Les Nouveaux Héros ayant reçu l'Oscar du meilleur film d'animation, nous avons décidé de publier à nouveau notre dossier spécial pour vous faire découvrir cette belle réussite Disney/Marvel.

Par Eiji Tsuburaya

LE NOUVEAU LOGICIEL HYPERION ET LES FOULES DE FIGURANTS VIRTUELS

La création de San Fransokyo – ville immense mais aussi très détaillée et peuplée de millions d’habitants – n’aurait pas été possible sans une innovation majeure baptisée Hyperion. Brent Burley, Sean Jenkins et Chuck Tappan des Walt Disney Animation Studios ont dirigé l’équipe de développeurs à l’origine de ce nouveau moteur de rendu révolutionnaire. Brent Burley, le principal ingénieur logiciel, déclare : « Nous avons dû composer avec deux difficultés majeures : la complexité croissante des images et les limites des mémoires opérationnelles. Nous tenions également à pouvoir créer plus facilement des éclairages plus élaborés et plus complexes. » Hank Driskill, superviseur technique sur LES NOUVEAUX HÉROS, explique : « La plupart des logiciels de rendu actuels chargent l’ensemble des aspects et du volume de la scène sur la mémoire. Mais la capacité des ordinateurs n’étant plus suffisante pour traiter notre projet avec l’ambition de détail et de complexité que nous souhaitions, il fallait donc décomposer les scènes en différentes couches pour les travailler individuellement avant de les réassembler afin d’obtenir l’image finale. Gérer les données devenait de plus en plus compliqué pour les artistes à chaque nouveau film. » Hyperion permet aux artistes spécialisés dans la mise en lumière de se concentrer sur l’aspect artistique de leur travail sans avoir à gérer cette énorme quantité de données. Adolph Lusinsky, le directeur de la photographie en charge de l’éclairage, commente : « Hyperion est capable de gérer des données très complexes et de créer des simulations d’éclairage très réalistes en dépit de cette complexité. En même temps, c’est un logiciel intuitif et simple d’utilisation car il y a moins de contrôles à gérer pour l’artiste pour un meilleur résultat. » Hyperion réussit à approcher le rendu réel, comme l’explique Andy Hendrickson, le directeur technique des Walt Disney Animation Studios : « Nous avons modélisé les propriétés physiques du monde réel pour définir la manière dont les rayons lumineux se reflètent ainsi que la façon dont ils interagissent avec les différents matériaux. » Le logiciel permet la création de reflets multiples, comme le font les rayons lumineux dans la réalité. Le producteur Roy Conli commente : « Une fois l’aspect technique et physique maîtrisé, les artistes peuvent se concentrer sur l’esthétique du film. Un film en prises de vues réelles n’est pas éclairé de manière naturelle, tout est pensé de manière stratégique. Aujourd’hui, l’équipe en charge de l’éclairage d’un film d’animation peut passer autant de temps à éclairer une scène qu’ils le feraient pour un film traditionnel. » Sean Jenkins, superviseur technique pour Hyperion, déclare : « Baymax est une sorte de gros ballon, et lors des tout premiers tests, nous avons découvert que le vinyle était l’une des matières les plus compliquées à éclairer, car la lumière le traverse et diffracte dans toutes les directions. Il a donc fallu que nous conduisions de nombreux essais avant qu’il commence à ressembler à ce que nous cherchions. Sans ce nouvel outil, il aurait été très difficile – voire impossible –, de créer Baymax tel qu’on le voit dans le film. » Hyperion a en outre permis aux cinéastes d’explorer davantage l’univers qu’ils ont créé. Chuck Tappan, qui a travaillé à l’intégration artistique des plans Hyperion, explique : « Il y a des plans dans lesquels on survole des centaines de personnages, c’est notamment le cas lorsque Baymax et Hiro font leur premier vol et qu’ils passent au-dessus de San Fransokyo. Cette séquence est à couper le souffle. L’art met la technologie au défi. »

Le logiciel était en développement depuis deux ans lorsque LES NOUVEAUX HÉROS a commencé à être tourné. Le film est donc tombé à point nommé. Il s’agissait également du film parfait pour tester ce nouvel outil de rendu car il se déroule dans des décors complexes qu’Hyperion a été pensé pour générer. Brent Burley commente : « Nous n’aurions pas pu réaliser LES NOUVEAUX HÉROS avec les outils que nous avons utilisés sur LA REINE DES NEIGES. » Chuck Tappan observe : « La philosophie des Walt Disney Animation Studios nous permet de prendre des risques en termes de nouvelles technologies. Hyperion représente un changement fondamental dans le monde de l’animation. Créer un nouveau logiciel de rendu était l’un des plus grands changements que nous puissions apporter. Maintenant que nous l’avons fait, nous avons le sentiment que tout est possible ! »

LES ANECDOTES & INFOS INSOLITES

LES PERSONNAGES

BALÈZE – Sans l’armure que Hiro lui a fabriquée, Baymax mesure 1,83 mètre et pèse… 34 kilos seulement ! Comme l’explique Zach Parrish, le responsable de l’animation : « Il est uniquement composé d’air ! » Mais avec son super costume, il mesure plus de 2,13 mètres et peut soulever plus de 450 kilos.

