En attendant TERMINATOR : DARK FATE - Pourquoi les robots de cinéma se révoltent-ils ?
Article Cinéma du Jeudi 16 Mai 2019

Dans la saga TERMINATOR, dont le prochain volet TERMINATOR : DARK FATE sortira en salles le 23 Octobre prochain, c’est parce que les machines considèrent les humains comme des parasites inefficaces et dangereux qu’il faut éliminer.

Par Pascal Pinteau

Depuis longtemps, les hommes craignent que les ordinateurs dotés d’une intelligence artificielle accèdent un jour à la conscience, refusent de tenir le rôle d’esclaves automatiques et tentent de devenir les maîtres. La plus fameuse de toutes les sagas de guerre totale entre les machines et les humains, c’est bien sûr l’univers de TERMINATOR, créé par James Cameron. S’il a écrit et réalisé les deux premiers volets, TERMINATOR (1984) et TERMINATOR 2 – LE JUGEMENT DERNIER (1991), il n’est pas intervenu dans TERMINATOR 3 – LE SOULEVEMENT DES MACHINES (2003), ni dans TERMINATOR RENAISSANCE (2009), mais s’est bizarrement hasardé à dire des choses positives sur le travail accompli par certains de ses collaborateurs sur le script du très décevant TERMINATOR GENISYS (2015). Après un début prometteur (le combat entre le jeune et le vieux Arnold) cet épisode sombre dans un grand n’importe quoi et des redites de scènes vues en bien mieux avant. Si l’on ajoute qu’Emilia Clarke, parfaite en Daenerys de GAME OF THRONES, n’arrive pas à convaincre en Sarah Connor ni à faire oublier Linda Hamilton, et que le pesant Jason Clarke n’était décidément pas un bon choix pour incarner John Connor, on ne s’étonnera pas que ces multiples défauts aient entraîné une panne catastrophique du film et sa perte au boxoffice…Paradoxalement, de tous les épisodes « non-Cameroniens » sortis depuis TERMINATOR 2, le recul pris avec une décennie permet de réévaluer nettement à la hausse TERMINATOR RENAISSANCE, réalisé par McG, qui a eu le grand mérite de s’éloigner radicalement des histoires écrites par Cameron pour suivre la vie d’un John Connor adulte, après l’apocalypse provoquée par le réseau d’intelligence artificielle Skynet, auquel l’armée américaine avait confié la gestion de sa défense nucléaire. Considérant les hommes comme des êtres nuisibles, Skynet a déclenché une pluie de missiles atomiques anéantissant les trois quarts de l’humanité…18 ans plus tard, John Connor (incarné par le charismatique Christian Bale dans cet épisode) est devenu le chef de la résistance humaine et mène la lutte contre les premiers robots tueurs fabriqués par Skynet. Le plus insidieux est le T-600, colosse de trois mètres, camouflé sous un masque de caoutchouc et des vêtements pour approcher les humains et les cribler de balles. Les autres machines de ce monde de cauchemar sont les hydrobots au corps de serpent, capables de nager dans l’eau, les « Récolteurs » de 12 mètres qui happent les humains avec leurs pinces et les déposent dans des vaisseaux de transport, en direction du centre de détention de Skynet, les « Chasseurs-tueurs » volants, des drones impitoyables, et les mototerminators, qui traquent les hommes en fuite à la manière des chiens de berger rassemblant les troupeaux. Autant de concepts originaux bien exploités dans des scènes d’action très efficaces. Mais la plus grande menace est peut-être Marcus (Sam Worthington, le héros d’AVATAR), ce condamné à mort qui se réveille 18 ans après son exécution, et découvre qu’il est devenu un des premiers cyborgs expérimentaux. Marcus sera-t’il l’allié ou l’ennemi de John Connor ? Si vous n’avez jamais vu TERMINATOR RENAISSANCE, visionnez-le car il le mérite…Cela ne gênera en rien votre découverte de TERMINATOR : DARK FATE, puisque James Cameron - qui a enfin pu récupérer les droits cinématographiques de TERMINATOR – a conçu et produit ce film comme la suite directe de TERMINATOR 2, faisant fi de tous les autres. Grâce à cette excellente décision, Sarah Connor (Linda Hamilton) qui avait été envoyée six pieds sous terre dans TERMINATOR 3 faute d’avoir accepté d’y apparaître, peut faire son grand retour dans TERMINATOR : DARK FATE, bien vivante et armée jusqu’aux dents, 27 ans après le premier opus. Vivement le 23 octobre pour assister à son comeback et découvrir les nouvelles héroïnes à ses côtés : la cyborg Grace (Mackenzie Davis) et la jeune Dani Ramos (Natalia Reyes). L’inoxydable Arnold Schwarzenegger sera bien sûr lui aussi au rendez-vous.

