Reportage à UMAe 2015 : Visite de l’United Makeup Artist Expo
Article Spectacles du Lundi 11 Mai 2015

Le mois dernier le second weekend d'avril, pour la troisième année consécutive, s’est déroulé à Londres le salon UMAe (United Makeup Artist Expo). Cet évènement n’est pas sans rappeler le célèbre IMATS (International Make-up Artist Trade Show) organisé chaque année par le Make-Up Artist Magazine, dont nous parlons régulièrement sur ESI…

Par notre envoyé spécial Jean-Philippe Lomas

Cette ressemblance n’est pas le fruit du hasard car l’UMAe a été créé il y a trois ans par Chris McGowan, un ancien collaborateur de Michael Key, le rédacteur en chef du Make-Up Artist Magazine. D’ailleurs ce nouvel évènement se déroule dans le Business Design Centre dans le quartier d’Islington, lieu où se tenait à sa création l’IMATS de Londres. La raison qui a motivée l’ouverture de ce nouveau salon est la constatation que de nombreux professionnels disent ne plus se reconnaitre dans l’IMATS, devenu trop commercial et dont la part consacrée au maquillage beauté s’est développée de manière croissante un peu au détriment du reste. Cela donne au final un évènement plus convivial et plus intime, loin de la cohue des adolescentes en quête de bonnes affaires.

Depuis sa création, et cette année encore, le salon est sous le parrainage du grand maquilleur Greg Cannom, qui a remporté il y a quelques années l’Oscar pour son travail sur le film BENJAMIN BUTTON (vieillissements de Cate Blanchett et de Brad Pitt). On dit même qu’il aurait fait rajouter à ses contrats une clause lui garantissant la possibilité de venir à l’UMAe. Si cela s’avère exact, c’est un beau témoignage de confiance ! Il y a deux ans, pour son inauguration, le salon avait reçu la visite de personnalités telles que Glenn Hetrick (propriétaire de l’atelier Optic Nerve) et du Creature Designer Neville Page, que les amateurs de l’émission de télé-réalité FACE OFF de la chaine américaine SyFy auront reconnus. Parmi les personnalités prestigieuses que l’on pouvait croiser parmi les visiteurs cette année, il y avait notamment Mark Coulier, vainqueur aux derniers Oscars pour son travail sur GRAND BUDAPEST HOTEL (le vieillissement de Tilda Swinton), ainsi que David Marti et Montse Ribé, qui ont reçu en 2007 l’Oscar pour LE LABYRINTHE DE PAN, avec notamment la création des personnages emblématiques du Faune et de l'Homme Pale, tous les deux interprétés par l'acteur Doug Jones.

Le samedi matin lorsque nous arrivons, nous pénétrons rapidement dans le hall. De nombreux exposants sont encore en train de finir d’installer leurs stands. C’est une belle journée de printemps et l’abondante lumière qui pénètre par la verrière nous permettra de prendre des photos dans de bonnes conditions. En dehors des stands, un programme de conférences est également proposé, bien que suite à de petits soucis d’organisation le démarrage se fait un peu attendre. Le dimanche il y aura aussi pour les élèves des écoles, un concours de maquillage ; cette année sur le thème de la Grande Guerre. Progressivement sur les différents stands de nombreuses démonstrations démarrent : body-painting, sculpture, maquillage traditionnel, maquillage prosthétique, simulation de blessures ; tout le monde y trouvera à son goût. On remarquera notamment une démonstration de Shaune Harrison (NIGHTBREED, HARRY POTTER, CAPTAIN AMERICA) sur le stand PS Composites, dont l’objet était la création d’un personnage d’oiseau humaniforme, réalisé à partir de prothèses en gel de silicone encapsulé. Le maquilleur commence par coller sur le dos de chaque main de la modèle une prothèse qui donnera un effet de vieillissement. Ensuite il applique un bald-cap recouvrant les cheveux de la modèle, puis lui enfile une prothèse-cagoule qui lui recouvre entièrement la tête, le cou et les épaules, en ne laissant que le visage à découvert. Une fois les bords de cette énorme prothèse fixés, Shaune Harrison applique une unique prothèse recouvrant le visage. Celle-ci est complétée par un bec en résine rigide. Toutes les prothèses sont tirées en silicone polyaddition Pro-Gel 10 de PS Composites, concurrent du PlatSil Gel-10 de Polytek. Le silicone est encapsulé au moyen d'un plastique pour bald-cap. C'est ce produit qui permet aux prothèses d'avoir des bords extrêmement minces qu'il est possible de dissoudre soit à l'alcool soit à l'acétone en fonction du type de produit utilisé – gros avantage par rapport aux prothèses en mousse de latex. L'autre avantage des prothèses en silicone qui est souvent mis en avant est leur translucidité qui reproduit de manière plus fidèle la manière dont réagit la lumière sur la peau. En parallèle de son travail sur des films à gros budgets, Shaune Harrison dirige par ailleurs une école de maquillage dans la région de Manchester.

Egalement une conférence de Daniel Parker (TROY, CLOUD ATLAS) sur les effets de tatouage réalisés à base de transferts. Une technique classique en elle-même, sauf qu’ici des tatouages de très grandes tailles sont exécutés par juxtaposition d’une collection de transferts s’assemblant à la façon d’un puzzle en trois dimensions. Afin que les différentes pièces se joignent parfaitement, des retouches sont faites à la main à l'aide de fards à alcool, une fois les transferts posés. Le résultat est bluffant ! Une attention toute particulière est accordée à vieillir le maquillage afin qu'on ait vraiment l'impression que les pigments sont sous la peau et non collés à la surface. Toutes les brillances sont éliminées avec des produits matifiants, et plusieurs couches de lavis sont appliquées à l'aérographe afin de créer un effet de transparence. La seule chose qui n'est pas expliquée en détails au cours de cette conférence est la technique de fabrication des transferts, qui reste un des secrets les mieux gardés du maquilleur. Même si l'on sait qu'il est possible de confectionner de tels transferts par impression laser, ici vu leur qualité ce n'est manifestement pas le cas. Sur un stand nous assistons à une démonstration de fabrication de faux yeux. Toutes les étapes y sont détaillées, du moulage de la forme de base à la simulation des petites veines présentes sur la périphérie du blanc de l’œil. Le matériau utilisé pour la confection du globe oculaire lui-même est un silicone polyaddition assez rigide. L’iris est une simple pastille qui peut être soit imprimée soit peinte à la main. Il en existe aussi directement disponibles dans le commerce. Elle est ensuite recouverte d’une petite lentille rigide en acrylique qui donnera le bombé de l’iris. Les capillaires sont réalisés avec des fibres de laine rouge collées avec du silicone transparent. Le tout est finalement encapsulé dans une couche de silicone transparent, qui unifiera l'ensemble de l'œil. Sur un autre stand, au détour d’une allée, nous croisons un très beau maquillage inspiré du célèbre robot de METROPOLIS, mêlant prothèses, body-painting et accessoires. Une originalité est que le maquilleur a voulu concevoir un effet inverse de celui présent dans chacun des films de la franchise TERMINATOR, où le squelette métallique du robot apparaît sous la chaire déchirée. Ici c'est de la peau humaine qui est visible sous le métal lacéré.

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