Le Jour où la Terre s’arrêta : Entretien avec Keanu Reeves
Article Cinéma du Mardi 16 Decembre 2008

Après avoir été le héros de la saga Matrix, Keanu Reeves devient l’extraterrestre énigmatique du Jour où la Terre s’arrêta, nouvelle version réussie d’un grand classique de la science-fiction. Effets-Speciaux.info a rencontré l’acteur à New York, à deux pas de Central Park, où se déroule une partie de l’action du film.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Keanu Reeves a bien de la chance : A sa naissance, en 1964, ses parents lui donnent un prénom Hawaïen qui signifie «brise rafraîchissante venue des montagnes » ! Une idée de son père, qui est originaire de cette île. Monsieur Reeves est un géologue réputé, qui parcourt le monde en compagnie de sa petite famille. Globe-trotter en couches culottes, Keanu voit ainsi le jour à Beyrouth, au Liban, puis habite en Australie et à New York. Ses parents divorcent alors, et il va vivre à Toronto, au Canada, avec sa mère et sa sœur. Plutôt paresseux en classe, Keanu s’intéresse surtout au hockey sur glace, et devient un bon gardien de but. Heureusement pour lui, il lit beaucoup. La lecture lui donne envie de faire du théâtre. Il apparaît ensuite dans quelques spectacles locaux, puis décroche des rôles dans des séries et des téléfilms tournées au Canada. Il fait ensuite ses bagages et s’installe à Hollywood. Il se fait remarquer dans un rôle d'adolescent à la dérive dans River's Edge, de Tim Hunter, puis incarne le chevalier Danceny dans Les liaisons dangereuses de Stephen Frears. En 1989, il triomphe dans Bill and Ted's Excellent Adventure, un film déjanté inconnu en France, mais culte pour les ados américains ! Keanu enchaîne les succès comme « Portrait craché d'une famille modèle » et « My own private Idaho », et devient une vraie star en jouant avec Patrick Swayze dans « Point break– Extrême limite », film d’action qui se déroule dans le milieu du surf. Il incarne ensuite un dieu – Bouddha – dans « Little Buddha » de Bernardo Bertolucci et triomphe à nouveau au boxoffice en 1994 dans « Speed ». « Matrix », en 1998, lui permet de devenir une icône de la SF. Aujourd’hui encore, tout le monde associe Keanu Reeves au rôle de Neo, l’élu qui sauve l'humanité de la dictature des machines et de leur monde virtuel. Tant pis si les deux suites, « Matrix reloaded » et « Matrix revolutions », déçoivent par leur scénarii tarabiscotés et leur fin pessimiste. Les fans ne lui en tiennent pas rigueur ! Plus récemment, il est devenu le détective chasseur de démons de l’excellent « Constantine ». Malgré le succès que le cinéma lui procure, le comédien a d’autres passions : Reeves a été le bassiste du groupe de rock Dogstar , et aime beaucoup les balades en moto. Entre les tournages de films, son lieu de résidence est resté Toronto, la ville de ses débuts. Effets-speciaux.info a eu le plaisir de s’entretenir avec le sympathique acteur, pour lui demander comment il s’est glissé dans la peau de l’extraterrestre Klaatu, héros de l’efficace aventure de SF qu’est « Le jour où la terre s’arrêta »…



Depuis le début de votre carrière, vous avez joué dans de nombreux films Fantastiques et de Science-Fiction. Le grand public vous connaît en tant que Néo, « l’élu »de la trilogie « Matrix », et vous a plébiscité récemment dans le rôle du détective luttant contre les forces démoniaques de « Constantine ». Avez-vous toujours été un fan de ces deux genres, depuis l’enfance ?

