Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé – Poudlard brûle-t-il ?
Article Cinéma du Mercredi 21 Janvier 2009
Alors qu'Harry Potter entame sa sixième année à Poudlard, l'école des sorciers, l'ombre du terrible Voldemort plane sur le monde des magiciens. La guerre a enfin éclaté entre les partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et nos jeunes héros. Après le succès du film tiré du cinquième opus de la saga, l'Ordre du Phénix, en 2007, Harry Potter revient au cinéma en 2009 dans le Prince de Sang-Mêlé. Joli succès pour un personnage né sur la banquette d'un train... ?
Par Pierre-Eric Salard
Attention : cet article contient des révélations sur les évènements du sixième volet de la saga ! ?
Un véritable conte de fées
Née le 31 juillet 1965 à Yate, en Angleterre, Joanne Kathleen Rowling imagine des histoires exubérantes dès sa plus tendre enfance. Elle écrit notamment les aventures d'un lapin à l'âge de six ans ! Suivant les conseils de ses parents, elle mène des études de français et de littérature antique à l'université d'Exeter, de 1983 à 1987. A la fin des années 1980, la jeune femme se met à rêver pendant un voyage en train. Elle imagine alors l’histoire d'un jeune sorcier qui entre dans une école de magiciens. Etonnée elle-même par l’abondance des idées qui surgissent dans son esprit, elle pose les bases de cette histoire pendant le trajet entre Manchester et Londres ! En 1990, elle commence à écrire le premier tome dans un café où elle s’isole tous les jours. Elle part ensuite enseigner l'anglais au Portugal. Elle y rencontre un journaliste, avec lequel elle se marie en 1992. Mais leur union ne dure pas. Après avoir donné naissance à une petite Jessica, J.K. Rowling retourne vivre en Angleterre en 1995. Divorcée, la jeune maman emménage chez sa soeur et vit chichement, grâce aux allocations familiales. Malgré ces circonstances difficiles, elle s’obstine et achève le premier tome des aventures d'Harry Potter : "Il fallait que j’attende que Jessica dorme afin de pouvoir travailler en toute tranquillité. Et pour y arriver, le seul moyen efficace consistait à la promener longuement en poussette". Elle envoie ensuite les trois premiers chapitres à des agents, sans grand espoir. Il lui faut attendre une année entière pour que la chance tourne. En août 1996, l’éditeur Bloomsbury se déclare intéressé. J.K. Rowling vit un rêve éveillé. Elle a atteint son but et peut enfin voir son livre arriver dans les rayons des librairies. Sans le savoir, Bloomsbury vient de mettre la main sur une véritable mine d'or... Harry Potter à l'Ecole des Sorciers remporte rapidement un franc succès en Angleterre, puis les droits sont cédés à un éditeur américain, Scholastic.
Désormais, J.K. Rowling peut changer de vie et se consacrer totalement à l'écriture. Les deux tomes suivants, La Chambre des Secrets et le Prisonnier d'Azkaban, deviennent eux aussi des best-sellers. A la sortie de La Coupe de Feu, en 2000, Harry Potter est déjà devenu un véritable phénomène de société. La publication du livre suscite une attente fébrile auprès des lecteurs du monde entier. Enfants et adultes se l'arrachent, et les produits dérivés envahissent les rayons des magasins de jouets. Un schéma qui se reproduira à la publication de chacun des tomes suivants ! Les studios Warner Bros se portent alors acquéreurs des droits cinématographiques. J.K. Rowling accepte leur offre, à condition d’être étroitement impliquée dans le processus d’adaptation de ses œuvres. Warner se plie aux exigences de l’auteur et lance immédiatement la production du premier volet... ?
