The Mandalorian : Entretien avec les réalisateurs de la première saison
Article TV du Dimanche 08 Novembre 2020

Après notre long entretien avec Dave Filoni, et pour continuer à accompagner la diffusion de la deuxième saison du MANDALORIEN, ESI vous propose un retour sur la création de la série, avec son showrunner Jon Favreau, et avec trois des réalisateurs qui l’ont aidé à ériger les fondations de cette saga : Deborah Chow, Rick Famuyiwa et Bryce Dallas Howard.

Propos traduits par Pascal Pinteau

Jon, comment décririez-vous votre collaboration avec les cinq réalisateurs de la première saison du MANDALORIEN ?

Jon Favreau : Elle a été formidable. Leur enthousiasme a été communicatif, et ils ont créé un environnement de collaboration dynamique, intense et harmonieux. Nous avons eu la chance de travailler avec Taika Waititi, Rick Famuyiwa, Bryce Dallas Howard, Dave Filoni et Deborah Chow, qui va se consacrer ensuite à la nouvelle série dédiée à Obi-Wan Kenobi, avec Ewan McGregor. Nous avons beaucoup échangé à propos des histoires des épisodes, dont j’ai écrit la plupart des scripts, mais ils ne sont que des points de départs pour les réalisateurs. Nous avons toujours souhaité que nos metteurs en scène soient très impliqués et très ouverts à la collaboration avec toutes les personnes de nos équipes, qu’il s’agisse de ILM, de Lucasfilm ou des acteurs du MANDALORIEN. Quand on procède ainsi, le projet en cours devient un travail commun amusant et très stimulant. Il prend vie en développant sa propre personnalité. Nous avons tenu à ce que chacun des réalisateurs ait l’opportunité d’être l’auteur de son épisode, comme s’il s’agissait d’un film. Cela ne ressemble pas à la manière dont on travaille habituellement pendant la production d’une série. Pour nous, c’était sensationnel de pouvoir bénéficier de cet environnement tous les jours, en arrivant sur le tournage.

Quelles qualités les cinq réalisateurs de la série ont-ils en commun ?

Jon Favreau : Ce qui est très intéressant, c’est qu’ils viennent tous d’horizons professionnels différents : le cinéma, la télévision et l’animation. La condition de départ pour les convier à travailler avec nous, c’était bien évidemment qu’ils soient de véritables fans de STAR WARS. Je crois que c’est la raison pour laquelle on voit une telle cohérence dans toute la série. Sur le plateau, quand les réalisateurs se tournaient vers moi et me disaient ‘Nous pensons faire ceci, et puis ça’, je leur répondais ‘Eh bien, voilà ce que cela signifierait précisément dans le cadre de notre histoire, et l’impact narratif que cela aurait. C’est ainsi que les choses se passaient dans THE CLONE WARS, et cela correspond à ce que George Lucas a toujours dit.’ C’est de cette manière que nous discutions de chacun des points de nos histoires, en veillant à rester dans la droite ligne de ce que George a défini, et les réalisateurs étaient toujours réceptifs à cela, et prêts à suivre cette vision. Ils ne se sont jamais sentis limités dans leur approche, parce qu’ils se sentaient invités à participer à l’extension des canons de cet univers.

Deborah, qu’est qui a été le plus inédit, le plus surprenant pour vous, pendant votre intervention sur LE MANDALORIEN ?

Deborah Chow : Habituellement, quand on est réalisatrice et que l’on travaille sur une série, on n’a pas l’occasion d’interagir avec d’autres collègues réalisateurs. J’ai beaucoup œuvré pour la télévision, et généralement, quand on arrive sur le plateau, le metteur en scène de l’épisode précédent est déjà parti, et qui vous prive de la possibilité de dialoguer avec lui. Je crois que les échanges entre nous tous dont Jon vient de parler étaient l’une des choses les plus intéressantes et remarquables à propos de cette série, car tous les réalisateurs ont pu apprendre à bien se connaître et à instaurer une vraie collaboration. Je pourrais dire que d’une certaine manière, nous étions chacun impliqués dans le travail des autres, et que nous formions une équipe. Et en même temps, nous avons tous gardé notre propre manière d’aborder nos épisodes, en exprimant notre vision personnelle. Et cela aussi, c’est fantastique.

Rick, comment décririez-vous votre expérience de réalisateur sur LE MANDALORIEN ?

