La création de THE BATMAN : Le nouveau visage du Pingouin
Article Cinéma du Samedi 19 Mars 2022

Autre super-vilain emblématique de l’univers DC qu’on retrouve dans THE BATMAN : le Pingouin. Oz, comme on l’appelle dans le film, est le propriétaire de la boîte de nuit la plus tendance de Gotham City, l’Iceberg Lounge, où se retrouve la pègre de la ville. Si ce sinistre escroc est réputé pour parler à tort et à travers et être à la solde du plus grand caïd de la ville, Carmine Falcone, il a bien d’autres plans en tête… Totalement méconnaissable dans le rôle, Colin Farrell explique qu’il n’a eu aucun mal à donner son accord à Reeves qui lui proposait de participer à une nouvelle version d’une saga qu’il adore. « Matt est un merveilleux réalisateur », rapporte Farrell. « Il tourne des films spectaculaires et extrêmement divertissants qui ont toujours une forte résonance émotionnelle. Quand j’ai appris qu’il allait mettre en scène un film de Batman et qu’il y avait la possibilité de jouer le Pingouin, j’ai été franchement intrigué ».

Dès sa première lecture, l’acteur a été captivé. « Le script était extraordinaire », dit-il. « Il était d’une profondeur incroyable et le moindre personnage avait une trajectoire qui lui était propre, et une force émotionnelle et psychologique sous-jacente. J’ai trouvé que Matt avait excellé à créer une atmosphère de danger dans cet univers. Le Gotham City du film est une ville sans foi, ni loi, gangrénée par une forme de corruption spirituelle, mais aussi de corruption politique et de corruption environnementale, et ce sont là des éléments centraux de l’intrigue ».

Farrell était également inspiré par l’allure physique de son personnage : « La silhouette du Pingouin est spectaculaire et singulière », signale-t-il. « J’ai l’air d’un pingouin, j’ai l’air d’une quille, et c’est vraiment grâce au génie créatif du [chef-prothésiste] Mike Marino. Quand j’ai vu le visage du Pingouin la première fois, j’ai été époustouflé. J’étais profondément ému, enthousiaste, ébranlé, et j’ai senti que mon imagination était stimulée. C’était un formidable cadeau que m’a fait Mike Marino sur ce film. Lorsque j’ai découvert le travail de Mike – ses prouesses en matière de moulage et de sculpture –, je me suis enfin approprié Oz, alias le Pingouin, tel que l’avait imaginé Matt. C’était la première fois que mon visage était totalement maquillé, et je me sens profondément redevable envers Mike et son équipe d’avoir eu le cran d’aller aussi loin ». Le réalisateur avait fait part de ses sources d’inspiration à Farrell lorsqu’il l’a contacté pour lui proposer le rôle. « Ce qui m’a intéressé dans la version du personnage qu’on avait écrite, c’est qu’il n’était pas encore le caïd », rapporte Reeves. « Il est en voie de le devenir, mais à l’époque où se déroule le film, il n’est qu’un gangster médiocre, sous-estimé et ridiculisé. Du coup, j’ai évoqué avec Colin le fait qu’il fallait qu’on perçoive des indices de la créature qu’il allait devenir, sans pour autant qu’il soit déjà celle-ci. J’ai pensé à pas mal de films de gangster, comme DU SANG SUR LA TAMISE, avec Bob Hoskins, et je me suis dit que je retrouvais un peu de cet esprit chez Oz. J’ai aussi pensé à John Cazale, qui joue Fredo dans LE PARRAIN, et l’image d’Oz a peu à peu pris forme dans mon esprit : c’est une sorte de bête de scène, que les gens ne prennent pas au sérieux et dont ils se moquent, mais en réalité, ce type se révèle être un volcan ».

Reeves se souvient de sa première rencontre avec Farrell : « Colin était sous pression à cause du film qu’il était en train de tourner et je lui ai dit qu’il serait formidable dans le rôle. Cependant, il vivait assez mal cette tension et il n’avait pas envie de se stresser davantage, mais je savais qu’on allait travailler avec Mike Marino, génie du maquillage, et que ses prothèses sont extraordinaires. Du coup, on a parlé de Hoskins et Cazale dans les rôles que j’évoquais tout à l’heure, et Colin et Mike se sont entendus à merveille ». La transformation physique a permis au comédien de cerner la nature profonde du personnage. « Oz est conscient de son image et de ce qu’il renvoie », indique Farrell. « Il est conscient de ses caractéristiques physiques, qui peuvent se révéler des handicaps, dont une contraction dans la jambe droite qui se voit un peu. On sent qu’il porte le poids des souffrances qu’il a endurées toute sa vie. Son visage porte les stigmates des épreuves qu’il a traversées, et c’était intéressant d’imaginer une histoire derrière chacune de ces cicatrices. C’est ce qui m’a guidé dans mes déplacements, dans mon élocution et dans mes gesticulations ».