Oh oui, absolument ! Quand j’étais adolescent, j’adorais « Star Wars », comme tous les garçons des années 70. C’était quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant, et ça me fascinait. « Star Wars » était à la fois une évasion totale, et une façon intéressante de réinterpréter les grands mythes. J’aimais beaucoup « 20 000 lieues sous les mers », et le regard du capitaine Nemo sur la folie guerrière des hommes. « 2001, l’odyssée de l’espace » et « Blade Runner » m’ont aussi énormément marqués. Dans le domaine de la littérature de SF, j’aime les œuvres de Philip K. Dick comme « Ubik » et « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » ainsi que celles de William Gibson, comme « Le neuromancien ». En fait, quand on est un jeune lecteur, on se tourne presque naturellement vers les romans de SF et d’aventure qui privilégient l’action et le dépaysement comme « les Chroniques Martiennes » de Ray Bradbury, et puis au fil des ans, quand on vieillit, on aborde les œuvres de SF plus intellectuelles, comme celles de Philip K. Dick et de William Gibson. On peut ainsi jalonner son évolution personnelle de livres de plus en plus proches de ses propres pensées.

Quelles bandes dessinées lisiez-vous ?

Tout comme en littérature, je me suis intéressé aux BD qui abordaient des thèmes adultes, comme « The Dark Knight » où Frank Miller réinventait Batman, et les récits de « Swamp Thing » et de « Watchmen » écrits par Alan Moore. Mon travail avec les frères Wachowski m’a incité à lire des Mangas, et à voir beaucoup de films d’animation japonais comme « Akira », « Ghost in the shell », etc…Et même des Anime érotiques ! (rires)

A quel âge avez-vous vu découvert « Le jour où la terre s’arrêta » ?

Je devais avoir 8 ou 10 ans, et j’avais adoré ce film. C’est intéressant de se souvenir des sentiments que l’on a éprouvés enfant, en découvrant un film, et de les comparer avec ceux que l’on éprouve ensuite, en le revoyant à l’âge adulte. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me suis rendu compte à quel point les thèmes qu’il aborde sont subversifs ! Il évoque le pouvoir des médias, la notion de peur fabriquée de toutes pièces pour manipuler l’opinion. Des sujets qui nous concernent encore aujourd’hui, particulièrement aux USA…Bien sûr, quand j’étais enfant, je ne comprenais pas le contexte politique du film, mais il m’a permis de réaliser ce qu’étaient les menaces de la guerre froide et de l’ère atomique. J’ai pris beaucoup de plaisir à le revoir avant de me pencher sur le script de la nouvelle version. Nous avons tenu à retravailler beaucoup l’intrigue, et à réinventer beaucoup de choses, car nous ne voulions pas nous contenter de tourner un simple remake.

Qu’est-ce qui vous attire plus particulièrement, dans la Science-Fiction ?

J’aime les livres et les films de Science-Fiction parce qu’ils posent de vraies questions. Ils utilisent un contexte particulier pour aborder des problèmes importants, et ils nous forcent à réfléchir à ce que nous faisons aujourd’hui, aux conséquences que cela aura demain, aux évènements qui se passent dans notre société, et plus largement, à la nature humaine. Avec « Le jour où la terre s’arrêta », je suis revenu à l’aspect de la SF qui m’intéresse le plus. A un thème majeur, présenté de manière attractive aux spectateurs.

Y a-t’il un personnage de SF que vous avez toujours eu envie d’interpréter, en vain ?

Je dois avouer que j’ai été très envieux quand je n’ai pas eu l’occasion d’interpréter Wolverine, car j’avais adoré la BD en quatre épisodes que Frank Miller avait consacré à ce personnage !

Qu’est-ce qui vous donnait envie de jouer ce rôle ?

Porter ces longues griffes d’adamantium ne m’aurait pas déplu ! (rires) J’aime aussi la force de caractère de Wolverine, sa détermination à atteindre un but, quels que soient les obstacles qui se dressent devant lui. Son sens de l’honneur, sa loyauté.

