LIGHT + MAGIC, un fabuleux voyage dans les coulisses d’ILM – 1ère partie
Article 100% SFX du Vendredi 24 Fevrier 2023

L’histoire du studio d’effets visuels fondé par George Lucas est racontée comme jamais auparavant dans la série documentaire de Disney+

Pour la première fois, les techniciens et artistes de génie qui ont été ou sont encore les piliers du studio d’effets spéciaux et d’effets visuels fondé par George Lucas s’expriment avec une franchise et une liberté de parole sidérante. Tout le mérite en revient au réalisateur de la série, Lawrence Kasdan, qui a su poser des questions très judicieuses au cours de ces entretiens, et qui n’hésite jamais à explorer les rapports humains parfois tendus en coulisses, pendant que s’accomplissaient ces exploits techniques qui ont marqué l’histoire du cinéma. Même si l’on a absolument tout lu, tout vu, et que l’on croit tout savoir sur ILM, on apprend encore énormément de choses en suivant les six épisodes passionnants de cette série ! Voilà pourquoi nous avons attendu de pouvoir lui consacrer le dossier qu’elle méritait, même si Light + Magic est déjà disponible depuis quelques temps sur Disney+.

Un accès exceptionnel aux archives et aux plus grands témoins

Lawrence Kasdan se sert magistralement des archives d’Industrial Light & Magic et des témoignages de ses superviseurs et artistes emblématiques comme John Dykstra, Denis Muren, Phil Tippett, Ken Ralston, Joe Johnston, Doug Chiang ou John Knoll, pour n’en citer que quelques uns. Du côté des réalisateurs, ce sont bien sûr les confidences de George Lucas qui se taillent la part du lion, ainsi que celles de Steven Spielberg, James Cameron et Robert Zemeckis, qui ont tous joué un rôle majeur dans les objectifs fixés à ILM pour créer les trucages révolutionnaires de leurs films. Sans la confiance accordée par Spielberg aux infographistes qui avaient préparé en cachette un test d’animation de T-Rex en 3D, on n’aurait pas vu les premières créatures hyperréalistes réalisées en images de synthèse dans JURASSIC PARK en 1993, mais des marionnettes animées images par images par Phil Tippett. L’épopée d’ILM est racontée ainsi, comme une grande fresque à suspense, avec ses catastrophes, ses impasses, ses inventions miraculeuses, ses rebondissements et ses triomphes, grâce au talent de dramaturge de Kasdan. Si la création des trucages de tant de films iconiques nous fascinent, ce sont les confidences intimes, les regrets et les fiertés des témoins qui nous passionnent. Les spectateurs sont entraînés dans une aventure palpitante, et ont le sentiment d’être accueillis en coulisses et de découvrir sur le vif les exploits des as de la division des effets spéciaux, de l’animation et de la production virtuelle de Lucasfilm. On redécouvre avec un regard neuf les efforts de ces pionniers du cinéma moderne, et l’extraordinaire acuité de la vision de George Lucas, qui avait compris avec trente ans d’avance ce que le cinéma et la télévision allaient devenir.