Petit sorcier deviendra grand
Harry Potter à l'Ecole des Sorciers est adapté au cinéma en 2001 par le réalisateur Chris Columbus (Maman, j'ai raté l'avion). L'écriture du scénario est confiée à Steven Kloves (Wonder Boys), qui interviendra aussi sur les trois films suivants. L'équipe de production lance alors une longue procédure de casting afin de trouver les trois héros principaux : Harry, Hermione et Ron. « C'était une étape cruciale », se souvient David Heyman, producteur attitré de la série. "Chaque lecteur avait déjà en tête une image bien précise des personnages. Il ne fallait surtout pas décevoir les fans !" Daniel Radcliffe, aperçu dans un théâtre par l’un des producteurs, obtient le rôle-titre grâce à sa ressemblance frappante avec Harry Potter, et aussi parce qu’il possède déjà une solide expérience de jeune comédien. Avec son irrésistible bouille de petit rouquin, Ruper Grint s’impose comme un Ron Weasley idéal. Harry et son meilleur ami sont rejoints par l'impétueuse Hermione Granger, dont le rôle est confié à Emma Watson. Convaincu du succès du premier opus, David Heyman n'attend pas qu’il soit sorti en salles pour lancer la production de la Chambre des Secrets, dont la mise en scène est toujours assurée par Columbus. Un an après les 976 millions de dollars gagnés par l'Ecole des Sorciers, ce second volet en engendre 877 à travers le monde ! En 2004, c’est Alfonso Cuaron (Les Fils de l'Homme) qui succède à Columbus et réalise Le Prisonnier d'Azkaban. Un choix judicieux pour une histoire plus sophistiquée et plus sombre. Fin 2005, c'est au tour de Mike Newell (Quatre Mariages et un Enterrement) de prendre les rênes de la série avec La Coupe de feu, qui rapporte 896 millions de dollars. Les romans de J.K. Rowling, traduits en plus de soixante langues, bénéficient aussi de la sortie des films. A l’époque, on compte déjà près de 330 millions d'exemplaires vendus dans le monde entier... L'ancienne mère célibataire, vivant modestement grâce aux allocations familiales se retrouve à la tête de la plus grosse fortune du Royaume Uni, estimée en 2007 à plus d'un milliard de dollars ! La Reine Elisabeth II en perd presque sa couronne, car désormais, la créatrice de Harry Potter est plus riche qu’elle ! Shocking ! ?
L'éveil du Phénix
Dotée d'un budget de 150 millions de dollars, la cinquième adaptation des aventures de Harry fait merveille pendant l’été 2007 : l'Ordre du Phénix, rapporte 938 millions de dollars dans le monde entier ! Le film est pourtant réalisé par un quasi-inconnu, David Yates, dont l’expérience se limitait à quelques téléfilms mis en scène pour la BBC. Alors que les scénarii des quatre premiers volets sont signés par Steven Kloves, l'Ordre du Phénix est écrit par Michael Goldenberg (Contact). De son côté, le compositeur Nicholas Hooper (State of Play) remplace Patrick Doyle (Eragon). Rappelons que Doyle avait lui-même pris la place d'un certain John Wiliams... Quelques mois plus tard, le septième et dernier roman clôt de manière magistrale les aventures d'Harry Potter. Il s'écoule à plus de 11 millions d'exemplaires en onze jours ! La saga littéraire est désormais terminée. Les fans du sorcier n'ont plus qu'à attendre les dernières adaptations cinématographiques. A commencer par celle du Prince de Sang-Mêlé, dont l'histoire débute quelques jours après la bataille finale de L'Ordre du Phénix... ?
La guerre des mondes
Après un rude combat entre sorciers dans les couloirs du Ministère de la Magie, Harry Potter et l'Ordre du Phénix se terminait sur un duel impitoyable entre Voldemort et Albus Dumbledore, le directeur de l'école Poudlard. Défait, le mage noir s'enfuit sous les yeux du Ministre de la Magie, qui va enfin reconnaître le retour du Seigneur des Ténèbres. Mais Harry Potter n'en ressent aucun soulagement : son parrain, Sirius Black (Gary Oldman), vient de trouver la mort. Harry entame à peine son travail de deuil qu'il apprend le contenu de la prophétie le concernant : "Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... (...) et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit..." Après seize ans de paix, la seconde guerre des sorciers vient de commencer...