Dans METROPOLIS (1926), c’est parce que le robot est programmé par un savant pour inciter les esclaves humains à la révolution.

Au début des années 20, le grand réalisateur allemand Fritz Lang a un choc en visitant New York : cette ville verticale, au ciel hérissé de gratte ciels gigantesques, aux avenues droites formant des cayons de béton, lui semble sortie d’un livre de Science-Fiction. Il remarque que les habitants les plus fortunés vivent et travaillent au sommet des tours, tandis que le peuple, lui, est cantonné dans des petits immeubles. Il y a donc une « caste » des sommets, et une population modeste qui vit au ras du sol. De retour à Berlin, Lang imagine une fable d’anticipation avec la scénariste Thea Von Harbou : New York devient la fabuleuse cité de Metropolis, dont les maîtres vivent en haut de luxueux gratte-ciels, tandis que tout en bas, dans des boyaux souterrains, les ouvriers exploités actionnent les machines productrices d’énergie. Mais le savant Rotwang se refuse à accepter cela : il fabrique un robot auquel il donne l’apparence d’une jeune fille nommée Maria, et programme le clone robotique pour qu’il incite les travailleurs à se révolter. La version cybernétique de Maria devient la figure emblématique de la révolution et mène les gueux à la victoire et à la liberté ! Si le robot de METROPOLIS vous rappelle un peu le C3PO tout doré de STAR WARS, ce n’est pas un hasard : George Lucas a délibérément copié l’androïde de Fritz Lang pour créer le sien !

- Dans 2001, L’ODYSSEE DE L’ESPACE (1968), l’ordinateur de bord saborde sa mission parce qu’il a deviné qu’elle fait courir un risque terrible à toute l’humanité.

« Je suis désolé, Dave, Je ne peux pas t’obéir ». Quand l’astronaute Dave Bowman entend cette phrase, il n’en croit pas ses oreilles. Parti en direction de Jupiter pour y trouver le point d’origine d’un mystérieux monolithe extraterrestre, récemment apparu sur la lune, il est sorti du vaisseau pour secourir son collègue Frank, dont le câble s’est rompu pendant la réparation d’une antenne. A son retour, H.A.L., l’ordinateur de bord, refuse de lui ouvrir le sas d’accès ! Bowman comprend que H.A.L. a inventé une panne fictive pour se débarrasser de l’équipage humain…Mais il a plus d’un tour dans son « sas » : il active les boulons explosifs de la porte extérieure, et revenu dans le vaisseau, déconnecte un par un les circuits de mémoire de l’ordinateur criminel…Pourquoi H.A.L. a-t’il agi ainsi ? Parce qu’il a deviné qu’à l’issue du voyage, à côté de Jupiter, va avoir lieu un événement qui menace toute l’humanité : la rencontre avec une intelligence extraterrestre dotée de pouvoirs prodigieux, capable de créer de nouvelles formes de vie. Sachant qu’il ne parviendrait pas à convaincre l’équipage de faire demi-tour, H.A.L. a choisi la seule solution logique : l’éliminer ! Si vous n’avez jamais vu ce chef d’œuvre de la Science Fiction, véritable expérience visuelle et narrative, ne vous attendez surtout pas à découvrir un blockbuster au montage en rafale et à l’intrigue tenant sur un confetti. Il s’agit d’un voyage raconté en images qui s’adressent directement à votre imaginaire. Alors installez-vous confortablement, gardez l’esprit et les yeux grands ouverts, et laissez-vous guider dans cette odyssée par l’immense réalisateur Stanley Kubrick.

