Jouets cultes : The Lone Ranger, le justicier de l’Ouest sauvage, 2ème partie
Article Produits Dérivés du Lundi 20 Avril 2020

Texte et photos : Pascal Pinteau

Les accessoires de l’Ouest

En plus de cette impressionnante série de panoplies, Gabriel a également prévu plusieurs coffrets complémentaires tout aussi bien conçus. Dans MYSTERIOUS PROSPECTOR, on trouve le fameux déguisement de prospecteur - chapeau, barbe postiche, pantalon et chemise de jean - dont le Lone Ranger aime se servir pour mener ses enquêtes incognito. Une petite mule et son harnachement, et toute une série d’accessoires (lit de camp, outils, lampe, etc.) complètent les équipements du coffret. La boîte TRIBAL WIGWAM contient un tepee en toile plastifiée imitant le cuir, des tiges de bois et un support de plastique. Le plus bel accessoire de la gamme est le coffret PRAIRIE WAGON. Le chariot modulable qui se trouve à l’intérieur peut servir à assembler trois véhicules différents : un chariot de ranch aux bordures basses, un chariot de transport de minerai d’or aux bordures hautes, également appelé « Chuck Wagon », et un chariot couvert d’une bâche de tissu, semblable à ceux qu’utilisaient les pionniers de l’Ouest ou les cowboys pendant l’accompagnement des troupeaux. Le coffret contient aussi le harnachement qui permet d’atteler un cheval, plusieurs caisses et tonneaux, ainsi que les indispensables pelles, pioches, lampes, et autres accessoires de cuisine. Deux autres coffrets sont destinés à Tonto : la figurine de Taka, son aigle dressé, et son canoë indien muni d’un compartiment secret et de plusieurs outils. Gabriel Toys se surpasse en créant un formidable décor en carton plié : celui de la ville de CARSON CITY. Replié et fermé à l’aide de quatre boutons-pression, le décor a l’aspect d’une simple boîte rectangulaire. En l’ouvrant, on obtient deux parties séparées, qui forment chacune un côté de rue. On peut aussi les aligner pour composer un seul décor de plus d’un mètre cinquante de long. Les différentes maisons représentées sont l’échoppe du forgeron, le saloon-casino « Old Nugget », la banque de Carson City (dévalisée par Butch Cavendish dans la panoplie CARSON CITY BANK ROBBERY), le magasin de fournitures et d’alimentation, l’hôtel Arbuckle et la prison. Des auvents, des enseignes et différents éléments viennent s’ajouter aux façades pour leur donner plus de relief. Chaque décor est illustré recto-verso par de beaux dessins en trompe-l’œil, et l’envers des façades est conçu pour que l’on puisse poser des figurines sur le premier étage des bâtiments, derrière des fenêtres, pour simuler une fusillade. Les portes à battant du saloon s’ouvrent, tout comme celles de la banque et de la cellule de prison.

