RAYA ET LE DERNIER DRAGON, une aventure d’Heroic FantASIE, dès le 4 juin sur Disney + : Entretien avec les réalisateurs et le co-scénariste - 1ère partie
Article Animation du Lundi 31 Mai 2021

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Après avoir exploré le patrimoine fantastique de la Polynésie dans VAIANA LA LEGENDE DU BOUT DU MONDE, et de la Norvège dans LA REINE DES NEIGES 1 & 2, les studios d’animation Disney s’inspirent de la culture des pays d’Asie pour nous présenter leur nouveau récit d’aventure, qui sera visible dès le 4 juin sur Disney Plus.

L’histoire de RAYA ET LE DERNIER DRAGON se déroule dans le monde de Kumandra, composé de cinq pays où les dragons bienveillants et les hommes vivaient autrefois en paix. Mais cet équilibre a été brisé par une force maléfique si puissante et si destructrice que les fabuleuses créatures ont du se sacrifier pour sauver l’humanité. Quand le récit débute, cinq siècles plus tard, les entités ravageuses surgissent à nouveau. Raya, une guerrière solitaire, doit retrouver l’unique dragon survivant, une femelle appelée Sisu, pour rassembler les peuples du continent en dépit des conflits qui les divisent. La jeune femme ne dispose que de sa fidèle monture Tuk Tuk - sorte de tatou géant qui se roule en boule pour avancer - de l’épée de son père, et d’un fragment d’une pierre magique pour sauver son pays et lui permettre de retrouver la paix…Si les personnages et l’intrigue de RAYA ne sont pas issus des légendes d’Asie, le folklore et les traditions artistiques et culturelles des pays de cette partie du globe ont inspiré les créateurs du film, qui ont eu l’occasion de les visiter à plusieurs reprises pendant la préparation du projet. Ces passionnés d’animation ont également subi l’influence des grands maîtres japonais comme Miyazaki et Hosoda, et à en juger par les longs extraits du film que nous avons visionnés avant cet entretien, ils ont réussi à mitonner dans leur wok un divertissement dynamique, drôle et spectaculaire qui devrait être un régal pour les spectateurs de tous âges.

Entretien avec Don Hall (Réalisateur), Carlos López Estrada (Réalisateur) et Qui Nguyen (co-scénariste)

Travaillant depuis 1999 chez Disney, Don Hall a contribué au développement des histoires de TARZAN, KUZCO L’EMPEREUR MEGALO, FRERE DES OURS, et LA FERME SE REBELLE, écrit le scenario de BIENVENUE CHEZ LES ROBINSON, et co-signé les histoires de WINNIE L’OURSON ET DE VAIANA, LA LEGENDE DU BOUT DU MONDE. Il a également dirigé WINNIE L’OURSON et LES NOUVEAUX HEROS, et co-réalisé VAIANA. Carlos López Estrada, lui, vient des tournages en prises de vues réelles. Il a réalisé de nombreux vidéoclips et courts-métrages avant de se faire remarquer en 2020 avec son premier long-métrage, SUMMERTIME, série de portraits de jeunes gens de Los Angeles pendant une journée de canicule. Il a également dirigé l’un des épisodes de la série LEGION, adaptation d’un des comics de Marvel. Qui Nguyen a été superviseur de combats d’Art Martiaux avant d’entamer une carrière de scénariste à la télévision, pour des séries fantastiques très originales comme THE SOCIETY et LES ENVOYES D’AILLEURS.

Pouvez-vous expliquer comment les lieux des pays d’Asie que vous avez visités en préparant ce film ont inspiré les designs des cinq contrées de Kumandra ?

Carlos López Estrada
: C’est l’aboutissement d’un processus qui s’est étalé sur plusieurs années et qui a bénéficié de la participation de beaucoup de gens. Dès le départ, nous avions envie de bâtir cette aventure fantastique en nous inspirant des différentes cultures de l’Asie du Sud-Est pour concevoir les caractéristiques des cinq pays du continent de Kumandra. Notre objectif était de restituer la diversité de ces peuples, ces paysages et ces architectures en accompagnant notre héroïne Raya au cours de son périple. Nous décrivons des environnements très variés : des étendues rocheuses désertiques, un marché flottant avec des centaines de jonques, une ville de montagne, une île luxuriante, et une région parcourue de rivières. Tout cela est venu du désir de rendre hommage à cette immense richesse culturelle et naturelle, tout en libérant notre imagination le plus possible sur l’écran.

Don Hall : C’est difficile d’expliquer les efforts considérables qui ont été accomplis pour élaborer l’univers de Kumandra. Je travaille dans l’animation depuis longtemps, et je peux dire que je n’ai jamais vu un projet se construire avec une telle ampleur auparavant. Comme Carlos le disait, il ne s’agissait pas seulement de créer l’environnement d’une région ou d’un pays, mais de concrétiser cinq nations différentes, chacune avec sa propre esthétique, ses traditions, ses panoramas, ses bâtiments, son caractère. Je crois que les spectateurs qui verront RAYA auront le sentiment de voyager et de découvrir des lieux crédibles grâce au remarquable travail accompli par nos équipes chargées de la conception artistique et des environnements. Les voyages que nous avons faits ensemble leur ont permis de s’immerger dans les cultures de l’Asie du Sud-Est, de rencontrer les habitants de ces lieux, de s’imprégner de ces expériences tout en faisant des croquis sur place, avant de transposer ce ressenti dans notre univers imaginaire. C’était une tâche monumentale, et au final, on n’en voit qu’une partie dans le film. Mais cela représente des centaines de milliers de détails soigneusement pensés, modélisés et peaufinés avant d’être placés dans les environnements de Kumandra.