- Dans SILENT RUNNING (1972) les robots aident un rebelle humain à préserver la dernière forêt terrienne.

C’est pendant les années 70 que les thèmes de la surpopulation et des dégâts de la pollution sont entrés dans la conscience populaire. Témoignage de cette époque, SILENT RUNNING raconte comment le jardinier Freeman Lowell s’occupe de la dernière forêt terrienne, conservée dans une série de dômes, à bord de deux vaisseaux spatiaux qui voyagent côte à côte. Sur notre planète, la pollution est telle que toutes les plantes ont péri depuis belle lurette…Mais l’entretien des vaisseaux est jugé trop coûteux : on ordonne à l’équipage de saborder les dômes et de rentrer au bercail. Anéantir les dernières plantes qui existent ? C’en est trop pour Lowell : il tue ses collègues humains et prend le contrôle de son vaisseau, aidé par trois rebelles de métal : les petits robots qui ne le quittent jamais. Lowell continue à bichonner son paradis végétal jusqu’au jour où un vaisseau de secours vient à sa rencontre…Ce petit bijou signé Douglas Trumbull, créateur des trucages de 2001 L’ODYSSEE DE L’ESPACE et BLADE RUNNER, a été tourné pour un million de dollar, et à l’intérieur d’un porte-avions désaffecté de la marine américaine. Les rôles des robots bipèdes complices de Lowell étaient interprétés par des acteurs nés sans jambes ou amputés, qui portaient leurs « costumes » de robots en marchant sur leurs mains. Et ils ont réussi à rendre mignons tout plein ces petits personnages, véritables co-vedettes du film. Il n’est pas interdit de penser que George Lucas s’en est inspiré en créant R2D2, qui passe lui aussi en mode bipède de temps en temps dans STAR WARS.

- Dans MONDWEST (1973): c’est parce qu’une panne d’ordinateur transforme les androïdes d’un parc d’attraction en tueurs.

Dans le fantastique parc de MONDWEST, les visiteurs fortunés peuvent vivre pendant quelques jours dans des décors qui reconstituent une ville du Far West, un château médiéval, et une villa de l’antiquité romaine. Tous les figurants sont des robots, de parfaits simulacres d’êtres humains, contre lesquels les touristes ont le droit de se battre en duel ou avec lesquels ils peuvent se défouler sexuellement. Naturellement, les robots sont programmés pour perdre ou être dociles…jusqu’au jour où un « bug » paralyse le système de pilotage informatique. Privés de leurs systèmes de sécurité, les androïdes qui jouent les rôles de bandits vont jusqu’au bout de leur programmation et trucident les touristes ! Le plus tenace de ces robots-tueurs est un cow-boy as de la gâchette, qui poursuit inlassablement notre héros de chair et d’os, seul survivant du massacre. Il devra faire preuve de beaucoup d’astuce pour se débarrasser de son adversaire animatronique, qui ne renonce jamais à traquer sa proie ! Pour la petite histoire, l’acteur Yul Brynner parodie dans ce rôle de robot son personnage du western-culte LES 7 MERCENAIRES : il porte exactement la même tenue noire. Un reboot du film original a été produit sous la forme de la passionnante – quoi qu’un peu trop emberlificotée par moments - série télé WESTWORLD, qui explore de multiples manières les thèmes de l’intelligence artificielle, des androïdes conscients et exploités, et de la responsabilité morale de leurs créateurs humains.

- Dans SATURN 3 (1980) : Hector, robot lubrique au cerveau humain, se rebelle pour une belle.

Un couple de savants, le « quinquagénaire » Adam (Kirk Douglas, 64 ans à l’époque) et sa jeune épouse Alex (Farah Fawcett, star de la télé des années 70), vit dans une station spatiale pour y mettre au point de nouveaux aliments destinés à nourrir une terre surpeuplée. Tout se gâte quand un certain Benson débarque dans leur petit nid douillet : le bonhomme est un parfait psychopathe qui se fait passer pour un scientifique venu leur prêter main forte. Une fois installé, Benson construit un robot de trois mètres de haut, HECTOR, qui est doté d’un cerveau humain, et dont l’intelligence est « nourrie » par un transfert de la mémoire de son créateur ! Malheureusement, les tendances criminelles de Benson et sa forte attirance pour la jolie Alex sont elles aussi transférées au robot, qui élimine son concepteur et traque Adam, afin de rester seul avec la jeune femme à bord de la station ! Si le design du robot et les décors sont intéressants, SATURN 3 vous fera hurler…de rire. Tout est kitsch et souvent involontairement drôle dans ce film typique des séries B de Science-Fiction des années 80 qui tentaient de copier les recettes de grands films à succès comme ALIEN ou STAR WARS. A visionner avec des amis autour d’une pizza pour s’amuser…