Le temps des amours, le temps de la mort
Le récit du Prince de Sang-Mêlé s'ouvre sur la description d’un monde des sorciers en proie à la terreur : le pouvoir du Seigneur des Ténèbres grandit de jour en jour. Les actes de terrorisme de ses fidèles, les Mangemorts, sont de plus en plus fréquents. Même l'école Poudlard n'est plus le refuge qu'elle fut jadis. A tout juste seize ans, Harry Potter s'apprête à entamer sa sixième année d'études. Sentant l'imminence de la bataille finale, Dumbledore commence à entraîner son jeune protégé. Ensemble, ils cherchent le moyen de vaincre les défenses magiques de Voldemort. Mais la rentrée est animée. A la surprise générale, le directeur confie le poste de professeur de Défense contre les forces du mal à Severus Rogue, un ancien Mangemort dont la fidélité est remise en question. Il engage aussi un vieil ami, le professeur Horace Slughorn, un bon vivant qui pourrait détenir des informations cruciales. De son côté, Harry découvre une aide inattendue dans les pages d'un vieil ouvrage de magie : les annotations d'un certain Prince de sang-mêlé pourraient lui être d'un grand secours... ou causer sa perte ! Mais à seize ans vient également le temps des amours. Harry éprouve désormais des sentiments pour Ginny Weasley, la jolie soeur de Ron. L'amour est dans l'air, mais la tragédie est proche : Drago Malfoy est déterminé à laisser sa trace dans l'Histoire. Devenu Mangemort dans le plus grand secret, il obéït désormais aux ordres du Seigneur des Ténèbres, et se voit confier une terrible mission. Poudlard pourrait ne plus jamais connaître la tranquillité et la paix... ?
On ne change pas une équipe qui gagne
Comme à l'accoutumée, la production du film débute avant même que le précédent soit terminé. Dès la fin du tournage de L'ordre du Phénix, les dirigeants du studio Warner Bros cherchent activement un metteur en scène pour le Prince de Sang-Mêlé. Le réalisateur du Prisonnier d'Azkaban, Alfonso Cuaron, se montre un temps intéressé par cette opportunité... avant de se rétracter. Les cadres de la Warner offrent ensuite le poste à Terry Gilliam, qui était le choix original de J.K. Rowling pour réaliser Harry Potter à l'Ecole des Sorciers. Or, à l’époque, le studio avait préféré engager un réalisateur "grand public", Chris Colombus, à l'univers moins décalé. Mais Gilliam n’a pas la mémoire courte : depuis qu'il a été écarté sans ménagement du premier volet , il refuse systématiquement les propositions de réaliser les opus suivants ! Finalement, la Warner n'aura pas à chercher bien loin pour trouver son réalisateur : David Yates accepte de réaliser un second Harry Potter d'affilée ! "C'était une telle chance de travailler sur L'Ordre du Phénix ! Je ne pouvais décemment pas laisser passer une offre aussi alléchante... Même si je dois y laisser ma santé ! (rires)". Afin de cimenter la cohésion de ses films, David Yates réunit la même équipe de production que pour L'Ordre du Phénix : la responsable des costumes, Jany Temime (Les Fils de l'Homme) et le superviseur des effets spéciaux John Richardson. Pour la sixième fois consécutive, Nick Dudman (Star Wars : La Menace Fantôme) et Stuart Craig sont chargés des maquillages spéciaux et des décors. Depuis les débuts de la saga, Stuart Craig en est l'un des piliers. Il a d'ailleurs consacré la totalité de ces huit dernières années à l'univers d'Harry Potter ! Seul le directeur de la photographie fait figure de petit nouveau. Il s’agit du français Bruno Delbonnel, nommé aux Oscars pour Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain et Un Long Dimanche de Fiançailles...
