SHE-HULK : AVOCATE : Entretien exclusif avec la réalisatrice Kat Coiro
Article TV du Mercredi 24 Aout 2022

La cousine de Hulk s’est mise au vert sur Disney + depuis le 18 août, dans une série humoristique et pleine d’action

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Il faut être particulièrement attentif quand on conduit, et même si Hulk a gardé l’intellect et la vivacité d’esprit du docteur Banner, il n’est pas à l’abri d’un accident de voiture. Si le colosse vert se tire de ce carambolage avec une simple égratignure, quelques gouttes de son sang imprégné de particules gamma vont bouleverser à jamais la vie de sa passagère en entrant en contact avec la blessure de son avant-bas. Contaminée, Jennifer Walters devient une géante aussi forte que son célèbre cousin, mais avec un avantage sur lui : elle peut contrôler sa métamorphose et retrouver sa silhouette habituelle dès qu’elle le souhaite. Plutôt que d’embrasser une carrière de justicière, Jennifer décide de poursuivre la sienne, puisqu’elle est déjà une avocate reconnue. Mais se transformer en une sirène verte de deux mètres ne passe pas inaperçu. La vie professionnelle et la vie privée de Jennifer vont être chamboulées par ses nouvelles capacités, comme nous allons pouvoir le découvrir dans SHE-HULK : AVOCATE, la première série humoristique des Studios Marvel, dont les épisodes sont disponibles sur Disney +.

Un bel hommage aux comics de John Byrne

La série écrite par Jessica Gao et réalisée par Kat Coiro et Anu Valia transpose le personnage créé en 1980 dans The Savage She-Hulk par Stan Lee et le dessinateur John Buscema (Le Surfer d’Argent ). Dans les comics, She-Hulk a quitté les tribunaux pour se joindre d’abord aux Avengers en 1982, puis aux 4 Fantastiques deux ans après. A cette époque, la narration de ses exploits reste classique. Tout est bouleversé en 1989 quand John Byrne s’empare du personnage et donne un ton humoristique et meta à ses aventures dans Sensational She-Hulk. She-Hulk sort littéralement du cadre et apostrophe le lecteur, commente ironiquement l’action, et se chamaille même avec John Byrne lorsqu’elle désapprouve ses choix scénaristiques ou la manière dont il a dessiné ses tenues ! Les fans adorent ce traitement loufoque et parodique qui fait disparaître le « 4ème mur » et dont on pourra noter qu’il précède de deux ans celui de Deadpool. Sensational She-Hulk gagne de nombreuses lectrices en s’imposant comme une saga légère, drôle et radicalement différente des autres comics…La série de Marvel s’inspire directement des histoires de John Byrne, grâce à la scénariste Jessica Gao, qui les a lu assiduement pendant son adolescence et à la réalisatrice Kat Coiro, que ESI a pu rencontrer…

Entretien avec Kat Coiro, réalisatrice

Quelles ont été les premières idées visuelles qui vous sont venues à l’esprit quand vous avez imaginé l’ambiance et l’aspect de la série ?


Je me suis beaucoup inspirée des films du MCU. Je ne voulais surtout pas que l’on ait l’impression de voir une sitcom totalement indépendante de cet univers. Dès le départ, je me suis demandée comme attribuer l’espace et le timing nécessaire à la comédie pour lui permettre de bien fonctionner, tout en laissant aux acteurs la liberté de devenir émouvants, de jouer différemment les scènes conflictuelles, et en prévotant aussi des scènes très spectaculaires pour rappeler aux spectateurs que cette histoire se situe bel et bien dans l’univers Marvel. Même si le public va découvrir SHE-HULK à la télévision, je pense qu’il aura souvent l’impression d’assister à une expérience cinématographique, et ce, dès le début du premier épisode. En ce qui concerne les moments de pure comédie, je me suis appuyée sur mes expériences de réalisations de sitcoms telles que SEINFELD ou ALLY MCBEAL. Je dirais donc que SHE-HULK : AVOCATE est inspirée à la fois de ces séries comiques et des films des studios Marvel.

Comme She-Hulk / Jennifer Walters défend à la fois des super-héros et des super-criminels, va-t-on voir des visages familiers du MCU revenir dans la série, en plus de l’Abomination, à nouveau interprété par Tim Roth ?