Créer de la magie avec la lumière

La genèse de ce projet remonte au lancement d’Imagine Documentaries, la filiale de la société de production de films co-fondée par Ron Howard et Brian Grazer. Les deux associés cherchaient le projet idéal qui leur permettrait de travailler avec Lawrence Kasdan, leur ami de longue date et collaborateur de SOLO : A STAR WARS STORY. Après avoir pris le temps de la réflexion, il leur a suggéré de consacrer une série documentaire aux artistes exceptionnels qui ont contribué à la création d’ILM et au développement de nombreuses innovations techniques. Kasdan était particulièrement concerné par ce sujet, puisqu’il avait assisté lui-même à tout cela pendant plusieurs décennies, lors de ses collaborations avec Lucasfilm : « J’ai proposé de raconter l’histoire des effets visuels d’ILM, parce que même si j’avais travaillé sur des projets reposant en grande partie sur leurs trucages tout au long de ma carrière, j’ai pris conscience qu’au fond, je ne savais pas grand-chose sur la manière dont ils avaient été créés.» Curieusement, ce sont des raisons gastronomiques qui ont poussé Kasdan à s’intéresser depuis peu au format documentaire : il a co-réalisé avec sa femme Meg Kasdan une chronique affecteuse des coulisses de leur restaurant favori, qui allait malheureusement fermer. C’est ainsi que le scénariste et metteur en scène de fiction a découvert et apprécié le plaisir de la captation du réel et des témoignages de gens qui racontent leur vécu, ainsi que toutes les étapes successives de la finalisation d’un documentaire. « La deuxième perspective qui m’intéressait dans ce projet LIGHT + MAGIC, c’était l’opportunité de présenter des portraits des gens qui ont été les piliers d’ILM, et avec lesquels je travaille depuis plus de quarante ans » poursuit-il. « Nous avons tous convenu que ce serait une excellente idée de raconter l’histoire de l’évolution des effets visuels et de décrire aussi les trajectoires personnelles de ces gens. Nous avons envie de comprendre plusieurs choses…Comment leur vocation est-elle née ? Qu’est-ce qui les a motivés ? Comment vivaient-ils avant de se lancer dans cette carrière atypique ? Qu’est-ce qui les a incités à rester chez ILM aussi longtemps ? ILM et Disney ont beaucoup aimé cette idée, et nous nous sommes rapidement mis au travail. » Brian Grazer ajoute : « La narration de la série combine deux choses que nous aimons tous : les films cultes et les histoires de problèmes techniques et de conflits personnels à résoudre. Nous avons toujours été captivés par le pouvoir du cinéma. Au fil de nos carrières, nous avons eu la chance de découvrir les compétences si diversifiées et les incroyables talents des personnes qui oeuvrent en coulisses et qui permettent à ces films d’exister. C’est la raison pour laquelle nous avons adoré le mode de narration choisi par de Lawrence. » Depuis son premier film et aujourd’hui encore, Kasdan s’est toujours considéré comme un cinéaste humaniste. Il a abordé LIGHT + MAGIC de la même manière. « Je m’intéresse aux rapports humains, aux émotions et aux raisons pour lesquelles les gens prennent certaines décisions au cours de leurs vies », explique Kasdan. « Quelles sont celles qui sont dues au destin, à la volonté, au hasard ou à la chance ? Dès le début, je voulais savoir ce qui avait amené ces hommes et ces femmes à exercer ce métier si particulier. Quelles étaient les relations qui se sont nouées à leur arrivée chez ILM ? Pourquoi ont-ils continué à y travailler beaucoup plus longtemps qu’ils ne s’y attendaient, certains pendant quarante-cinq ans ou plus ? Qu’est-ce que tout cela a signifié et quel impact cela a-t-il eu pendant qu’ils inventaient ces progrès stupéfiants ? Il s’agissait de mieux connaître ces gens et leurs talents singuliers, car ces dons sont à l’origine d’avancées technologiques qui dépassent l’entendement. »

