Dossier A LA POURSUITE DE DEMAIN - 1ère partie
Article Cinéma du Mercredi 27 Mai 2015

ESI a été emballé par le nouveau film de Brad Bird, véritable bouffée d’optimiste dans une époque où le futur est souvent traité de manière pessimiste. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu partager avec vous ce dossier de production du film, qui vous permettra de patienter avant d’aller le voir, et d’en apprendre plus sur son tournage après l’avoir vu !

A LA POURSUITE DE DEMAIN, histoire originale de Damon Lindelof, Brad Bird et Jeff Jensen, relate comment un inventeur désabusé (George Clooney) et une adolescente douée d’une grande curiosité scientifique (Britt Robertson) se retrouvent malgré eux embarqués dans une mission pleine de dangers : l’exploration d’une cité mystérieuse située quelque part dans l’espace et le temps. Cet incroyable voyage rend hommage aux visionnaires et inventeurs de tous pays, ce qui nous amène à vous proposer un petit retour en arrière sur la fascination que ces hommes exceptionnels ont exercé sur Walt Disney, et comment la recherche constante de l’innovation a été le leitmotiv de sa vie…

Une admiration sans bornes pour Jules Verne

« Tout ce qu’un homme est capable d’imaginer, d’autres hommes seront capables de le réaliser »

Grand lecteur des romans de Jules Verne, Walt Disney aime à citer cette phrase qui lui est souvent attribuée. C’est en fait une adaptation du discours prononcé par Félix Duquesnel lors des funérailles du père de la science-fiction. Ce dernier aurait confié à son ami : « Quoi que j’invente, quoi que je fasse, je serai toujours au-dessous de la vérité. Il viendra toujours un moment où les créations de la science dépasseront celles de l’imagination ».

Admirateur de Jules Verne dès son plus jeune âge, Walt Disney a adapté deux de ses romans au cinéma : VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS (1954) de Richard Fleischer, et LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT (1962) de Robert Stevenson. D’autres films et dessins animés ultérieurs du studio Disney comme L’ILE SUR LE TOIT DU MONDE (1974) de Robert Stevenson et ATLANTIDE L’EMPIRE PERDU (2001) de Kirk Wise & Gary Trousdale trouvent leur inspiration et leur style chez Verne sans pour autant être basés sur des romans particuliers

Les inventeurs et industriels du panthéon de Walt Disney

Né en 1901, Walt Disney a grandi à Marceline, une petite ville au fin fond du Missouri. En ce début du 20e siècle où l’arrivée du train à vapeur et de l’électricité ont valeur de grandes nouveautés, le jeune garçon se passionne très tôt pour ceux qui ont rendu ces « miracles » possibles. Toute sa vie, il va n’avoir de cesse de mettre en place d’honneur les héros de l’Amérique industrielle, tels Henry Ford qui inspirera en partie sa réflexion ultérieure sur l’urbanisme, mais plus encore les pionniers du chemin de fer. Marceline est sur la ligne qui relie les côtes Est et Ouest, un chantier colossal dont la réalisation a passionné le monde. Un des oncles de Walt est cheminot à bord du Santa Fe Railroad et il ne manque jamais de faire signe à son neveu qui connaît par cœur les heures de passage de sa locomotive. Adolescent, il passe même un été à travailler à bord de ce train en tant que vendeur ambulant.

Cette passion qui le suit toute sa vie a eu des répercussions inattendues : il a construit de ses mains un train modèle réduit qui fait le tour de sa propriété et y a trouvé l’une des inspirations pour celui, à taille réelle, de son parc Disneyland. Il est également le premier en Amérique du Nord à faire construire un monorail et la problématique des transports a été au cœur de sa réflexion ultérieure sur l’urbanisme.

À Marceline, le cinéma est avec le train la seule fenêtre ouverte sur le vaste monde. Dès son plus jeune âge, Walt est tout autant intéressé par les histoires racontées dans les films que par leur aspect technique. Ainsi, les frères Lumière, inventeurs du cinématographe, font partie de ses héros. En 1935, pendant un séjour en France, il rend visite à Louis Lumière à l’occasion des 40 ans de sa fameuse invention. Louis est alors en train de réaliser les premiers essais de cinéma en 3D. À l’aide d’une caméra stéréoscopique, il a filmé une nouvelle version de « L’Arrivée du Train en Gare de La Ciotat » (le premier film de l’histoire en 1895) et la fait découvrir à Walt, fasciné. 18 ans plus tard, ce dernier réalisera les premiers dessins animés en relief !

