TERMINATOR DARK FATE : Entretien exclusif ESI avec Arnold Schwarzenegger – 2ème partie
Article Cinéma du Vendredi 25 Octobre 2019

L’interprète iconique de la saga TERMINATOR nous parle de ce véritable troisième épisode, écrit par James Cameron.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Entretien avec Arnold Schwarzenegger

Comment pourriez-vous expliquer aux visiteurs d’ESI en quoi cette suite va être plus originale et plus surprenante que les précédents TERMINATORS ?

La version courte, c’est qu’elle va être meilleure ! (rires)

Mais encore ?

(rires) Grâce à James Cameron, ils retrouveront le meilleur de l’action, de l’émotion et des effets visuels qui ont rendu TERMINATOR 1 et 2 si mémorables. TERMINATOR DARK FATE est très intense, et à titre personnel, je dois dire que ce film n’essaie pas d’être accessible aux tout jeunes spectateurs. Il assume les passages violents de certaines scènes pour être fidèle à l’ADN de la saga. Je crois que l’une des plus grosses erreurs des suites que Jim n’a pas conçues, et notamment de TERMINATOR GENISYS, c’est que le studio avait voulu diminuer l’intensité de la violence et greffer des moments d’humour un peu forcés. Comment voulez-vous atténuer la violence quand il est question de machines surpuissantes que l’on envoie dans le passé pour éliminer une personne par tous les moyens possibles ? La base même du film, c’est de montrer que ces robots tueurs sont implacables. Et comme vous l’avez vu, il y a une scène de DARK FATE dans laquelle le Rev-9, le nouveau modèle de Terminator tueur que joue Gabriel Luna, s’infiltre dans le centre de détention où les héros se trouvent, et transforme ses bras en épées pour transpercer tous les gardiens qui se précipitent sur lui pour le stopper. Et là, il ne fait pas de quartier, on voit des gerbes de sang, des têtes qui volent et des corps tranchés en deux dont les jambes continuent à faire quelques pas avant de s’effondrer. C’est délirant, sanglant, et traité avec la même intensité et la même folie que les deux premiers films !

Aujourd’hui, il y a une nostalgie de plus en plus marquée pour les personnages de cinéma de divertissement des années 80 et 90. Êtes-vous aussi nostalgique de cette époque ?

Cela peut m’arriver, bien sûr, mais j’aime aussi beaucoup le présent. Dans le même ordre d’idée, j’ai parfois la nostalgie de l’Autriche, mais je suis plus heureux de vivre aux USA. Quand il m’arrive de songer aux années 80 et 90, je me sens honoré et vraiment heureux d’avoir fait partie de cette vague de films qui ont marqué les gens, et comme Stallone, Bruce Willis, Van Damme et Clint Eastwood, d’avoir contribué à définir ce que la recette d’un bon film d’action était supposée être à cette époque. C’est-à-dire une abondance d’action, d’armes énormes, de violence extrême, avec des cadavres à la pelle et avec un acteur principal baraqué. Il fallait avoir des muscles, sinon vous ne pouviez pas être crédible en tant que héros dans ces films-là. Je crois que ces films étaient aussi le reflet des vrais événements de ces deux décennies, et on s’en rend bien compte quand des chaines comme CNN nous rappellent tout ce qui s’est déroulé pendant les années 80 et 90.

Vous avez été opéré du cœur peu de temps avant le tournage de TERMINATOR DARK FATE, mais vous êtes retourné en salle de musculation après cette intervention. Est-ce qu’elle vous a changé ?

