Dans les coulisses de DUNE, le film-événement de Denis Villeneuve – 5ème partie
Article Cinéma du Lundi 20 Septembre 2021

Comme son nom le laisse entendre, Rabban Harkonnen, dit « La Bête », est l’imposant homme de main – et neveu – du sadique Baron. Chargé d’assurer la sécurité de l’empire par tous les moyens nécessaires, cet homme est une force de la nature d’une brutalité inouïe, capable d’exploser et d’entrer dans des colères homériques. Dave Bautista campe Glossu Rabban Harkonnen, alias « La Bête ». Il veille à ce que tous ceux qui le contrarient – ou les Harkonnen – le paient de leur vie. Bautista, qui souhaitait retravailler avec Villeneuve après BLADE RUNNER 2049, déclare : « Denis m’a appelé en personne pour me proposer ce rôle. Ça comptait beaucoup pour moi car j’ai travaillé dur pour devenir comédien, et le fait qu’un homme de l’envergure de Denis Villeneuve me téléphone personnellement m’a énormément touché ». L’intrigue lui plaisait également. « J’ai trouvé le scénario brillant », poursuit-il. « Il était magnifique et ce qui m’a plu, c’est qu’il soit resté aussi fidèle au roman. On voit bien que Denis adore le livre, peut-être même de manière obsessionnelle. Qui pouvait-on rêver de mieux pour le réaliser ? Je crois que sa mise en scène correspond parfaitement à cette histoire. Et le film a exactement le style qu’il fallait ». Bautista explique qu’il a abordé Rabban de manière peu conventionnelle. « Je ne voulais pas avoir d’idées préconçues sur le personnage avant d’en parler avec Denis, parce que je pensais qu’il en avait une vision précise », dit-il. « Le premier jour des essayages costumes et des essais maquillage, j’ai abordé le sujet avec lui et il n’avait pas d’idée précise non plus. Ce n’est que lorsqu’on a commencé le tournage qu’on a envisagé les caractéristiques du personnage. Denis a retenu certaines de mes attitudes et m’a encouragé à les conserver, et même à les cultiver. C’est pour cela que j’aime autant travailler avec Denis : c’est un vrai directeur d’acteur. On a mis au point le personnage de Rabban ensemble ». Bautista décrit Rabban comme « sadique, malveillant, et pas très futé. Il n’est pas stupide, mais il compte sur l’intimidation et la peur – il s’en délecte et se réjouit de susciter la terreur. C’est un psychopathe ». Selon l’acteur, le personnage a un point faible. « Rabban n’a peur de rien, ni de personne, sauf de son oncle », dit-il. « C’est le seul qu’admire Rabban et il est prêt à tout pour faire plaisir à son oncle, mais je pense que le Baron Harkonnen considère surtout son neveu comme un pion dans sa stratégie. Ils sont de la même famille, mais il n’y a aucune affection entre eux – aux yeux du Baron, leurs rapports sont strictement utilitaires ».

Bautista était très heureux de donner la réplique à Stellan Skarsgård: « J’ai un immense respect pour Stellan qui est l’un des plus grands acteurs de notre époque », ajoute-t-il. « Je l’admire énormément, si bien que c’était un peu intimidant de me retrouver à ses côtés sur le plateau. Mais il est non seulement d’une grande élégance, mais c’est un gros bosseur. Et malgré son maquillage, très contraignant, il a toujours été extrêmement agréable ».

Le Mentat Piter De Vries se sert de son esprit pernicieux et de son intelligence perverse pour mettre en œuvre les noirs desseins du Baron, tout en gardant une longueur d’avance sur son rival, Thufir Hawat de la Maison des Atréides, dans une forme de guerre psychologique entre les deux Maisons. David Dastmalchian incarne Piter De Vries qui, tout comme Hawat, est capable d’effectuer des calculs de probabilités comme un ordinateur humain. Dastmalchian était enchanté de participer au film. Tout comme son partenaire Bautista, il souhaitait retrouver Villeneuve qui l’avait déjà dirigé dans PRISONERS et BLADE RUNNER 2049. « Tourner avec Denis est l’un des grands bonheurs de ce métier », affirme le comédien. « Il sait explorer toutes les facettes des personnages et leurs rapports. C’est un maître du langage cinématographique. J’aime le fait qu’il soit ambitieux et que sa vision de ce genre de film soit sans limite. Il propulse ses acteurs là où ils n’auraient jamais pensé aller. J’avais lu Dune quand j’avais 18-19 ans et j’avais trouvé que c’était une œuvre littéraire d’une grande profondeur qui m’avait beaucoup marqué. Quand j’ai décroché le rôle, je suis revenu au texte et je me suis mis à m’interroger sur ce qui rendait Piter aussi terrifiant et intriguant. J’aime les défis et Piter est incontestablement l’un des personnages les plus complexes que j’aie jamais campé ». Pour Dastmalchian, Piter est un « ordinateur humain qui vit, respire et marche, et qui a été corrompu par son maître, le Baron Harkonnen. La relation entre Piter et le Baron est intéressante. Comme tout dans le roman d’Herbert, cette relation est d’une grande complexité. Le Baron a totalement perverti Piter et exerce une emprise absolue sur lui, et Piter lui est dévoué, mais il le craint et lui en veut en même temps. Denis souhaitait explorer cette tension, et c’était exaltant à mes yeux ». Grand fan de science-fiction, Dastmalchian a été stupéfait par le scénario. « Le livre, au départ, regroupe de nombreux points de vue et évoque plusieurs idées philosophiques », dit-il. « Pour autant, j’ai été époustouflé par la manière dont les auteurs ont su imprégner le script de toutes ces idées, de toute cette complexité, de cet émerveillement et de ce monde extraordinaire ». Pour se préparer, l’acteur s’est plongé dans le roman. « Le monde de Dune est dépourvu d’ordinateurs, si bien que j’ai réfléchi à l’objectif de l’informatique dans notre quotidien et au fait qu’un être humain puisse prendre leur place », reprend-il. « Piter est, à bien des égards, dépourvu d’émotions humaines, ce qui rendait le personnage difficile à incarner et à cerner. Du coup, je me suis beaucoup documenté sur la sociopathie, ce qui m’a vraiment aidé. Denis avait, lui aussi, très envie d’explorer la complexité et la richesse de nos personnages. C’est ce qui est franchement difficile chez Piter car il est animé par une obsession unique. Mais Denis est un guide tellement épatant que je n’ai pas eu peur de fouiller certaines zones très sombres de la psyché humaine ».

