DREAMSCAPE (1984) : Un sympathique précurseur d’INCEPTION, à redécouvrir enfin en DVD & Blu Ray
Article DVD Blu-Ray du Jeudi 11 Septembre 2014

Par Pascal Pinteau

L’éditeur Carlotta poursuit sa passionnante initiative de sortie de films fantastiques injustement oubliés en DVD et Blu Ray, dans de magnifiques copies remastérisées. Aujourd’hui, c’est une solide série B des années 80 que Carlotta nous propose : DREAMSCAPE. Au début du film, on apprend qu’un projet scientifique top secret a été mis en place par le gouvernement américain : des personnes douées de télépathie sont projetées dans les rêves d'individus victimes de violents cauchemars afin de les aider à combattre leurs angoisses. Le docteur Paul Novotny (Max Von Sydow), responsable du programme appuyé par le représentant gouvernemental Bob Blair (Christopher Plummer), décide de faire appel à son ancien protégé, Alex Gardner (Dennis Quaid), véritable génie de la télépathie ayant brusquement disparu du circuit cinq ans auparavant. Le jeune homme qui vivote en exploitant ses dons de manière triviale accepte de participer au projet et découvre bientôt l'existence d'un complot visant à manipuler le Président des États-Unis, lui aussi victime de terribles songes nocturnes...

Un thriller efficace, servi par des effets spéciaux typiques des années 80.

Si DREAMSCAPE accroche le spectateur dès les premières images d’apocalypse nucléaire qui hantent les cauchemars du président américain, et présente bien le thème passionnant de son récit, on devine ensuite par l’absence totale de décors représentant de manière crédible la Maison Blanche que cette production n’a bénéficié que d’un budget modeste (8 millions de dollars pour être précis) et qu’il ne faudra pas s’attendre à un déferlement ininterrompu de trucages spectaculaires. Mais qu’importe : Joseph Ruben a su donner du corps à son histoire en s’appuyant d’abord et avant tout sur un excellent casting. La distribution est dominée par Dennis Quaid (L’ETOFFE DES HEROS, L'AVENTURE INTERIEURE), Max von Sydow (L'EXORCISTE) et Christopher Plummer (LA MELODIE DU BONHEUR), sans oublier l’excellent Eddie Albert dans le rôle du président américain, la séduisante Kate Capshaw qui incarne le docteur Jane DeVries (Rappelons que Kate Capshaw allait accompagner la même année Indiana Jones dans un certain temple maudit, et devenir peu après Madame Spielberg) et Patrick David Kelly qui joue Tommy Ray, un inquiétant télépathe. Construit comme une enquête parapsychologique jetant des ponts entre le monde réel (le passé des personnages et les racines de leurs angoisses) et celui des rêves ( généré par leur inconscient, et en l’occurrence façonné à dessein, dans le cadre d’un vaste complot) DREAMSCAPE avance à un rythme plaisant et rapide, ponctuant sa narration de quelques petites séquences d’effets spéciaux oniriques assez efficaces. Certes, les trucages basiques des années 80 accessibles aux séries B ont indéniablement vieilli, mais leur utilisation dans un contexte irréel et cauchemardesque ne leur retire ni leur charme, ni leur pertinence, car ils ne prétendent jamais être réalistes. Le meilleur exemple à ce titre est le personnage de l’homme-serpent représenté par une marionnette animée image par image dans certains plans (scènes supervisées par l’animateur Jim Aupperle ) , tandis que dans d’autres, c’est le costume complet en mousse de latex créé et porté par l’excellent maquilleur Craig Reardon que l’on voit en action. Si la marionnette joue honorablement son rôle, son étrangeté contribuant à rendre ses apparitions intéressantes, on se demande bien pourquoi Joseph Ruben n’a pas utilisé davantage le costume à taille réelle de Reardon, surtout dans les plans serrés qui révèlent les textures trop simples du personnage miniature, et ne peuvent prétendre effrayer aujourd’hui. Signalons aussi une autre créature réalisée par Readon, et l’utilisation d’un procédé de remplacement de tête image par image pour décrire la métamorphose d’un des méchants en homme-serpent, technique souvent utilisée en publicité pour les transformations d’objets avant l’ère numérique et les effets de morphing. Peter Kuran, lui, a supervisé les effets visuels du film, dont les paysages post-apocalyptiques rougeoyants restent frappants aujourd’hui. Grâce à son histoire bien menée, à la musique inspirée de Maurice Jarre, au charisme de Dennis Quaid, à son excellent casting de premiers et de seconds rôles, et à ses effets spéciaux « vintage », DREAMSCAPE est un cocktail bien agréable de thriller politique et de film de science-fiction, avec des touches d'humour bienvenues là où il le faut. On pourra s’amuser aussi à découvrir ce film comme l’ancêtre décontracté et sans prétention du trop cérébral et parfois inutilement compliqué INCEPTION, en se disant que Christopher Nolan pourrait soigner son (petit) pêché récurrent en revisitant certaines pépites bigrement efficaces des eighties comme DREAMSCAPE.



DREAMSCAPE Réalisation : Joseph RUBEN Scénario : David LOUGHERY, Chuck RUSSELL et Joseph RUBEN d'après une histoire de David LOUGHERY Avec : Dennis QUAID, Max von SYDOW, Christopher PLUMMER, Eddie ALBERT et KATE CAPSHAW Musique : MAURICE JARRE Produit par : Bruce Cohn CURTIS Co-producteur : Jerry TOKOFSKY Producteurs exécutifs : Stanley R. Zupnik et Tom CURTIS

BD 50 • MASTER HAUTE DÉFINITION?1080/23.98p • ENCODAGE AVC Version Originale DTS-HD Master Audio 5.1 & 2.0 / Version Française DTS-HD MA 2.0 Sous-Titres Français • Format 1.85 respecté • Couleurs • Durée du Film : 99 mn

SUPPLÉMENTS (EN HD)

. ENTRETIEN AVEC DENNIS QUAID (15 min)

. BANDE-ANNONCE

DVD & BR, prix indicatif : 20,06 €

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