Comment vous êtes-vous préparé à jouer le rôle d’un extraterrestre ? Comment avez-vous travaillé la gestuelle et les expressions de Klaatu pour lui donner une allure étrange ?

Dans le film original, quand Michael Rennie arrivait sur terre, il avait un comportement très humain. Dans notre version, Klaatu est beaucoup plus étrange, même s’il a l’aspect physique d’un homme. Pour exprimer cela, j’ai décidé d’avoir toujours un regard détaché sur les choses et les gens, comme si j’étais un batracien ou un reptile qui observe son environnement avant de bouger. J’ai aussi essayé d’agir comme si j’étais déconnecté de mon corps, comme si c’était juste une enveloppe un peu étrange pour moi. J’ai éliminé aussi toutes les petites expressions qui ponctuent les relations sociales avec les gens : les sourires, les hochements de tête, les moues d’approbation quand on écoute son interlocuteur, etc…Il ne fallait pas que l’on puisse lire la moindre émotion sur mon visage. J’espère que cette démarche ne paraît pas trop « cliché », mais il fallait que je commence quelque part pour aborder ce rôle.

Avez-vous trouvé que jouer ainsi Klaatu était plus facile qu’un rôle « normal » ?

Non, au contraire ! C’est un rôle très physique, dans lequel on est constamment aux aguets, concentré, soucieux de ne pas se laisser aller à employer un geste trop humain. C’est bien plus difficile qu’un rôle « normal ». On est constamment sous pression, pour rester dans la peau de ce personnage, pour éviter le faux pas, le geste réflexe que l’on risque de faire spontanément, et qui gâcherait tout.

Ce qui frappe chez vous, c’est votre calme, votre sérénité. Faites-vous toujours du yoga, comme à l’époque de « Matrix »?

Oui. C’est un formidable moyen de se ressourcer. Tout le monde devrait en faire !

Dans le film, vous jouez un extraterrestre qui est en décalage avec la population qu’il rencontre. Est-ce que le fait d’être une vedette Hollywodienne, une célébrité, vous a déjà permis d’expérimenter ce genre de décalage dans votre propre vie ? Ce statut particulier qui est le vôtre a-t’il été une source d’inspiration ?

Pas vraiment. Vous savez, je ne fonctionne pas comme une personne « à part », même si je suis médiatisé, et connu à cause des films dans lesquels je joue. Mais il est vrai que le métier d’acteur vous oblige à vivre des expériences bizarres. Aller à la première d’un film et devenir soudain le centre d’intérêt des spectateurs et des photographes n’est pas une chose « normale ». Ni le fait d’être photographié par des paparazzis lorsque vous allez déposer vos poubelles devant votre porte ! De plus en plus, on traque les acteurs comme les animaux dans les documentaires ! (rires) Mais ce n’est que l’aspect le plus superficiel de ce métier. On peut aussi l’exercer de manière simple, et avoir des relations conviviales et naturelles avec les gens.

Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous interprétez Klaatu, de votre perception de ce personnage ?

Le réalisateur Scott Derrickson avait l’intension de traiter le film comme un film dramatique dont l’action était le moteur. Mon Klaatu a un aspect plus menaçant et plus sinistre que celui qu’incarnait Michael Rennie. Dans le film original, Klaatu était un être ouvert, positif, affable, capable de s’amuser des erreurs et du manque de sophistication des humains. Il était idéalisé en tant qu’être supérieur, et sa démarche avait une certaine ressemblance avec celle du Christ. Disons qu’il était plus humain que la plupart des humains. L’ambiance du film et le message final de Klaatu reflétaient l’atmosphère oppressante des années 50 : l’époque de la guerre froide, de la multiplication des armes atomiques et de la mise en place difficile du conseil des Nations Unies. En substance, Klaatu disait « Nous avons une technologie bien supérieure à la vôtre. Si vous utilisez les armes atomiques que vous venez de créer, nous reviendrons vous punir. » Dans notre version, c’est un peu comme si j’étais son frère. Mais la menace que je représente est bien plus lourde. Le début de l’histoire est le même : j’arrive sur terre et je demande à prendre la parole devant l’assemblée des Nations Unies, ce qui m’est refusé. Je prends alors d’autres décisions…que je préfère ne pas révéler pour ne pas gâcher les surprises du film. Mon interprétation de Klaatu est différente. Il découvre son humanité au cours du voyage et des évènements que décrit le film. Je l’incarne comme une entité extraterrestre faite de pure énergie qui occupe un corps d’homme, et qui se surprend peu à peu à se sentir humain. Ce corps n’est qu’une sorte de récipient pour Klaatu, un moyen de transport et de contact avec une autre espèce. C’était intéressant de jouer l’étonnement qu’il pouvait ressentir, confronté à cette situation inconnue, au fait d’être une conscience extraterrestre confinée dans ce corps qui lui est totalement étranger.