A la conquête de l’Europe

La qualité des jouets produits par Gabriel Toys impressionne la société Marx. Elle passe des accords avec Gabriel pour distribuer la gamme Lone Ranger dans toute l’Europe. La clientèle du vieux continent réagit si bien que Marx décide de développer de nouveaux produits, exclusivement destinés au marché européen. Deux nouveaux personnages sont créés : le sheriff Tex Dawson rejoint le camp des bons, tandis que le bandit mexicain El Lobo vient grossir les rangs des méchants. Douze panoplies inédites sont présentées sur des blisters, et accompagnées d’une petite bande dessinée imprimée sur un ruban de papier imprimé recto-verso et replié en accordéon. Là encore, chaque costume est présenté dans le cadre d’une histoire scénarisée. Les différentes tenues sont THE ADVENTURE OF THE INDIAN WAR?, THE ADVENTURE OF THE STOLEN RIFLES?, THE ADVENTURE OF THE CROOKED GAMBLER?, THE ADVENTURE OF THE BOOTLEGGERS?, THE ADVENTURE OF THE GUN RUNNERS?, THE ADVENTURE OF THE SECRET CORRAL?, THE ADVENTURE OF THE LAZY TRAPPER?, THE ADVENTURE OF THE BROKEN HORSESHOE?, THE ADVENTURE OF THE KIDNAPPERS?, THE ADVENTURE OF THE LAST CHANCE SALOON, ?THE ADVENTURE OF THE STAGE ROBBERY et THE ADVENTURES OF THE REBEL RIDERS. Marx fabrique aussi une autre version du décor de ville, moins détaillée, peu colorée, mais réalisée en panneaux d’aggloméré. Si ces décors à assembler ont l’avantage d’être bien plus solides que celui de Carson City une fois montés, ils sont également beaucoup plus lourds et plus encombrants, puisqu’on ne peut pas les replier. Marx produira aussi une étable en bois et aggloméré destinée aux montures des héros, vendue en exclusivité par les magasins Sears aux USA. Les différents éléments de la gamme Lone Ranger sont développés jusqu’en 1979. Comme les autres fabricants de jouets, Gabriel est pénalisé par la flambée des prix du pétrole et de leurs dérivés que sont les plastiques. La fabrication des figurines de grande taille est de plus en plus coûteuse, et il devient difficile de répercuter cette augmentation sur les prix des produits sans dissuader les clients de les acheter. Gabriel apprend alors qu’un nouveau film consacré au ranger solitaire est en cours de tournage, et va bénéficier d’un lancement publicitaire de grande envergure. La gamme Lone Ranger créée en 1973 est alors abandonnée et les stocks soldés. Les concepteurs de Gabriel planchent sur de nouvelles figurines articulées, plus petites et plus simples à produire. Hélas, quand THE LEGEND OF THE LONE RANGER (William A. Fraker) sort en 1981, les critiques et le public sont unanimes : le film est un désastre ! En dépit des excellentes prestations de Christopher Lloyd dans le rôle de Butch Cavendish et de Jason Robards dans celui du Président Ulysses Grant, les spectateurs sont effarés en découvrant que le débutant Klinton Spilsbury n’a pas l’étoffe de l’idole de leur enfance, le légendaire Clayton Moore. Le pauvre Spilsbury est si peu convaincant lorsqu’il parle que les producteurs ont été contraints de faire doubler ses répliques par l’acteur James Keach ! Michael Horse incarne honorablement Tonto, mais ne peut sauver du naufrage un film d’action privé d’un héros charismatique. C’est une très mauvaise nouvelle pour Gabriel Toys, mais la compagnie se console en apprenant qu’une nouvelle série d’animation est en préparation. Elle permettra peut-être de faire oublier le flop du film. ADVENTURE HOUR, produite par le studio Filmation fait ses débuts sur CBS en 1981. Chacun des 14 épisodes est composé de deux segments de 12 minutes, l’un consacré à une aventure de Tarzan, l’autre aux exploits du Lone Ranger. Contrairement à la première série animée des années 60, ces nouveaux épisodes sont écrits en évitant les anachronismes et en respectant le contexte historique des récits. Malheureusement, le petit nombre d’épisodes produits limite l’impact de la série. La nouvelle gamme de Gabriel arrive dans les magasins en 1982, sans bénéficier d’un vrai comeback du Lone Ranger. Elle comprend cinq personnages de 9,5 cm, entièrement moulés en plastique : le Lone Ranger, Tonto, Butch Cavendish, Buffalo Bill Cody et le Général George Custer. Trois chevaux sont disponibles : Silver, Scout et Smoke. Gabriel fabrique aussi une version réduite et simplifiée du décor en carton de Carson City à l’occasion du lancement publicitaire de ces nouveaux jouets. Les enfants qui découpent quatre morceaux d’emballages de figurines Lone Ranger et les envoient à Gabriel accompagnés du coupon « Carson City » reçoivent ce décor par la poste, quelques semaines plus tard. Mais les enfants des années 80 sont attirés par d’autres thèmes. L’engouement du public pour les films de science-fiction qui triomphent alors au boxoffice sonne le glas du western, considéré alors à Hollywood comme un genre dépassé.

