LES DERNIERS JEDI : Entretien exclusif avec Kelly Marie Tran (Rose Tico)
Article Cinéma du Vendredi 05 Janvier 2018

Vous êtes-vous demandé à quel point les consignes de secret étaient contraignantes pour les acteurs qui jouent dans un film de Star Wars ? Eh bien la très sympathique Kelly Marie Tran, révélation des DERNIERS JEDI, a tout raconté à ESI. Et cela dépasse certainement ce que vous imaginiez !

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Arriver dans l’univers de STAR WARS a du être une aventure assez incroyable à vivre, pour une actrice encore peu connue comme vous, et ce dès l’étape du casting…

Oh oui ! Le motif du casting était d’ailleurs sensé rester top secret, mais quand j’ai reçu le premier émail pour ce rendez-vous, la description du film était « projet encore non intitulé de Rian Johnson ». Je me suis bien entendu précipitée sur Google pour voir sur quoi Rian travaillait, et j’ai vu qu’il s’agissait du nouveau STAR WARS ! Donc en arrivant au casting, je savais déjà de quoi il s’agissait. Et là, absolument toutes les informations que l’on nous a données étaient délibérément fausses : les noms des personnages, les situations et les dialogues. Les scènes que l’on nous à données à jouer avaient été préparées uniquement pour cette occasion. Le processus des auditions s’est étendu sur cinq mois, et je n’arrive toujours pas à croire que j’ai été choisie et que j’ai tourné dans ce film ! (rires)

Pouvez-vous nous parler de votre personnage ?

Volontiers. Rose Tico s’est engagée dans les forces de la résistance, tout comme sa sœur Paige, qui est incarnée par Veronica Ngo. Rose est l’une des femmes qui travaillent dans les équipes des services de maintenance de la flotte rebelle. Alors que les pilotes sont considérés comme des héros et bénéficient d’une certaine notoriété, Rose fait partie du petit personnel qui reste toujours dans l’ombre, même si son rôle est vital assurer le bon fonctionnement des appareils. Son job n’est pas très « glamour », et pour l’exercer, elle porte des tenues militaires larges, vert kaki, et des grosses chaussures. Rose est issue d’un milieu populaire, et c’est par la force des choses qu’elle se retrouve entraînée dans les péripéties de cette aventure, et qu’elle passe une bonne partie du film avec Finn. Une dynamique intéressante se développe alors entre ces deux personnages.

Diriez-vous que Rose est proche de « Rosie la riveteuse », ce personnage emblématique de la seconde guerre mondiale, qui représentait toutes les femmes américaines qui travaillaient dans les usines d’armement, de fabrication d’avions ou de destroyers ?

C’est très amusant, parce que beaucoup de gens établissent comme vous ce parallèle entre Rose et Rosie en raison de la similitude des deux prénons… Vous savez, Rosie la Riveteuse est une telle icône de l’histoire américaine que je n’oserais pas établir cette comparaison. Mais disons que Rose est une femme énergique et volontaire, qui met littéralement « les mains dans le cambouis » et qui excelle dans son domaine de compétence.

Quel a été pour vous l’aspect le plus compliqué de ce projet ?

Garder secret le fait que j’avais été engagée pour jouer dans le nouvel épisode de STAR WARS. Cela a été très difficile, tout comme le fait de devoir faire attention au moindre mot que je vous dis aujourd’hui, afin de ne pas révéler par mégarde des secrets de l’histoire ! Quand vous vous retrouvez dans cette situation, et liée par de nombreuses clauses de confidentialité, vous devez rester en permanence sur vos gardes et prendre toutes les précautions afin que vos activités restent secrètes pendant 2 ans. Vous n’avez pas envie de mettre votre job en péril en faisant une gaffe stupide. Et vous souhaitez aussi contribuer au fait que le public puisse apprécier pleinement le film une fois qu’il est fini, en découvrant seulement à ce moment-là les surprises que l’on a préparées pour l’étonner et le divertir. Le plus dur pour moi a été de mentir à toute ma famille et à mes amis afin de leur cacher cela. Quand on m’a appris que j’avais obtenu le rôle de Rose dans STAR WARS EPISODE VIII, on m’a dit « Il va falloir que vous quittiez la Californie pour venir vous installer à Londres pendant toute la durée de la préparation et du tournage du film, mais vous ne pourrez révéler à personne la véritable raison de votre déménagement. Avez-vous un petit ami en ce moment ? » J’ai répondu que non. « Bon, ça vaut mieux, parce vous n’auriez pas eu le droit de lui dire quoi que ce soit non plus ! » (rires) J’avais presque l’impression que je venais d’être engagé par la CIA pour participer à une mission des services secrets ! Je me suis conformé à tout ce que l’on m’a demandé de faire, et j’ai raconté à ma famille que j’allais m’installer au Canada pour jouer dans un film à petit budget. Pour rendre cela crédible, après mon départ j’ai envoyé à ma famille des photos de Toronto que j’avais trouvées sur Google. Et je les commentais en disant à mes proches « C’est là que je vis ! » (rires) C’était incroyablement bizarre de devoir faire tout cela…

Et au bout de ce parcours, comment vos proches ont-ils réagi quand vous avez enfin pu leur révéler la vérité ?

