décennie fondatrice de Marvel, pendant laquelle le scénariste Stan Lee et les dessinateurs Jack Kirby, Steve Ditko et Bill Everett ont inventé dans une fulgurance créative époustouflante les Quatre Fantastiques, Hulk, les X-Men, Thor, Daredevil, Spider-Man et tous les autres justiciers superstars de la « maison des idées » que sont apparus en 1969 ces fameux Gardiens de la Galaxie, qui précédaient de huit ans la révolution STAR WARS. On aurait donc mauvais esprit à insinuer que les Studios Marvel essaient de lancer maintenant leur STAR WARS à eux, puisqu’ils ont entamé leur saga spatiale bien avant celle de George Lucas. Et au chapitre des ressemblances, en plaçant côte à côte un dessin du Docteur Fatalis, créé en 1962, et de Dark Vador, on pourrait même gronder l’ami George en lui disant qu’il a copié sur son voisin !

Embarquement immédiat

Au cours de notre visite d’octobre 2013, nous avions constaté que James Gunn mettait de nombreux atouts de son côté pour emporter d’emblée l’adhésion du grand public qui n’avait jamais entendu parler des GARDIENS DE LA GALAXIE. Son objectif était clairement de mener à un rythme très soutenu les aventures pittoresques et atypiques de ces personnages qui ont du charme et de l’humour à revendre. Alors, pour les visiteurs d’ESI qui n’ont pas encore fait leur connaissance, que faut-il savoir avant de plonger dans le tourbillon de cette nouvelle saga ? Peu de chose, en fait : dans cette première aventure, cinq renégats de l’espace interpellés au même moment, se retrouvent enfermés dans un pénitencier de l’espace. Au centre de ce petit groupe qui se déteste cordialement (mais pas pour longtemps) on trouve Peter Quill, alias Starlord, kidnappé sur terre à l’âge de dix ans, dans les années 80, et adopté par des pirates de l’espace, les Ravageurs. Ses compagnons de geôle sont la guerrière Gamora, Drax le colosse déterminé à venger l’assassinat de sa famille, Rocket Racoon l’alien qui ressemble à un raton laveur, et Groot, arbre vivant au vocabulaire limité (sa seule phrase est « Je suis Groot ! ») mais à la force considérable. Comme vous le devinez déjà, ces sympathiques crapules vont apprendre à se connaître derrière les barreaux, découvrir que leurs intérêts se rejoignent, et s’évader pour mener un nouveau combat plus altruiste. Car même s’ils sont recherchés par tous les policiers des Nova Corps, ces bandits seront les seuls êtres assez fous pour affronter Ronan l’accusateur, juge et exécuteur du redoutable empire Kree, prêt à ravager l’immensité de la galaxie pour retrouver une petite sphère au mystérieux pouvoir…qui se trouve justement dans la poche de Peter Quill ! Voilà, le décor est campé. Il ne vous reste plus qu’à faire un petit bond de neuf mois dans le passé et à nous accompagner de plateau en plateau pour rencontrer en coulisses toute l’équipe du film, en commençant par la suite de notre entretien avec le producteur Jonathan Schwartz dans une salle où étaient présentées des illustrations conceptuelles magnifiques et des maquettes de vaisseaux spatiaux, d’intérieurs de temples et de paysages de planètes qui témoignent déjà de l’ampleur du space opera en cours de tournage !

Entretien avec Jonathan Schwartz, producteur - 4ème partie

Le choix de Chris Pratt pour incarner le rôle principal était particulièrement important. Quelle a été votre démarche pour arriver jusqu’à lui ?


