LES NOUVEAUX HEROS : Oscar 2015 du meilleur film d'animation ! Dossier spécial - 2ème partie
Article Animation du Jeudi 05 Mars 2015

Les Nouveaux Héros ayant reçu l'Oscar du meilleur film d'animation, nous avons décidé de publier à nouveau notre dossier spécial pour vous faire découvrir cette belle réussite Disney/Marvel.

Par Inoshiro Honda

LES ORIGINES D’UN GROUPE DE SUPER-HEROS

L’histoire illustre ce qui se passe lorsque deux entités en apparence très différentes sont réunies, comme un adolescent et un robot, par exemple – le mélange des genres fait en effet partie du tissu même du projet.

C’est dans les comics Marvel que LES NOUVEAUX HÉROS trouve son origine, même si la bande dessinée qui a inspiré le film n’est que peu connue. Don Hall commente : « Enfant, j’adorais les comics Marvel. Lorsque je travaillais sur WINNIE L’OURSON, j’ai demandé à John Lasseter si je pouvais explorer l’univers Marvel pour mon prochain film, ce qu’il m’a encouragé à faire. C’est alors que je suis tombé sur « Big Hero 6 ». Je n’en avais jamais entendu parler, mais j’ai aimé le titre et l’influence japonaise de la B.D. »

Le cinéaste affirme avoir toujours été soutenu dans sa démarche. Il déclare : « Dès le départ, on nous a encouragés à nous approprier l’histoire. » C’est ainsi que les scènes d’action caractéristiques de Marvel se sont mêlées au style plus classique des films Disney. Roy Conli commente : « Il s’agit d’un film Disney influencé par l’univers Marvel. Les membres de l’équipe Marvel nous ont beaucoup soutenus dans ce projet, ils ont assisté à toutes les projections et nous ont soumis leurs remarques. Ils ne nous ont jamais donné d’autre directive que celle de faire un bon film. Nous avons tous beaucoup d’admiration pour le style Marvel, nous tenions donc à ce qu’il fasse partie intégrante de l’histoire, mais nous voulions également qu’elle soit émouvante et drôle, car c’est ce qu’attend le public d’un film d’animation Disney. »

LES RECHERCHES

Lors du développement du film, les cinéastes se sont intéressés à la robotique pour concevoir le personnage de Baymax. Don Hall a passé du temps auprès des chercheurs de l’université Carnegie-Mellon. Il raconte : « Nous avons eu des conversations passionnantes sur la place des robots dans la culture populaire. J’ai appris qu’ils menaient des recherches sur la « robotique souple » ou « robotique douce » associant des matières et des formes plus douces, proches du vivant. Ils travaillent notamment sur un bras en vinyle gonflable au contact non agressif qui est actuellement capable d’accomplir des tâches simples comme par exemple brosser les dents de quelqu’un. Les possibilités envisageables sont infinies. »

Accompagné de quelques membres de l’équipe de production, Don Hall a visité plusieurs universités de la côte Est américaine, dont Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT). C’est là qu’est née l’inspiration pour les laboratoires de San Fransokyo Tech. Les chercheurs ont quant à eux aidé l’équipe à définir la place de la technologie dans le film. Le réalisateur déclare : « Les robots ne sont pas toujours présentés sous leur meilleur jour, mais après avoir vu ce bras en vinyle, c’est toute la personnalité de Baymax qui nous est apparue. »

Les recherches ont également permis à l’équipe de définir la personnalité de Hiro. Le responsable de l’histoire Joe Mateo explique : « Nous avons rencontré des jeunes gens et les avons interrogés sur leurs centres d’intérêt et leurs loisirs. »

La passion de Hiro pour la robotique a en partie été inspirée par des chercheurs japonais. Don Hall commente : « Ils étaient tous influencés par la pop culture japonaise et les robots des films et séries d’animation qu’ils avaient vus. Leurs robots sont différents des robots occidentaux. Au Japon, les robots sont considérés comme l’incarnation d’un futur plein d’espoir. Ils rendent le monde meilleur. »

