KONG : SKULL ISLAND : Entretien avec Alex Garcia, producteur exécutif – 2ème partie
Article Cinéma du Dimanche 23 Avril 2017

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

En tant que producteur exécutif, quels ont été les principaux problèmes que vous avez eus à résoudre pendant la préproduction, le tournage et la postproduction de KONG : SKULL ISLAND ?

Pendant la préproduction de ce film, notre rôle avec ma collègue Mary Parent à consisté à nous assurer que nous allons réunir tous les éléments nécessaires pour matérialiser le projet tel qu’il nous avait séduit, et de le rendre aussi sensationnel que nous l’espérions lors de sa présentation au public, dans les salles. Nous ressentions bien sûr une certaine pression sur nos épaules, tout comme pendant la préparation de GODZILLA, parce qu’en présentant une nouvelle adaptation des aventures de King Kong, nous allions mettre en scène une icône du cinéma que des millions de gens adorent. Il fallait être respectueux de ce que le personnage symbolise, ne pas altérer son aspect classique et renouer avec ses origines, tout en arrivant à raconter une nouvelle histoire dans laquelle Kong joue un rôle très important. À aucun moment nous n’avons eu envie de faire un « reboot » du personnage, ni de le réinventer. Il est resté le roi d’une île sauvage et mystérieuse, adulé par les indigènes et craint par les autres créatures fantastiques de son royaume. Notre objectif a été d’imaginer une autre histoire autour de la découverte de Skull Island, et de vous présenter aussi une autre approche de la faune locale…Pendant la production, l’aspect le plus difficile de notre travail est venu de notre décision de rassembler un large casting d’acteurs formidables et donc très demandés, puisqu’aux côtés de Brie Larson et Tom Hiddelston, il y a notamment Samuel L. Jackson, John Goodman, John C. Reilly et Shea Whigham. Cela nous a obligé à jongler avec leurs emplois du temps et leurs disponibilités, tout en mettant au point un tournage qui allait se dérouler sur trois continents ! Nous avons établi une méthodologie de planning pour bloquer des dates avec tout le monde, puis nous avons cherché plusieurs solutions techniques pour donner aux spectateurs l’impression que nos héros passent simplement d’un endroit à l’autre de l’île, alors qu’en réalité, nous passons d’une scène filmée au Vietnam, à des séquences tournées en Australie ou à Hawaï ! Mais tout a été habilement mélangé et modifié grâce à l’intervention des équipes des effets visuels d’ILM, et vous aurez l’impression que ces paysages auront été filmés en continuité dans les mêmes lieux…Concernant la postproduction de projets comme GODZILLA et KONG : SKULL ISLAND, les difficultés commencent au moment captivant où vous voyez enfin le monstre réalisé et animé en 3D qui prend vie pour la première fois et qui apporte son énergie et sa présence à tous les plans en prises de vues réelles qui ont été préparés en fonction de lui auparavant, et qui sont restés « vides » pendant des mois avant cela. C’est le moment critique où l’on doit s’assurer que le personnage va bien « jouer » , et va être en mesure de captiver le public. Si c’est le cas et que les spectateurs sont en empathie avec lui, cela devient un atout capital dans la réussite du film.

Sachant que les prochains pas de Legendary dans cette saga de films de monstres géants que vous avez appelée « MonsterVerse » allaient être GODZILLA KING OF MONSTERS en 2019 puis KING KONG VERSUS GODZILLA en 2020, vous avez été contraints d’agrandir considérablement King Kong par rapport à ses précédentes apparitions. Justifiez-vous cela par des raisons scientifiques dans KONG : SKULL ISLAND de la même manière que vous l’aviez fait dans GODZILLA ?

Il y aura des explications. Nous avons eu envie de rendre Kong plus grand dès le début, afin de lui donner une stature nettement plus impressionnante, et de tenir compte qu’il allait avoir en face de lui des soldats et des engins de guerre bien plus dangereux et puissants que les simples fusils et grenades anesthésiantes des explorateurs des précédentes versions. C’était aussi une manière de lui donner l’aspect d’un véritable dieu qui veille sur Skull Island. Nous avions aussi en tête la future confrontation entre Kong et Godzilla, et d’ailleurs, le fait que l’action de KONG : SKULL ISLAND se déroule dans les années 70 tandis que celle de KING KONG VS GODZILLA aura lieu dans le présent de 2020 laissera encore du temps à Kong pour grandir ! (rires)