Non, cette opération ne change rien pour moi. J’espérais simplement qu’elle n’interférerait pas avec le travail que j’ai à faire et effectivement, ce n’a pas été le cas. Heureusement, ce n’était pas une intervention de grande ampleur, et comme mon travail ne commençait qu’en juillet 2018, cela m’a laissé tout le temps de me remettre sur pieds et de reprendre l’entraînement. C’était juste une de ces circonstances pendant lesquelles vous arrivez pour une petite opération, et puis vous vous réveillez 18 heures plus tard, et vous apprenez qu’on a dû vous ouvrir la poitrine…Cela surprend un peu ! Mais ça arrive et il ne sert à rien de se morfondre à ce sujet. Il faut avancer, passer à autre chose aussi vite que possible, se remettre en forme, et reprendre ses activités, car il n’y a rien de plus amusant et de plus encourageant que d’avoir un but pour dépasser ces ennuis. Mon attitude n’a pas consisté à me dire ‘bon, j’ai un problème au cœur, et il faut que reste en convalescence, quel que soit le temps que cela prendra.’ Dans ce cas, il fallait que je me remette à m’entraîner juste après l’opération, comme si c’était une compétition olympique. Pendant que j’étais hospitalisé, je me suis dit ‘Bon aujourd’hui, il faut que je marche trois fois sur toute la longueur du couloir. Le lendemain, c’était quatre fois, puis cinq six, sept, parce que si vous ne bougez pas, vous courez le danger d’attraper une pneumonie et d’être terrassé par une infection pulmonaire. Je savais qu’il fallait que je sois de plus en plus actif et que je sorte de l’hôpital au plus vite, puis que je recommence à soulever des haltères. Quand j’en suis arrivé là, j’ai établi un programme précis d’entraînement jusqu’au début du tournage du film, car à ce moment-là, il fallait que je sois en mesure de répéter les cascades sans que tout le monde ait à se faire du soucis pour moi. Quand j’ai téléphoné à notre réalisateur Tim Miller, puis à James Cameron, ils m’ont tous les deux demandé ‘Sur une échelle de 1 à 10, comment te sens-tu ?’ J’ai répondu ‘Peut-être 5’, et Cameron m’a dit ‘OK, venant de toi, ça veut dire 8’, parce qu’il me connaît bien. Donc tout le monde était content et rassuré, et quand je suis arrivé, j’ai pu faire tout ce que l’on attendait de moi, et je n’ai eu aucun problème avec cela.

L’action du film se déroule en grande partie à Mexico. Ce film est-il un commentaire politique sur la situation actuelle des États-Unis, et sur les relations avec le Mexique ?

Je ne pense pas qu’il y ait une intention politique dans l’histoire. Je crois que tout le monde a préféré rester en dehors de cela parce qu’il n’est pas souhaitable que ce film devienne un message, de gauche ou de droite, parce que vous souhaitez attirer et divertir l’ensemble des spectateurs, quelles que soient leurs opinions politiques. Tenter de glisser une vision de ce type dans le récit serait une erreur. Mais le film aborde la réalité actuelle, certaines parties de l’histoire se déroulent au Mexique, d’autres aux États-Unis, et ensuite tout se rejoint. On y montre comment on traverse illégalement la frontière, et ce que cela représente dans la réalité, mais sans pour autant que cela devienne une prise de position.

Vous vous êtes rendu souvent en Chine et la société de production Tensan est devenue l’un des principaux investisseurs dans ce projet. Que pensez-vous du rôle qu’a joué la Chine dans ce film ?

Je pense que leur investissement est une bonne chose. Je crois vraiment que plus nous pourrons obtenir des investissements internationaux, mieux ce sera pour l’industrie cinématographique. C’est plus équitable ainsi, car vous ne pouvez pas générer de l’argent à partir des marchés étrangers sans leur laisser la possibilité d’investir et d’en tirer aussi des profits. Vous savez, il y a 20 ans de cela, la stratégie des grands studios américains était ‘développons-nous avec des filiales dans le monde entier, et réalisons autant de profit que possible grâce aux revenus des pays africains et asiatiques’. Et c’est ce qu’ils ont fait, mais sans permettre à ces pays d’entrer dans le système. Mais comme nous utilisons l’économie globale pour générer des profits, il est également souhaitable de l’utiliser pour obtenir des investissements des pays du monde entier. C’est cette nouvelle conception des choses qui permet à cette société chinoise de devenir notre partenaire, et ces studios d’autres pays considèrent que c’est un atout fantastique, parce qu’ils traitent leur marche local avec respect, et parce que comme il y a beaucoup d’argent à se faire, ces investissements pour permettront de récupérer votre argent et de bons profits, surtout si vous agissez sur votre territoire pour organiser une bonne distribution, comme en Chine dans ce cas, car c’est toujours l’une des clés du succès. De cette manière, si vous avez un investisseur chinois, cela signifie que vous vous assurez d’obtenir une bonne distribution. Je suis un partisan enthousiaste de l’économie globale, et de la possibilité pour chacun d’investir dans tous les types d’industries. Je crois que cela nous permet de trouver encore plus d’argent de cette manière et de faire des films de plus grande ampleur.