Dans son bureau, Walt Disney collectionne également les appareils optiques précurseurs du cinéma et du dessin animé comme la lanterne magique (1664), le phénakistiscope de Plateau (1832), le zootrope de Horner (1834) ou encore le praxinoscope de Reynaud (1876, considéré comme l’inventeur du dessin animé). Walt sera lui-même à l’origine de nombreuses innovations techniques.

L’innovation technique, une constante de la carrière de Walt Disney

Inspiré par le génie inventif de Thomas Edison et l’ingéniosité de Georges Méliès, Walt Disney expérimente sans cesse. En 1923, il a d’ailleurs bâti son studio sur une première innovation. Pour sa série des « Alice Comedies », il filme une actrice sur fond blanc (un simple drap) pour pouvoir l’incruster dans un univers de cartoons où elle côtoie Julius le chat et Pat Hibulaire. Désormais, les avancées technologiques seront sa marque de fabrique, pourvu qu’elles servent ses histoires. C’est ainsi qu’il systématise l’emploi des story-boards - des panneaux recouverts de dessins permettant de visualiser en amont à quoi ressemblera le film une fois achevé - qui sont devenus un standard. Même les cinéastes qui ne travaillent pas dans l’animation, d’Alfred Hitchcock hier à Steven Spielberg aujourd’hui, ne jurent que par eux.

En 1928, « Steamboat Willie » est le premier cartoon sonore - le cinéma n’est parlant que depuis l’année précédente - et marque la naissance de Mickey. Ce court métrage révolutionnaire marque le début d’une nouvelle ère pour son créateur. Mais ce succès n’interrompt pas pour autant la liste des innovations : les dessins animés musicaux (1929), la couleur (avec le court métrage « Des fleurs et des arbres » en 1932) ou encore la caméra multiplane qui permet de donner du réalisme et de la profondeur à l’image (avec le court métrage « Le vieux moulin » en 1937). Cette même année marque la sortie du premier-long métrage d’animation, un jalon dans l’histoire du cinéma : BLANCHE-NEIGE ET LES SEPT NAINS. Pour FANTASIA en 1940, les techniciens du studio mettent au point le son stéréo… alors nommé « Fantasound ».

Après-guerre, les innovations continuent : dès 1945, Walt annonce à ses actionnaires - qui n’en ont encore jamais entendu parler - que la télévision va changer le monde et qu’il faut se tenir prêts pour en être un des pionniers. Mais s’il produit dès lors pour le petit écran, il n’en oublie pas pour autant que le grand doit rester le plus spectaculaire : il impose le format CinemaScope sur 20.000 LIEUES SOUS LES MERS (1955) puis le Xerox sur LES 101 DALMATIENS (1961), de Wolfgang Reitherman, un appareil similaire à nos photocopieurs modernes. Le processus est certes plus rapide et moins coûteux mais comme toujours, la première motivation reste artistique car le Xerox est plus respectueux du trait initial des dessinateurs. Enfin MARY POPPINS (1964) de Robert Stevenson porte le mélange prises de vues réelles et animation à un niveau encore jamais atteint. Ces effets visuels valent au film l’un de ses cinq Oscars.

Cette tradition d’innovation perdure, bien après la disparition de Walt. Avec TRON (1982) de Steven Lisberger, le studio a été le premier à entrevoir les possibilités techniques mais surtout artistiques que l’animation assistée par ordinateur allait offrir et dont TOY STORY (1995) de John Lasseter est l’exemple parfait. Co-fondateur de Pixar et désormais à la tête des studios Disney et Pixar et à celle de Walt Disney Imagineering, John Lasseter a l’habitude de le résumer par ces mots : « L’art est un défi pour la technologie et la technologie est une inspiration pour l’art ». Une phrase qui aurait pu être celle de Walt Disney, pour ses films comme pour ses autres projets concernant le monde de demain.

QUAND WALT DISNEY DEVIENT LUI-MEME SOURCE DINSPIRATON

Walt Disney est souvent mentionné comme source d’inspiration par d’autres grands noms du cinéma comme John Lasseter, Brad Bird, George Lucas ou Steven Spielberg ou par des artistes de BD comme Albert Uderzo ou Régis Loisel. Il est également cité par des chefs d’entreprise comme feu Steve Jobs (qui a étudié très précisément la façon dont il a su bâtir une organisation capable de lui survivre) ou par Elon Musk, le patron de Tesla. Le fondateur de Melty, Alexandre Malsch, a lui-même déclaré dans une interview : « Mon modèle, c’est Walt Disney ».

A la poursuite des autres infos de ce dossier ? Revenez vite sur ESI pour en découvrir les prochaines parties !

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