Parlez-nous des premières idées visuelles qui vous sont venues pendant vos périples en Asie…

Carlos López Estrada
: L’une des premières choses qui m’avait frappé était un dessin réalisé par Don, qui est devenu la pose qu’adoptent les personnages lorsqu’ils sont touchés par les « droons », les entités maléfiques, et se transforment en statues. Don a eu cette idée au cours d’une réunion de développement de l’histoire pendant laquelle nous nous demandions ce qui arrive aux gens lorsqu’ils sont pétrifiés par ces créatures. Paul Briggs, qui travaille en tant que co-réalisateur sur le projet, a suggéré qu’ils prennent une attitude de repos, de prière. Nous avons pensé aussi que joindre leurs mains à ce moment-là leur permettrait de tenir de l’eau - symbole de vie en Asie - dans leurs paumes au moment de leur réveil, quand ils ressuscitent. C’est une posture spirituelle pleine d’espérance, et je crois qu’elle apporte une jolie touche à ces scènes.

Don Hall : Pour ma part, l’une des images qui m’a le plus marqué au début du projet est celle du fleuve dont les bras irriguent tout le continent de Kumandra, et dont les contours ressemblent à la silhouette d’un dragon. Je ne sais plus qui a eu cette idée et l’a représentée ainsi, mais je l’ai trouvée superbe, vraiment fascinante. Je crois qu’elle a été inspirée par les formes sinueuses du Mekong. Cette carte des pays séparés par ce fleuve à l’aspect de dragon a enflammé nos imaginations, et nous y revenions à chaque fois que nous avancions sur la conception du film, car elle était épinglée sur l’un des panneaux de storyboard de notre salle de réunion. Ce visuel fondateur, très puissant, illustre parfaitement le thème central de notre histoire : des pays divisés qui doivent trouver les moyens de s’unir pour combattre un danger qui les menace tous. S’ils ne réussissent pas à s’entendre, ils courent à leur perte.

Qui Nguyen : Étant issu de cette culture - ma grand’mère est vietnamienne – j’ai eu à cœur d’évoquer les traditions qui concernent les marchés flottants nocturnes éclairés par des lampions que l’on trouve sur les rivières thaïlandaises et vietnamiennes. Ce sont des endroits dans lesquels règne une ambiance particulière, conviviale et apaisante. Ils sont très importants dans les cultures d’Asie du Sud-Est, car on s’y rend pour manger en famille, se divertir, se promener tranquillement après une longue journée de travail, en profitant de la chaleur qui diminue et de la fraîcheur apportée par l’eau. Célébrer ces marchés de nuit dans notre film, pendant cette scène où Raya en explore un, rappellera certainement beaucoup de bons souvenirs aux spectateurs originaires de ces pays, et à ceux qui les ont visités.

Parlons de la dynamique amusante des rapports entre Raya et Sisu la dragonne ou plus précisément la « dracène », selon le terme mythologique exact. Sisu n’agit pas vraiment comme un mentor plein de sagesse, alors comment avez-vous trouvé le juste équilibre entre ses maladresses, les gags visuels qui en découlent et les liens émotionnels qui se tissent entre elle et Raya, particulièrement pendant la période de crise que décrit cette histoire ?

Qui Nguyen
: Vous savez, Don a été mon mentor en écriture et m’a expliqué comment les structures des histoires des films d’animation Disney étaient construites. Au cœur de tous ces récits, même s’il y a beaucoup de protagonistes différents, il y a toujours une relation principale entre deux personnages. Dans notre histoire, il s’agit de celle de Raya et Sisu, comme l’indique le titre du film. La manière dont Sisu va faire évoluer Raya est l’enjeu principal de cette intrigue. Ce que vous évoquez au sujet du traitement des personnages est juste, car il fallait que Sisu soit drôle, mais que nous rendions également hommage à la sagesse et aux valeurs positives représentés par les dragons Naga dans les cultures d’Asie du Sud-Est. Nous avons posé les bases de cette harmonie entre humour et émotion pendant l’écriture du scénario, mais c’est l’interprétation de nos deux actrices et les répliques additionnelles qu’elles ont imaginées qui a vraiment permis à ces dialogues de prendre vie. Nous nous demandions si certaines plaisanteries que nous avions écrites allaient fonctionner ou si elles ne risquaient pas d’être mal accueillies, mais dès que Kelly Marie Tran et Awkwafina ont rejoint le projet et ont joué ensemble, elles ont agi comme un chef d’orchestre qui dirige judicieusement les musiciens pour faire ressortir chacune des nuances allègres ou émouvantes d’une symphonie. Les gags que nous avions conçus et les références aux leçons de sagesse issues de la culture asiatique se sont mélangés comme par magie pour former un tout cohérent. On avait déjà vu Awkwafina être très drôle dans certains films et émouvante dans d’autres. La surprise qu’elle réserve au public dans RAYA, c’est la révélation d’une nouvelle facette spirituelle de son talent, une sagesse très inspirante.

Don Hall : Pour compléter ce que Qui vient de dire, je voudrais ajouter que le point de vue de Sisu est très important dans notre histoire. En effet, Raya pense que plus rien ne va à Kumandra parce que l’on ne peut plus avoir confiance en quiconque, tandis que Sisu est persuadée que tout est possible uniquement si les gens réapprennent à collaborer et à se faire confiance. Tout en étant fantasque et amusante, Sisu va pousser Raya à s’ouvrir aux autres et à oublier un peu sa méfiance et ses préjugés.

La suite de cet entretien avec les créateurs de RAYA arrivera bientôt sur ESI ! Bookmark and Share


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