Retour sur la création d'A Star Wars Story : Rogue One – 2ème partie
Article Cinéma du Dimanche 11 Decembre 2016

La première victoire des Rebelles

L’actrice britannique Felicity Jones (The Theory of Everything) incarne Jyn Erso, une jeune femme aussi farouche qu’instable, qui s’est débrouillée seule depuis l’âge de quinze ans. Son tempérament, ses talents de criminelle et les nombreux délits inscrits sur son casier n’en font pas un bon citoyen de l’Empire galactique. Elle se fait ainsi remarquer par l’Alliance rebelle, dont le leader – Mon Mothma – lui propose de mener une mission extrêmement risquée : découvrir la nature de l’arme de destruction massive secrètement construite par l’Empire. Et la détruire. Elle se retrouve à la tête d’une équipe de mercenaires – le reflet galactique des Sept Samouraïs et Douze Salopards. Avec son positionnement ni héroïque ni maléfique, Jyn Erso semble refléter à elle seule l’idée des scénaristes : à l’opposé de l’éternel combat entre le bien et le mal si cher aux épisodes numérotés, Rogue One cherche à proscrire tout manichéisme. Évidemment, certains fans auront tôt fait de supposer que Jyn Erso est la véritable mère de Rey. Une théorie immédiatement rejetée par l’interprète de Rey, Daisy Ridley : «Ce n’est pas parce qu’elle est blanche et qu’elle a des cheveux bruns qu’elle est ma mère !» Pas plus que Finn ne devrait être le fils de Lando Calrissian. La galaxie est grande, après tout ! Jyn Erso obtiendra un bras droit – ou chaperon, selon les points de vue — en la personne du Capitaine Cassian Andor. Le comédien mexicain Diego Luna (Y tu mamá también, Harvey Milk, Elysium) incarne l’unique membre de l’Alliance rebelle au sein de l’équipe de choc, alors que le chinois Jiang Wen (Les Démons à ma porte) endosse l’armure de Baze Malbus, spécialiste en explosifs. Originaire de Hong Kong, Donnie Yen (Ip Man) joue évidemment l’expert en arts martiaux (aveugle), Chirrut Îmwe. Le Britannique d’origine pakistanaise Riz Ahmed (Four Lions), qui interprète Bodhi Rook, complète ce casting hétérogène. «Je suis ravi que Rogue One démontre qu’il y a encore plus de diversité dans la galaxie Star Wars», déclare le comédien. «Et c’est un privilège d’en faire désormais partie. Ce film sera très différent des précédents épisodes». Riz Ahmed s’avoue fasciné par les décors construits sur les plateaux. «Le soin accordé aux détails et à la création de cet univers est tout simplement incroyable. Le monde créé par les décorateurs et les costumiers est tellement détaillé que l’on a du mal à y croire ! Si vous preniez un accessoire, il pouvait y avoir un écran tactique dans un langage extraterrestre…» Deux aliens créés en images de synthèse, Bistan et Pao, devraient prêter main-forte aux membres de cette mission secrète. Jyn Erso croisera également la route de Saw Gerrera (un personnage issu de la série The Clone Wars) guerrier aux allures de Samouraï galactique — et dont l’armure est particulièrement épaisse — incarné par Forest Whitaker. Mon Mothma, ancienne sénatrice de la République galactique, et désormais leader de l’Alliance rebelle, fit sa première apparition au sein de l’univers Star Wars dans Le Retour du Jedi (1983), sous les traits de Caroline Blakiston (Le Quatrième protocole). Peu avant la bataille d’Endor, c’est elle qui indique que «de nombreux Bothans sont morts pour nous fournir cette information». Une réplique bien connue des fans. Dans Rogue One, Mon Mothma est interprétée par Genevieve O’Reilly. L’actrice irlandaise, née en 1977, prend ainsi une revanche sur le destin. Elle avait en effet endossé la robe de la sénatrice dans La