Entretien avec Jeremy Latcham, producteur exécutif
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Comment Bruce Banner se situe-t-il dans ce nouvel arrangement ?

En bien il avance sur de nouvelles recherches. Dans ce décor du laboratoire des Avengers où nous nous trouvons actuellement, toute la partie arrière lui est réservée. Nous avions déjà joué avec cette notion d’une collaboration au plus haut niveau entre Tony et Bruce à la fin d’Avengers, car si vous vous en souvenez, ils partaient tous les deux en voiture en disant, sous forme de boutade « Bon, on va étudier en cours de science ! » Nous ne savions pas trop où cela allait nous entraîner à l’époque, mais nous avons constaté que les fans avaient vraiment envie de voir ce qu’une collaboration entre ces deux brillants esprits pourrait donner. Quand nous les retrouvons au début de ce film, cela fait déjà un moment que Tony et Bruce travaillent ensemble sur plusieurs projets, et tout se passe très bien.

L’autre ennemi important que l’on va découvrir dans Age of Ultron est le Baron Wolfgang Von Strucker, interprété par Thomas Kretschmann, qui est le successeur de Crâne Rouge à la tête de l’HYDRA. Comment le décririez-vous ? Est il une sorte de Nick Fury de l’HYDRA, c’est à dire à la fois un guerrier redoutable et un chef extrêmement rusé ?

Von Strucker est un homme très ambitieux et très opportuniste, qui veut tirer tous les avantages possibles de la chute du S.H.I.E.L.D.. Il n’est pas du tout déstabilisé par le fait que l’infiltration du S.H.I.E.L.D.. par l’HYDRA ait été découverte. Bien au contraire, il sait que cette période de grands bouleversements et de doutes peut lui permettre de frapper encore plus durement ses ennemis et d’avancer ses pions comme il l’entend. Il est aussi dangereux qu’opportuniste.

Quelle vision l’équipe dirigeante des Studios Marvel dont vous faites partie a-t-elle sur le développement de la saga cinématographique Avengers ?

Notre but est que chaque aventure des Avengers puisse être découverte indépendamment des films consacrés à Thor, Iron Man et Captain America, et soit un récit complet avec une conclusion pleinement satisfaisante. Autrement dit, notre objectif est qu’un spectateur qui n’aurait vu que le premier Avengers et aucun autre de nos films puisse suivre le récit de Age of Ultron sans aucun problème et sans avoir le sentiment que certaines références lui échappent. Cela ne nous empêche pas de faire évoluer les personnages en tenant compte de ce qu’ils ont vécu au cours de leurs aventures en solo, ni de faire progresser la dynamique du groupe. Nous voulons juste éviter que ces films donnent le sentiment qu’il fallait avoir tout vu de nos productions au cinéma et à la télé pour être en mesure de comprendre ce qui se passe. Bien au contraire, notre but est que la saga Avengers soit d’un abord facile et accessible à tout le monde même si nous n’oublions pas d’y injecter des petits détails précis que seuls les fans pourront reconnaître et comprendre.

Joss Whedon écrit et réalise ce film, mais pourriez-vous nous décrire comment il intervient parallèlement sur les autres projets de l’univers cinématographique Marvel ?

Oh, Joss nous a énormément aidé dans tous les domaines de conception de nos films. C’est quelqu’un qui aime travailler en équipe et contribuer à la réussite d’un projet. Joss est un vrai ami, un authentique visionnaire, et un leader. Ça a été fascinant de le voir imaginer des idées pour certains films et nous dire « Si nous faisons cela dans tel et tel film, nous pourrions arriver à cette situation-là dans cet épisode-ci ». Il nous a aidé à concevoir un grand plan cohérent de développement dramatique de l’ensemble de nos récits, ce qui n’était pas une tâche facile. C’est la raison pour laquelle nous nous tournons souvent vers lui pour élaborer la conclusion d’un chapitre narratif ou en ouvrir un nouveau. Joss nous apporte une aide déterminante dans la constitution de l’univers cinématographique Marvel. Il est vraiment formidable.

Ultron est un adversaire particulièrement coriace et impitoyable. Quel impact la guerre qu’il déclare à l’humanité va-t-elle avoir sur l’équipe des Avengers ?

