Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Après Jonathan Schwartz, c’est le héros des GARDIENS DE LA GALAXIE qui vient nous rejoindre dans la salle d’exposition des illustrations. L’imposant Chris Pratt, au visage juvénile et aimable, porte encore une partie de son costume de Starlord. Méconnu en France, Pratt a conquis les téléspectateurs américains grâce à sa savoureuse composition d’homme-enfant naïf et gaffeur dans l’excellente série humoristique PARKS AND RECREATION. Merveilleusement doué pour les improvisations comiques, l’acteur a changé de registre et de silhouette récemment en jouant l’un des soldats du commando qui a tué Bin Laden dans ZERO DARK THIRTY, devant la caméra de Katheryn Bigelow. Il a prouvé ainsi qu’il pouvait allier prestance physique, allure éminemment sympathique, crédibilité dramatique et sens de l’humour et s’affirmer comme l’un des futures grandes stars des blockbusters. Marvel ne s’est pas trompé en misant sur lui pour emporter l’adhésion des spectateurs, et Universal l’a compris aussi, en lui confiant peu après le rôle principal de JURASSIC WORLD…

Pouvez-vous nous parler de la trajectoire personnelle de Peter Quill dans ce premier épisode des GARDIENS DE LA GALAXIE ? Dans les comics, votre personnage naît sur terre, mais sa vie devient vite fort compliquée…

Effectivement ! Et ces évènements se déroulent de la même manière dans le film. Nous découvrons d’abord Quill pendant son enfance, sur terre, et nous assistons à la tragédie qui transforme son existence à ce moment-là. A cause de ses origines et de son histoire, Peter se retrouve presque immédiatement entraîné dans l’espace et il doit alors grandir dans des environnements totalement différents au fil de ses voyages. Nous le retrouvons une vingtaine d’années plus tard, et nous pouvons constater qu’il n’a pas encore eu l’occasion d’évoluer et de mûrir comme on le fait quand on est entouré par des parents, une famille, des amis, des professeurs et des mentors. Peter a vécu une existence mouvementée dans l’espace, en n’étant jamais tenu pour responsable de ses actes. Il est devenu un voleur et une canaille. Il s’empare des cœurs et des objets de faible valeur en voyageant d’un coin à l’autre du cosmos. Je dirais donc que sa manière d’évoluer au cours du récit, c’est qu’il découvre qu’il a des engagements importants à prendre au cours de son existence, qui dépassent de très loin ses propres intérêts et ses petits plaisirs égoïstes. Cela va l’inciter à changer de vie, à agir de manière désintéressée et à se mettre pour la première fois au service d’une grande cause. Quill va constater ainsi qu’il est bien plus gratifiant et agréable de servir les autres que d’agir uniquement pour son propre profit. C’est ce qui ressort de sa trajectoire dans cette aventure, et c’est un message toujours sympathique à diffuser dans un film de divertissement, car je trouve qu’il y a malheureusement beaucoup d’apathie dans le monde actuel. Les gens ont tendance à rester indifférents à beaucoup de problèmes tant que cela ne touche pas leur petite bulle de confort. Et parmi les jeunes, il y a aussi cette posture très répandue qui consiste à dire que l’on se fiche de tout.

Etiez-vous fan de comics pendant votre enfance ?

J’étais passionné par le dessin et le travail des grands illustrateurs. Comme mes parents n’étaient pas riches, je n’étais pas entouré de jouets, et j’utilisais davantage mon imagination. En revanche, j’avais accès à des liasses de papier, et je me souviens que je dessinais tout le temps, pendant des journées entières.

Vous amusiez-vous à créer vos propres personnages ?

Oui, mais pendant longtemps, je copiais ceux qui apparaissaient dans les BDs que je lisais. J’utilisais des crayons, des gouaches…et il y a encore dans ma chambre d’enfance, chez mes parents, un mur entier que j’ai décoré en y peignant des héros de comic books ! (rires)

Quel était votre personnage favori, parmi ceux que vous avez créés ?