Diriez-vous que le message de cette nouvelle version est essentiellement consacré à la destruction de l’environnement par l’homme ?

Je ne dirais pas que c’est l’élément majeur du film. C’est un des thèmes que nous abordons, mais « Le jour où la terre s’arrêta » est d’abord consacré à l’évolution de ses personnages principaux, à ce qui leur arrive. Le personnage que joue John Cleese en est un bon exemple. Il interprète le professeur Barnhardt, un savant de renommée mondiale qui rencontre Klaatu pour essayer de le faire changer d’avis, pour l’inciter à revenir sur la décision qu’il a prise. Le professeur lui dit « Nous sommes effectivement au bord du précipice, Klaatu, mais c’est justement dans ce genre de circonstances que les humains se dépassent et prouvent ce dont ils sont vraiment capables. » Il lui explique que nous sommes à la croisée des chemins et que nous pouvons encore résoudre nos problèmes, ou, si nous nous obstinons dans nos erreurs, que nous provoquerons notre perte. Donc, pour reprendre la question que vous posiez, le thème écologiste fait effectivement partie de ceux que nous traitons dans le film, mais nous abordons aussi toutes les autres menaces que l’homme fait peser sur la planète. C’est un tout.



Le message de Klaatu incite-t’il les humains à mieux se comporter, dans tous les domaines ?

Oui, je crois que l’on peut dire cela. On dirait que l’homme a une sorte de goût morbide pour l’apocalypse, un instinct qui le pousse à aller vers sa propre extinction. La question est « Comment pouvons-nous lutter contre cela ? »

Apportez-vous un message de sagesse ? Incitez-vous les hommes à agir de manière pacifique ?

Non, je leur adresse un message qui peut leur permettre de survivre, de continuer à exister… D’ailleurs pour revenir au message du film original, il était pour le moins contradictoire, si on y réfléchit un peu. Klaatu annonçait que si les hommes continuaient à se battre, ils seraient anéantis. Ce qui revient à punir la violence par une violence pire encore ! (rires) Bien sûr, il faut replacer tout cela dans le contexte terrible de la guerre froide, où le plus grand danger était celui de l’annihilation mutuelle des Etats-Unis et de l’Union Soviétique et d’une guerre atomique apocalyptique.

Est-ce que vous vous retrouvez personnellement dans le message de Klaatu ? Avez-vous le sentiment de devenir plus sage en prenant de l’âge ?

En prenant de l’âge, vous avez l’avantage d’être confronté à des situations et des péripéties que vous avez déjà connues dans le passé. Vous savez donc déjà si les décisions que vous aviez prises auparavant ont été les bonnes ou les mauvaises. A partir de là, c’est à vous de réfléchir à votre situation présente pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Et là, si vous y parvenez, peut-être avez-vous acquis un peu de sagesse… (rires)

Utilisez-vous la célèbre phrase du film original : « Gort Klaatu Barada nikto » ?

