Dans les coulisses du tournage de X-men origines : Wolverine
Article Cinéma du Jeudi 14 Mai 2009

Rencontre avec le réalisateur Gavin Hood

Sydney, Australie, été 2008. Conviés à assister au tournage de X-Men Origines : Wolverine , nous empruntons un bateau pour traverser la baie de la ville, et passer sous son immense pont aux voûtes de métal. Après avoir dépassé le célèbre «Opera house » à la silhouette de coquillage géant, nous mettons le cap sur l’île de Cookatoo Island, qui fut tour à tour un pénitencier industriel et un chantier naval. En visitant ce lieu insolite, nous comprenons pourquoi il a séduit l’équipe du film : il y règne un climat mystérieux, que l’on perçoit immédiatement. Les bâtiments abandonnés y trônent comme des sentinelles muettes, au pied et au sommet d’un énorme rocher plat. Ils sont dotés de structures de poutrelles métalliques, et de toitures équipées de verrières. Ces équipements industriels des années 40 et 50, entourés par les grues et les machineries du chantier naval, donnent le sentiment que des activités étranges ont eu lieu là, à l’abri des regards, dans ce site difficile d’accès.

Un tunnel creusé par des prisonniers

Gareth Price, assistant de production, nous conduit jusqu’à l’entrée du tunnel creusé à coups de pioches et de marteaux piqueurs par les prisonniers, qui étaient envoyés sur Cocktatoo Island parce qu’ils étaient des criminels particulièrement dangereux. Le couloir de 7 mètres de large et trois de hauteur traverse l’énorme roc de l’île de part en part. Ce travail titanesque ne s’est pas arrêté là, car des passages verticaux ont été aménagés pour installer plusieurs monte-charges et des ascenseurs reliant le niveau des docks et de l’embarcadère aux bâtiments du pénitencier, sur le haut du rocher. Nous apprenons que l’autre bout du tunnel a servi à tourner la fameuse scène dans laquelle Wolverine s’échappe d’un centre de recherches secret, après que son squelette et ses griffes d’os aient été recouverts d’une couche de métal indestructible : l’adamantium. Amnésique et presque nu, il erre dans une forêt du grand nord canadien, en plein hiver. Ce moment, tout comme l’horrible opération qui le précède, sont issus de Weapon X, l’une des aventures de BD les plus célèbres de Wolverine, écrite et dessinée par Barry Windsor Smith. Barrie Robson, le chef décorateur du film, a transformé la sortie du tunnel en issue de mine désaffectée, débouchant sur un paysage couvert de neige, traversé par un ruisseau, afin de permettre à Hugh Jackman de recréer cette scène-culte des comics. L’axe inverse (filmé depuis l’intérieur du tunnel) a été réalisé en plaçant un fond bleu derrière le petit décor de neige et de ruisseau, afin d’y intégrer un paysage naturel pendant la post-production. Après notre traversée du tunnel, nous approchons des mobiles homes mis à la disposition des acteurs. Sur l’un d’entre eux, une pancarte indique « Young Scott Summers / Scott summer stunt double », ce qui nous apprend que le futur Cyclope des X-Men fera une apparition, enfant, dans cette aventure en solo de Wolverine !

Dans le Laboratoire de Stryker

Nous traversons ensuite le dédale des bâtiments industriels, et empruntons un escalier qui nous conduit au sommet d’un grand hangar. C’est là que la production a fait construire le décor du laboratoire de Stryker. La première chose qui nous frappe, ce sont les armoires aux portes de verres dans lesquelles sont conservés des hommes, des femmes et des enfants nus, tous congelés. Une vision particulièrement sinistre, grâce au réalisme des mannequins à la peau de silicone et aux cheveux implantés qui sont placés dans ces éléments de décor. Les tables d’opération qui se trouvent là, tout comme les radios qui montrent le squelette recouvert d’adamantium de Wolverine, ne laissent aucun doute quant à la nature de ce qui se passe dans ces lieux : les savants engagés par Stryker réalisent des expériences abominables sur les mutants qu’ils ont réussi à capturer. Un peu plus loin dans la même pièce, plusieurs bureaux équipés d’ordinateurs sont jonchés de dossiers qui portent les noms des mutants recherchés. Les fiches indiquent leurs noms, surnoms, leurs pouvoirs, et les derniers endroits dans lesquels ils ont été aperçus. Une salle de réunion avec une longue table a été installée au fond du décor, ainsi qu’une armoire remplie des dossiers des centaines de mutants que Stryker veut ajouter à son tableau de chasse. Devant l’accès de cette salle se trouve une grande baie vitrée, qui permet de voir l’intérieur de l’immense hangar, et tout ce qui se trouve en contrebas. Nous jetons un œil, et découvrons des structures métalliques qui ressemblent à des cages.

