Fabrication d’un faux bras en gélatine
Article Tutoriaux du Jeudi 15 Novembre 2018

Par Laurent Zupan et Gilles Paillet

Etape 1 : moulage du modèle

L’inévitable prise d’empreinte ! Commencez par fabriquer un beau cylindre en plastique transparent (une feuille de PVC épais, facile à trouver dans les magasins d’art graphique) fermé avec du scotch (s’il est transparent, c’est encore mieux…) et collé sur une planche à l’aide de colle thermique.

Ensuite, préparez votre modèle en appliquant de la vaseline sur son bras (en insistant bien sur les poils). N’engorgez pas les détails avec la vaseline et évitez les pâtés !

Enfin ; l’alginate. Cette dernière peut être un peu plus liquide que pour un moulage facial. Commencez par enduire le bras de votre modèle pour les bulles puis plongez le tout dans le cylindre (photo). Attendez que l’alginate fige parfaitement et retirez le bras. La résistance est normale et due à la succion, ne vous inquiétez pas et profitez-en pour taquiner votre modèle : si tous ses doigts ressortent, le moulage sera réussi…Contrairement à une prise d’empreinte faciale, celle d’un bras autorise quelques facéties car le modèle voit tout ce que vous faites et ne se trouve pas dans une situation trop stressante.

Etape 2 : le tirage en plâtre

Quand le bras est sorti (sans laisser de morceaux au fond, donc…), préparez un plâtre très liquide (de type Staturoc polyester) qui va prendre tous les détails sans risquer de casser un doigt au démoulage. Après séchage complet, il faudra détruire tout le moule en alginate pour libérer le bras en plâtre.

Photos 2 et 3 : cette étape a quelque chose de la découverte archéologique… En effet, il va falloir déchirer (en s’aidant d’un cutter - mais attention à ne pas toucher le plâtre) des blocs d’alginate pour libérer le bras en plâtre. Quand ce dernier est totalement sorti de sa gangue, nettoyez-le de ses imperfections. Les petites bulles dans l’alginate donneront des « tétons » qu’il faudra faire sauter et les bulles dans le plâtre, des trous qu’il faudra combler (avec une micro goutte de plâtre pour les petites bulles et de la plastiline pour les plus grosses).

Si votre bras doit être endommagé (une plaie, un doigt arraché, que sais-je…) il faudra sculpter la chose. Pour un doigt manquant, par exemple, il faudra scier le doigt en question et resculpter la plaie en plastiline, avec une section détaillée (muscle, os etc.).

Etape 3 : le moulage

C’est là que Maître Gilles intervient ! Il convient de scinder votre bras en deux pour réaliser un moule en deux parties. Tracez cette séparation au crayon et gérez proprement le pouce, dont la position peut se révéler délicate. Utilisez pour cela de la terre de modelage (claire de préférence, pour ne pas tout salir…) et soignez bien votre séparation (photo 4) car de la propreté de cette étape dépendra la discrétion de votre plan de joint sur le tirage final. L’angle du joint en terre doit être perpendiculaire au plâtre. Quand la séparation est terminée, réalisez ce qu’on appelle des « clefs », c’est à dire des renflements demi-sphériques qui permettront aux deux parties en silicone de bien s’emboîter. Ses clefs peuvent être en négatif, c’est à dire creusées dans la terre, ou en positif (des billes plantées proprement et correctement vaselinées avant moulage).

Maintenant, il est temps de préparer le silicone de moulage, sans zapper l’étape d’un vaselinage léger sur le plâtre. Une première couche d’impression pour saisir tous les détails, puis deux autres couches, renforcées à la verranne, pour éviter tout déchirement (photo 5) puis quand ces trois couches seront terminées, réalisez une coque de renfort en plâtre (ou en résine, si vous avez plus de temps…). Retournez le tout, enlevez la terre, nettoyez le plan de joint et surtout vaselinez-le (sans quoi, catastrophe… les deux parties seront soudées !). De même pour le joint de la coque, il faut bien vaseliner. Et recommencez pour la seconde partie !

