LE REVEIL DE LA FORCE : Entretien croisé avec Daisy Ridley (Rey) et John Boyega (Finn) – 3ème partie
Article Cinéma du Jeudi 14 Janvier 2016

Propos traduits et formatés par Pascal Pinteau

Comment décririez-vous la vision de JJ Abrams ?

John Boyega :
L’influence de JJ est évidente quand on lit le script. Et je dois dire que c’est particulièrement évident dans sa manière de décrire et de faire parler Finn, parce que ce personnage est aussi drôle et charismatique que lui. Finn est vif, a un sens de la répartie très amusant, et il perçoit tout ce qui se passe autour de lui. Je crois que JJ lui a donné une bonne partie de sa personnalité. Mais l’intrigue est bien dans la lignée de celle du premier STAR WARS de 1977, et de certains moments où l’on sentait les personnages en danger, sans que ce soit trop pesant, parce que dans les STAR WARS, le péril est toujours excitant et rempli de suspense, mais jamais stressant. Ce traitement stylisé des aventures des héros est parfaitement maîtrisé par JJ, et il a su restituer à merveille cet esprit typiquement STAR WARS.

Diriez-vous que JJ rend hommage aux premiers épisodes des années 70 et 80 dans ce nouveau film ?

JB :
Je dirais que JJ tire le meilleur parti des techniques modernes en ayant recours aux images de synthèse, mais qu’il rend également hommage à toutes les techniques traditionnelles des effets spéciaux réalisés directement devant les caméras. Et cela a été fantastique à voir pendant le tournage. Après Abu Dhabi, la seconde moitié du film a été tournée en Angleterre, et à chaque fois que je m’asseyais dans la voiture de la production qui me conduisait tous les matins aux studios de Pinewood, je me demandais « Quelles choses incroyables vais-je encore découvrir aujourd’hui ? » Presque chaque jour, j’étais ébahi par ce que l’atelier des créatures, les décorateurs, les accessoiristes et les costumiers avaient réalisés de nouveau. Et à chaque fois que je n’en croyais pas mes yeux, je me rappelais que je ne rêvais pas et que j’étais bel et bien en train de tourner dans un nouveau STAR WARS !

Comment décririez-vous la productrice et présidente de Lucasfilm, Kathleen Kennedy ?

Daisy Ridley :
la première fois que je l’ai rencontrée, nous avons discuté des personnalités exemplaires et des mentors, et je l’ai trouvée très simple et très abordable. Ce n’est qu’après ce premier rendez-vous que je me suis renseignée sur sa carrière et que j’ai découvert le nombre incroyable de grands films qu’elle a produit. Son parcours est jalonné de films-cultes que tout le monde aime. Nous en parlions avec elle l’autre jour, John et moi, et cela la faisait rire. Kathleen est une femme qui a beaucoup de pouvoir et qui est remarquablement intelligente. C’est aussi une mère. Elle a de l’empathie pour les gens, et fait toujours preuve d’une gentillesse sincère. Et je peux vous dire qu’elle était là tous les jours avec nous pendant le tournage. Ce n’est pas l’une de ces productrices qui terrorise les gens et dirige tout avec une poigne de fer. Elle est là pour permettre à tout le monde de travailler dans les meilleures conditions, et pour s’assurer que chacun des membres de l’équipe est content. C’est une femme extraordinaire.

Parlez-vous de votre collaboration et de la manière dont vous avez travaillé ensemble vos personnages.

JB :
Nous nous étions déjà rencontrés lors des auditions, Daisy et moi, et il était important de jouer ensemble des scènes à ce moment-là pour nous assurer que nous serions capables de projeter l’image d’une certaine complicité dans le film. Depuis nous avons eu le temps d’apprendre à bien nous connaître, nous apprécier et nous avons passé de bons moments sur le tournage. Ce qui est drôle, c’est que nous avons vécu tous les deux cette étrange expérience de jouer les rôles principaux d’une superproduction, ce qui était bien évidemment tout nouveau pour nous. Nous nous tenions la main pour nous rassurer mutuellement pendant cette période hallucinante, et nous nous amusions beaucoup. Nous nous lançions des plaisanteries et nous faisions une petite séance de Karaoké tous les matins. Ces chansons n’étaient pas du goût de tout le monde, mais tant pis, c’était « notre truc à nous » pour nous mettre en forme au début de la journée.

DR : Je suis très heureuse que nous nous entendions si bien. Pendant le tournage à Abu Dhabi, nous n’avions pas vraiment eu le temps de faire connaissance. Ce n’est qu’une fois revenus en Angleterre que nous avons pu construire une vraie relation. Et cela nous a énormément aidé à jouer nos rôles par la suite, quand Finn et Rey mènent ensemble leurs aventures. Tout est une question d’affinités, et nous en sommes vite arrivés au point où nous avions l’impression d’être frère et sœur. Nous sommes capables de rires des mêmes bêtises !

