Effets spéciaux de maquillage : Les démons de Max Payne
Article Cinéma du Jeudi 25 Decembre 2008
Entretien avec Matthew W Mungle
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Artiste reconnu dans l’industrie du cinéma, Matthew W Mungle s’est souvent illustré dans les effets spéciaux de maquillage. Il a participé à de nombreux films fantastiques parmi lesquels on peut citer « Les Griffes de la nuit 3 » (1987) « Edward aux mains d’argent » (1990), « Dracula » (1992), « Congo » (1995), « Jurassic Park 2 : Le monde perdu » (1997), « Psychose » (1998) « Deep blue sea » (1999) « Endiablé » (2000) « Daredevil » (2003), « Sky High » (2005), « X-men 3 » (2006), « Spider-Man 3 » (2007) et « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal » (2008). En dehors de ses activités cinématographiques, Mungle s’est souvent distingué à la télévision, sur des séries comme « X-Files », « Les experts Miami », « Six Feet Under », « Night Stalker » et « Desperate Housewives ». Effets-speciaux.info a eu le plaisir de s’entretenir avec Matthew W Mungle alors qu’il venait de recevoir un Emmy Award pour les maquillages spéciaux de la série « State of the Union ». Nous reviendrons prochainement sur l’ensemble de la carrière de ce maquilleur aussi talentueux que sympathique.
Pouvez-vous nous décrire votre implication dans les effets spéciaux de maquillage de « Max Payne » ?
Il s’agit du quatrième film de John Moore sur lequel j’interviens. J’avais travaillé sur le remake de « La Malédiction » récemment, et sur ses films précédents. John et le producteur m’ont contacté pour créer le maquillage du démon qui apparaît dans Max Payne. John m’a transmis les dessins conceptuels réalisés par plusieurs artistes, et nous sommes partis de là pour créer les prothèses du personnage, qui recouvrent son visage et son corps. Après les avoir fabriquées, nous les avons envoyées à Toronto, où Kyle Glencross et Chris Bridges, deux maquilleurs canadiens, les ont appliquées sur l’acteur qui incarnait le démon. Le budget du film étant limité, la production a préféré faire appel à des maquilleurs locaux plutôt que de faire voyager une équipe américaine. Kyle et Chris, que j’avais rencontrés sur le tournage de « La Malédiction », à Prague, ont donc appliqué le maquillage 6 ou 7 fois. Une autre équipe canadienne a fabriqué les ailes du démon. Elles étaient munies de mécanismes animés par des câbles et des leviers, qui leur permettaient de se déployer et de battre l’air.
Pouvez-vous nous décrire les étapes de fabrication des prothèses ?
Nous avons d’abord modelé la tête en argile, sur le moulage d’un acteur que John avait apprécié pendant le tournage de « la Malédiction », à Prague. Nous avons ensuite moulé la sculpture et fait une série de tirages en mousse de latex. Ensuite, nous avons réalisé une grosse prothèse qui est collée sur le torse, et qui donne une forme complètement différente aux pectoraux et à la cage thoracique. Ce modelage a été réalisé en plastiline, et tiré en mousse de latex. Pour finir, nous avons aussi sculpté des extensions pour les doigts du personnage, munies d’ongles très longs, qui ressemblent à des griffes.
Avez-vous fabriqué aussi des prothèses dentaires ?
Oui. Nous les avons sculptées sur un moulage des dents du comédien et tirées en résine acrylate. Ce sont des dents très longues et un peu recourbées. La touche finale a consisté à concevoir la couleur du personnage et à mettre au point les différents fonds de teint destinés à être appliqués sur la tête et le corps. John voulait que le personnage soit pratiquement noir, mais si nous avions utilisé du noir pur, on aurait eu beaucoup de mal à voir les volumes du démon. Il aurait été réduit à une simple silhouette. Nous avons donc utilisé un gris foncé, ombré pour souligner les volumes. Par la suite, après le tournage, le département des effets visuels est revenu sur ces images pour renforcer les contrastes, et pour retoucher les ailes mécaniques en 3D.
Quel a été l’aspect le plus difficile de ce travail ?
Le manque de temps ! Nous avons dû travailler très vite, et quand nous avons livré les prothèses, nous nous sommes rendu compte que la scène avec le démon n’allait être tournée qu’un mois plus tard ! (rires) Bien sûr, la production a préféré prendre des précautions, et récupérer les prothèses le plus rapidement possible, au cas où. Comme le démon devait être filmé en studio, j’imagine aussi que ses scènes pouvaient être des solutions de secours, au cas où des tournages en extérieurs aurait dû être reportés à cause du mauvais temps.
Vous disiez que le démon maquillé a été filmé six ou sept jours de suite. Savez-vous dans quelles conditions ?
Je sais qu’il a été filmé à plusieurs reprises devant un fond vert, et aussi pendant le tournage de la scène où un personnage est happé au travers d’une fenêtre et précipité dans le vide.
