Entretien exclusif avec Charles Dance - GODZILLA 2, ROI DES MONSTRES - 2ème partie
Article Cinéma du Jeudi 04 Juillet 2019

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Votre formation théâtrale vous a-t-elle aidé à jouer dans cet environnement de fonds bleus ? A recourir à votre imagination ?

Non, car il s’agit vraiment d’exercices radicalement différents l’un de l’autre. Au théâtre, même si la scène est presque vide, vous n’avez généralement pas à vous accrocher aux murs pour éviter de vous heurter aux éléments du mobilier, comme dans la scène que nous venons de tourner sur la plateforme hydraulique, dans le décor qui représente la trappe de la soute d’un avion-cargo ! (rires)

Quand vous avez travaillé votre personnage, avez-vous été inspiré par des personnes réelles ? Par de vrais militants, par exemple ?

Non, parce que j’ai pu m’appuyer sur la description de mon personnage dans le scénario. Quand il s’agit d’un homme qui s’occupe de créatures mythologiques, qui semblent sorties de contes de fées, il est difficile de trouver des sources d’inspiration dans la réalité. Il faut juste prétendre que l’on croit à ce qu’il se passe dans l’histoire, et c’est ce en quoi consiste notre métier. Il suffit de jouer.

C’est la première fois que Michael Dougherty dirige une superproduction. Comment votre collaboration se passe-t-elle ?

Très bien. Je trouve que Michael a eu beaucoup de courage en acceptant de mettre en scène un projet aussi complexe et d’une telle ampleur. Avant le début du tournage, il m’a montré les illustrations préparatoires qui représentent les principales séquences du film. Je les ai trouvées époustouflantes. Les artistes qu’il a engagés pour les créer sont géniaux, et leurs peintures seraient dignes de figurer dans une exposition de musée. Les avez-vous vues ?

Oui, dans l’une des salles du département des décors.

Le niveau de qualité de ces œuvres est tout à fait remarquable, n’est-ce pas ? Et cela nous aide beaucoup, nous les acteurs. Quand vous pouvez découvrir la vision du réalisateur représentée par de magnifiques illustrations, une partie de votre travail de préparation au rôle se fait naturellement. Cela vous inspire énormément, bien plus que quand vous devez regarder un ballon rose qui flotte devant un fond bleu ! (rires)

Quels sont les aspects de ce projet que vous trouvez amusants ou plaisants ?

Pour être franc, en ce moment-même, le tournage n’est pas très plaisant, parce qu’il fait sacrément chaud sur le plateau, et que nous sommes tous habillés comme si nous nous trouvions dans l’Antarctique. Et comme une longue séquence du film se passe là-bas, nous n’arrêtons pas de tourner des plans dans lesquels nous nous démenons tout en portant ces vêtements fourrés, et c’est étouffant ! Cela étant dit, c’est quand même une expérience intéressante à vivre. Mais je ne crois pas que l’adjectif « amusant » soit le plus approprié pour la décrire.

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Vera Farmiga et Millie Bobby Brown ?

Elles sont toutes les deux des actrices fantastiques, et extrêmement professionnelles. Ce sont des très très bonnes comédiennes. Je connaissais le travail de Vera depuis quelques années, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à jouer avec elle. Elle est brillante. En ce qui concerne Millie, les mots me manquent. Au moment où nous parlons, elle n’a que 13 ans, et pourtant, quand on discute avec elle, on a l’impression de parler à une jeune fille de 18 ans au moins. Sa compréhension des procédures artistiques et techniques d’un tournage de cinéma, et sa maîtrise du métier d’actrice sont phénoménales. J’ai eu l’occasion de jouer souvent avec des jeunes actrices très talentueuses ces dernières années, notamment avec celles de GAME OF THRONES, qui avaient aussi environ 13 ans quand le tournage de la série a débuté. Elles étaient étonnantes, mais Millie, elle, m’a complètement sidéré. Je l’admire sincèrement. De plus, elle se comporte de manière tout à fait normale, courtoise et agréable dans la vie, alors que certaines jeunes actrices peuvent se laisser griser par cette profession, minauder ou devenir un peu prétentieuses. Ce n’est pas du tout le cas de Millie. Elle garde les pieds sur terre, et sa maturité est étonnante. Heureusement, elle profite aussi des plaisirs et des joies de son âge. Nous avons beaucoup de chance qu’elle fasse partie de notre groupe d’acteurs.

Pensez-vous que son attitude et sa maturité proviennent de sa personnalité, ou du fait qu’elle appartient à une nouvelle génération d’actrices ?

C’est peut-être un peu des deux, car ce que l’on appelait jadis « l’âge de l’innocence » a disparu depuis longtemps. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus au courant des réalités de la vie que nous ne l’étions à mon époque. Internet et les réseaux sociaux ont rendu tous les types d’informations, de contenus et d’images accessibles en quelques instants. Même les pires. Je trouve que c’est bien dommage que nous ayons définitivement perdu ces années de l’enfance qui faisaient partie de « l’âge de l’innocence ». Bookmark and Share


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