Comme vous avez pu le voir dans les extraits du film qui vous ont été montrés, Peter Quill / Starlord est un rebelle, un garçon vif, débrouillard et doté d’un solide sens de l’humour. En cherchant des acteurs qui avaient une trentaine d’années et qui correspondent à cette image, nous avons forcément pensé à Chris Pratt, dont on a pu voir le talent humoristique phénoménal dans la sitcom PARKS AND RECREATION. Chris a passé une audition pour nous, parmi de nombreux autres comédiens, et je me souviens que dès cette première fois que nous l’avons vu jouer, nous avons tous pensé « C‘est lui qu’il nous faut. » Chris est si drôle, si spontané, si naturel dans sa manière de jouer qu’il va devenir une grande star de cinéma. Après l’avoir vu tenir des seconds rôles sérieux dans d’excellents films comme LE STRATEGE, ZERO DARK THIRTY et HER, vous pouvez vous attendre à le voir devenir un des acteurs de premiers rôles incontournables de ces prochaines années. (Peu de temps après cet entretien, Chris Pratt obtenait le rôle principal de JURASSIC WORLD. NDLR)

Comment Zoe Saldana a-t-elle été choisie pour incarner Gamora ? Dans l’esprit des fans de SF, elle est évidemment déjà associée aux personnages de Neytiri dans AVATAR et de Uhura dans les STAR TREK de J.J. Abrams…

Cela ne nous a pas gêné le moins du monde, d’abord parce que Zoe est une actrice fantastique dont les compositions et le jeu varient énormément de film en film, et aussi parce que le monde des GARDIENS DE LA GALAXIE est très différent de ceux des autres films de SF dans lesquels on a pu la voir. Cela se passe dans l’univers Marvel, qui a sa propre personnalité, et un ton particulier. Et Zoe est verte cette fois-ci ! (rires) Plus sérieusement, Gamora est un personnage qui n’a rien en commun avec ceux que vous avez mentionnés, et Zoe l’interprète de manière si différente que les spectateurs ne penseront jamais à Neytiri ni à Uhura en la voyant agir dans le film.

Il y a de plus en plus de films adaptés de Comics. Pensez-vous que cela finira par lasser le public ?

Non, personnellement, je ne le crois pas. LES GARDIENS DE LA GALAXIE, par exemple, est plus proche des space operas du cinéma que des BDs de superhéros, donc il ne sera pas immédiatement perçu comme un récit des comics transposé sur le grand écran, même s’il est tiré de l’univers Marvel. Je pense aussi que les frontières entre les films adaptés de BD et les autres deviennent de plus en plus floues. Si vous parlez à des gens de films comme LES SENTIERS DE LA PERDITION, A HISTORY OF VIOLENCE et KICK-ASS en leur demandant quel est leur point commun, je suis convaincu que très peu de personnes seront en mesure de vous dire qu’il s’agit de trois transpositions de comics et de romans graphiques. Ces trois films sont totalement différents les uns des autres, à tous points de vue. Il me semble que le public s’est déjà rendu compte que l’univers narratif des comics est extrêmement vaste, très varié et que l’on peut en tirer des films de tous les registres sans éprouver un sentiment de répétition quand on les découvre sur le grand écran. Il y a de la place au cinéma pour des adaptations de BDs de tous les genres, pour tous les publics, et toutes les tranches d’âge.

Comment collaborez-vous avec le reste de l’équipe créative des studios Marvel basée en Californie pendant ce long tournage en Angleterre ? Organisez-vous des conférences par liaison satellite ? Avez-vous des réunions hebdomadaires pour faire le point sur l’avancement du tournage ?

Oui. Quand nous étions en phase de préparation, Victoria Alonso, Kevin Feige, Louis d’Esposito et le reste de l’équipe de brainstorming des studios Marvel se réunissaient avec nous plusieurs fois par semaine lors de conférences en visiophonie. Nous examinions ensemble tout ce qui avait été fait : l’avancement des décors, les nouveaux dessins conceptuels produits chez Marvel et ceux réalisés ici, les maquettes des prochains environnements à construire, et nous en profitions aussi pour faire le point sur le casting et les problèmes ponctuels à résoudre. Toute l’équipe était impliquée dans ces décisions, et suivait de près ce que nous faisions, tout en gérant aussi les nombreux autres projets de Marvel qui en étaient chacun à différents stades de développement.

La suite de ce dossier galactique paraîtra bientôt sur ESI !

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