Quand vous prenez le temps d’une pause et que vous réfléchissez à votre parcours, à vos films et à votre vie, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

J’ai eu beaucoup de chance car j’ai pu mener ma vie en vivant mes rêves, en les faisant aboutir. J’ai toujours eu une vision très claire et très forte de mes objectifs, de la direction dans laquelle je voulais aller. Quand j’avais 15 ans, mon but était de devenir un champion du monde de culturisme, mais pas seulement le champion du monde, mais le plus grand culturiste de tous les temps, et de gagner plus de titres que tous les autres, et de les battre tous. Je voulais devenir Reg Park, qui a été Monsieur Univers trois fois, puis qui a incarné Hercules dans de nombreux péplums et mené une carrière au cinéma. Plus tard, quand j’ai atteint tous mes buts et gagné 13 championnats mondiaux de culturisme, j’ai abandonné la compétition et je me suis focalisé sur mon nouveau but qui était de devenir un acteur de premier rôle au cinéma, et à nouveau, j’ai abordé cette nouvelle carrière en m’y dédiant complètement et en me donnant à fond, et cela a marché. J’ai atteint ce but. Ensuite, mon objectif a changé encore, car quand on cherche un nouveau travail, on a envie de relever de nouveaux défis. J’ai eu envie de m’impliquer dans des tâches utiles pour la communauté, dans les programmes d’enseignement après les horaires d’école, dans les jeux olympiques pour les handicapés, dans la promotion de l’entraînement physique des jeunes et des règles de santé, et cela m’a amené du côté de la politique. A ce moment-là, mon nouvel objectif a été de devenir gouverneur de Californie, et j’ai agi pour que cela devienne une réalité aussi. Chacune de mes précédentes carrières m’a aidé à franchir les prochaines étapes de mon parcours. Aujourd’hui, j’utilise toute l’expérience que j’ai acquise pour que nous nous débarrassions des conditions sociales et environnementales épouvantables dans lesquelles nous vivons, et que nous créions un futur propre, basé sur des énergies vertes. Je voudrais que tous les enfants d’Amérique puissent bénéficier de programmes d’accompagnement scolaire après les cours, notamment quand leurs parents ne sont pas disponibles pour s’occuper d’eux. De cette manière, ils pourront aller dans un endroit où on les aidera à faire leurs devoirs puis à se détendre, plutôt que de traîner dans la rue et de tomber sous l’influence de jeunes délinquants puis des gangs de criminels. Je tente d’utiliser ce que j’ai appris pour me battre pour ces différentes causes, et pour m’impliquer davantage dans les sujets qui concerne les quartiers, les communautés, le pays, tout en continuant à tourner des films et à gérer mes activités commerciales. Je m’occupe directement du festival Honored Classics Sports and Fitness qui se déroule sur 5 continents pour promouvoir le sport, la santé et la forme physique auprès de la jeunesse. De nombreux sports sont représentés, et cela inclut aussi l’haltérophilie, les tournois de bras de fer, de force physique, de course, d’athlétisme, etc. Il y a aussi l’institut Schwarzenegger à l’université de Californie du Sud, où l’on recherche des solutions aux problèmes actuels qui frappent la population, en dépassant les dogmes des partis politiques. Et il y a de nombreux défis à relever en trouvant des idées innovantes.

En vous voyant avec cette barbe poivre et sel, assis devant nous, on ne pas s’empêcher de songer au dernier plan de CONAN LE BARBARE, qui montrait le personnage à l’âge mûr, devenu roi. Allez-vous reprendre ce rôle et jouer bientôt dans le projet KING CONAN, que vous développez depuis plusieurs années ?

Je l’espère. Si tout se passe bien, KING CONAN et la suite de JUMEAUX seront mes prochains films. Bookmark and Share


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