La critique sans spoilers d’ESI - ROGUE ONE : A STAR WARS STORY : Une réussite spectaculaire, surprenante et émouvante
Article Cinéma du Mardi 13 Decembre 2016

4 étoiles sur 5

Par Pascal Pinteau

Les fans de STAR WARS et tous les cinéphiles peuvent se détendre : en dévoilant ce premier épisode indépendant de la saga, Lucasfilm et Disney prouvent de manière éclatante que la franchise est entre de bonnes mains. Autant on aura regretté que plusieurs scènes du RÉVEIL DE LA FORCE ressemblent fâcheusement à des copiés/collés de moments iconiques des épisodes IV, V ou VI – mais l’objectif premier de ce film-là était de remettre commercialement la franchise en orbite sans être transgressif — autant le parti-pris audacieux de ROGUE ONE démontre que Kathleen Kennedy et le studio de Mickey Mouse savent soutenir un réalisateur de talent, Gareth Edwards (MONSTERS, GODZILLA) et aller aussi jusqu’au bout de la logique d’un script dont le thème principal est la bravoure, le sacrifice et la détermination à lutter contre l’oppression par tous les moyens.

Certes, ROGUE ONE n’est pas exempt de petits défauts : il y a beaucoup de nouveaux personnages à présenter pendant le premier tiers du film, ce qui provoque inévitablement une baisse de rythme du récit. Il n’est pas interdit non plus de penser que Felicity Jones n’est pas l’actrice la plus charismatique qui soit (le reste du casting est excellent), mais au final tout cela n’a pas d’importance, car la mise en scène et la qualité visuelle exceptionnelle du film (on y retrouve la patte artistique du grand designer Doug Chiang) emportent l’adhésion du spectateur, qui n’avait pas vu un STAR WARS aussi sombre, aussi beau et aussi réussi depuis L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE.

Dans la galaxie narrative de STAR WARS, ce formidable ROGUE ONE fait songer au GLADIATOR de Ridley Scott. On y retrouve les mêmes thèmes d’une famille anéantie, d’une revanche à prendre sur un régime tyrannique, d’un combat désespéré poussé jusqu’au bout, au-delà de ce qui semble possible. Fermement ancré dans la tradition des films de guerre âpres et héroïques, ROGUE ONE nous propose aussi une nouvelle approche des scènes de bataille, toutes spectaculaires et originales. Dans cet opus, quand un clin d’œil arrive, ce n’est pas un décalque amoindri de ce que l’on avait vu en mieux auparavant, mais une belle surprise, intelligemment intégrée au récit global. Gareth Edwards a le don de mêler les moments intimistes qui sonnent juste au déroulement de scènes de très grande ampleur, et il déploie souvent ce talent rare au cours de cette aventure.

Un nouvel espoir

Soulignons aussi la qualité époustouflante des effets visuels réalisés par les équipes du studio Londonien d’ILM. Ils réalisent là une parfaite synthèse des effets numériques de pointe et de l’esthétique des épisodes cultes de la saga, tournés alors en ayant recours aux maquettes. Le spectateur jubile en retrouvant l’esprit ludique et innovant des trucages d’ILM mis au service de scènes de batailles très dynamiques, où les morceaux de bravoure se succèdent.

L’un des grands plaisirs de ROGUE ONE est justement cette volonté évidente de tous les créateurs du film d’offrir un vrai grand STAR WARS au public sans renoncer un seul instant à assumer l’aboutissement de cette histoire. Rarement les liens entre une préquelle et un film de référence (en l’occurrence l’épisode IV mythique de 1977) auront été aussi bien conçus et réalisés. Sans dévoiler certaines des surprises les plus ébouriffantes que Gareth Edwards et ILM ont mitonnées ici, on peut désormais imaginer que pour faire découvrir l’univers de STAR WARS à une personne qui ne le connaîtrait pas encore, le visionnage des épisodes I, II et III sera en option, mais que celui de ROGUE ONE s’imposera juste avant celui de la trilogie-culte. C’est dire à quel point Gareth Edwards a mené à bien sa mission quasi-impossible.

(ROGUE ONE : A STAR WARS STORY) USA 2016. Réal : Gareth Edwards. Scén : Chris Weitz, Tony Gilroy. Histoire originale : John Knoll. Prod : Kathleen Kennedy, Allison Shearmur Prod exécutifs : John Knoll, Jason D. McGatlin et Simon Emanuel. Mus : Michael Giacchino. Décors : Doug Chiang & Neil Lamont. Superviseur des VFX : John Knoll, Mohen Leo. Effets visuels : ILM Londres. Distribution : Disney. Durée : 2h10 minutes. Avec : Felicity Jones, Diego Luna, Alan Tudyk, Donnie Yen, Ben Mendelsohn, Mads Mikkelsen, Forrest Whitaker. Sortie France : 14 Décembre 2016.

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