BLUE BEETLE : Entretien avec le scénariste Gareth Dunnet-Alcocer
Article Cinéma du Vendredi 25 Aout 2023

Entretien avec le scénariste Gareth Dunnet-Alcocer

Vous employez le terme « ánimo » pour parler du traitement du projet BLUE BEETLE. Que signifie-t-il ?


L’ánimo est un terme merveilleux… Je ne sais même pas comment le traduire, et c’est aussi pour ça que je trouve que c’est un mot extraordinaire. Il renvoie à l’espoir, à l’optimisme, à la force. À tout ce qui inspire, remonte le moral, et donne envie d’avancer. Tout au long du film, ce terme désigne vraiment ce qui caractérise Blue Beetle.

Que pouvez-vous nous dire sur le rôle de l’humour et de la culture latino dans le projet ?

La tonalité du film ne pouvait qu’être humoristique car je n’ai jamais rencontré un mexicain qui n’ait pas le sens de l’humour. Du coup, il était impossible que le film ne repose pas sur la comédie de situation et l’ironie des membres de la famille de Jaime ! Ces gags s’inspirent vraiment de l’atmosphère des premiers albums de Blue Beetle, au moment où le héros est encore faillible, car il ne maitrise pas encore ses rapports symbiotiques avec le scarabée.

Selon vous, quelle sera la résonance culturelle de BLUE BEETLE ?

Le gamin de 11 ans que j’étais quand je vivais à Queretaro, au Mexique, n’aurait jamais imaginé qu’il deviendrait l’auteur d’un film de super-héros issu de l’univers DC ! Pour vous donner une idée de ce que cela représente, quand j’ai dit à ma famille qui vit toujours au Mexique que je travaillais dans le cinéma à Hollywood, ils m’ont répondu ‘No mames güey’ ‘C’est une blague, pas vrai ?’ (rires). Ils m’ont tous dit que cela ne pouvait être qu’un canular, parce que je ne connaissais absolument personne qui travaillait dans ce secteur, même de très loin ! Et c’est vrai que vu mon parcours, c’est un bond professionnel tellement sidérant, une chance si exceptionnelle que même aujourd’hui, j’ai encore du mal à y croire, et que je crains qu’il m’arrive un malheur par contrecoup ! Je plaisante, hein, je ne voudrais surtout pas me porter la poisse en disant cela ! Mais je dois parfois me pincer quand je vois les affiches de BLUE BEETLE dans les rues de Los Angeles. Quand j’ai commencé à parler du projet avec Ángel Manuel Soto au moment où il a été engagé, je n’arrêtais pas de lui répéter que je voulais écrire ce film pour épater le gamin de 11 ans que j’étais, et qu’il n’en croie pas ses yeux !



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Quel est le thème principal de BLUE BEETLE ?


Ce qui distingue notre récit d’autres films de super-héros, c’est qu’il raconte l’histoire d’un héros qui devient justicier malgré lui. C’est le sujet central du film. Jaime Reyes est un adolescent comme les autres qui se retrouve confronté à une situation extraordinaire et qui n’a pas du tout envie d’assumer les responsabilités d’un super-héros. Du coup, la réaction instinctive de sa famille vis-à-vis du scarabée, c’est de se dire ‘il faut qu’on le libère de ce truc-là parce que, désormais, notre Jamie est devenu un homme à abattre’. Et ils n’ont pas tort, parce que les pouvoirs et la technologie symbiotique du scarabée suscitent beaucoup de convoitises, et en étant lié à lui, Jaime est devenu lui aussi une cible. Tout au long du film, il s’engage dans un périple drôle et émouvant au cours duquel il apprend à mieux se connaître et à découvrir qui il a envie de devenir. Il découvre de nouveaux aspects de ses relations avec ses proches, et évolue en acceptant son destin. Au bout du compte, Jaime découvre que son vrai super-pouvoir, c’est sa famille. C’est ce qui rend ce film singulièrement attachant.

Selon vous qu’est-ce qui différencie Jaime Reyes des autres super-héros ?

Ce qui me plaît dans cette histoire, et chez Jaime Reyes, c’est qu’il n’a rien à voir avec Peter Parker dans SPIDER-MAN : il ne se met pas à se balancer d’un immeuble à l’autre et à s’amuser grâce à ses nouveaux pouvoirs. Il déploie énormément d’efforts pour se débarrasser du Scarabée, mais la combinaison s’anime et l’embarque dans cette aventure sans qu’il ait son mot à dire. C’est donc un héros malgré lui pendant l’essentiel de l’histoire jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il doit accepter son sort au lieu de chercher à s’y soustraire. Il prend conscience qu’il doit endosser ce rôle de justicier pour protéger sa famille et sa communauté. Cette évolution du doute et de la peur à la confiance en soi et à la prise de responsabilités est galvanisante et je pense qu’elle trouvera une résonnance chez beaucoup de gens. Il me semble que nous avons tous été confrontés à des doutes comparables et que nous peinons souvent à nous accepter tels que nous sommes. C’est ce qui rend Jaime Reyes si attachant et si original dans l’univers des comics. C’est un ado comme les autres, issu d’une famille modeste, qui se hisse au-dessus de la mêlée, non pas parce qu’il cherche à briller, mais parce qu’il se montre à la hauteur, avec abnégation, quand il doit protéger sa communauté et qu’il fait le choix d’accepter son destin et de devenir Blue Beetle, le super-héros dont Palmera City a tant besoin.