Je pense avoir l’autorisation de vous le confirmer, mais je ne peux rien dire de plus ! (on a appris depuis cet entretien que Daredevil est présent dans SHE-HULK, avec un costume au casque doré, comme à ses débuts !, NDLR)

Pensez-vous que la série va exercer un attrait particulier sur le public féminin ?

Je l’espère vivement ! En plaisantant avec Jessica Gao, nous nous sommes dits que SHE-HULK nous permettrait peut-être d’attirer les rares spectatrices qui n’ont encore jamais vu un film ou une série des Studios Marvel ! Les situations que nous présentons vont certainement trouver une résonnance chez les femmes qui tentent de gérer au mieux leur parcours professionnel et leur vie privée et familiale dans la société actuelle. Quand Jennifer devient cette géante verte surpuissante, elle découvre des situations nouvelles dans sa vie. Toutes les femmes pourront s’identifier à cette trentenaire qui essaie de trouver un équilibre entre carrière et vie affective, car elles affrontent ces problèmes au quotidien. Mais je pense que le personnage tel qu’il est joué par Tatiana est si sympathique et amusant qu’il plaira aussi aux hommes.

Pendant les discussions sur les scripts, avez-vous échangé des anecdotes personnelles avec la cheffe scénariste Jessica Gao et ses collègues, et les avez-vous transformées en situations vécues par She-Hulk ?

Tout à fait ! (rires) Je peux vous en donner un exemple personnel : quand on parle de moi dans ce métier, on dit toujours que je suis une « femme réalisatrice » (« a female director » en anglais, NDLR) en insistant sur « femme ». J’attends avec impatience le jour l’on me désignera exactement de la même manière que mes collègues masculins. Et c’est pareil pour toutes les autres professions, ce dont nous nous sommes amusées pendant les réunions d’écriture. Je crois que ces confidences que nous nous sommes faites nous ont aidées à ajouter beaucoup de péripéties qui sonnent juste dans la série.

Comment avez-vous collaboré avec Tatiana pour développer son personnage pendant la préparation puis le tournage des épisodes ?

Heureusement, nous avons disposé de tout le temps nécessaire pour bien préparer les choses et discuter longuement du personnage en nous inspirant de nos propres expériences. Comme Tatiana a parfaitement assimilé le processus de capture de performance qui permet d’animer l’effigie 3D de She-Hulk, nous nous focalisions toujours sur le développement du personnage, ses motivations, ses pensées intimes, plutôt que de nous laisser submerger par les contraintes techniques. Cela a vraiment été une collaboration très fructueuse.

A propos de cela, comment avez-vous tourné les scènes avec She-Hulk dans les décors réels ? Comment placiez-vous le personnage dans le cadre alors qu’il n’était pas physiquement présent ?

Nous avons utilisé toutes les méthodes possibles pour obtenir les meilleurs résultats : d’abord, comme She-Hulk ne mesure « que » deux mètres, nous avons engagé une femme de cette taille pour servir de doublure lumière à Tatiana, ce qui nous permettait d’avoir toujours une référence de cadrage en chair et en os. La deuxième option toute simple consistait à poser une estrade de 40 cm de haut sur le sol pour permettre à Tatiana de monter dessus, et que son visage se trouve à la bonne hauteur. Dans ce type de scène, il faut s’assurer que les autres acteurs vont regarder le personnage 3D pile dans les yeux, et pas plus bas ni trop haut, car sinon, cela trahit le trucage et le plan ne marche pas. Dans certains cas, notamment pour plusieurs scènes du premier épisode avec Hulk et She-Hulk, tout a été enregistré sur un plateau de capture de performance avec Mark Ruffalo et Tatiana, parce qu’au final, les personnages et les environnements allaient être entièrement réalisés en images de synthèse.

Vous êtes-vous inspirée de certains classiques des « films de procès » pour diriger les scènes de tribunal de la série ?

Oh absolument ! Comme SHE-HULK : AVOCATE est une comédie, nous nous sommes d’abord référés à des séries humoristiques dont les héros sont des avocats, comme ALLY MCBEAL et PRIVATE PRACTICE, mais aussi à des films dramatiques comme LA DERNIERE MARCHE. Nous avons consulté de nombreuses références.

La suite de notre dossier SHE-HULK : AVOCATE déchirera bientôt les pages d’ESI. Bookmark and Share


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