La première séance de maquillage a duré environ quatre heures, mais Farrell n’a pas été perturbé par l’exercice. C’était même le contraire. « C’est l’une des expériences les plus jubilatoires, stimulantes et joyeuses que j’ai vécue en vingt ans de carrière », affirme-t-il. « Je ne suis pas dans l’exagération ! J’ai vraiment vécu la métamorphose du personnage en temps réel. Mon plus jeune fils est venu me voir le jour où j’étais entièrement habillé et maquillé et je dois dire que c’était incroyable d’assister à sa réaction ». Pour prêter sa voix au Pingouin – gangster de Gotham City d’une quarantaine d’années et mal dégrossi –, il s’agissait, pour l’acteur, d’adopter une élocution différente et de dissimuler son intonation irlandaise. « J’ai appris au contact d’un formidable coach linguistique avec qui j’ai beaucoup collaboré, et qui aborde son travail sous un angle social et psychologique », explique-t-il. « Il s’agissait de savoir d’où vient le personnage, à quelle époque il est né, quel genre d’éducation il a reçue, les séquelles psychologiques de cette éducation, dans quelle mesure elles ont marqué le comportement du personnage etc. C’était presque une étude anthropologique de la trajectoire du personnage ».

Zoë Kravitz, de son côté, a été stupéfaite par la métamorphose de Farrell : « C’était dément et je n’en croyais pas mes yeux », constate-t-elle. « Matt Reeves m’avait prévenue en me disant que je n’allais pas le reconnaître, et je ne l’ai pas cru. Et lorsque Colin a débarqué sur le plateau, j’ai été médusée ! Colin a vraiment su donner vie au personnage grâce à ses mouvements, sa démarche, son élocution… Tout ce qu’il faisait était épatant ».

L’admiration de Farrell pour Matt Reeves ne se limite pas à sa réinterprétation du Pingouin. « Matt est totalement passionné, et son énergie et son optimisme sont palpables », indique le comédien. « En tant que metteur en scène et scénariste, il a vécu avec ces personnages et les a accompagnés pendant cinq ans. Son souci du détail est incomparable, et son film est à la fois extraordinaire, fort, émouvant et spectaculaire ».

Le parrain de Gotham City

En quête de plus de pouvoir, Oz pourrait facilement lorgner sur le poste de Carmine Falcone, à la tête de l’un des clans mafieux les plus anciens de Gotham City. Retranché dans les Shoreline Lofts, ce caïd qui vit en ermite réussit à exercer son pouvoir sur la ville sans jamais sortir de sa tanière. Dans le rôle de cet homme influent qu’on aperçoit rarement, John Turturro témoigne d’une nature taciturne troublante qui permet de mettre en valeur l’emprise du personnage sur son entourage. D’après Turturro, Reeves a fini par le convaincre d’accepter le rôle. « J’hésitais un peu, non pas à cause du projet qui m’intéressait, mais je n’étais pas certain de vouloir interpréter un personnage pareil », dit-il. « Et puis, j’ai eu une idée ou deux – auxquelles Matt était très ouvert – et je lui ai notamment indiqué qu’à mes yeux chaque personnage porte un masque, d’une manière ou d’une autre. Je me suis donc demandé quel type de masque je pouvais bien porter et j’ai lu Year One de Frank Miller. Quand on en a reparlé, je lui ai montré les lunettes que j’avais en tête, et mon idée lui a plu ».

« Je n’ai pas campé beaucoup de sales types », poursuit Turturro. « Au début de ma carrière, j’en ai joué quelques-uns, et puis je n’ai plus voulu. Mais j’aime les films de super-héros, j’aime Batman et mes enfants aussi… j’avais adoré la série télé quand j’étais gamin, et j’aimais aussi Zorro. Ce qui me plaisait, c’est que Batman n’ait pas de superpouvoirs – le fait que ce soit un homme torturé – et l’idée que ce soit un personnage en devenir. J’ai trouvé que c’était intéressant ».

