Dans les coulisses de DUNE, le film-événement de Denis Villeneuve – 11ème partie
Article Cinéma du Lundi 15 Novembre 2021

LES SCENES D’ACTION, LES EFFETS SPÉCIAUX, ET LA MUSIQUE

Tom Struthers , chef-cascadeur et réalisateur 2ème équipe, s’est vu confier la mission délicate de veiller à ce que toutes les scènes d’action dans DUNE soient spectaculaires et à ce que les acteurs et les cascadeurs soient en sécurité. De fait, les cascades et les scènes de combat chorégraphiées par Struthers et le coordinateur combats Roger Yuan sont parmi les plus complexes que Jason Momoa, interprète de nombreux films d’action, ait jamais tournées. « Dans une scène, j’affronte 19 cascadeurs en même temps, ce que je n’avais jamais fait auparavant ! On s’est beaucoup entraînés pour tourner ça. Denis ne nous a pas habitués à ce genre de scènes d’action et c’était vraiment stimulant de découvrir sa vision et son enthousiasme », déclare l’acteur. « Roger Yuan est un merveilleux chorégraphe de combat », ajoute Josh Brolin. « Denis et moi avions discuté de la bataille des Harkonnen et on pensait qu’elle devait être aussi brutale que possible. Le spectateur a jusque-là vu Gurney comme le professeur, le poète et le conseiller, et on a ainsi l’occasion de découvrir une nouvelle facette du personnage. Le combat est entièrement à son image : c’est toute la rage et la paranoïa qui l’y mènent. Il veut être à 1 000 % préparé à protéger sa famille, parce que c’est sa raison d’être. C’est sa vie ».

Rebecca Ferguson a été impressionnée par la manière dont Yuan et Struthers ont fait en sorte que le style de combat de Dame Jessica évoque si bien son personnage : « Jessica a une façon précise de se battre. C’était parfait pour elle, car, en tant que garde du corps et protectrice, elle cerne parfaitement son environnement : elle balaye la pièce du regard, elle sait ?lire? dans l’esprit des gens et prédire ce qui va se passer. Elle est très rapide et agile, tant mentalement que physiquement, et cela correspond aussi à sa technique de combat », décrit-elle. Villeneuve et son équipe ont eu la chance de pouvoir compter sur l’expertise technique du superviseur Effets spéciaux Gerd Nefzer . Celui-ci a notamment reproduit les impressionnantes tempêtes de sables qui s’abattent sur les personnages à divers moments de l’intrigue. Comme Villeneuve tenait à ce qu’un maximum d’effets soient réalisés physiquement plutôt qu’en infographie, Nefzer déclare : « Ça a été un sacré défi pour nous : le sable et la poussière volaient autour des acteurs qui devaient non seulement les supporter mais aussi jouer dans un tel environnement. Ça n’a pas été facile ».

Pour créer les tempêtes de sable, Nefzer a dû se procurer de la poussière qui s’harmonise avec les teintes du sable en Jordanie. La recherche a pris des semaines. « La couleur devait parfaitement s’accorder et la poussière devait bien voler dans les airs. On a eu recours à un produit naturel dont on se sert habituellement en maquillage. Il faut veiller à ce que les acteurs et les équipes puissent respirer et éviter tout problème de santé, et on a donc fait en sorte que la poussière reste le plus loin possible des acteurs et qu’elle soit utilisée seulement quand les caméras tournaient », explique-t-il. Son équipe a également dû reconstituer d’autres effets comme la pluie et les vents violents, la vapeur du sauna du Baron Harkonnen, des explosions et des incendies. Par exemple, Arrakis est planté de plusieurs palmiers précieux qui brûlent au cours du film. Après plusieurs essais, l’équipe a construit environ 250 feuilles de ces arbres en acier, feuilles qui étaient reliées à une alimentation en gaz dissimulée dans chaque tronc d’arbre et qu’on aurait dit intacts en dépit des kilomètres de tuyaux de gaz qui les traversaient.