- Dans BLADE RUNNER (1982), les robots de chair refusent de mourir.

Qu’est-ce qu’un robot ? A l’origine de ce mot, il y a la pièce de théâtre R.U.R. (pour Rossom’s Universal Robots) écrite en 1920 par l’auteur tchèque Karel Kapec, qui a inventé ce terme pour décrire les ouvriers-automates fabriqués en série sur une île pour produire de la main d’œuvre bon marché. Mais les robots prennent conscience de leur supériorité intellectuelle et physique, anéantissent toute la race humaine, et découvrant l’amour, deviennent les Adam et Eve d’un nouveau monde ! L’écrivain américain Phillip K. Dick a repris ce thème dans son roman « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques » : il imagine les « répliquants », robots ultimes formés de chair et d’os, aux capacités intellectuelles, sensorielles et physiques bien supérieures à celles des êtres humains, mais dont la durée de vie a été limitée à…quatre ans ! Adaptée au cinéma par Ridley Scott sous le titre BLADE RUNNER, cette histoire saisissante décrit l’enquête menée par le détective Rick Deckard (Harrison Ford) pour retrouver et détruire les membres d’un groupe de répliquants renégats qui refusent de mourir si vite et attaquent les savants qui les ont créés pour tenter d’obtenir un supplément de vie. Un suspense haletant, doublé d’une magnifique vision du futur… Denis Villeneuve a réalisé une suite aussi brillante qu’émouvante de ce film en 2017 : BLADE RUNNER 2049, dans laquelle Ryan Reynolds joue « K », le héros, tandis que Harrison Ford reprend le rôle de Deckard, devenu un fugitif au destin bouleversant depuis les événements du film original.

- Dans I ROBOT (2004), c’est parce que quelqu’un tente d’asservir les êtres humains en organisant la révolte des robots.

Un robot accusé d’avoir assassiné son créateur ? Quand il arrive sur la scène du crime, l’inspecteur incarné par Will Smith a du mal à le croire. Aucun être de métal ne peut commettre un tel acte, car sa programmation est soumise aux trois lois de la robotique : 1/ Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger. 2/ Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi. 3/ Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la seconde loi. Alors, qui a assassiné le savant et pourquoi ? C’est en tirant les fils de cette énigme que Will Smith démasquera le vrai coupable, qui a décidé d’organiser la rébellion des robots pour prendre le contrôle des humains. Si cette adaptation très libre des romans d’Isaac Asimov – le créateur des 3 lois de la robotique - par le réalisateur Alex Proyas (auteur du film culte DARK CITY) a clairement été taillée sur mesure pour Will Smith, elle n’en reste pas moins un blockbuster très agréable à redécouvrir aujourd’hui et nullement démodé, grâce aux superbes designs des robots et des décors signés Patrick Tatopoulos.

Dans EX-MACHINA (2014), c’est parce qu’une androïde se dit persécutée par son créateur.

Impossible de passer à côté de ce grand film à suspense, parfaitement écrit et réalisé par Alex Garland, pour clore cet article. Mais tout est si réussi qu’en parler davantage reviendrait à vous priver de surprises délectables si vous ne le connaissez pas encore. Alors nous nous contenterons de vous conseiller de voir ce film au plus vite, et de vous assurer que vous n’êtes pas prêts d’oublier Ava, la troublante androïde incarnée par Alicia Vikander (la nouvelle Lara Croft du très sympathique TOMB RAIDER de 2018). Elle est représentée grâce à des effets de maquillage et un costume complétés par de remarquables effets visuels. Bookmark and Share


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