Les remarquables Microbots de Hiro ont également été développés grâce aux recherches de l’équipe. Le cinéaste poursuit : « Nous nous sommes renseignés sur le travail des chercheurs de l’UCLA sur les nanorobots, ces robots à l’échelle moléculaire. Nous nous sommes ensuite rendus à l’université Carnegie-Mellon et au MIT, où nous avons rencontré des gens qui travaillent sur des robots miniatures. C’est comme ça que les Microbots ont vu le jour. Si les inventions de Hiro restent futuristes à ce jour, la technologie existe bel et bien. Elle est en train d’être développée quelque part dans le monde, j’en suis convaincu. Nous essayons de rester à la pointe de la technologie, mais elle nous rattrape à toute vitesse. »

Pour la séquence finale du film, les cinéastes ont consulté Sean Carroll, physicien théoricien à Caltech. Celui-ci déclare : « J’étudie la gravité, la cosmologie, l’univers dans son ensemble, la physique des particules et la mécanique quantique. J’ai trouvé très intelligent de la part de l’équipe du film d’essayer de relier les événements extraordinaires qui se produisent dans le film à la réalité de la recherche scientifique. Cela confère un certain réalisme à l’histoire. Et puis les scientifiques sont des gens créatifs qui ont parfois de très bonnes idées. »

L’équipe s’est également penchée sur la question du deuil, et en particulier comment cela affecte quelqu’un de l’âge de Hiro. Plusieurs membres de la production ont passé trois heures avec la psychologue clinicienne Michelle Bilotta Smith. Elle déclare : « Je travaille avec des patients qui ont connu de graves traumatismes et qui ont perdu des proches. » Michelle Bilotta Smith a aidé l’équipe en charge de l’histoire à définir la réaction de Hiro face à la perte de son frère aîné – le processus de deuil des adolescents diffère en effet de celui des adultes. La psychologue commente : « Ils voulaient connaître le comportement d’un adolescent déprimé, savoir à quoi ressemblerait sa chambre et ce que serait son quotidien. » Chris Williams, qui a travaillé sur la scène dans laquelle Hiro découvre Baymax, raconte : « L’histoire débute juste après le décès du frère de Hiro, et c’est assez compliqué d’introduire un personnage dans ce contexte. J’ai un faible pour les personnages innocents comme Baymax, qui découvrent le monde sans a priori ; ils nous permettent de poser un regard neuf sur le monde à travers eux. Baymax est un personnage naïf, angélique, simple et bon. Et c’est très drôle de voir combien cela exaspère Hiro ! »

PORTRAIT DE GROUPE

Pour faire honneur au titre du film, L’équipe du film LES NOUVEAUX HÉROS était consciente qu’il lui faudrait créer des personnages forts, auxquels le public puisse s’identifier. Là où Marvel et les Walt Disney Animation Studios se retrouvent justement, c’est sur la création des personnages. Le responsable de l’histoire Paul Briggs déclare : « Les personnages créés par Stan Lee ont des problèmes, des défauts et des faiblesses. Ils ne sont pas parfaits, mais on les aime quand même parce qu’ils sont authentiques. Dans LES NOUVEAUX HÉROS, les personnages n’ont pas de pouvoirs magiques. Ils ne peuvent compter que sur la technologie et leur intelligence. »

Le producteur Roy Conli précise : « Du comic book de Marvel, nous avons conservé ces six personnages d’adolescents brillants que nous avons plongés dans un univers futuriste, ce qui nous a permis de les réinventer pour le film. » En fait, le film met en scène 17 personnages principaux, dont le groupe des six et leurs super alter ego, et compte plus de personnages principaux par plan que n’importe lequel des précédents films des Studios d’Animation Disney. Les personnages secondaires – et même la population de l’immense San Fransokyo – sont quant à eux plus détaillés et variés que jamais grâce aux progrès réalisés dans les domaines artistique et technologique. Le film comprend près de 700 personnages uniques. Après LES MONDES DE RALPH, nommé aux Oscars 2012, qui avait battu le record avec 185 personnages, LES NOUVEAUX HÉROS révolutionne à nouveau le monde de l’animation.