Revanche des Sith (2005). Mais sa scène, coupée au montage, n’est visible qu’en bonus sur les éditions DVD et Blu-ray ! Il ne faut donc jamais s’avérer vaincu… Les fans, eux, ne l’ont pas oublié. «Dès que je joue dans une pièce de théâtre, ils m’attendent à la sortie pour me faire signer des autographes», se souvient-elle. Les prochains personnages que nous allons évoquer pourraient être considérés comme des révélations, dévoilant des rebondissements de l’histoire qui ne seront pas forcément évoqués durant la promotion du film. Nous conseillons donc à ceux qui préfèrent préserver une part de mystère de nous rejoindre au paragraphe suivant. Car l’équipe de Jyn Erso pourra également compter sur l’aide d’un droide impérial, conçu en images de synthèse par ILM et interprété – à l’aide d’un costume de capture de mouvement – par Alan Tudyk (Serenity) : K-2SO. Nous ne savons pas encore s’il s’agit d’un robot reprogrammé ou d’un agent double, mais le fait est que les Rebelles disposent d’une taupe. Ensuite, Mads Mikkelsen (Casino Royale) a probablement provoqué le désespoir de certains responsables de Lucasfilm en levant le voile sur son rôle, à longueur d’interviews. Après avoir annoncé que son personnage (Galen) n’était pas foncièrement méchant, l’acteur danois – qui avoue n’avoir jamais vu un épisode de Star Wars avant le tournage de Rogue One — a précisé qu’il incarnait le père de Jyn Erso ! «J’ai passé beaucoup de temps avec Felicity Jones», explique-t-il, avant de divulguer l’existence de flash-back. «C’est une formidable actrice. Je joue son père à l’époque du film, et je le joue également quand Jyn est plus jeune». Ce qui pourrait permettre d’expliquer pourquoi Jyn Erso se retrouve seule à l’âge de seulement quinze ans… N’étant pas à une étourderie près, Mads Mikkelsen a confirmé la présence de «protagonistes emblématiques de la saga». La proximité temporelle de Rogue One avec l’Épisode IV permettrait effectivement de faire apparaître le Grand Moff Tarkin (joué par Peter Cushing en 1977) ou la Princesse Leia. Le premier en tant que responsable de l’Étoile noire ; la seconde en tant que future détentrice des plans du même engin. D’autant plus qu’il a été confirmé que Rogue One se terminerait littéralement dix minutes avant le début d’Un Nouvel espoir ! Le personnage le plus iconique de la saga, lui, est assuré de faire une apparition remarquée : Anakin Skywalker, alias Dark Vador. Si l’intrigue de Rogue One délaisse la longue histoire de la famille Skywalker, Dark Vador reste l’adversaire le plus dangereux et implacable de l’Alliance rebelle. Le Seigneur des Sith serait vraisemblablement interprété par Spencer Wilding (Les Gardiens de la galaxie), un acteur et cascadeur de plus de deux mètres. James Earl Jones va cependant lui prêter sa voix. Les fans les plus aguerris auront deviné la présence de Dark Vador grâce à la première bande-annonce de Rogue One. On peut y apercevoir le Dévastateur, le Star Destroyer personnel de l’apprenti de l’Empereur. Profitons de l’occasion pour mentionner l’introduction de deux nouveaux vaisseaux spatiaux : le TIE Striker et l’U-Wing. Ce qui devrait ravir ceux qui furent déçus par le manque d’audace des designs des véhicules du Réveil de la Force. Les inoubliables quadripodes de L’Empire contre-attaque feront quant à eux leur retour, dans une version légèrement remaniée. Mais l’utilisation des AT-ACT et AT-ST (bipodes) par les forces impériales s’explique là encore par la proximité temporelle des évènements de Rogue One et de la trilogie originale. Une excuse dont l’équipe de production de l’Épisode VII ne pouvait guère se targuer…