« Plus je discutais avec Matt, plus il était ouvert à l’idée d’explorer différentes pistes et prêt à ce que je lui propose des styles divers pour mon personnage », reprend Turturro. « C’est comme cela qu’on peut apprécier quelqu’un. Parfois, on tente une option qui ne fonctionne pas, mais qui débouche sur une autre idée qui, elle, fonctionne, à laquelle personne n’avait pensé – et c’est une démarche très exaltante. Matt a été vraiment sensible aux rapports entre les comédiens, et j’ai adoré travailler avec lui. J’ai trouvé qu’il prenait son temps avec moi, ce qui est parfois le cas sur ce genre de grosses productions. La mise en scène était plus précise que je l’avais imaginé, et c’est ce qui a déterminé la tonalité du film. Et les décors étaient magnifiques. C’était franchement génial. Matt débordait d’énergie et d’enthousiasme. Et lorsqu’on tentait quelque chose d’inhabituel, il rebondissait immédiatement. Avec un réalisateur comme lui, on n’a qu’une envie : continuer à le surprendre. C’était vraiment agréable ». Turturro, qui partage plusieurs scènes avec Farrell, se souvient : « Je n’ai même pas reconnu Colin. Je l’apprécie beaucoup. C’est un type charmant et j’ai trouvé qu’il avait fière allure et qu’il jouait son rôle à la perfection. De près, on n’aurait jamais dit qu’il était maquillé, croyez-moi ».

Au début du film, on comprend clairement qu’il s’agit d’une année électorale et que la course des municipales à Gotham City est… ou plutôt … a été serrée. Bella Reál est la plus jeune candidate de l’élection. N’hésitant pas à aller sur le terrain pour convaincre ses partisans, Bella est prête à utiliser des méthodes peu orthodoxes pour débarrasser la ville de la criminalité – et elle ne craint pas d’interpeller les citoyens qui, selon elle, pourraient en faire davantage, comme Bruce Wayne. Jayme Lawson campe la candidate qui cherche à se faire élire à une fonction qui pourrait s’avérer ingrate, étant donné la mainmise de la mafia sur Gotham City. La comédienne se définit comme « une fan amateur de Batman. Je pense que pour s’autoproclamer fan de la première heure, il faut avoir lu les albums de BD pendant toute son enfance, alors que je ne lisais pas beaucoup. Mais j’étais fascinée par Batman : il faisait partie des super-héros que j’adorais par-dessus tout, parce qu’il est humain, qu’il n’a pas de superpouvoirs, et que, d’une certaine façon, il est plus proche du commun des mortels ». Jayme Lawson se souvient du moment où elle a appris qu’elle avait une chance de participer au projet : « J’ai envoyé un SMS à mon agent pour lui dire que j’allais jouer dans un film extraordinaire ! D’abord, on sait que tout ce que fait Matt Reeves est forcément dément. Mais en lisant son scénario, j’ai eu le sentiment de voir le film et de m’embarquer dans un périple à travers les divers rebondissements. Et j’ai adoré voir Batman en enquêteur ».

Elle a également été particulièrement sensible à son propre personnage. « Bella tente de faire bouger les lignes dans la ville où elle est née et où elle a grandi », ajoute-t-elle. « Elle n’est pas issue d’une famille favorisée : elle vient d’un milieu populaire et elle comprend les difficultés auxquelles sont confrontés ses concitoyens. Comme elle est constamment sur le terrain, elle connaît les souffrances et la détresse des gens, contrairement à la plupart des hommes politiques professionnels, et elle a décidé de faire bouger les choses en s’imposant comme porte-parole du peuple ».

Autre personnage censé représenter le peuple, dans les petites comme les grandes agglomérations : le procureur. Néanmoins, Gil Colson, procureur de Gotham City, semble s’être égaré. Il a pris l’habitude de fermer les yeux sur les activités mafieuses des pires criminels de la ville, tout en profitant des avantages de sa fonction de magistrat, surtout la nuit… Peter Sarsgaard campe ce personnage peu recommandable qui rencontre Selina et Batman dans un lieu que la plupart des procureurs ne fréquentent pas… « Gil est à la fois père de famille et profondément corrompu », observe l’acteur. « Je pense que c’est en partie lié à ses grandes angoisses, mais je ne le considère pas comme moralement ambigu. Il se sent pris en étau, et il ne voit pas d’issue ».

« Gil est au courant des tractations politiques qui sont à l’œuvre », poursuit-il. « D’une certaine façon, il est conscient, avant même son entourage, de la descente aux enfers dans laquelle il s’est embarqué ». Dylan Clark précise : « Avec Matt, on tient toujours à tourner avec des acteurs qui sont à même de vous communiquer de vraies émotions – c’est l’essentiel. Matt est un formidable directeur d’acteurs, et on a eu une chance inouïe de travailler avec Rob Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright, Andy Serkis, Colin Farrell, John Turturro, Peter Sarsgaard et la débutante Jayme Lawson. Ils ont tous, à un moment de leur carrière, été en tête d’affiche d’un film et nous avons réussi à les réunir ».

Découvrez les coulisses des cascades et de la création du nouveau Batsuit dans la prochaine partie de notre dossier consacré à THE BATMAN ! Bookmark and Share


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