Les aléas du scénario
Le Prince de Sang-Mêlé marque également le retour du scénariste Steve Kloves, qui s'était occupé de l'adaptation des quatre premiers films avant de prendre un repos bien mérité. "Cette fois-ci, j'ai un atout dans ma manche", confie l'auteur. "Le dernier roman est sorti ! Pour la première fois, la suite de l'histoire ne m'est pas inconnue (rires) ! Le dernier tome de la saga, Les Reliques de la Mort, a donc influencé le scénario de ce film..." Mais Kloves doit encore traduire les évènements des 715 pages du roman en un film d'à peine plus de deux heures. "Nous avons pris la décision de réduire le nombre de flashbacks présents dans l'histoire. La Pensine, une substance magique permettant d'entreposer ses souvenirs et de les consulter ultérieurement, y joue un rôle prépondérant", précise David Yates. "Mais nous avons gardé les flashbacks les plus importants !" Lorsqu'elle découvre la première version du script de Kloves, J.K. Rowling n'hésite pas à ajouter quelques précisions sur les personnages. "J'avais écrit une scène où Dumbledore se remémorait une relation amoureuse avec une sorcière", explique Kloves. "Rowling a raturé ce passage, ajoutant dans la marge « Dumbledore est gay » ! C'était effectivement bon à savoir ! (rires)".
Le deuil d'Harry
En février 2007, Stuart Craig commence à dessiner les deux principaux décors du dernier acte du film, une grotte et la tour d'astronomie de Poudlard. Le casting débute deux mois plus tard. La majorité des acteurs des précédents films reprennent leurs rôles. "J'attendais avec impatience de pouvoir travailler sur ce film", avoue Daniel Radcliffe. "Son ambiance est vraiment différente. Lorsque l'histoire se concentre sur Voldemort, elle devient oppressante. Les scènes de jalousie entre Ron et Hermione, elles, apportent un vent de fraîcheur". L'acteur regrette cependant l'absence de Gary Oldman, dont le personnage, Sirius Black, a disparu dans l'Ordre du Phénix. "Il était un véritable mentor", regrette Radcliffe. "A quinze ans, je n'avais aucune idée de ce qu'on peut ressentir lorsqu'on perd un être cher. Je n'arrivais pas à me mettre à la place d'Harry. Gary Oldman m'a appris à jouer les nuances du deuil... à sa manière ! Après m'avoir gentiment demandé la permission, il m'a violemment secoué en me hurlant dessus ! Quand il m'a enfin lâché, je me suis prostré à ses pieds. Il m'a alors dit « lève la tête et crie » ! Sa technique a fonctionné : j'ai enfin compris comment jouer la détresse..." ?
A la recherche du nouveau Voldemort
Si Ruper Grint ne se fait pas prier pour retrouver Ron Weasley, Emma Watson hésite avant de reprendre le rôle d'Hermione Granger. "Elle avait besoin de savoir où elle en était", confie Radcliffe. "Elle voulait évaluer ses options pour la suite de ses études. En signant pour les trois derniers films, nous nous engagions à consacrer encore plusieurs années à la saga. Emma a simplement choisi de ne pas précipiter sa décision..." La jeune actrice confirme son hésitation : "Je n'ai jamais été contre l'idée d'aller jusqu'au bout de l'aventure ! Mais je ne voulais pas mettre en danger ma scolarité. J'ai donc pesé le pour et le contre. Les avantages se sont montrés plus convaincants que les inconvénients (rires) ! De toutes manières, je n'aurais jamais supporté de voir une autre comédienne jouer Hermione ! (rires)". Un sentiment que ne partage pas Jennifer Smith, ne souhaitant pas reprendre son rôle du Prisonnier d'Azkaban, Lavande Brown. On cherche longtemps une nouvelle interprète de la petite amie de Ron Weasley. En juillet 2007, 7000 jeunes filles se présentent au casting. Au terme du processus, David Yates sélectionne les cinq meilleures actrices. Chaque comédienne doit ensuite jouer une scène avec Rupert Grint avant de l'embrasser ! Yates finit par choisir Jessie Cave. "C'est une actrice brillante, elle est parfaite pour ce rôle", s'amuse Grint. "Nous nous sommes beaucoup amusés pendant ces essais (rires) !" En juillet, un autre casting attire de nombreux candidats. Si Voldemort n'apparaît pas sous les traits de Ralph Fiennes dans le Prince de Sang-Mêlé, le personnage est présent lors de plusieurs flashbacks. Christian Coulson, l'interprète du jeune Seigneur des Ténèbres dans la Chambre des Secrets, ne cache pas son intérêt. Or, à l'approche de ses trente ans, il est bien trop vieux. Finalement, Frank Dillane est sélectionné pour jouer le Seigneur des Ténèbres adolescent. Hero Fiennes-Tiffin, lui, incarnera Voldemort à onze ans. Ironie du sort ou coup de pouce ? Fiennes-Tiffin est le neveu d'un certain Ralph Fiennes... ?
