Prise d’empreinte de tête complète en alginate
Article Tutoriaux du Samedi 23 Mars 2019

Par Laurent Zupan

Etape 1 ; la préparation du modèle et du plan de travail

Avant de commencer votre prise d’empreinte, il convient de déshabiller votre cobaye (du moins le haut) et de lui faire enfiler un sac poubelle découpé très seyant, afin de protéger son torse, ses bras et ses jambes. Le sol doit être couvert d’une grande bâche, pour éviter de tout salir. Il suffira après de tout replier, ce qui permet d’emballer les débris de matériaux et de les jeter rapidement à la poubelle.
Ensuite, posez un faux crâne pour protéger les cheveux. Ce faux crâne peut être en latex, glatzan ou autre, ça n’a pas d’importance et aura l’avantage de donner au crâne une forme bien ronde et lisse, là où un bonnet de bain ou du film alimentaire ferait des plis. A vous de voir si vous voulez sortir ou non les oreilles de la calotte.
Préparez également les bandes de gazes et les bandes plâtrées. Pour les premières, il vous faudra de quoi couvrir la moitié avant du buste, pour les secondes, de quoi renforcer l’avant, mais aussi l’arrière. Prévoyez des rouleaux en plus, il sera toujours temps d’en découper pendant l’opération.

Etape 2 ; le « vaselinage »

Attention, c’est une étape cruciale avant toute prise d’empreinte ! Le moindre petit duvet devra y passer. Cils, sourcils, petits cheveux qui dépassent… Rien ne devra être oublié. Si votre faux crâne est en latex, utilisez plutôt du gel intime (l’alginate se décollera facilement de la peau, mais pas du faux crâne…) Notre modèle étant ici rasé, nous n’avons pas tracé la ligne d’implantation de ses cheveux, mais vous pouvez le faire avec un crayon de maquillage, ainsi le trait sera transféré à l’alginate, puis au plâtre final.

Etape 3 : préparation et application de l’alginate

C’est là que tout va s’accélérer ! N’oubliez pas ; votre modèle sera entièrement couvert d’alginate, ne verra rien et ne respirera que par de petits orifices au niveau du nez. Surtout, si vous êtes plus de deux pour le moulage, veillez à maintenir une ambiance calme et silencieuse (pas d’éclat de voix, de rire, de plaisanterie ou même de chuchotement). Ce qui ne vous empêche pas de parler à votre modèle, pour le rassurer et lui assurer votre présence à ses cotés. Mettez au point une petite gestuelle pour communiquer (paumes en croix « ça ne va pas du tout », pouce levé « tout va bien », paume relevée « attendez, quelque chose ne va pas », index qui tourne « dépêchez-vous, je commence à en avoir marre », majeur relevé « j’entends toutes les âneries que vous dites à mon sujet… » Pour la quantité d’alginate, tout dépendra de la surface à couvrir. Nous en avons utilisé ici environ un kilo.
Versez l’eau sur la poudre en mélangeant jusqu’à obtention d’une crème épaisse. S’il y a quelques grumeaux, ne vous inquiétez pas et ne perdez pas trop de temps à les éliminer car l’alginate prend vite, très vite… Ces grumeaux se casseront lors de l’application sur la peau. Il est important que l’alginate ne soit pas trop liquide afin de ne pas dégouliner vers le bas sans rien couvrir, et à l’inverse, pas trop épaisse car les bulles seraient alors légions. La consistance idéale est celle de la crème fraîche épaisse.
Appliquez l’alginate sur le modèle (photo1) en commençant par le sommet du crâne. Plusieurs personnes seront nécessaires à cette besogne, voici un exemple de répartition des tâches :
- une personne pour l’avant du visage et les détails importants (yeux, bouche, nez)
- une personne pour l’arrière du buste
- une personne pour chaque cotés de la tête et les oreilles (soit deux personnes)

Faites attention aux cavités situées sous l’arcade sourcilière, c’est un endroit où s’emprisonnent facilement de grosses bulles d’air. Couvrez progressivement tout le visage (photo 2) et avant que l’alginate ne prenne, posez-y les bandes de gaze (photo 3).
Comme vous le savez peut-être déjà, la gaze, en s’emprisonnant dans l’alginate, va permettre à la future coque en bandes plâtrées de se souder à la chape en alginate. Mais attention, il ne vous faudra fixer ainsi que la partie avant du buste, car l’arrière doit pouvoir s’enlever facilement.

Etape 4 ; la coque en bandes plâtrées

Maintenant, les choses sont un peu moins stressantes pour vous, mais n’oubliez pas que votre modèle n’en a pas terminé ! Photo 4 ; plongez les bandes de plâtres dans une bassine d’eau tiède (pour accélérer le durcissement) et appliquez sur la partie avant du buste en commençant par la ligne de séparation (milieu du sommet du crâne, contournement du pavillon de l’oreille et milieu du cou) Cette séparation doit être assez épaisse et nette. Dans l’idéal, réalisez un petit muret d’environ deux centimètres de haut, le plus perpendiculaire possible avec la couche d’alginate et couvrez tout l’avant du visage (photo 5 et 6) en veillant à laisser une ouverture pour les narines ! Une coque d’environ 5mm d’épaisseur sera suffisante, mais vous pourrez réaliser, avec des bandes repliées plusieurs fois, un équerrage pour renforcer l’ensemble.
Remarque importante ; lorsque votre modèle a, comme ici, les oreilles couvertes d’alginate, vous devrez vous abstenir de procéder de la même manière que pour un demi-visage en tapotant sur la coque pour que votre sujet discerne les faiblesses de la coque, car la résonance est telle que cela risque d’être douloureux pour lui.
Photo 7 : Maintenant, il convient de bien vaseliner le rebord de la coque en plâtre, ainsi que l’alginate (pour faciliter le décollement de la coque arrière).
Photo 8 : la sempiternelle blague du dessin sur la coque et on ne tardera pas à attaquer la phase finale en procédant exactement comme pour la phase précédente.
La coque arrière est maintenant terminée (photo 9) et quand elle sera parfaitement dure, vous pourrez l’ôter.
Pour libérer votre modèle, il vous faudra couper l’arrière de l’alginate (trait rouge sur la photo 10) avec un outil non tranchant (une spatule fine, par exemple. Surtout pas de cutter, vous risqueriez de blesser votre modèle !!) et ôter ce masque par l’avant, en demandant à votre cobaye de grimacer légèrement pour tout décoller. Patience, car cela peut prendre un peu de temps et il ne faut pas tout rater dans la précipitation !
Tandis que votre modèle va prendre une douche bien méritée, vous refermerez les coques en les soudant avec de nouvelles bandes plâtrées et reboucherez de la même manière l’orifice du nez. Si l’alginate « flotte » un peu au niveau de la découpe, vous pourrez la « coller » avec une bonne dose de vaseline ou l’épingler à la coque avec de petites aiguilles sans tête.
Il ne vous restera plus qu’à préparer un plâtre crémeux pour appliquer une première couche de saisie de détails, puis recommencer en plusieurs couches renforcées à la filasse. Et enfin, quand votre plâtre sera parfaitement dur après une nuit de séchage, arrachez tout !!
Le buste de votre modèle est terminé !

Ont participé à cette prise d’empreinte : Emilie, Flavien (Raizol), Aurélien (Oren), Mélina, Joy, Céline (pour les photos) et bien sur, Stéphane (le patient modèle qu’on ne voit finalement qu’en plâtre…).

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