LA CREATION DU ROBOT BAYMAX

Baymax soigne et prend soin des autres. C’est sa fonction. L’appellation officielle de cet imposant robot en partie gonflable est « Compagnon de santé personnel ». En réalisant un simple scan, il est capable d’effectuer un diagnostic complet d’un humain, et en fonction du seuil de douleur du patient, il peut soulager pratiquement toutes les souffrances et soigner quasiment toutes les maladies. Conçu et construit par Tadashi Hamada, Baymax pourrait bien révolutionner l’industrie de la santé…

Si c’est la visite de Don Hall à l’université Carnegie-Mellon qui a donné l’idée à l’équipe de créer un robot gonflable en vinyle, ce sont les publicités japonaises qui ont inspiré la forme du personnage. Shiyoon Kim déclare : « Pour vous vendre un cuiseur à riz, par exemple, les Japonais insistent davantage sur l’esthétique du produit que sur ses qualités techniques. Nous voulions que ce soit la même chose pour Baymax, car cela le rend en apparence moins menaçant. » Mais le fait que Baymax soit en vinyle a constitué un défi de taille pour l’équipe d’animation en termes d’éclairage. Adolph Lusinsky, le directeur de la photographie en charge de l’éclairage du film, commente : « Nous avons réalisé de nombreux tests en studio en utilisant des ballons de plage en vinyle, puis nous avons réitéré le test avec Hyperion. La lumière à l’image se reflétait exactement comme lors de notre test en conditions réelles. »

Pour créer les mouvements de Baymax, les animateurs ont utilisé de nombreuses références. Zach Parrish, le responsable de l’animation, raconte : « Nous nous sommes inspirés de vrais robots, de robots de cinéma mais aussi de bébés et de koalas. Nous nous sommes finalement arrêtés sur les bébés pingouins parce qu’ils ont des proportions physiques similaires – un grand torse et de petites jambes – et qu’ils n’utilisent pas leurs ailes lorsqu’ils marchent. Les robots aussi bougent uniquement les parties de leur corps dont ils ont besoin pour accomplir un mouvement. Les pingouins ont en outre une étrange manière de bouger la tête avec le cou rentré, ce qui leur donne beaucoup de personnalité. » Baymax n’ayant pas de bouche, les animateurs ont dû faire preuve de créativité. Le chef animateur 2D Mark Henn commente : « Nous avons épuré le personnage au maximum. Les animateurs ont souvent tendance à vouloir trop en faire, alors que pour Baymax moins on en fait, mieux c’est. Ça a été un vrai défi d’arriver à saisir rapidement une expression, une posture facile à déchiffrer. Et lorsqu’il parle, tout est question de timing, qu’il s’agisse d’incliner la tête ou de cligner des yeux. » Zach Parrish ajoute : « Nous lui avons donné une posture bien droite pour exprimer la fierté, et lorsqu’il penche la tête ou qu’il cligne deux fois des yeux, cela montre qu’il est désorienté. Ce qui est intéressant lorsqu’on crée un personnage aussi minimaliste, c’est que cela permet au public de projeter ce qu’il ressent sur lui, ce qui lui donne un rôle actif dans le film. »

L’apparence de Baymax a façonné sa personnalité. Don Hall commente : « Baymax voit les choses sous un seul angle : il veut aider les gens. Il considère Hiro comme son patient. Au début, Baymax pense que Hiro est en pleine crise de puberté, et il veut l’aider sur ce plan. Mais il va comprendre que le garçon souffre en fait de la perte de son frère, et sa mission va devenir alors de soigner son cœur brisé. » Don Hall a non seulement été séduit par l’idée de ce robot rassurant, mais aussi par son potentiel d’évolution. Il explique : « Hiro passe une bonne partie du film à essayer de transformer ce robot infirmier compatissant en un guerrier impitoyable, mais cela a de dangereuses conséquences. » Pour Hiro, ce robot-soignant va se révéler bien davantage que ce à quoi le destinait sa fonction première : il devient un héros, et sans doute le meilleur ami du garçon. Après une habile reprogrammation, Hiro va équiper Baymax d’un poing-fusée, d’une force colossale et de propulseurs qui vont lui permettre de voler. Baymax va devenir un des Nouveaux Héros.

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