INSPIRATION WESTERN – Pour développer l’attitude impassible de GoGo Tomago, les animateurs ont étudié les expressions d’acteurs de western tels que John Wayne, Clint Eastwood ou Gary Cooper.

CLIN D’ŒIL – Le responsable de l’animation Zach Parrish déclare : « Baymax cligne des yeux comme n’importe quel personnage, mais nous avons joué sur la vitesse de ses battements de paupières. Le laps de temps qu’il lui faut avant de cligner des yeux est très révélateur : plus il met de temps à traiter l’information, plus il met longtemps à cligner des yeux ! Il révèle également sa confusion en clignant deux fois, comme cela se produit à plusieurs reprises dans le film. Nous aurions aussi pu utiliser ce « truc » pour un personnage humain. »

À VITESSE GRAND V – Les animateurs se sont inspirés des patineurs de vitesse afin de déterminer le physique et les mouvements de GoGo Tomago, passionné de vitesse.

ÇA GLISSE – Les animateurs se sont inspirés de snowboardeurs, de skateurs et de surfeurs afin de développer les mouvements et les postures de Fred.

COOL, RAOUL – Wasabi était initialement un personnage très zen avec des dreadlocks. Mais lorsque l’équipe a modifié sa personnalité, ils ont également décidé de transformer sa coupe de cheveux, trop hippie pour un aussi grand maniaque de la propreté. Cela n’a pourtant pas duré car tout le monde le préférait avec ses dreadlocks.

LES DENTS DU BONHEUR – Pour s’assurer que le charmant espace entre les dents de Hiro soit identique sous tous les angles, des contrôles d’animation ont été spécialement assignés à ses dents ! Les animateurs pouvaient ainsi faire des ajustements chaque fois que c’était nécessaire.

QUESTION DE CHIFFRES

L’ÉQUIPE S’AGRANDIT – Plus de 100 personnes (103 pour être exact) ont travaillé sur l’animation du film LES NOUVEAUX HÉROS, soit 15 animateurs de plus que sur LA REINE DES NEIGES (2013).

ARTS MARTIAUX – L’équipe a choisi d’ajouter le karaté à la liste des talents de Baymax, mais les animateurs ont dû ajuster certains mouvements à la carrure et au volume imposants du personnage. Quelques-uns d’entre eux se sont rendus dans un studio d’arts martiaux afin de mieux appréhender la discipline. Ils ont demandé à des spécialistes de réaliser certains mouvements à genoux pour se rapprocher au maximum des proportions de Baymax.

VOLTIGE – L’équipe du film a fait appel à Jason McKinley, qui a travaillé sur PLANES et PLANES 2 des studios Disney, afin de chorégraphier et exécuter les séquences de vol de Baymax et Hiro.

RECORD BATTU – L’équipe des Walt Disney Animation Studios a utilisé un logiciel propriétaire de sa création baptisé Denizen afin de créer des foules plus importantes et plus réalistes. Denizen a ainsi permis la création de 670 personnages uniques, contre 270 dans LA REINE DES NEIGES, 185 dans LES MONDES DE RALPH et 80 dans RAIPONCE. • Chacun de ces 670 personnages possède jusqu’à 32 tenues vestimentaires, ainsi que 32 couleurs de cheveux ou de peau différentes… Soit 686 080 possibilités de personnages distincts. • Les Walt Disney Animation Studios ont mis Denizen à la disposition de tous leurs employés et les ont encouragés à servir de modèles pour les personnages des foules. 200 d’entre eux font ainsi une brève apparition dans le film.

LE COMPTE EST BON – La scène qui se déroule dans le port de San Fransokyo compte plus de 6 000 personnages. • 23 quartiers ont été construits en 3D. • 83 149 bâtiments sur les 150 000 que compte San Francisco ont été reproduits pour le film. • L’équipe a utilisé 18,8 millions d’éléments de construction. • Les décors comptent 215 000 réverbères. • Et pas moins de 260 000 arbres !

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