Ce qui est passionnant quand on dispose d’un méchant aussi redoutable qu’Ultron, c’est de décrire comment ses actions néfastes et les épreuves terribles qu’il impose aux humains peuvent faire remonter à la surface des sentiments négatifs dans les esprits de nos héros. Ils sont poussés aux limites de leur endurance. C’est un thème que nous explorons de différentes manières dans ce film, car chacune des réactions des protagonistes est particulière. Cela nous permet de révéler des facettes passionnantes des personnages, et de montrer vraiment ce dont ils sont capables. Ils sont soumis à des épreuves intenses et déstabilisantes, qui les obligent à affronter leurs « bagages émotionnels », leurs traumatismes anciens, leurs craintes, leurs secrets les mieux dissimulés…

De tous les défis à relever pendant la production d’Age of Ultron, lequel est le plus ardu ?

Sans aucun doute l’organisation du plan de travail et de l’emploi du temps des comédiens en fonction de leurs dates de disponibilités. Notre distribution regroupe des acteurs tellement recherchés et si occupés tout au long de l’année que le simple fait d’arriver à réunir tout le monde le même jour dans la même scène est extrêmement difficile. Coordonner les disponibilités de chacun requiert énormément de travail : Chris Evans vient d’achever la réalisation de son premier long métrage, intitulé Before We Go, certains acteurs produisaient des films tout en enchaînant les tournages, bref tout le monde est très occupé. Il s’est passé énormément de choses dans les vies des membres de notre équipe depuis les huit dernières années, Robert Downey Jr et son épouse attendent un enfant pour la fin 2014, par exemple. Nous avons eu le plaisir de partager beaucoup de joies car nous avons fini par former une vraie famille de travail en collaborant sur ces films. De plus, la participation de ces acteurs aux productions Marvel leur ont donné de nouvelles opportunités : Chris Evans a pu trouver le financement de son film, Scarlet s’est imposée dans un registre qu’elle n’avait pas abordé avant, celui des films d’action, Chris Hemsworth a obtenu des rôles principaux dans plusieurs grands films, bref tout le monde a avancé de manière très positive, et est encore plus occupé qu’avant ! (rires) Mais bon, à force de réfléchir et de trouver des arrangements, on finit par résoudre ce casse-tête de la mise au point du plan de travail. La seconde grande difficulté était l’organisation des tournages dans différents pays, et la préparation de la logistique de tous les voyages que cela allait entraîner. Nous tournons ici en Angleterre, mais aussi en Corée du Sud, en Afrique du Sud, et en Italie. Les scènes d’action de Age of Ultron auront grâce à cela une ampleur internationale inédite. Bien sûr, c’était très excitant de lancer cette idée en l’air un beau jour, au cours d’une réunion dans les bureaux des Studios Marvel de Manhattan Beach. Nous nous sommes dits « Voyageons ! Allons explorer le monde et filmer des endroits extraordinaires ! » Après notre enthousiasme initial, il a fallu étudier comment faire cela concrètement, et j’ai vite compris que si j’allais accumuler beaucoup de miles sur mes cartes de fidélité de compagnies aériennes, je n’aurais pas souvent l’occasion de dormir deux fois dans le même lit ! (rires) Organiser des tournages dans le monde entier est un travail complexe qu’il faut préparer avec de nombreuses personnes, qui nécessite de trouver et d’engager les meilleures équipes locales, et de régler en amont tous les problèmes administratifs propres à chaque pays. C’est une tâche énorme, mais je pense que les spectateurs apprécieront que Age Of Ultron ait grâce à cela une ampleur planétaire que n’avait pas le premier épisode d’Avengers, dont le troisième acte se déroulait entièrement à New York, et avait été tourné principalement dans des décors factices des studios d’Albuquerque, au Nouveau Mexique. D’une certaine manière, on pourrait dire que le premier épisode a été filmé dans un endroit clos, les studios d’Albuquerque, tandis que Age Of Ultron est largement ouvert sur le monde, et va présenter des scènes sensationnelles tournées dans différents pays. C’est une perspective qui nous réjouit, et nous avons hâte de voir comment le public va réagir en découvrant cela.

Nous sommes encore sous le contrôle d’Ultron : la suite de l’entretien avec Jeremy Latcham sera bientôt publiée sur ESI !

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