Un casting alléchant
Pour la quatrième fois, Michael Gambon hérite de la robe du plus puissant des sorciers. "Apprendre que Dumbledore est homosexuel n'a pas spécialement modifié ma façon de le jouer", s'amuse-t-il. Au cours du printemps 2007, tous les acteurs des précédents volets confirment leur participation : Alan Rickman (Rogue), Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange), Maggie Smith (Minerva McGonagall), David Thewlis (Remus Lupin), Robbie Coltrane (Hagrid) ou encore Warwick Davis (Flitwick). Après tout, n'est ce pas un honneur que de jouer dans cette saga so british ? De nouveaux comédiens font justement leur première apparition dans la série. Jim Broadbent (Indiana Jones et le Royaume du Crane de Cristal) obtient le rôle du mystérieux professeur Horace Slughorn. Helen McCrory (The Queen) incarne quant à elle Narcissa Malfoy, la jeune soeur de Bellatrix Lestrange. Juste retour des choses : McCrory avait momentanément obtenu le rôle de Lestrange dans l'Ordre du Phénix. Lorsqu'elle est tombée enceinte, à la veille du tournage, elle a été remplacée in extremis par Helena Bonham Carter... Enfin, lorsque David Yates découvre l'envie de Bill Nighy (Davy Jones dans Les Pirates des Caraïbes) de jouer dans le film, il lui offre le rôle de Rufus Scrimgeour, le Ministre de la Magie. "J'essaie d'introduire ce personnage dans le scénario, mais c'est compliqué", avoue le réalisateur. "Je crois que cela se décidera dans la salle de montage..."
La magie du tournage
Parallèlement au processus de casting, les repérages des extérieurs s'étalent sur le premier semestre 2007. Cette fois-ci, les producteurs ne concentrent pas leurs recherches sur l'Angleterre. "Nous avons parcouru l'Irlande", précise David Heyman. "Les paysages de cette île ressemblent à ceux de l'Angleterre". Après une semaine de répétitions, le tournage du Prince de Sang-Mêlé débute le 24 septembre 2007 aux studios Leavesden (La Menace Fantôme), près de Londres. Sur les plateaux, l'ambiance est excellente. "Depuis des années, Rupert Grint essaie de me faire rire dès que je tourne une scène", raconte Daniel Radcliffe. "Et j'ai enfin pu prendre ma revanche ! Lorsque Rupert tournait la scène du premier baiser de Ron et Lavande Brown, je me suis caché derrière la caméra. Je me suis mis à imiter ses embrassades, provoquant le fou rire de Rupert !" Début octobre, plusieurs scènes autour du Poudlard Express, le célèbre train de la série, sont filmées près de Fort William, en Ecosse. L'équipe de production retourne ensuite dans l'abbaye de Lacock, qui a déjà représenté l'école Poudlard dans les précédents films. Le village de Lacock est également utilisé pour une scène où Harry et Dumbledore rendent visite à Horace Slughorn. Emma Watson ne rejoint le tournage qu'en décembre. "C'était très amusant de tourner des scènes de jalousie avec Ruper Grint", confie-t-elle. Lorsqu'Alan Rickman vient tourner ses scènes, en février 2008, la production a emménagé aux abords de la célèbre cathédrale de Gloucester. Vieux de 1300 ans, cet édifice prête à nouveau son architecture à Poudlard. Enfin, la scène d'ouverture du film est tournée en mars sur le Millennium Bridge de Londres. Le 17 mai 2008 marque la fin du travail pour la première équipe de tournage. "Ce fut une joie de travailler sur Le Prince de Sang-Mêlé", s'exclame David Yates. "Le jeu de Dan, Rupert et Emma s'approfondit à chaque film. Et les nouveaux participants, qu'ils soient derrière ou devant les caméras, apportent une certaine fraîcheur à cet univers !" Le sort du film est désormais entre les mains des sorciers des effets spéciaux des sociétés Industrial Light & Magic, Double Negative, Cinesite, Kerner Optical et Moving Picture Company. Le compositeur Nicholas Hooper s'attaque parallèlement à l'écriture de la musique. En juillet, la Warner Bros annonce la sortie simultanée du film en salles traditionnelles et IMAX 3-D. "25 minutes du Prince de Sang-Mêlé, dont l'ouverture et la bataille finale, seront transposées en relief pour nos écrans géants", annonce Rich Gelfond, le co-Président d'IMAX Corporation. ?