Une envie commune

Tous les cinéastes réunis pour concrétiser le projet ont convenu qu’il était particulièrement significatif de raconter l’histoire d’Industrial Light & Magic. « Cette chronique d’ILM au fil des ans est un récit de passion et de persévérance créatrice face à l’adversité, un hommage à l’innovation et à l’obsession de perfection », commente Ron Howard. « Il est important de célébrer ces pionniers du cinéma, mais il est tout aussi important d’inspirer les jeunes qui créeront les percées technologiques et artistiques de demain, que ce soit dans le cinéma ou dans d’autres industries du divertissement. » Kasdan ajoute : « C’est formidable de voir des artistes passionnés à l’œuvre. Et l’engagement total de grands artisans. J’aime voir agir des gens qui ont déjà maîtrisé une compétence, mais qui essaient constamment de l’améliorer, sans se contenter d’en rester là. C’est fascinant d’observer cette expertise à l’oeuvre et ce dévouement total et sincère à la discipline des effets spéciaux. Et narrativement, c’est très gratifiant à explorer. » Concernant le déroulement de sa série, Kasdan précise : « Au cours de ces six heures, nous assistons à la naissance d’ILM, à ce qui s’est passé pendant la production de STAR WARS, ÉPISODE IV, UN NOUVEL ESPOIR en 1976, puis au succès de ce film et d’une franchise qui ne cesse de se développer depuis presque 50 ans. Le récit se déroule principalement dans l’ordre chronologique, mais il nous arrive aussi de faire des bonds dans le passé ou le futur pour mieux le présenter, notamment lors des parties biographiques des intervenants. Une partie de ce qui me motivait le plus dans tout cela, c’est que nous avions accès à une telle quantité d’images d’archives exceptionnelles que nous allions pouvoir illustrer tout ce dont ces gens allaient parler, même s’il s’agissait d’un travail qu’ils avaient effectué 40 ou 50 ans auparavant. A chaque fois, nous avons pu retrouver des photos ou des séquences filmées qui correspondaient exactement à ce moment de leur carrière ! C’était incroyable de pouvoir passer de l’un à l’autre de ces témoins, de les entendre parler d’un problème technique complexe, puis de voir des images d’eux à l’époque, alors qu’ils étaient en train d’en trouver la solution ! Je m’en réjouissais à chaque fois, car une grande partie de l’héritage d’ILM consiste à résoudre des difficultés qui sont à priori insurmontables. »

Le tournage de LIGHT + MAGIC

Les nombreuses interviews que l’on découvre ont été filmées à Los Angeles, San Rafael, San Francisco, Carpenteria, Santa Barbara, en Australie et en Nouvelle-Zélande pendant 25 journées de tournage, de novembre 2020 à octobre 2021. Les recherches d’illustrations ont été facilitées car Lucasfilm et Industrial Light & Magic ont ouvert l’intégralité de leurs archives, permettant aux cinéastes de choisir des images inédites et de puiser aussi dans tous les autres types de documents – illustrations conceptuelles, designs de créatures ou de vaisseaux, storyboards - pour donner une richesse visuelle exceptionnelle à la série. Le montage s’est déroulé en deux étapes distinctes. La première a consisté à sélectionner puis à organiser l’utilisation du matériel extrait des archives pour ébaucher la structure de la série et préparer les questions des interviews. La deuxième, plus complexe, a débuté en janvier 2021 après que les cinéastes aient filmé leur première série d’entrevues. « Imagine Documentaries avait constitué une formidable équipe de producteurs et de monteurs », commente Kasdan. « Ils connaissaient très bien le sujet, ce qui était une aide précieuse pour moi en tant que réalisateur. Il y avait tant de choses que je voulais demander pendant les interviews que je risquais d’en oublier… Les commentaires et suggestions de ce groupe extrêmement compétent m’ont toujours incité à aller dans de nouvelles directions, et d’enrichir ces entrevues en obtenant d’autres confidences ou de nouvelles précisions. » Certains des cinéastes les plus admirés de notre temps ont accordé de longs entretiens à Kasdan. « James Cameron, Steven Spielberg, Bob Zemeckis et George Lucas sont des géants du cinéma qui ont tous utilisé ILM de la manière la plus expressive et la plus innovante qui soit » dit Kasdan. « Ils se sont d’abord lancé des défis artistiques à eux-mêmes, puis ont consulté les experts d’ILM pour leur demander ‘Pouvez-vous faire cela? Pouvez-vous créer quelque chose pour mon projet que je n’ai jamais vu auparavant dans un film?’ À chaque fois, les équipes d’ILM répondaient oui. On découvre grâce à leurs témoignages que ces progrès ont parfois surgi au terme d’énormes difficultés, et d’un long processus. Mais il est également arrivé que l’un des génies d’ILM devine ce qu’il fallait faire, teste son idée et trouve instantanément une solution. »

La suite de notre dossier LIGHT + MAGIC apparaîtra bientôt sur ESI. Bookmark and Share


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