Pouvez-vous parler des autres liens que vous avez établis entre le monde de Kong situé dans les années 70 et celui de Godzilla, qui évolue de nos jours ? L’un de ces liens est l’organisation scientifique secrète Monarch, qui étudie ces monstres…

Il y a quelques liens secondaires, mais Monarch est vraiment le fil rouge principal entre ces deux films et tout cet univers à venir. Il était très important à nos yeux que l’on puisse apprécier KONG : SKULL ISLAND comme un film qui se suffit à lui-même, et comme une grande aventure qui nous permet de présenter à nouveau ce personnage au public, dans un autre contexte. Monarch est très impliquée dans l’organisation de la mission qui se rend sur Skull Island et il y a quelques références communes avec GODZILLA à propos des essais nucléaires réalisés dans le Pacifique pendant les années 50 et de leurs conséquences, mais en dehors de cela ce film est vraiment focalisé sur l’histoire de King Kong.

Avez-vous l’intention de développer un KONG 2, comme le GODZILLA 2 qui sortira en 2019 ?

Pas pour le moment. Nous espérons que Kong marchera bien et nous verrons cela après…

Le traitement plus léger de KONG : SKULL ISLAND signifie-t-il que GODZILLA 2 et KING KONG VS GODZILLA seront abordés de la même manière, avec plus de moments d’humour et beaucoup plus de scènes d’action avec les monstres ?

Nous voulons effectivement que ces films soient des divertissements amusants, avec beaucoup de péripéties, et beaucoup de scènes d’action avec les monstres. C’est incontournable quand on annonce au public que l’on va lui présenter une bataille entre King Kong et Godzilla ! Nous avons aussi échafaudé des plans sensationnels pour GODZILLA 2 et pour la suite des événements de cette saga. L’humour viendra des personnages, mais le traitement visuel de ces films sera toujours ancré dans un certain réalisme. Autrement dit l’action ne sera jamais traitée au second degré.

En tant que fan des films de Kaijus, j’espére que le MonsterVerse que Legendary Pictures met en place remportera un grand succès. Avez-vous déjà envisagé le futur à plus long terme et discuté avec Toho de la possibilité de consacrer des films à d’autres Kaijus iconiques comme Rodan ou Mothra ?

(rires) Je ne peux pas vous répondre directement sur ce point, mais je crois que vous serez très satisfait de la manière dont nous avons prévu de traiter les prochains épisodes de cette saga ! Nous avons d’excellents rapports de collaboration avec la Toho et nous nous parlons très souvent.

Avez vous déjà choisi l’ennemi principal de Godzilla pour Godzilla 2 ? Que pouvez-vous nous révéler à ce sujet ?

Je pense que les fans seront très heureux de l’apprendre quand le moment sera venu de l’annoncer! (rires) Mais ce que je peux vous révéler dès aujourd’hui, c’est qu’il n’y aura pas seulement un, mais deux Kaijus face à Godzilla ! (note de la rédaction : la réponse figure dans la séquence post-générique de fin de KONG : SKULL ISLAND, et il s’agit de King Ghidorah, le dragon tricéphale, et de Mothra !)

La Toho semble vous laisser une assez grande liberté dans la manière d’adapter à votre guise le design de ses créatures, comme on a déjà pu le voir dans Godzilla…

Nous négocions cela au cas par cas avec la Toho, avec tout le respect que l’on doit à ces personnages, qui sont aussi importants pour nos partenaires que pour les fans du monde entier. La Toho est impliquée dans toutes les étapes de la production de nos films et dans le développement initial des monstres qui y apparaissent. Quand nous présentons au public actuel de telles créatures dans de nouvelles aventures, nous souhaitons préserver l’essence de ces personnages, et ce qui les a rendu uniques et si populaires depuis leurs origines.

Nous avons gardé un souvenir très fort des prévisualisations de séquences de GODZILLA que vous nous aviez montrées lors de notre visite du tournage. Avez-vous eu recours également à des prévisualisations très poussées des principales scènes d’action de KONG : SKULL ISLAND ?

Oui. Les prévisualisations sont des outils extrêmement importants, et même quasi indispensables quand on tourne un film destiné à devenir l’un des blockbusters principaux de l’été. Ils nous servent à planifier tout ce dont nous allons avoir besoin pour préparer et tourner les prises de vues réelles, et établir comment les effets visuels seront ajoutés ultérieurement.

La suite de ce Kolossal dossier sur KONG : SKULL ISLAND paraîtra bientôt sur ESI ! Bookmark and Share


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