JB : Cette complicité, cette manière de nous lancer des plaisanteries ou des petites piques est la même à l’écran que dans les coulisses, entre les prises. D’ailleurs, quand JJ a retravaillé le script pendant le tournage, il a tenu compte de notre camaraderie et de notre manière de jouer ensemble pour adapter le rythme des dialogues à celui de nos échanges dans la vraie vie. C’est formidable qu’il ait fait cela, car cela permettra aux spectateurs de ressentir que ces deux étrangers venus de deux mondes différents sont finalement assez proches l’un de l’autre, et que les liens amicaux qui se nouent entre eux sont de plus en plus forts. Je crois que l’on sentira que notre amitié n’est pas feinte, et quand ces sentiments entre des personnages transparaissent dans un film, cela rend les évènements que l’on présente encore plus crédible. Le public y croit et s’attache aux personnages, ce qui est un énorme atout pour le film. Je dois dire aussi que Daisy est une perfectionniste qui travaille énormément. Elle a abordé son rôle avec passion, en y réfléchissant très sérieusement. Dès que je l’ai rencontrée, j’ai pu constater a quel point elle était déterminée à rendre Rey crédible et attachante. Elle a beaucoup travaillé avec JJ pour rendre son personnage charmant, doux, vulnérable et innocent, mais en même temps, on croit tout à fait que Rey peut devenir inflexible, agir avec une certaine dureté et qu’elle sait se défendre toute seule quand on l’attaque. Elle est vraiment forte et avoir une partenaire aussi fiable et concentrée m’a énormément aidé à jouer mon rôle. Idem dans les scènes où nous échangeons des plaisanteries : nous avons pu collaborer afin d’obtenir les effets comiques les plus percutants. Pouvoir m’appuyer sur elle et ne jamais me sentir seul a été une expérience merveilleuse.

DR : Merci, mais je peux en dire autant de toi.

JB : Je ne me considère pas moi-même comme un jeune acteur de premier rôle, et j’aime que nous formions ensemble un duo d’acteurs principaux. Cela nous a permis d’affronter ensemble toutes les expériences du film, dans la fiction exactement comme dans la réalité !

Qu’avez-vous pensé de votre partenaire robotique, BB8 ?

DR :
Tout le monde va adorer BB8. Il est tout petit – beaucoup plus que R2-D2 – et il semble vivant parce qu’il était animé par des marionnettistes pendant le tournage. Comme je vous le disais un peu plus tôt, BB8 est le premier personnage avec lequel j’ai tourné une vraie scène, et j’étais assez inquiète de ne pas avoir un partenaire de chair et d’os en face de moi à ce moment-là. Mais les manipulateurs étaient tellement talentueux qu’ils sont arrivés à me faire croire que ce petit droide était vivant. BB8 est un brillant ajout à la galerie des personnages de la saga.

JB : C’est une future star ! Il est si dynamique, mignon, et charismatique que tous les spectateurs vont tomber sous son charme. Je me demande d’ailleurs si R2-D2 n’est pas l’un de ses cousins éloignés. Comme Daisy vient de le dire, BB8 est aussi un charmant partenaire. On a envie de parler de lui comme d’un acteur puisqu’il prend vie grâce à un mélange de manipulation et d’animatronique. Il peut être un peu arrogant parfois, voire même insolent, mais en tant que droide qui vient juste de faire ses débuts au cinéma, je pense que c’est compréhensible. Il changera d’attitude quand il aura un peu plus d’expérience !

Qu’avez-vous éprouvé en jouant face à Harrison Ford ?

JB :
J’étais très impressionné, mais cela n’a pas duré longtemps car il a su nous mettre à l’aise. Quand il travaille sur un plateau, Harrison maîtrise aussi bien l’aspect artistique de son rôle que toute la technique qui est déployée autour de lui et des autres acteurs. Quand on me demande ce que j’ai appris sur le tournage du REVEIL DE LA FORCE, je réponds toujours qu’il m’a enseigné cela, l’importance de bien comprendre à la fois les facettes artistiques et techniques de la scène que l’on joue. En tant qu’acteur, on peut avoir tendance à jouer sur un plateau comme sur la scène d’un théâtre, en se disant que le réalisateur saura nous filmer comme il l’entend, mais cela ne suffit pas. L’objectif de la caméra est l’œil du public, et il faut jouer en fonction de sa position et de ses déplacements. Il faut aussi mémoriser la manière dont la lumière a été mise en place et se positionner correctement pour que les effets voulus par le directeur de la photographie fonctionnent comme prévu. Idem pour vos différentes positions dans la scénographie voulue par le réalisateur, et pour les plans destinés à être complétés par des effets visuels. Harrison sait faire tout cela avec une grande aisance, tout en s’amusant et en contribuant à ce qu’une atmosphère agréable règne sur le plateau. Il restait souvent en notre compagnie après le tournage. Un soir, je l’ai invité dans un bon restaurant nigérian situé dans le Sud Est de Londres. Il m’a parlé de toutes les choses qu’il avait vécues et de ce dont il avait été témoin en tant qu’acteur. C’était formidable d’apprendre toutes ces choses de lui. C’est un homme remarquable.

DR : Pour ma part, quand je l’ai rencontré pour la première fois, nous sommes allés boire un café ensemble, et il m’a parlé de son expérience de STAR WARS, pas seulement du personnage de Han Solo, mais de tout ce que le phénomène STAR WARS avait représenté dans sa vie personnelle et dans sa carrière. Et ensuite nous sommes tous allés dîner ensemble, ce qui a été un moment très agréable.

Qu’avez-vous ressenti en entrant pour la première fois dans le Faucon Millenium ?

DR :
C’était évidemment extraordinaire, mais très bizarre aussi, car avant nous étions entourés de centaines de personnes dans les décors de plateau, tandis que là, il n’y avait plus que nous les acteurs et quelques membres de l’équipe. C’est un décor si célèbre que JJ voulait qu’il soit recréé à la perfection, dans ses moindres détails. Et les équipes de décoration y sont parvenues. Le Faucon Millenium est énorme. Et quand je me trouvais dans le cockpit, même si j’étais concentrée sur ce que j’avais à dire, il y avait une petite voix de fan au fond de ma tête qui répétait sans cesse « Tu voles dans le Faucon Millenium ! » (rires).

Un prochain épisode de notre dossier consacré au REVEIL DE LA FORCE paraîtra bientôt sur ESI !

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