LES FREMEN : Survie et résistance

Les Fremen ont été persécutés et exterminés par les Harkonnen, si bien qu’ils ont presque abandonné la surface de cette planète aride et qu’ils vivent désormais sous la terre, tandis que d’autres pillent les sables en quête de l’Épice. Les Fremen recherchent un environnement protecteur pour eux et pour leurs futures générations afin de vivre dignement. En tant que gardiens de Dune, ils sont prêts à se battre pour sa survie. Maître de ce désert vénéré, Stilgar est prêt à tout pour protéger ces mystérieux gardiens aux yeux bleus d’Arrakis et préserver leur culture. Il est révéré par sa tribu car il est considéré comme un homme de sagesse né d’une relation symbiotique avec les éléments naturels de Dune – un survivant qui a su domestiquer la planète la plus dangereuse de l’univers. Javier Bardem campe ce personnage, qu’il compare à ceux qui, dans l’univers, cherchent à protéger les ressources de la Terre. « L’Épice est pour Dune ce que le pétrole est au monde moderne. C’est la ressource pour laquelle chacun se bat ou tue, elle est au fondement des nations et les pousse à s’envahir et à se s’affronter. Dans DUNE, toutes les planètes veulent envahir Arrakis et mettre la main sur son Épice », raconte l’acteur.

Pourtant, ils ont eux aussi des pouvoirs. « Les Fremen sont les seuls qui ont appris à contrôler les vers des sables, ces gigantesques créatures agressives qui détruisent tout sur leur passage et peuvent s’avérer une puissante arme de guerre », poursuit Bardem. Désormais, le Duc Leto est à la tête de la planète Arrakis et doit faire face à la menace des Harkonnen. C’est alors que le sage dirigeant des Fremen vient le voir pour lui proposer un accord de paix. Au cours de cette visite, il décèle une qualité particulière chez Paul qui le pousse à former une alliance avec les Atréides – alliance qui n’a pourtant rien d’évident. « Stilgar est un guerrier et un homme très puissant mais il s’inquiète du sort de ses descendants. Il souhaite une planète plus écologique, disposant de plus de ressources pour que les gens survivent et puissent continuer à y vivre. Même si c’est un homme fort et un battant, il a bon cœur et agit pour le bien des futures générations, pour ceux qui lui succéderont bien après sa mort », explique l’acteur. Comme nombre de ses partenaires à l’écran, Bardem s’est inspiré du livre pour composer son personnage. « Il y a beaucoup de références à la culture arabe et hébraïque dans le roman et je voulais intégrer des éléments de la culture bédouine ou touarègue au personnage. Je souhaitais qu’on sente qu’il est à sa place dans le désert depuis sa naissance, tout comme ses ancêtres. Je voulais qu’il porte le poids de son peuple qui a été chassé et persécuté. Stilgar est un mélange de guerrier, de résistant, de sage et de leader », confie-t-il.

La relecture du roman avant le début du tournage a permis à l’acteur d’en cerner le sens profond. « En tant qu’adulte, je comprends mieux les thèmes environnementaux, sociaux, politiques et religieux abordés dans le livre que quand j’étais jeune », reprend-il. « Pour moi, le thème de l’environnement est particulièrement important, car la Terre nous a tout donné et on ne lui a rien offert en retour en dehors de la pollution. Cela nous renvoie au fait que notre monde s’est détourné de l’amour, de l’empathie et de l’attention qu’on devrait porter à notre propre planète. Le scénario était fidèle à l’esprit du livre et c’est vraiment formidable qu’un film spectaculaire comme DUNE puisse mettre en avant de telles problématiques ». Bookmark and Share


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