C’est assez drôle, parce que j’ai commencé à dessiner des superhéros de BD avant même d’atteindre l’âge de la puberté. J’étais focalisé sur ces surhommes bardés de muscles. Je me souviens que mes copains et moi nous faisions des concours pour choisir celui d’entre nous qui dessinerait le plus grand et le plus fort de tous les personnages ! Ensuite, quand nous sommes devenus ados, nous nous sommes intéressés aux filles, et je me suis mis à en dessiner aussi. Mais avec l’entraînement que j’avais eu pendant des années, elles avaient quasiment le même aspect physique que les surhommes que je dessinais auparavant ! (rires) Mes personnages féminins ressemblaient à d’énormes transsexuels bodybuildés ! (rires) On aurait dit des superhéros colossaux de 1m95 avec des perruques longues et de fortes poitrines. (rires) J’imagine que cela a dû rendre mes parents perplexes quand ils ont vu ces dessins. Ils ont probablement pensé que je devais avoir de graves problèmes psychologiques ! Cela ne m’a pas empêché de continuer à dessiner des héroïnes. Plutôt que d’écrire des histoires, et de dessiner des aventures complètes, c’était toujours l’aspect et les costumes des superhéros qui m’intéressaient davantage.

Connaissiez-vous déjà l’univers des GARDIENS DE LA GALAXIE pendant votre enfance ?

Non, pas encore. En fait, je n’étais pas un grand collectionneur de comics, car ils coûtaient assez cher. Mais il se trouve que pendant une période de six mois, j’ai réussi à gagner trois cent dollars en jouant dans des tournois de Bingo avec ma mère. Ou pour décrire les choses plus justement, en l’accompagnant pendant qu’elle jouait ! Maman avait conçu une stratégie astucieuse pour me calmer pendant que j’attendais dans cette grande salle enfumée remplie d’adultes : elle me proposait de choisir une carte de Bingo où l’on pouvait cocher huit numéros. Et notre accord, c’était que si jamais je gagnais, je pourrais garder l’argent, mais seulement après lui avoir remboursé mon billet d’entrée au Bingo ! (rires) Maman était vraiment une joueuse sans pitié ! (rires) Contre toute attente, j’ai gagné, et j’ai dépensé l’intégralité de ces trois cents dollars dans une boutique de comics. J’ai acheté un carton entier de BDs au moment où l’une des nouvelles versions des GARDIENS DE LA GALAXIE venait d’être publiée, en 1990 ou 93, je ne sais plus. Et il se trouve que parmi les comics que j’avais choisis, il y avait justement plusieurs numéros de cette série.

C’était un double hasard assez incroyable : gagner cette grosse somme au Bingo d’abord, puis découvrir justement LES GARDIENS DE LA GALAXIE à ce moment-là ! On pourrait dire qu’il s’agissait d’un signe du destin !

Effectivement, c’est vraiment étrange. Les années 90 étaient une époque particulièrement intéressante pour les BDs aux USA, car on voyait apparaître de nouveaux types de récits et de personnages qui sortaient des formats habituels. C’est à ce moment-là que Todd McFarlane a créé SPAWN, ce personnage de démon qui refuse de faire le mal et devient un justicier. Je me souviens que quand j’ai sélectionné toutes ces BDs dans la boutique, j’ai essayé d’acheter le plus possible de premiers numéros d’une série, avec la certitude qu’ils allaient prendre ensuite tellement de valeur que quand je les revendrais quinze ans plus tard, je ferais fortune et que cela me permettait de payer mes études dans les meilleures universités ! (rires) Je crois me souvenir que j’avais acheté BARTMAN, la parodie des Simpson où Bart est un justicier masqué, un numéro de GHOST RIDER avec une couverture phosphorescente que j’étais heureux d’admirer la nuit quand elle brillait dans ma chambre, et des numéros de SPIDER-MAN et de X-MEN. J’ai aussi acheté une grande collection des aventures de Conan publiées dans les années 70, avec de superbes couvertures et des dessins magnifiques, reproduits en noir et blanc. C’étaient des histoires sensationnelles et très sexy. Torrides, même ! Il y avait toujours des princesses dénudées en détresse ou des superbes sorcières…Voilà comment j’ai découvert le monde des comics en général et celui des GARDIENS DE LA GALAXIE en particulier.

La suite de cet entretien avec le héros des GARDIENS DE LA GALAXIE paraîtra bientôt sur ESI !

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