WANDAVISION : Entretien avec Jac Schaeffer, chef scénariste et Matt Shakman, réalisateur, les créateurs de la série des Studios Marvel – 2ème partie
Article TV du Vendredi 19 Fevrier 2021

Par Pascal Pinteau

Le premier épisode de la série, directement inspiré des sitcoms des années 50 / 60, a été tourné « à l’ancienne », devant un public assis sur des gradins, dans le studio. De quelle manière cette présence des spectateurs a-t-elle contribué à la performance des acteurs ?

Matt Shakman :
C’était bien évidemment une première pour une production des Studios Marvel. Vous savez, c’est incroyable de voir à quel point l’énergie du public se communique aux comédiens, et l’impact que cela a sur la manière dont le texte, les dialogues, sont transformés par toute cette adrénaline, cette excitation, ce lien qui se crée entre les spectateurs et les acteurs. Cela a transcendé le texte, et tout d’un coup, cette expérience s’est mise à ressemble beaucoup plus à une pièce de théâtre qu’à un tournage de série. Je crois que cela a énormément contribué à ce que nous avons réussi à capter en filmant ce premier épisode, à ces petites étincelles, ces éclairs de spontanéité.

Parlez-nous de votre collaboration avec les acteurs de WANDAVISION …

Matt Shakman :
Ils sont tous extrêmement talentueux, et les diriger est une expérience fabuleuse, un véritable plaisir pour un réalisateur. Elizabeth et Paul sont des acteurs dont on ne connaît pas encore toutes les facettes, et certainement pas celles qu’ils révèlent dans notre série, dans ce contexte humoristique. Je crois que les téléspectateurs vont être étonnés de les voir revisiter leurs personnages ainsi, en déployant ces capacités-là. En fonction des situations très particulières de notre fiction, ils changeaient totalement de registres trois ou quatre fois par jour, en passant de dialogues dramatiques, émouvants, à de la comédie très visuelle et des attitudes pleines de fantaisie loufoque et d’excentricité. Et à chaque fois, ils ont parfaitement réussi à atteindre les objectifs de ces scènes. En s’inspirant des comédiens qui jouaient dans les sitcoms auxquelles nous rendons hommage dans WANDAVISION, Lizzie et Paul ont pris le risque de changer complètement de registre et de surprendre le public, quitte à se mettre en danger. Ce que nous leur avons demandé de faire était extrêmement difficile, et pourtant ils ont brillamment réussi toutes ces scènes. Ils n’ont jamais hésité devant les difficultés, et leur exigence de qualité a été un exemple pour toute l’équipe.

Kathryn Hahn, qui joue le rôle classique de la voisine curieuse qui débarque chez nos héros à l’improviste, est étonnante elle aussi. Elle est parfaitement à l’aise dans la comédie, et sidérante quand son personnage révèle les failles de cet univers mystérieux qui n’est pas aussi plaisant qu’il semble l’être…

Jac Schaeffer :
Oui, Kathryn peut passer en une seconde de la fantaisie humoristique typique des personnages de sitcoms au comportement d’un femme rongée par l’angoisse de l’expérience qu’elle est en train de subir. Il y a une scène particulièrement frappante dans un des épisodes pendant laquelle on la voit passer plusieurs fois de la gaité au désespoir, et cela donne un aperçu saisissant de la palette de sentiments qu’elle est capable de jouer. C’est une grande comédienne.

Matt Shakman :Absolument. Kathryn Hahn peut tout jouer. C’est une actrice de comédie sensationnelle, qui va vous émouvoir aux larmes dans une scène dramatique. Nous avons mesuré chaque jour la chance que nous avions de compter Kathryn, Paul, Lizzie et Teyonah Parris dans notre distribution. Ils forment un ensemble exceptionnel.

Comment décrirez-vous l’évolution de Wanda et de Vision au fil des épisodes ?

Jac Schaeffer :
Au début, ils arrivent dans un univers douillet et rassurant, mais qui montre assez rapidement ses failles. Et ils doivent peu à peu accepter de faire face aux questions qui se posent. À partir du deuxième épisode, ils font des progrès rapides pour s’intégrer à la communauté de cette petite ville, en dépit du fait qu’ils doivent prétendre ne détenir aucun pouvoir. C’est dans cet épisode que nous rencontrons Monica Rambeau, avec laquelle Wanda va établir immédiatement des liens, ce qui nous permet de savoir qu’elle est certainement une personne particulière. Et à partir du troisième épisode, on découvre plus précisément pourquoi.

Matt Shakman :Le monde semble résolu à créer de nombreux obstacles devant Wanda, et elle doit gérer toute l’étendue de ses pouvoirs dont elle ne comprend pas forcément les implications ni les limites. Son évolution au cours de l’histoire est de se retrouver elle-même, de se reconstruire, après une période de traumatisme. Wanda est une personne dotée d’une puissance extraordinaire qui a été manipulée, trompée et utilisée par le passé. Les événements que nous décrivons constituent pour elle l’opportunité de se redécouvrir, et en même temps, c’est une histoire d’amour sensationnelle, qui révèle la sensibilité de nos deux personnages principaux. Plus on découvre Vision, plus on éprouve de l’empathie pour cet être à part, cette intelligence artificielle mi-humaine, mi-robot. En dépit de sa nature hybride, en observant ses réactions et ses paroles on se rend compte qu’il agit en faisant preuve de plus d’humanité et de compassion que la plupart d’entre nous. Dans WANDAVISION, il jette un regard étonnant et perspicace sur notre monde, comme un philosophe, un connaisseur éclairé de l’âme humaine.

Jac, comment avez-vous préparé les auteurs de la série à évoquer le style d’écriture très particulier des sitcoms ?

Jac Schaeffer :
J’ai commencé par coller sur les murs de notre salle de réunion des posters des plus grandes sitcoms des 60 dernières années, le jour où je les ai tous réunis pour leur pitcher ce qu’allait être WANDAVISION. Une fois qu’ils ont absorbé ce concept atypique, nous avons visionné ensemble des épisodes de chacune de ces séries, et tout le monde est reparti avec une pile de DVDs pour continuer à en regarder à la maison. Après avoir vu tout cela, il était évident que la famille était le sujet principal, l’intrigue au cœur de presque toutes ces histoires, et que c’était dans cette direction que nous devions aller. Quand WANDAVISION débute, c’est une histoire d’amour, puis les jumeaux arrivent assez vite, et le domicile familial devient le point central, la force vitale de cette aventure. Comme je le disais précédemment, notre but n’était pas de parodier les sitcoms, mais de leur rendre hommage tout en les traitant à notre manière.

A ce propos, qui a écrit la musique et les chansons des différents génériques de WANDAVISION qui s’inspirent des sitcoms des années 60 à aujourd’hui ?

Jac Schaeffer :
Christophe Beck a écrit la musique de la série, et Kristen Anderson-Lopez et Bobby Lopez ont écrit les chansons des génériques. Nous souhaitions que les génériques de plusieurs des épisodes soient représentatifs des époques spécifiques dans lesquelles Wanda et Vision se retrouvent, afin que le public puisse immédiatement savoir ce qui se passe. Bobby et Kristen sont des grands fans de séries, et grâce à leur connaissance de l’histoire de la télévision, ils possédaient déjà toutes les références nécessaires pour aborder ce projet. Ils ont saisi l’opportunité de se plonger dans cet univers qu’ils adorent, et nous avons été ravis de ce qu’ils sont parvenus à créer.

Prochain épisode de notre dossier WANDAVISION bientôt sur ESI ! Bookmark and Share


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