Le retour du justicier

En 2003, un pilote de deux heures consacré au Lone Ranger est diffusé par le réseau Warner et ne convainc personne, surtout pas les fans du justicier masqué, très irrités par les changements que les producteurs ont cru bon d’apporter au récit. Le nom du héros n’est plus Reid, mais Hartman (on se demande bien pourquoi), la sixième tombe vide creusée après le massacre des Rangers reste anonyme, et Hartman reprend ses activités sous sa véritable apparence, ne portant un masque que lorsqu’il combat les bandits. Transformé bêtement en simple succédané de Zorro, le Lone Ranger perd toute son aura de mystère. Mais ses afficionados reprennent espoir en mars 2008, en apprenant que le producteur Jerry Bruckheimer préparer son retour dans un film à gros budget, dont le script est confié à Ted Elliott et Terry Rossio, les scénaristes de la trilogie des PIRATES DES CARAÏBES. « Nous n’allons pas traiter le Lone Ranger à la manière de Jack Sparrow. » annonce Bruckheimer, qui se veut rassurant « Nous allons raconter les origines de ce héros en respectant l’esprit de la création de Fran Striker, en explorant les racines de ce conte de l’ouest, et en présentant au public le corps des rangers du Texas. » On aurait pu croire que grâce au savoir-faire de Bruckheimer, de nouvelles générations de fans allaient s’écrier encore longtemps « Hi-ho Silver, Away ! » mais hélas, le film réalisé par Gore Verbinski, pourtant encore auréolé du succès de la saga des Pirates des Caraïbes, déçoit le grand public en 2013. Les raisons de l’échec de LONE RANGER, NAISSANCE D’UN HEROS sont tellement évidentes que l’on se demande bien pourquoi ni Bruckheimer ni Gore Verbinski ne l’ont anticipé à la lecture du script. La règle d’or de l’adaptation réussie d’une franchise consiste à en respecter scrupuleusement l’esprit original, tout en modernisant ses héros de manière judicieuse, par petites touches, comme l’a si bien démontré la méthode mise en place par les Studios Marvel. Or, dans cette nouvelle version post-moderne, déconstruite et quasi parodique du Lone Ranger, c’est Tonto – incarné par la star du film, Johnny Depp – qui devient le personnage principal, et qui façonne et guide l’apprenti-justicier peu doué incarné par Arnie Hammer. Ce n’est qu’après maintes maladresses, pendant le dernier quart du film, que le Lone Ranger devient enfin le héros habile et efficace que l’on aurait aimé voir dès le début de cette aventure. Mais à ce stade de l’histoire, il est bien trop tard pour que l’on puisse le prendre au sérieux…Pire encore, comme le récit est raconté en flashback par un Tonto extrêmement âgé, et clairement présenté comme s’il n’avait pas toute sa raison, la conclusion du film laisse entendre que toute cette aventure n’a peut-être existé que dans l’esprit du vieil indien à l’esprit dérangé ! C’est l’ultime affront pour les fans du personnage mythique et pour le grand public qui s’attendait certainement à voir un western beaucoup plus classique. Cependant, si l’on accepte le parti-pris humoristique et transgressif du film, il se laisse voir très agréablement et gagne à être redécouvert sous cet angle. Gageons que Hollywood s’intéressera certainement à nouveau au super-héros masqué de l’Ouest d’ici quelques années, puisque les personnages iconiques de la Pop Culture restent quoi qu’il arrive une vraie mine…d’argent !



A vérifier avant d’acheter des figurines et accessoires Lone Ranger vintage :

- La marque Playing Mantis a réédité vers la fin des années 2000 des panoplies Lone Ranger créées pour la gamme Captain Action. Ne confondez pas ces panoplies avec celles qui appartiennent à la gamme commercialisée par Gabriel aux USA et par Marx en Europe, et qui n’ont jamais été rééditées.

- Les figurines Lone Ranger sont assez robustes, mais les élastiques qui sont placés dans les bassins des personnages ont tendance à se relâcher avec le temps. Du coup, certaines figurines ont plus de mal à tenir debout. Vérifiez l’état de ces élastiques avant d’acheter un personnage, car les réparations sont difficiles à faire.

- Les figurines que l’on trouve encore « neuves » et en boîtes ont malgré tout subi le passage du temps : à cause d’une réaction avec le PVC, le tissu qui imite le daim de la tenue de Tonto a tendance à coller un peu à ses membres en plastique. Pour éviter d’abîmer le costume ou la figurine, munissez-vous d’une tige en plastique d’une quinzaine de centimètres de long avec un bout lisse et arrondi, ou d’une longue spatule en bois des mêmes dimensions, et insérez-là entre les vêtements et le corps du personnage, par exemple en passant par les jambes du pantalon, pour décoller délicatement le tissu sans forcer. Renouvelez l’opération en insérant la tige par les manches pour décoller la veste. Ce n’est qu’ensuite que les membres de la figurine pourront bouger normalement à nouveau.

- On trouve assez facilement des panoplies et des personnages Lone Ranger en boîtes en Europe. Cette gamme étant moins connue que d’autres, on peut encore acquérir ces jouets à des prix raisonnables sur les sites d’enchères en ligne.

- Les chevaux ont des articulations solides, mais souvent mises à rude épreuve par les enfants. Vérifiez qu’elles sont toutes en bon état avant d’acheter une monture pour votre justicier masqué. Si les articulations sont trop usées, elles ne supporteront pas le poids d’un cavalier : le cheval ne pourra pas tenir debout sur ses pattes.

- Si le Lone Ranger, Tonto et Butch Cavendish sont relativement faciles à trouver, d’autres personnages comme Red Sleeves, Dan Reid et Little Bear sont plus rares. Les deux figurines les plus recherchées sont le sheriff Tex Dawson et le bandit mexicain El Lobo.

- Les accessoires les plus rares de la série sont le chariot PRAIRIE WAGON et le magnifique décor en carton de CARSON CITY, quasiment introuvable.

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