Crises de nerfs

En mai dernier, alors que Rian Johnson annonce avoir entamé la seconde moitié du tournage de l’Épisode VIII, une succession d’annonces vient troubler la postproduction de Rogue One. Tout commence lorsque Marvel Comics déclare qu’une série de comics liés à Rogue One est repoussée – voire annulée. Selon des sources anonymes, il s’agit de la conséquence directe de la réécriture de plusieurs scènes du film ; de nouvelles semaines de tournage seraient même organisées dans les semaines suivantes. Des modifications de l’histoire si profondes que l’équipe chargée du comic book n’aurait plus le temps ni la capacité d’appliquer les altérations nécessaires à la cohérence de l’ensemble. Peu après, une maison d’édition publie par inadvertance sur un site Internet plusieurs pages d’un futur guide qui accompagnera la sortie de Rogue One. Une véritable mine d’or pour les fans ! Lorsque les représentants légaux de Lucasfilm et Disney contactent les sites reproduisant ces pages, ils précisent qu’une partie des informations qui y sont dévoilées ne sont plus «correctes». À la toute fin du mois de mai, l’acteur Donnie Yen déclare qu’il va bientôt devoir «retourner à Londres, pour un tournage additionnel de Rogue One». Cette pratique est courante – voire traditionnelle – à Hollywood, et plus généralement pour toute superproduction. Il s’agit avant tout de parfaire le film, en filmant des plans d’inserts par exemple. L’étape du montage dit de la « version de travail » permet de souligner les modifications nécessaires à la fluidité ou à la cohérence des scènes. Le Réveil de la Force a ainsi bénéficié de plusieurs semaines de tournage additionnel. World War Z a même obtenu un troisième acte complètement remanié. Les aficionados supposent donc que Lucasfilm souhaite faire apparaître, le temps d’un bref clin d’œil, l’acteur qui jouera le jeune Han Solo dans le prochain film dérivé : Alden Ehrenreich (Tetro, Ave, César !). Ce qui se révélera faux. Or à partir du 30 mai, une succession d’informations contradictoires se répandent sur Internet. Les sources étant forcément anonymes, et les représentants de Lucasfilm restant figés dans le mutisme, certains sites peignent un sombre tableau de la production de Rogue One. Ainsi les dirigeants de Disney, n’ayant pas apprécié le premier montage du film, auraient ordonné quatre, voire huit semaines de tournage additionnel ! Certaines sources évoquent même 40% de scènes à tourner de nouveau ; J.J. Abrams et Christopher McQuarrie auraient été rappelés en urgence… La réalité est moins favorable aux gros titres. Même s’il faudra certainement attendre plusieurs mois, voire quelques années, avant de découvrir le fin mot de l’histoire, cette brève «crise» n’est qu’une étape de réajustement. Il s’agit après tout du premier opus à ne pas respecter les canons traditionnels de la saga. À six mois de sa sortie, Rogue One subit des altérations qui n’ont rien d’inédit au sein de la production cinématographique (à gros budget) contemporaine. L’objectif de ces quatre à cinq semaines de tournage, initiées en juin et prévues de très longue date, ne consiste absolument pas à revoir l’intégralité de la copie proposée par Gareth Edwards. Selon une source anonyme, mais de confiance, les altérations concernent la clarté de certaines scènes, le développement des personnages et l’ajout de plans au sein de séquences déjà filmées. Et si plusieurs semaines sont nécessaires, c’est avant tout pour aménager le planning selon les disponibilités de chaque comédien (qui participent tous à d’autres projets à travers le monde). Suite à ces regrettables rumeurs, le cinéaste obtient d’ailleurs le soutien de Christopher McQuarrie. «S’iil existe un tournage additionnel de Rogue One, je ne le supervise pas», assène-t-il. «Gareth Edwards est un réalisateur qui mérite le bénéfice du doute. Faire un film, a fortiori un Star Wars, est déjà assez difficile sans qu’Internet tente sciemment de dévaloriser plusieurs années de travail acharné». Ces semaines consacrées au tournage additionnel devraient se conclure mi-juillet, soit juste avant la convention officielle Celebration, à Londres. Le montage de Rogue One sera verrouillé d’ici septembre, au moment où la bande originale sera enregistrée. Que les fans se rassurent : ce film dérivé conservera donc sa spécificité. Aux premiers jours du printemps, Kathleen Kennedy a d’ailleurs fait appel à Tony Gilroy, réalisateur et scénariste de Michael Clayton et Jason Bourne : L’héritage, pour épauler Gareth Edwards. Notons que les deux cinéastes avaient brièvement collaboré sur Godzilla. Après avoir fait des observations sur le montage initial et écrit des dialogues supplémentaires, Tony Gilroy est ainsi devenu le réalisateur de la seconde équipe du tournage additionnel. Un autre vétéran des films d’action, le coordinateur de cascades Simon Crane (World War Z, Edge of Tomorrow), a rejoint la production. Des forces vives qui remonteront sans doute le moral des membres de l’équipe de Gareth Edwards, frustrés et déçus par les réactions suscitées par les rumeurs...