Rick Famuyiwa : C’était comme si j’allais dans un camp d’entraînement pour apprendre à réaliser une aventure de STAR WARS. C’était sensationnel. Quand j’ai appris que Jon voulait me rencontrer pour me parler de la série, j’étais assez surpris. Je crois avoir réagi en lui disant ‘Mais, avez-vous vu mon film DOPE ? Et mes films précédents ? Êtes-vous sûr que je vais convenir à ce projet ?’ Je crois que parmi les qualités indiscutables de Jon, il y a cette ouverture d’esprit et cette capacité à apprécier des talents de toutes sortes, dans des registres très différents. Je me souviens qu’il m’a répondu ‘Je veux que de nouvelles voix viennent s’exprimer dans l’univers de STAR WARS.’ Cette situation a été passionnante à vivre parce que mes films ont été énormément influencés par ceux de George Lucas. STAR WARS est le premier film que j’ai vu sur le grand écran, et AMERICAN GRAFFITI a été ma source d’inspiration quand j’ai dirigé mon premier film, intitulé THE WOOD. Pour toutes ces raisons, travailler sur ce projet m’a donné le sentiment de boucler une boucle et de revenir aux sources de ma passion pour le cinéma. C’était vraiment extraordinaire de se retrouver sur le plateau du MANDALORIEN. Jon a créé cet environnement créatif remarquable dans lequel il disait ‘Exprimez votre personnalité, utilisez vos talents particuliers’. Et tous les réalisateurs s’entr’aidaient pendant le tournage et la postproduction de la série. C’était un espace de travail exceptionnel pour des cinéastes, et je suis extrêmement fier d’avoir eu la chance d’en faire partie.

Et vous, Bryce ? Qu’avez-vous ressenti en entrant dans l’univers de STAR WARS ?

Bryce Dallas Howard : Il va sans dire qu’être invitée à contribuer à cet héritage narratif est l’un des plus grands privilèges, des plus grands honneurs qui m’ont été faits. Quand j’étais gamine, STAR WARS était très important pour moi. Cet univers est profondément inscrit dans la trame de mes souvenirs d’enfance. Avoir la chance de pouvoir poursuivre professionnellement ce que je faisais petite en jouant avec ces personnages a donc été une expérience fabuleuse, plus enthousiasmante que je ne saurais le dire. J’ai pu m’immerger à nouveau dans cette histoire extraordinaire, et j’en suis très reconnaissante. Contribuer au MANDALORIEN m’a permis de passer certains des meilleurs moments de toute ma vie professionnelle.

Votre père, le fameux cinéaste Ron Howard, a été l’un des principaux collaborateurs de George Lucas. Quels sont les premiers souvenirs personnels que vous gardez du créateur de STAR WARS ?

Bryce Dallas Howard : George nous envoyait des figurines STAR WARS à la maison à chaque Noël quand j’étais enfant. Chaque année, je jouais avec elles en me plongeant intensément dans ce monde. J’avais 5 ans quand George, Kathleen (Kennedy) et mon père ont fait WILLOW ensemble. Ils font donc partie de ma vie depuis très longtemps. George a toujours été et reste un mentor extraordinaire pour papa. Transmettre ses connaissances est très important pour lui. George est aussi un mentor fabuleux pour Dave Filoni et il m’a d’ailleurs dit il y a quelques semaines de cela qu’il considérait presque Dave comme un fils. C’est très important à ses yeux car George lui a transmis tout son savoir de STAR WARS. Et de son côté, Jon a créé cette magnifique opportunité pour nous tous, et a été notre mentor…Le résultat, c’est que LE MANDALORIEN est un reflet sincère, une continuation honnête de ce que George a créé.

Taika Waititi est le cinquième et dernier réalisateur des épisodes de la première saison. Comment décririez-vous votre collaboration avec lui, Jon ?

Jon Favreau : Quand vous réussissez à convaincre un réalisateur comme Taika Waititi de participer à un projet, c’est clairement parce qu’il a vraiment envie de le faire, car Taika est devenu une sorte de multinationale créative à lui seul, et est impliqué dans un nombre impressionnant de films et de séries. Dès qu’il arrive sur le plateau, Taika crée une dynamique fraîche et positive qui rend tout le monde enthousiaste. Il trouve tout le temps des opportunités de créer des situations amusantes, et il apporte son style humoristique très personnel à l’histoire qu’il raconte, tout en restant un vrai fan de STAR WARS. Et pour moi, comme je l’ai déjà indiqué, c’était la condition sine qua non. Pour venir travailler avec nous, on n’avait pas à être le réalisateur le plus expérimenté du monde, et aucune expérience préalable sur un projet STAR WARS n’était requise. Il n’était même pas nécessaire d’avoir déjà travaillé en prises de vues réelles. Il fallait simplement être prêt à collaborer avec toute notre équipe, aimer STAR WARS, et vouloir faire un super boulot dans la série, pour nous aider à inventer cette nouvelle chose appelée LE MANDALORIEN. Taika est arrivé comme s’il était un guerrier vétéran, ayant déjà souvent connu l’expérience du champ de bataille. Il nous a montré qu’il possédait un formidable instinct de ce qu’il fallait faire, en toutes circonstances. Je lui en suis extrêmement reconnaissant.

Les sbires de l’Empire ne parviendront pas à intercepter la suite de notre dossier consacré au MADALORIEN : vous la découvrirez bientôt sur ESI. Bookmark and Share


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