Visite du tournage d’AVENGERS : L’ERE D’ULTRON : Entretien avec Robert Downey Jr – 2ème partie
Article Cinéma du Samedi 02 Mai 2015

Par Pascal Pinteau

Comment les personnages de la Sorcière Rouge et de Quicksilver font-ils irruption dans le monde de Tony Stark et quelle opinion a-t-il d’eux quand il les découvre ?

Parmi les être dotés de super-pouvoirs, Tony ne connaît que les membres des Avengers, car ce sont ses camarades de combat de la bataille de New York. Il a été pour ainsi dire « dans les tranchées avec eux ». Il vient à peine de surmonter les crises de paniques dont il avait été victime dans IRON MAN 3, et maintenant que ces manifestations de troubles post-traumatiques dus à son expérience des combats de New York et au moment où il a failli mourir sont derrière lui, Tony a un nouveau choc en découvrant les pouvoirs stupéfiants de ces deux êtres…La sorcière Rouge peut jeter un sort à quelqu’un simplement en lui murmurant quelque chose à l’oreille, et Quicksilver est capable de se déplacer si vite que ses actions sont pratiquement imparables…Tony a de quoi être sidéré et marquer un temps de pause pour réfléchir à la meilleure manière de riposter aux agissements de ces ennemis, puisqu’ils s’affrontent dans un premier temps, comme vous le savez sans doute. Mais au début, il ne sait pas s’il s’agit d’amis ou d’ennemis. Les origines de ces deux personnages telles qu’on les connaît dans les BDs, sont décrites, adaptées et intégrées intelligemment et très habilement par Joss au récit de ce film. Ce qui rend leur présence intéressante, c’est que leurs pouvoirs désarçonnent complètement Tony et les autres Avengers. Au début, l’une des motivations de Quicksilver et de La Sorcière Rouge est la vengeance, et c’est encore plus pénible de savoir que deux personnes qui vous recherchent pour vous régler votre compte ont des raisons parfaitement valables de vouloir le faire.

Ce qui est frappant dans ce que vous dites, c’est que l’aspect psychologique et mental de cet affrontement joue un rôle important. Le combat n’est plus uniquement physique: il se déroule aussi dans l’esprit des adversaires, c’est bien cela ?

Le camp des méchants cherche toujours à garder un avantage psychologique, ce qui peut être une bonne chose quelquefois. Ce que je veux dire, c’est que le fait de se retrouver confronté directement à vos doutes, vos peurs les plus profondes, et faire ainsi l’expérience de ce qui déclenche chez vous des réactions instinctives presque incontrôlables, eh bien tout cela vous force à réagir, à vous endurcir mentalement. L’autre point important de cette bataille, même si on le traite de manière discrète et tacite, c’est le sens de l’unité qui existe entre les Avengers : il y a là quelque chose à attaquer et leurs ennemis le savent. En jouant sur cette solidarité des Avengers, sur la manière dont chacun intervient au sein du groupe, sur les rôles différents et complémentaires des membres, et sur l’esprit de sacrifice au service des autres, il y a de quoi semer le désordre, et même retourner certains pour les rendre dangereux vis à vis de leurs camarades.

Votre adversaire Ultron - on aurait presque envie de dire « votre créature » - est interprété par James Spader. Qu’est-ce que cela vous fait de le retrouver pour jouer ensemble dans ce film à grand spectacle, alors que vous vous connaissez depuis fort longtemps ?

Je constate de beaucoup de cercles vertueux se complètent autour de moi en ce moment, et l’un des plus personnels est que ce soit James Spader qui joue Ultron. James est la première personne avec laquelle j’ai fait connaissance en débarquant à Los Angeles, et il m’a pris sous son aile, parce qu’il a deux ans de plus que moi. Mais je voudrais dire à nouveau que je trouve ce choix de casting particulièrement bien inspiré. Ce n’est pas pour rien que James fait sensation encore tout récemment dans sa série THE BLACKLIST, et que tout le monde parle de son interprétation d’Ultron. James est en quelque sorte un trésor national ! Je ne peux pas nier avoir emprunté certaines choses à son style de jeu au fil des ans…Un autre des cercles vertueux de ce film est la présence physique de Paul Bettany, qui ne se contente plus de prêter sa voix à Jarvis, le système d’intelligence artificielle au service de Tony, mais qui évolue en devenant l’androïde Vision bien connu des fans de Marvel. Paul a désormais une présence physique dans le film, et je pense que les amateurs de comics seront ravis de le voir jouer ce personnage fascinant. Paul a été la voix de Jarvis depuis le début, et Jarvis a accompagné Tony dans toutes ses aventures : les trois IRON MAN et le premier AVENGERS, et pourtant on n’a jamais vu Paul aux premières de ces films. Mais tout va changer avec cet épisode, puisqu’il est enfin passé devant les caméras.