Ils étaient ravis, mais aussi un peu en état de choc, parce qu’ils étaient totalement persuadés que je m’étais installée au Canada ! Ils ont eu besoin d’un peu de temps pour réajuster les choses dans leurs têtes, et pour se faire à l’idée que j’avais joué dans un STAR WARS. Et là, ils ont été heureux et très émus aussi.

La diversité des origines ethniques est mise en avant dans les nouveaux films de la saga STAR WARS. Que pensez-vous de cela ?

Les épisodes de STAR WARS occupent une place très particulière dans le coeur du public. Bien souvent dans les autres films, si un acteur appartient à une minorité ethnique, cela devient un sujet en soi, un élément important de l’histoire. Ce n’est pas du tout le cas dans STAR WARS, et c’est une bonne chose à mon avis. Je crois qu’il est particulièrement positif de voir des gens de toutes les origines et de tous les coins de l’espace se battre ensemble pour s’en sortir. Le contexte et les enjeux de la saga permettent d’élever tout le monde au-dessus d’une simple couleur de peau ou d’une apparence physique. Il ne reste plus que des humains – et des aliens - qui luttent pour défendre ce qui est juste. C’est un message important et très positif que STAR WARS exprime particulièrement bien.

Vous êtes la première actrice d’origine asiatique qui joue l’un des rôles principaux d’un épisode de STAR WARS. Que ressentez-vous à ce sujet ?

Je trouve que c’est sensationnel. Cela me touche aussi beaucoup parce que je sais ce que c’est que de grandir aux Etats-Unis en ne voyant jamais personne qui me ressemble dans les films. Je sais donc que c’est important et que cela fait peser une certaine poids sur mes épaules. J’éprouve donc à la fois le sentiment d’avoir gagné le « Ticket en or » et d’avoir été invitée par Willy Wonka dans sa chocolaterie magique, et j’ai aussi bien conscience que je représente beaucoup de gens en jouant dans ce film, des dizaines de millions de spectateurs qui ont grandi en suivant la saga vont venir voir.



Pourriez-vous nous parler un peu de votre trajectoire d’actrice, de ce que vous avez fait avant d’être engagée pour jouer Rose ?

J’ai fait du stand up et des petites apparitions dans beaucoup de sitcoms à la télévision. J’avais envie de jouer dans des films, mais il est très difficile d’entrer dans le milieu du cinéma, surtout quand on vient d’une famille qui n’en fait pas du tout partie. Mes parents sont des immigrants qui ont fui le Vietnam pendant la guerre pour venir s’installer aux Etats-Unis. Ils n’avaient aucun lien avec le monde du spectacle. Mais cela ne m’a pas empêchée d’avoir envie de jouer la comédie, de chanter et d’interpréter des sketches depuis ma plus tendre enfance ! Ensuite, j’ai dû me débrouiller par mes propres moyens pour avancer dans ma carrière, et j’en suis toujours là aujourd’hui alors que je me trouve devant vous ! (rires)

Est-ce que STAR WARS a occupé une place importante dans votre enfance ?

Ce qui est amusant, c’est que j’ai vu pour la première fois le STAR WARS original de 1977 quand j’étais à l’école, pendant un cours d’histoire ! Je n’ai pas besoin de vous dire que ce professeur se donnait du mal pour trouver des moyens intéressants de nous apprendre l’histoire de la culture populaire dans ce pays ! (rires) Mais je dois vous avouer qu’à cet âge-là, je n’ai pas vraiment prêté une grande attention au film. Je l’ai vu et puis je l’ai un peu oublié. Ensuite, je suis passée complètement à côté du phénomène STAR WARS. Bien sûr, quand on m’a attribué ce rôle, j’ai voulu tout connaître de cet univers. J’ai regardé tous les épisodes dans l’ordre, puis je me suis rendue à la convention STAR WARS CELEBRATION qui s’est tenue à Londres l’année dernière, en profitant du fait que personne ne savait encore qui j’étais. J’ai tout visité tranquillement, et j’ai discuté avec des gens très sympathiques qui étaient là. Cela m’a permis de réaliser combien ils étaient attachés à STAR WARS, et pour quelles raisons. Ils m’ont expliqué pourquoi le film de 1977 avait été une telle révolution, et l’impact extraordinaire qu’il avait eu sur le cinéma en général. Ces fans m’ont appris que des dizaines d’autres films n’auraient jamais existé si STAR WARS n’avait pas connu un tel succès. J’ai été touchée par le respect qu’ils éprouvent pour cette création unique, et cela m’a donné encore plus envie que mon interprétation de Rose corresponde à leurs attentes.

Aurez-vous la FORCE d’attendre la parution de la seconde partie de cet entretien sur ESI ? Mais bien sûr, chers Padawans ! Bookmark and Share


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