Pendant leur séjour dans le désert, l’équipe Effets spéciaux est restée concentrée essentiellement sur des problématiques liées à la météo et à la mécanique. « On avait 3 ou 4 types d’ornithoptères qui faisaient des choses différentes. On a dû concevoir et tester toutes les installations qui devaient être parfaitement sécurisées, car nos acteurs étaient à l’intérieur. Mais le résultat devait avoir l’air assez acrobatique surtout quand les ornithoptères volent à travers les tempêtes de sable, si bien que parvenir à l’équilibre a été délicat », précise Nefzer. Bien évidemment, tout type de machine volante nécessite sa propre structure de support, autrement dit cardans et plateformes. « Le plus souvent, on utilise des plateformes aériennes du genre de celles dont l’armée de l’air se sert pour ses simulateurs de vol. Il y a une base qui simule 6 mouvements l’un après l’autre avec donc 6 axes et 6 pistons hydrauliques, ce qui permet de reproduire presque tous les mouvements et la force de gravité. Quand l’ornithoptère tourne, on doit ajouter un autre axe et on a besoin d’un anneau pivotant. Et il faut pouvoir programmer les différents mouvements. C’est comme ça qu’on a mis au point presque tous les mouvements de l’ornithoptère en vol », détaille-t-il encore. Nefzer a aussi dû créer les effets spéciaux pour les attaques des vers des sables, ces gigantesques créatures capables de détecter le moindre mouvement à des kilomètres à la ronde et de se déplacer à une vitesse exceptionnelle. Elles ont bien entendu été créées par le superviseur Effets visuels Paul Lambert et son équipe, qui ont également été chargés d'ajouter littéralement un peu d’Épice au film.

Quand ils se déplacent, les vers des sables font vibrer le désert tout entier et provoquent des secousses dans le sable. Pour créer cet effet, « on a construit une plateforme sous le sable en Jordanie et on y a acheminé dix machines à vibrer. On a fait des tests avec plusieurs types de sable et à la fin on a combiné de grandes pales de bois avec nos puissantes machines à vibrations en dessous et ça a bien fonctionné », confie Nefzer. Lambert a adoré cette technique : « On sait toujours qu’un ver n’est pas loin, parce qu’on s’est dit qu’ils dégagent tant de force sous la terre que le sol tremble et que ça provoque automatiquement ces cascades de sable sur les dunes. Quand le spectateur voit un ver s’approcher, il aperçoit les dunes environnantes couler comme de l’eau : j’ai vraiment aimé cette idée que, dans ce désert aride, cette créature puisse simuler l’eau lorsque le sable s’élève et s’affaisse ».

Lambert était conscient que le cinéaste souhaitait que Dune semble aussi réaliste que possible aux yeux du spectateur. Par conséquent, en collaboration avec les autres départements, il a imaginé divers dispositifs pour que les effets visuels soient aussi réalistes que possible. Il a ainsi mis au point un « fond couleur soleil ». Il s’explique : « Plutôt que d’utiliser un fond bleu ou vert, on en a utilisé un couleur sable. En effet, étant donné que les arrière-plans et les environnements générés par ordinateur allaient être couleur sable, les scènes tournées au premier plan allaient s’inscrire naturellement dans un cadre de la même couleur. Cela s’est révélé très utile pour l’intégration des différentes strates. L’avantage de cette technique, c’est que si on inverse la couleur du sable pendant le compositing, on obtient une couleur bleue qui fonctionne comme un fond bleu et qui permet d’effectuer un ‘matte painting’ plus traditionnel en cas de besoin. Bien évidemment, cela pose quelques problèmes comme le teint de la peau qui est un peu plus complexe à gérer mais le résultat est tellement plus satisfaisant et naturel quand on effectue le compositing d’une image extraite à partir d’une teinte proche de la couleur définitive. C’est une technique simple mais très efficace dans ce film où tout repose sur le sable ». Bookmark and Share


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