Visite du tournage d’AVENGERS : L’ERE D’ULTRON : Entretien avec Robert Downey Jr – 1ère partie
Article Cinéma du Vendredi 01 Mai 2015

Rude tâche que celle de Joss Whedon : pour remporter le pari de 250 millions de dollars qu’est ce second épisode d’Avengers, l’auteur et réalisateur devra battre le record qu’il a lui-même établi avec le volet précédent, devenu le troisième plus grand succès de tous les temps après Avatar et Titanic !

Par Pascal Pinteau

Rassemblés autour de leur leader incontesté et metteur en scène Joss Whedon, les acteurs d’AVENGERS L’ERE D’ULTRON se sont retrouvés avec un plaisir et une bonne humeur évidente pour le tournage de ce nouvel épisode. Comme le précise le synopsis officiel de Marvel, dans ce deuxième opus « les choses tournent mal quand Tony Stark essaie de lancer un logiciel et des équipements destinés au maintien de la paix. Les héros les plus puissants de la planète, dont Iron Man, Captain America, Thor, l’incroyable Hulk, La Veuve Noire et Hawkeye doivent se soumettre à l’épreuve ultime alors que le destin du monde est en jeu. Tandis que le maléfique Ultron impose peu à peu ses actions, seuls les Avengers peuvent s’interposer et tentent de le stopper avant que ses terribles plans n’aboutissent. Bientôt, des alliances inattendues et des actions imprévues vont être à l’origine d’une aventure épique et globale. » Vaste programme, sans jeu de mots Ultronien ! Quand nous les avions rencontrés l’année dernière dans les studios anglais de Shepperton, Robert Downey Jr, Jeremy Renner et tous les comédiens du groupe de super-héros étaient à la fois décontractés et rieurs entre les prises, et très concentrés sur leurs interprétations dès que Whedon criait le fameux «Action ! » dans son mégaphone. Même si nous ne nous trouvions pas dans l’énorme hangar 007 de Pinewood, le gigantisme du décor construit sur le plateau H de Shepperton évoquait ceux de la saga Bond qui ont tant fait rêver les cinéphiles. Mais il y avait une différence puisqu’il ne s’agissait pas du repaire secret du diabolique Blofeld, mais du « Home Sweet Home » d’un autre mégalomane, nettement plus sympathique celui-là : Tony Stark. Devenu moins égoïste, le milliardaire a transformé la fameuse Tour Stark vue dans le premier volet en super loft destiné à accueillir confortablement ses amis Avengers, dans plusieurs étages supplémentaires flambants neufs. C’est justement ce sommet réaménagé du gratte-ciel que le chef décorateur Charles Wood avait reconstitué là, sur le plateau H. Erigé sur trois étages séparés en deux blocs verticaux, celui des ateliers et labos de Tony Stark et Bruce Banner d’une part, et celui de l’accès à la piste du vaisseau Quinjet et au vaste salon / lounge / bar dominant le panorama de New York d’autre part – cet environnement était le plus grand jamais construit pour un film Marvel. S’y promener était déjà une expérience surréaliste en soi, mais y rencontrer en plus les membres des Avengers, tous réunis comme si la fiction était devenue réalité, voilà qui nous a donné l’impression d’avoir traversé une page de comics pour dialoguer avec les vrais Tony Stark, Hawkeye et…Ultron !



Entretien avec Robert Downey Jr (Tony Stark / Iron Man)

Aviez-vous en tête une nouvelle manière d’aborder votre interprétation de Tony Stark dans ce film, et de faire évoluer votre personnage ?

On pourrait dire qu’après avoir agi en solitaire assez arrogant, Tony a appris sa leçon dans la précédente aventure, et a fini par se comporter comme l’un des membres du groupe. Dans IRON MAN 3, on l’a vu évoluer et transcender sa dépendance à la technologie, à tous ces appareillages qui le maintenaient en vie. Ces deux étapes importantes ayant été franchies, je me suis demandé quelle pourrait être la prochaine. Mais avant de penser à lui, Tony a encore un travail à accomplir, après les évènements qui se sont passés pendant AVENGERS. La menace de cette gigantesque faille spatio-temporelle qui s’était ouverte au-dessus de New York, et qui avait permis à une armée extraterrestre de tenter d’envahir notre planète n’est pas totalement dissipée : quelque chose de similaire ou de pire encore pourrait se produire, et Tony veut trouver le moyen d’y faire face avant que cela n’arrive. Il a alors l’idée de concevoir un projet « post-Reaganien » de riposte automatique à toute menace, comme le fameux projet «STAR WARS» qui aurait consisté à placer des lasers surpuissants dans l’espace, capables de détecter, de viser et de détruire des missiles russes avant qu’ils n’atteignent le sol américain. Heureusement, Tony est plus prudent que Ronald Reagan au moins sur un point : il appelle son logiciel Ultron, et non pas «STAR WARS», et comme cela, il évite que George Lucas lui fasse un procès et le gagne, comme dans les années 80 ! (rires) Par contre, quand son logiciel est mis en fonction, Ultron se développe trop bien, et les choses prennent un tour que Tony n’avait pas prévu.