Le retour de Luke Skywalker

Si Rogue One obtient l’attention médiatique, Rian Johnson poursuit sans entrave le tournage de l’Épisode VIII. Une grande partie des prises de vues étant réalisées en extérieur, et sans la chape de plomb qui pesait sur Le Réveil de la Force, le processus de production est suivi avec enthousiasme par les fans. Rappelons que le tournage a été entamé dès septembre 2015, lorsque Rian Johnson est allé filmer une poignée de scènes sur l’île de Skellig Michael, près des côtes irlandaises. En 2014, J.J. Abrams avait sélectionné cet archipel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, pour tourner l’épilogue du Réveil de la Force (durant lequel Rey retrouve Luke Skywalker sur la planète Ach-To). Suite à cette parenthèse en Irlande, la préproduction de l’Épisode VIII a repris pour quelques mois. Les répétitions ont débuté en janvier dernier, et c’est en février que le tournage s’est poursuivi au sein des studios Pinewood, près de Londres. Sur les plateaux, l’Épisode VIII a pour nom de code «Space Bear» (l’ours de l’espace). «Rian a déjà gagné mon cœur», s’enthousiasme John Boyega, alias Finn. «Il est fantastique ! Il mérite totalement d’être le successeur du grand J.J. Abrams». Au cours du printemps, l’équipe de production a poursuivi son œuvre à Dubrovnik, en Croatie, puis en Irlande. Alors que des millions de fans se demandent qui sont les parents de Rey (et si Luke Skywalker est son véritable père), son interprète, Daisy Ridley, ne croit pas que la question ait un grand intérêt. «Ce qui est génial, c’est que Finn et Rey viennent de nulle part. Et pourtant, ils trouvent leur place dans la galaxie. Cela me paraît donc amusant que les gens pensent que l’identité des parents de Rey est importante. Je ne pense pas que ça l’est… » Le tournage de l’Épisode VIII s’achevant au cours de cet été, nous reviendrons en détail dans les prochains mois. Le tournage du film dérivé consacré à Han Solo étant prévu pour janvier 2017, nous pourrions également en apprendre davantage sur les contours du scénario écrit par Lawrence Kasdan. Si le Maître Yoda avait coutume de dire que toujours en mouvement est l’avenir, nous sommes assurés que Le Réveil de la Force et Rogue One ne représentent que les premières pierres d’un vaste Empire… Pour le meilleur comme pour le pire.



Star Wars Battlefront : Une suite prévue pour Noel 2017

Aussi beau soit-il, le jeu de combat multijoueur Battlefront, sorti en novembre 2015 sur PC, Xbox One et PlayStation 4 a déçu de nombreux fans par l’insuffisance de son contenu, le manque de profondeur de son game design, et l’absence de campagne solo. L’interprète de Finn dans la nouvelle trilogie a lui-même évoqué sa déception sur Twitter. «Les fans auront-ils le droit à un mode histoire ? », demandait John Boyega, qui a dans le passé joué aux anciennes versions de Battlefront. Electronic Arts (EA), l’éditeur de ce jeu développé par le studio suédois DICE (Battlefield 4, Mirror’s Edge), a acquis les droits d’adaptation vidéoludique de la franchise Star Wars en 2013. Une affaire en or : Battlefront s’était déjà vendu à près de 14 millions d’exemplaires au 1er janvier 2016, avec un chiffre d’affaires de 660 millions de dollars ! Or pour terminer le développement de Battlefront à temps pour profiter de la sortie du Réveil de la Force, les dirigeants d’EA avaient décidé de sacrifier la compagne solo. Les joueurs doivent ainsi se satisfaire d’une série de contenus téléchargeables, étoffant le jeu jusqu’au premier trimestre 2017. Une version dédiée aux casques de réalité virtuelle est également prévue pour la fin de l’année. Battlefront 2, lui, est d’ores et déjà annoncé pour Noel 2017. Les personnages et batailles des nouveaux films seront au programme de ce jeu d’action. Gageons qu’une campagne solo viendra enfin satisfaire les déçus du premier opus…

Star Wars : Un blockbuster vidéoludique par an

À l’instar du rythme imposé par Lucasfilm et Disney à la saga sur le grand écran, Electronic Arts (EA) prévoit de proposer un jeu vidéo estampille Star Wars par an. Si la série des Battlefront, développée par le studio DICE, fait le bonheur des joueurs en mal d’action jusqu’en 2017, d’autres studios sont déjà à l’œuvre sur des aventures inédites. Les équipes de Visceral Games (Dead Space) travaillent sur un jeu d’action (à la troisième personne) depuis 2013. Massive, un nouveau studio créé par EA pour l’occasion (et dirigé par Jade Raymond, ancienne productrice d’Assassin’s Creed), participe à la création de ce titre prévu pour 2018 (et ainsi accompagner la sortie du film consacré à Han Solo ?). Un autre jeu est développé depuis ce printemps par Respawn (Titanfall). N’oublions pas les expérimentations menées par ILMxLAB, une nouvelle division de Lucasfilm, autour de la réalité virtuelle ou augmentée. Présenté en début d’année, et disponible sur Steam, le programme de démonstration Trials of Tatooine permet ainsi de voir le Faucon Millenium se poser à quelques mètres. Il est ensuite possible de s’emparer d’un sabre laser afin de dévier les tirs lasers d’un bataillon de stormtroopers. Mais contrairement aux productions EA, ces démonstrations technologiques ne devraient pas aboutir sur de véritables produits avant l’orée de la prochaine décennie. Le temps, évidemment, que la technologie devienne moins onéreuse, et que le grand public puisse s’équiper en casques de réalité virtuelle de type Oculus Rift, HTC Vive ou PlayStation VR.

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