Enfin, votre moule est fini ! Ouvrez soigneusement les coques en plâtre puis celles en silicone avant d’ôter le positif en plâtre. Normalement, les moules sont propres comme un sou neuf… Vous êtes prêts à passer au tirage final.

Etape 4 : le tirage

Votre moule est parfaitement refermé et sécurisé avec du scotch (ce qui évitera les éventuelles fuites) et nous sommes prêts à fondre la gélatine. Celle-ci est un produit « prêt à l’emploi » de chez Kryolan ; la Gelafix. Elle est incolore et il faut la teinter, étape cruciale, car afin de ne pas perdre sa translucidité, il faut y aller mollo... Chauffée au bain-marie, la gélatine peut ne pas être assez liquide. Pour la fluidifier, utilisez un peu de glycérine, mais surtout pas d’eau, car l’évaporation après tirage ferait se rétracter votre faux bras. Utilisez pour la coloration des poudres de maquillage ou des fards fluides et notez ces deux trucs pour la teinte et la transparence :

La couleur idéale sera celle de la première articulation d’un doigt de votre modèle quand son poing est serré. Elle garantit, après peinture, d’avoir une teinte cohérente avec celle du vrai bras.
Dessinez au marqueur un petit point noir sur un bâtonnet plat en bois et plongez-le dans la gélatine liquide. Un fois ressortit, constatez le résultat : si le point est nettement visible, la gélatine est trop translucide, si le point est invisible, elle est trop opaque. Si le point est flou, c’est tout bon ! Vous pouvez couler votre gélatine dans le moule.

Photo 6 : le bras en gélatine, après refroidissement complet au frigidaire et ouverture des moules, est prêt à passer à la peinture, si toutefois son plan de joint est correctement réalisé… Il devrait normalement se déchirer tout seul et devenir quasiment invisible avec un coup de lime à ongles.

Etape 5 : la peinture

Cette étape peut être réalisée assez rapidement en utilisant la technique « Neill Gorton », qui consiste à appliquer l’essentiel de la couleur par « crachotis » transparents. Quelques nuances sanguines très diluées pour « réchauffer » l’ensemble, un peu de vert très transparent pour casser les rougeurs trop violentes et enfin, un peu de Terre de Sienne brûlée en différentes transparences pour donner du détail et simuler les taches de rousseur de notre modèle. Toute cette phase est réalisée avec des fards à alcool, deux gros pinceaux en soies de porc et de l’acétone (qui s’évapore plus vite sans endommager la gélatine). Une tache en trop ou des rougeurs trop nettes ? Adoucissez avec une éponge ou un coton-tige imbibé d’acétone.

Terminez le travail aux fards gras (quelques rougeurs sur les articulations, les ridules, le contour des ongles etc. et du gris-bleu pour les veines) et la peinture touche à sa fin. Les ongles seront vernis sur deux couches transparentes avec un vernis satiné (le brillant et le mat font faux…) en dessinant les parties claires entre ces couches.

Etape 6 : les poils

Pour le poilage, nous avons économisé un temps précieux en réalisant cette étape par « flocage » et non par implantation. En effet, un poil clair sur une peau claire autorise plus facilement ce procédé. Pour tester auparavant l’effet et la longueur de poil choisie, rien n’est plus facile : saupoudrez les poils coupés sans coller et regardez ce que ça donne ! Pour le Grand Final, une couche de colle à prothèse et le poil, coupé sur une longueur d’environ 1,5 est saupoudré à nouveau puis « coiffé » pour lui donner une direction, avec un goupillon à cils. Un coup de laque à cheveux et tout est terminé !

Voilà ! Vous savez tout sur les faux membres en gélatine ! A vous de jouer, maintenant.

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