Oui, bien sûr ! On ne pouvait pas faire autrement ! Cela faisait partie des éléments incontournables, que nous devions absolument garder pour faire plaisir aux nombreux fans de l’original. Comme je vous le disais auparavant, j’ai eu l’occasion de travailler pendant cinq semaines sur le script du film, en compagnie du réalisateur Scott Derrickson et du scénariste David Scarpa. Nous nous sommes réunis dans un bureau pour examiner tous les aspects de l’histoire, et pour nous assurer que les thèmes abordés étaient valides, modernes, et que le récit serait intéressant pour un large public. Et nous avons également tenu compte des contributions de Jennifer Connelly, qui a fait de nombreuses remarques judicieuses sur son personnage et sur l’intrigue. Elle nous demandait sans cesse « Pourquoi mon personnage fait-il cela ? Pourquoi les choses se passent-elles ainsi ? Pour quelle raison ? ». Son apport a été fantastique. Les moindres détails du script étaient donc examinés de manière attentive, pour que le résultat final soit pleinement satisfaisant.

Quelles idées précises avez-vous suggérées au sujet de vos personnages ?

En ce concerne Jennifer, elle a développé les relations entre son personnage de scientifique et celui de son beau-fils. Elle a perdu son mari et son beau-fils a perdu son père. Ce deuil est ce qui les rapproche le plus. Elle tenait à ce que cet élément de l’histoire soit bien raconté. En ce qui me concerne, j’ai pris beaucoup de plaisir à participer à la supervision du script. Mon principal souci était de m’assurer que les évènements décrits par le film soient parfaitement crédibles et ne fassent pas songer à une « série B » ou à des clichés de SF un peu ringards. Je voulais que le public soit passionné par cette histoire et ne « décroche » à aucun moment du récit.

Quelles sont les relations entre Klaatu et Gort dans le film ? Diriez-vous que Klaatu agit comme le juge de l’espèce humaine, et que Gort joue le rôle de son bourreau ?

Oui. C’est exactement ça ! Mais il y a aussi un autre personnage dans le film, quelqu’un que Klaatu va rencontrer, qui est aussi un extraterrestre à l’apparence humaine, et qui est resté sur terre depuis très longtemps. Il va donc pouvoir lui donner ses impressions sur tout ce qu’il a vu. Comme vous le disiez, je suis bien un juge, et Gort est bien le bourreau…

Pouvez-vous nous dire quelle est la nature du nuage que vous libérez sur terre, et comment fonctionne votre vaisseau spatial ?

Le vaisseau, en tous cas le mien, est purement un véhicule de voyage spatial, et Gort a la capacité d’éliminer spécifiquement les êtres humains ou les choses fabriquées par les hommes. Voilà ce dont il est capable.

…ce qui signifie que le nuage qui détruit des bâtiments ou des véhicules, comme on le voit dans la bande-annonce, est émis par Gort ?

Oui ! (Keanu Reeves sourit, amusé par cette déduction !)



Comment envisagez-vous votre futur idéal ?

J’aimerais pouvoir continuer à passer du temps avec ma famille et mes amis. Pouvoir continuer à voyager en moto – j’en possède deux -, à lire de bons livres. Je viens de terminer « A la recherche du temps perdu », de votre compatriote Marcel Proust. Quelle œuvre magnifique !

Avez-vous apprécié de jouer un personnage qui apporte un message important ? Est-ce là une des raisons pour lesquelles vous avez choisi ce rôle ?

