ALITA : BATTLE ANGEL - Entretien avec Christoph Waltz (Le Docteur Ido) – 2ème partie
Article Cinéma du Mercredi 20 Fevrier 2019

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Avez-vous suggéré des idées à propos de votre personnage afin de l’ancrer encore plus dans la réalité ?

Eh bien je me suggère d’abord des idées à moi-même avant de jouer une scène, et ensuite, je laisse le réalisateur me dire s’il pense qu’il peut utiliser ce que je viens de faire ou pas.

Avez-vous eu l’opportunité de retravailler certaines de vos répliques avec la scénariste Laeta Kalogridis et avec Robert Rodriguez pendant le tournage ?

Non. Pourquoi aurais-je voulu faire cela ? Ils ont écrit ces dialogues pour de bonnes raisons, pendant qu’ils travaillaient sur le script. Je n’approuve pas l’attitude des acteurs qui arrivent sur un plateau et qui déclarent « Oh, je préférerais dire cela d’une autre manière. » Peut-être cet acteur a-t-il sincèrement envie de modifier le texte, mais ce n’est pas pour cela qu’il a été engagé. Son job consiste à dire ses répliques telles qu’elles ont été écrites.

C’est un point de vue que beaucoup d’acteurs ne partagent pas avec vous…

Je le sais ! Parfois, les scripts sont écrits d’une manière très délicate et très précise dont on ne perçoit pas forcément toute la subtilité quand on les observe simplement en surface, scène par scène. Mais cependant, les engrenages complexes et fragiles de l’histoire fonctionnent bien en dessous, afin de faire vivre non pas un seul personnage, mais tout un ensemble de protagonistes qui interagissent les uns avec les autres. Dès lors, quand un acteur arrive sur le plateau , je considère qu’il n’a pas à dire « Cette réplique ne me convient pas », tout simplement parce qu’elle fait partie des éléments qui vont constituer le personnage et ses rapports avec les autres. Il ne faut pas agir de manière cavalière et chambouler l’organisation du scénario en ayant ce genre de comportement.

Quels ont été les aspects les plus surprenants de ce tournage pour vous ? Et les plus gratifiants ?

Les aspects les plus étonnants concernaient les procédures technologiques, et tout ce que les équipes des effets visuels étaient déjà capables de nous montrer pendant le tournage des prises de vues réelles. Pour moi, c’était de la magie pure ! Je pourrais dire que j’ai encore un esprit qui fonctionne de manière « analogique » et non pas digitale. J’ai toujours un peu de mal à suivre ce que l’on est désormais capable de faire en utilisant les nombreuses formes de techniques numériques. Je dois dire que j’ai été sidéré par les prévisualisations des trucages à venir que nous pouvions voir directement après une scène, sur les moniteurs du plateau. Et cela fonctionnait même aussi en temps réel, pendant les prises de vues ! Le monde du décor sur le plateau et le monde des éléments et des personnages virtuels pouvaient être mêlés instantanément, et à chaque fois, j’en avais le souffle coupé. Et j’ennuyais une fois de plus les équipes techniques en leur posant des questions sur les différents processus qu’elles utilisaient ! Concernant la seconde partie de votre question, l’aspect le plus gratifiant de cette expérience a été de me rendre compte que j’arrivais toujours à faire aujourd’hui ce que je faisais il y a dix ou vingt ans, et que je compte bien faire encore pendant les vingt prochaines années : jouer mon rôle, quelles que soient les techniques ou les méthodes de tournage employées ! (rires)

Quelles sont les facettes du personnage d’Ido que vous avez eu le plus de plaisir à jouer ?

Je n’aime pas jouer des personnages qui ressemblent à ceux que j’ai déjà incarnés auparavant, pas pour des raisons philosophiques très élaborées, mais simplement parce que si j’ai déjà fait quelque chose de similaire, je n’ai pas besoin de repasser par là. A moins que je ne me sois fourvoyé à un tel point la première fois que j’éprouve le besoin « d’effacer » cette terrible prestation en en présentant une nouvelle ! (rires) Ido est encore plus proche d’une figure de mentor que de père et c’est vraiment cet aspect du personnage que j’ai trouvé le plus intéressant.

Robert Rodriguez et James Cameron vous ont-ils donné certaines indications qui ont eu une grande influence sur votre manière de jouer Ido ?

Je l’espère, car ce sont toujours les indications de direction d’acteurs des réalisateurs qui ont le plus d’importance à mes yeux pendant un tournage. Je dois dire que je ne me souviens plus de leurs conseils précis, car cela remonte à presque deux ans maintenant : nous avions commencé à filmer ALITA en octobre 2016.

Avez-vous basé aussi en partie votre personnage sur des mentors que vous avez eu dans votre vie ?

Non. J’ai basé mon personnage sur ce que j’ai appris de lui en lisant le script et le manga original. Le scénario est directement inspiré du roman graphique. Je ne fonctionne pas comme un imitateur des choses de la vraie vie, car je suis un acteur qui a besoin de se reposer sur ce que d’autres gens ont écrit pour faire son travail.

D’une manière générale, vous intéressez-vous à la véritable robotique, et aux expériences réelles qui sont menées pour réaliser ce que l’on appelle des humains « augmentés » grâce à des prothèses ou à d’autres types de technologies cybernétiques ?

Jusqu’à un certain point, oui. Cela m’effraie. Et je ne plaisante pas en vous disant cela. Ce qui me fait réellement très peur, ce sont les avancées technologiques rapides que l’on réalise simplement parce que l’on est désormais capable de les mener à bien, et non pas parce que l’on en a réellement besoin. Ou que l’on a une vision claire de la manière dont elles pourraient améliorer nos vies et celles de beaucoup de gens dans le monde. Donc si l’on considère que cette crainte est une forme d’intérêt, je peux répondre oui à votre question !

Vous êtes-vous engagé par contrat à jouer Ido dans des suites d’ ALITA ?

Non. Je ne crois pas qu’il y ait déjà des plans concrets pour prolonger ce film sous la forme d’une saga, et je pense que c’est ainsi que les choses doivent être abordées : vous créez un film à la fois, et si en faire une suite a du sens, il serait idiot de ne pas y participer. A l’inverse, une suite qui n’aurait que des motivations commerciales ne serait pas intéressante. Pour l’instant, les créateurs d’ALITA n’ont pas pris de décision. Ce n’est pas une conspiration industrielle, vous savez, mais simplement un film !

Pour conclure, j’aimerais vous demander si vous pourriez envisager d’incarner à nouveau Ernst Stavro Blofeld dans un futur James Bond ? J’avais beaucoup aimé votre manière de l’interpréter dans SPECTRE…

Dans une histoire différente, oui. Mais je peux d’ors et déjà vous affirmer que cela ne se produira jamais. Si le véritable sens de votre question était « Allez-vous apparaître dans le prochain James Bond ? », alors je peux vous révéler que ce ne sera pas le cas ! (rires) Bookmark and Share


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