Dans ces films, Tony Stark semble avoir souvent une part de responsabilité dans les événements qui ont fait du méchant principal ce qu’il est devenu. C’est encore le cas dans cette aventure ?

Je ne suis pas sûr que l’on puisse vraiment le tenir responsable dans tous les cas, mais je conçois que l’on puisse le penser parce Tony est un inventeur, une personne qui de grandes responsabilités technologiques. Mais on pourrait dire aussi qu’il a les défauts de ses qualités : certes il est loin d’être parfait, mais il s’appuie souvent sur ses faiblesses - sa vanité, son culot, sa conviction d’avoir toujours des idées géniales - pour tenter des actions très risquées, folles, qui sont souvent payantes, comme celle de la fin d’AVENGERS, qui a permis d’emporter la victoire finale. Tony est une tête bien pleine, mais aussi une tête brûlée ! C’est bien de pouvoir compter sur lui dans l’équipe pour entreprendre des choses démentes ou si risquées que personne n’y avait songé.

Une suite est un exercice difficile, car il faut à la fois procurer au public ce qu’il avait aimé dans le premier épisode, tout en trouvant des moyens de le surprendre, comme le dit si bien le fameux adage hollywoodien « Faisons pareil, mais différent » ! Comme avez-vous procédé pour L’ERE D’ULTRON ?

Quel que soit leur sexe ou leur âge, tous les membres de notre équipe ont tendance à penser comme la plupart des spectateurs. En abordant un second épisode d’une saga, ils se disent « Bon, c’est très bien tout cela, mais nous l’avons déjà vu auparavant. Comment peut-on donner un nouvel angle frais et neuf au récit, qui renouvellera tout le film ? » S’il y a certains aspects familiers et réconfortants des grandes franchises cinématographiques que j’aime retrouver en tant que cinéphile, les goûts du public évoluent très vite. Les recettes « classiques » qui fonctionnaient très bien il y a encore cinq ou dix ans sont obsolètes aujourd’hui, complètement dépassées. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère des films à grand spectacle, qui nous contraint à être à chaque fois plus performants à tous les points de vues : il faut choisir des thèmes divertissants qui évoquent de vrais sujets du monde réel, développer et faire évoluer les personnages de film en film, bien gérer les moments d’humour et d’émotion afin qu’ils soient parfaitement intégrés aux situations du récit, soigner la conception visuelle des grands morceaux de bravoure destinés à étonner les spectateurs, et ne pas oublier l’idée capitale qu’après chaque aventure des AVENGERS, l’univers autour de l’équipe ne doit plus être le même. C’est un point essentiel pour Joss : ne jamais revenir au point de départ, comme dans un épisode d’une série. Pour réussir à accomplir tout cela, il n’y a pas de recette infaillible. Joss a d’ailleurs plusieurs fois changé d’avis sur ce qui allait devenir l’angle principal de L’ERE D’ULTRON. Son processus créatif est très intuitif : il surfe sur la vague de toutes ses idées, et synthétise tout cela pour en faire un récit encore plus étonnant, divertissant, émouvant et spectaculaire que le précédent.

Quand nous vous observions discuter entre les prises avec les autres comédiens de l’équipe, il était évident qu’il régnait une bonne ambiance sur le plateau. Est-ce que cela fait partie des raisons pour lesquelles vous aimez retrouver le personnage de Tony Stark de film en film ?

Oui. J’aime toutes les personnes de l’équipe. Cette fois-ci, j’ai le sentiment que nous sommes vraiment devenus plus proches les uns des autres, Joss, mes camarades acteurs et moi, même si l’expérience du tournage d’AVENGERS reste un souvenir unique, comme toutes les premières fois. Nous avions déjà tissé des liens quand nous avions travaillé pendant des mois dans les studios d’Albuquerque. C’est une petite ville très sympathique, mais on fait vite le tour des endroits où l’on peut dîner et se divertir le soir, car on se trouve au beau milieu du désert du Nouveau Mexique. La petite bande que nous formions se retrouvait tous les soirs et cela nous avait aidé à briser la glace plus rapidement, à nous connaître et à nous apprécier. Depuis, le temps a passé, et les vies de chacun des membres de l’équipe ont évolué. Entre IRON MAN 2, AVENGERS et IRON MAN 3, nous avons tous changé un peu, franchi des étapes dans nos carrières et nos vies privées. Mais depuis IRON MAN 1, L’ERE D’ULTRON est le premier film de Marvel qui me donne le sentiment que nous arrivons à la fin d’une époque de ces productions, et qu’une autre va commencer.

C’est ce qu’annonce l’arrivée des nouveaux membres de l’équipe comme La Sorcière Rouge et Quicksilver, que jouent Elizabeth Olsen et Aaron Taylor-Johnson…Sans oublier Vision, incarné par Paul Bettany…

Oui, ils représentent le sang frais qui va régénérer l’équipe des Avengers, ce qui me semble être une bonne chose, car il ne faut surtout pas lasser les spectateurs. Dans le film, je pense que l’on aura ce sens de « relève de la garde », et de la possibilité que certains des membres de l’équipe cèdent leur place ou restent au sein du groupe.

La suite de cet entretien avec Iron Man paraîtra bientôt sur ESI !

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