Oui. C’était une des raisons. L’autre, c’était l’opportunité de travailler avec Jennifer Connelly. S’il fallait devenir un extraterrestre pour lui donner la réplique, ça ne me posait aucun problème ! (rires) Pour être plus sérieux, nous avons tous travaillé pour bien mêler ce message important à l’action et aux aspects les plus divertissants du film. Le script est très réussi, et nous avons tous des choses formidables à dire. A un moment, Klaatu dit : « Si la terre meurt, vous mourrez. Si vous mourrez, la terre survit. Je suis un ami de la terre. »…A la fin du film, Jennifer Connelly dit une de mes répliques favorites : « Ce moment nous appartient. » C’est une phrase intéressante, car elle a une double signification. Elle peut vouloir dire « C’est à nous d’agir maintenant: tout commence aujourd’hui » ou « C’est le moment de nous préparer à la fin. » J’aime beaucoup cette réplique, et j’espère que même dans le contexte de divertissement d’un film Hollywoodien, elle provoquera des conversations intéressantes entre les spectateurs. Ce film parle de l’esprit humain, de la situation assez catastrophique dans laquelle nous nous trouvons actuellement, et des changements nécessaires. La question qu’il pose est « Sommes-nous réellement capables de changer ? » Notre mode de vie moderne a des conséquences désastreuses, complexes, qui pèsent sur les vies de centaines de millions de gens. Je crois que « Le jour où la terre s’arrêta » nous tend un miroir au bon moment, à une époque où de plus en plus de gens prennent conscience de cela et ne se soucient plus seulement de leur propre sort, mais de celui de la planète.

A titre personnel, que pensez-vous de la possibilité d’existence d’autres formes de vies sur d’autres planètes ?

Comme les astronomes et experts de la NASA ont eu l’occasion de nous l’expliquer bien souvent, il est mathématiquement impossible que nous soyons la seule forme de vie intelligente dans tout l’univers. Personnellement, je ne sais pas si nous aurons l’occasion d’aller à leur rencontre de notre vivant, ou s’ils viendront nous rendre visite très officiellement un beau jour, mais je ne conçois pas que nous soyons seuls dans l’espace.

Dans le film original, une liaison romantique naissait entre Klaatu et Helen, la jeune femme interprétée par Patricia Neal. Est-ce pareil dans cette nouvelle version ?

Non. Il n’y a pas d’histoire d’amour entre Jennifer et moi. Elle joue le rôle d’une scientifique qui est consultée par le gouvernement quand j’arrive sur terre. Plus tard, elle m’aide à m’échapper de l’endroit où je suis retenu captif. Nous nous enfuyons ensemble, et elle découvre quelles sont mes véritables intentions et mon plan d’action vis à vis de la terre. Elle essaie alors de me faire changer d’avis. Nous entamons ce voyage ensemble. Kathy Bates joue le rôle de la responsable de toute cette opération pour le compte du gouvernement. Elle a déjà eu l’occasion de s’opposer au personnage de Jennifer, par le passé. Mais Jennifer choisit de rester à mes côtés malgré les risques encourus, et de m’aider à échapper à mes poursuivants.

Quels sont vos prochains projets ? Vous avez indiqué que vous ne souhaitiez pas reprendre le rôle de John Constantine dans une suite, mais avez-vous d’autres films de SF ou de fantastiques en vue ?

Pas pour l’instant. En ce moment je lis des pièces de théâtre, car j’envisage de revenir jouer sur les planches. Je viens aussi de jouer un petit rôle clin d’œil dans une série comique pour le web intitulée « Celebrity Garage Sale », produite et présentée par l’actrice Illeana Douglas. Elle aide des vedettes à vider leurs greniers en vendant leurs vieilles affaires. C’est très drôle.

Une des constantes de votre carrière, c’est le thème de la spiritualité et du surnaturel, que l’on retrouve aussi bien dans la trilogie Matrix que dans « Little Buddha , « Intuitions » ou « Entre deux rives ». Quelles sont vos convictions dans ce domaine ?

Je crois effectivement à une vie spirituelle, peut-être pas exactement comparable à ce que ces films décrivent chacun à leur manière, en employant des histoires et des métaphores différentes. Disons que je crois qu’il existe plus de choses que ce que seul l’œil peut voir. Et mes expériences personnelles n’ont fait que renforcer ces convictions…

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.