Pour revenir à James Spader, nous avons eu l’occasion de le voir vous donner la réplique dans la scène où Ultron interrompt la petite fête où les Avengers sont réunis, et lance ses clones à leur attaque. Comment était-ce d’avoir vraiment James Spader en face de vous, plutôt que d’avoir à imaginer un adversaire dans ce décor ?

C’était très amusant, très stimulant. C’est une chose de dire que l’on veut s’impliquer dans la création d’un tel personnage, mais c’est une autre chose d’y parvenir. Pendant le tournage d’AVATAR, les acteurs ont du jouer puis faire confiance au procédé mis en place par James Cameron et ses équipes. La chose la plus proche que j’aie faite de la prestation de James pour L’ERE D’ULTRON était ce film entièrement rotoscopé, A SCANNER DARKLY, où l’animation était réalisée en « décalquant » les prises de vues réelles après que l’on ait filmé toutes les scènes. Je crois que Spader savait exactement ce qui l’attendait, et à quel type de processus technique il allait devoir se plier quand il a accepté de jouer Ultron. Je pense aussi qu’il a dit oui pour avoir l’opportunité de travailler avec Joss Whedon.

Comment décririez-vous le rôle que Tony joue désormais dans le groupe des Avengers ?

Je ne crois pas me souvenir d’un seul personnage de toute l’histoire des franchises de super-héros qui n’ait apparemment jamais eu le moindre problème d’argent, à part Tony ! C’est lui qui règle les notes de toutes les dépenses des Avengers, car il peut se le permettre, de toute évidence. A présent que Pepper a pris la direction de Stark Industries, cela signifie que son épouse s’occupe du business et des comptes, que tout est parfaitement bien géré, et donc bien plus stable que quand Tony se contentait d’écrire des chèques à la moindre occasion. Tout cela étant dit, il doit y avoir un surplus de moyens assez important pour que Tony puisse s’amuser avec comme il l’entend. Sa vraie motivation est son désir de réunir dans un même lieu, d’héberger confortablement, de prendre soin et de développer les talents de cette incroyable équipe de Avengers capable de s’opposer à toutes les menaces. La tour Stark est faite pour cela, pour être leur sanctuaire. Mais il y a aussi d’autres facettes de la personnalité de Tony qui sont celles du designer, de l’homme de réflexion, de l’ingénieur et du mécanicien de génie, et chacune veut aider les membres du groupe à être plus efficaces.Tony est un peu comme un milliardaire qui aurait acheté une équipe de football américain, et qui se mettrait à redessiner leurs uniformes et à leur donner de meilleurs équipements pour diminuer les risques qu’ils vont courir sur le terrain pendant les combats, tout en les entraînant pour les aider à devenir plus forts et plus rapides.

D’après les scènes que nous avons vues, il semblerait que Tony soit plus particulièrement chargé de s’occuper de Bruce Banner. Pouvez-vous nous parler de ce que cela implique dans le film ?

Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais Bruce et Tony quittaient ensemble Central Park dans la même voiture à la fin d’AVENGERS, sur fond de soleil couchant, et je me suis demandé comment nous allions pouvoir développer cette relation amicale entre ces deux personnages. Dans ce film, nous sommes en connivence. Banner se demande si cela pourra marcher, mais Tony et lui ont employé leurs ressources scientifiques pour mettre au point un plan au cas où les choses tourneraient mal. Si Bruce n’arrive pas à maîtriser un accès de colère, comment l’aider ? Eh bien, il peut commencer par compter jusqu’à 10 pour se calmer, et si ce n’est pas suffisant pour stopper le processus et qu’il se transforme, le plan B consiste à ce que Tony utilise l’armure géante Hulkbuster pour le maîtriser.

Le tournage a eu lieu dans le monde entier. Qu’est-ce que cela ajoute au film ?

Deux choses : d’abord cela permet de tenir compte du fait que les marchés, les publics, et les fans que touchent des films comme AVENGERS et comme L’ERE D’ULTRON se trouvent désormais sur l’ensemble de la planète. C’est une franchise qui a un impact mondial. Je pense qu’il était tout à fait normal et sensé de la part de Marvel d’en tenir compte et de situer l’action dans de nombreux pays et non pas seulement aux USA comme dans le premier volet. Le second avantage, c’est l’authenticité que l’on gagne en montrant de véritables endroits : au lieu de deviner vaguement où une scène se passe, on le sait exactement, on le voit, et on se dit « OK, là ils se trouvent vraiment en Corée du Sud ». Je suis ravi que l’on ait pu organiser les choses ainsi, car cela donne beaucoup plus d’ampleur au film.

La suite de cet entretien avec Iron Man paraîtra bientôt sur ESI !

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