Un retard conséquent
Vers la fin du mois de juillet, un premier montage du film est présenté aux cadres de la Warner. "Nous avons longuement travaillé sur ce montage", explique le réalisateur. "Et ce n'est pas terminé : nous avons désormais largement le temps d’améliorer et de peaufiner le film..." En effet, à la surprise générale, les dirigeants du studio annoncent en août 2008 que le film est repoussé de près de huit mois ! Prévue à l'origine pour le 26 novembre, la sortie française du Prince de Sang-Mêlé est ainsi décalée au 15 juillet 2009. "J'ai appris l'existence de cette décision seulement 24 heures avant son annonce officielle", précise Daniel Radcliffe. "Je n'y suis pour rien (rires)!" Selon le Président de Warner Bros Entertainment, Alan Horn, ce retard trouve ses racines dans la grève des scénaristes qui paralysa Hollywood à la fin 2007. "Les conséquences de cette grève se font encore sentir. De nombreux scénarii n'ont pas été terminés à temps pour être filmés. L'été 2009 sera pauvre en blockbusters, et nous ne pouvions pas rater cette opportunité ! C'est la saison idéale pour sortir un film familial : le succès colossal de l'Ordre du Phénix l'a prouvé !" Mais les fans du jeune sorcier ne s'intéressent guère aux manœuvres hollywoodiennes. Une pétition reçoit même près de 50 000 signatures en une semaine ! Victime de sa stratégie, Alan Horn est obligé de rédiger plusieurs communiqués de presse. "Nous n'avons pas pris cette décision à la légère. Notre objectif n'a jamais été de décevoir les fans, car la franchise Harry Potter ne serait rien sans eux !" David Heyman, le producteur de la saga, ne regrette pas cette décision. "La sortie du film en été va nous permettre d'attirer un plus grand nombre de spectateurs. Je suis fier du travail que nous avons fait sur le Prince de Sang-Mêlé. Grâce à David Yates, nous avons franchi une étape qualitative dans l'histoire de la série. La post-production sera d'ailleurs terminée à la date prévue à l'origine..." Le Président du groupe Warner Bros, Jeff Robinov, précise que le décalage de la date de sortie du film ne repousse pas la production des opus suivants. "Le dernier tome des aventures de Harry Potter, Les Reliques de la Mort, sera adapté en deux parties. Les dates de sortie de ces films ne seront pas affectées par cette décision. La durée de l'attente entre les films sera même moins longue pour les fans !"
Le Reliques de la Mort
Bien que le Prince de Sang-Mêlé soit encore en post-production, David Yates prépare déjà la pré-production de la conclusion de la série. "Le tournage débutera en février 2009 et durera quatorze mois, car nous tournerons les deux films à la suite". Le réalisateur est heureux d'avoir l'opportunité de développer l'histoire sur deux films. "Cela change des précédentes adaptations ! Nous avons désormais l'avantage de la durée, qui va nous permettre d'intégrer de nombreux détails des 600 pages du livre ! A titre de comparaison, je n'avais que deux heures pour retranscrire les 760 pages de l'Ordre du Phénix... Chaque film possédera son propre fil conducteur. Leur approche esthétique sera légèrement différente". La première partie des Reliques de la Mort est prévue pour novembre 2010, et la seconde devrait sortir six mois plus tard. "J'ai hâte de tourner la scène où Harry traverse solennellement la forêt, juste avant sa grande scène finale", avoue Daniel Radcliffe. En attendant, les fans ont rendez-vous avec l'apprenti sorcier en juillet 2009. A condition que le machiavélique Voldemort ne repousse pas une seconde fois la sortie du Prince de Sang-Mêlé...