Comment décririez-vous à nos lecteurs l’expérience que va leur proposer BLUE BEETLE ?

C’est la tonalité et l’humour de notre film qui le distinguent de la plupart des autres aventures de super-héros. C’est aussi un spectacle dont les scènes d’action sont originales, en raison de la nature symbiotique du héros, qui est la somme de la personnalité de Jamie, et des expériences du Scarabée. Est-il capable de voler ? Oui. Est-il surpuissant ? Absolument. Y a-t-il des scènes d’action époustouflantes ? Tout à fait. Mais ce sont les facultés particulières de la combinaison, uniques dans l’univers DC, qui la rendent aussi géniale et qui donnent à Blue Beetle des super-pouvoirs atypiques. Jamie est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui porte une combinaison lui permettant de créer tout ce qu’il a en tête. Et qu’est-ce que ce jeune homme fait de ses super-pouvoirs ? Il s’inspire de ce qu’il connaît : la pop culture. Des jeux qu’il pratique dans son quotidien. Les scènes d’action de BLUE BEETLE s’inspirent résolument de jeux vidéo, ce qui nous permet parfois de recréer un jeu vidéo grandeur nature dans le monde réel. Les gamers reconnaîtront ces allusions. Mais ce qui donne de la force au film, c’est sa générosité. Au fond, ce film parle d’une famille qui lutte pour rester soudée. Il y a incontestablement des moments qui amuseront les spectateurs, tandis que d’autres devraient les émouvoir. Ce dont je suis certain, c’est que le public va passer un bon moment au cinéma, et aimer les membres de la famille Reyes qui sont drôles et attachants. Et, bien entendu, au centre de tout cela, il y a Jaime Reyes, ce jeune homme bienveillant et sympathique que nous allons accompagner dans ce périple au cours duquel il devient Blue Beetle.

Pourquoi Ángel Manuel Soto était-il le réalisateur idéal pour diriger BLUE BEETLE ?

De nombreuses raisons nous ont poussé à choisir Ángel. Son attachement total au réalisme se manifeste dans le film lorsqu’il restitue l’âme et la richesse de la culture latino, notamment dans sa manière sincère et amusante d’aborder les rapports au sein d’une famille américano-mexicaine. En brossant le portrait du clan Reyes, Ángel donne une formidable vitalité au film, et il le fait d’une manière très personnelle. Il fait partie de ces réalisateurs qui sont des véritables pionniers dans le domaine artistique et qui s’imprègnent constamment des évolutions de la pop culture. Ángel connait parfaitement tout ce qui est tendance et branché, ce qui explique qu’il ait su réaliser le film d’une manière psychédélique et baroque qui n’appartient qu’à lui. On le voit très bien dans sa création de Palmera City, emblématique de ce qu’il appelle ‘une mosaïque des cultures latinos du monde entier’. Tout, dans ce film, dégage un charme et une vitalité captivante qui reflètent l’âme même de la culture latino. Il a vraiment bâti un univers singulier et fascinant qui s’impose comme une création exceptionnelle qui enrichit la mythologie DC. Je n’aurais pas pu envisager un autre réalisateur que lui pour mettre en scène BLUE BEETLE. La personnalité d’Ángel imprègne tout le film. Il lui ressemble, à la fois en tant qu’être humain et que cinéaste. Pour le gamin de 12 ans qui sommeille en moi, à chaque fois que je mettais un pied sur le plateau, c’était un rêve qui se réalisait de me dire que je participais à un film de l’univers DC et que je participais à la transposition des aventures de ce personnage sensationnel sur le grand écran. Mais je suis conscient de l’importance que ce film aura certainement pour la communauté latino. J’espère qu’il sera bien accueilli et que cela contribuera ensuite à briser le plafond de verre pour de nombreux futurs réalisateurs latinos. Tous ceux qui ont participé au film – acteurs, techniciens, scénariste, réalisateur – ressentent le poids de cette responsabilité et nous étions résolus à raconter l’histoire la plus captivante possible, puis à la faire connaître au plus grand monde et à laisser notre empreinte dans l’histoire du cinéma des super-héros.

La suite de notre dossier BLUE BEETLE se posera bientôt dans les pages d’ESI. Bookmark and Share


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