La prison des Mutants

Nous allons visiter cette autre partie du bâtiment et croisons à nouveau Hugh Jackman (voir notre entretien avec l’acteur, publié en deux parties sur le site) affairé à répéter une scène au milieu d’un long alignement de cellules grillagées de métal. Les mutants traqués et capturés par Stryker sont emprisonnés là, et Wolverine va les libérer, en tranchant les serrures d’acier avec ses griffes. Le réalisateur Gavin Hood échange quelques mots avec Jackman, puis retourne derrière la caméra, pour régler les prises de vues de la scène. Nous en profitons pour demander à Hugh Jackman ce qui l’a séduit dans le travail artistique de Gavin Hood, au point de lui demander de diriger ce film : « En tant que directeur d’acteurs, son travail parle de lui-même » nous dit Jackman avec enthousiasme « Son film Tsotsi est tout à fait remarquable sur ce point. Mais visuellement aussi, Gavin fait preuve d’un sens de la composition des plans assez exceptionnel. Depuis que nous travaillons ensemble, j’ai pu comprendre comment il travaille sur la création des images. Il a un sens esthétique si développé qu’il avait réussi à donner à Tsotsi l’allure d’une grosse production alors qu’il s’agissait d’un film à tout petit budget. C’est un talent très précieux pour mettre en scène Wolverine, car nous racontons d’abord l’histoire d’un homme et du conflit interne qui ne lui laisse aucun répit. Beaucoup de scènes du film ont un côté intime qu’il fallait réussir à mettre en images aussi bien que les scènes spectaculaires de batailles ou de rencontres avec les autres mutants. Après avoir vu Tsotsi, je savais que Gavin était le réalisateur idéal pour exprimer en images les sentiments des personnages principaux. Bien sûr, il a dû apprendre énormément de choses en peu de temps au niveau de l’utilisation des effets spéciaux et du tournage des scènes d’action, mais il se débrouille très bien. Le choix de Gavin, qui a été validé par mes collègues producteurs et par la Fox, se situe dans le prolongement du choix de Bryan Singer pour réaliser le premier X-Men. Rappelez-vous qu’à l’époque, Bryan s’était fait connaître par Usual Suspects, qui n’avait strictement rien à voir avec un film de superhéros ! » Jackman est alors interrompu par une assistante. L’équipe est prête à tourner.

Wolverine en action

Nous prenons du recul pour observer les choses, tout en jetant un coup d’œil sur les moniteurs qui répercutent le point de vue de la caméra. On crie « Rolling…Speed…Action ! », et Wolverine se déchaîne sous nos yeux. L’énergie déployée par Jackman est impressionnante. Ses gestes sont précis, parfaitement exécutés malgré la rapidité et la complexité de l’action. Les verrous des cellules sautent, accompagnés de gerbes d’étincelles déclenchées par l’équipe des effets pyrotechniques. Un assistant crie « Cut ! ». Gavin Hood a l’air très satisfait, tout comme Jackman, qui regarde avec plaisir l’enregistrement vidéo de ce qui vient d’être tourné. Il est temps de passer à l’installation d’un autre plan. Gavin Hood peut venir nous parler pendant que ses équipes mettent les équipements en place…



Entretien avec Gavin Hood, réalisateur.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Né en Afrique du Sud, Gavin Hood a mené des études de droit dans son pays avant de choisir une toute autre carrière : il devient acteur puis part aux Etats-Unis pour étudier l’écriture et la réalisation de films à l’Université de Californie de Los Angeles. En 1993, il est lauréat du Diane Thomas Screenwriting Award pour son premier scénario, intitulé Un homme raisonnable. Gavin Hood retourne ensuite en Afrique du Sud, où il écrit et réalise des fictions éducatives pour le Ministère de la Santé, afin d’apprendre à un large public comment se protéger de l’épidémie de sida. Ce travail lui permet de remporter quatre Arts Awards, les récompenses les plus prestigieuses décernées aux cinéastes d’Afrique du Sud. En 1998, son court-métrage The Storykeeper remporte 13 récompenses dans les festivals du monde entier. Ce succès lui permet de trouver le financement de son premier long métrage, basé sur son scénario primé. The reasonable Man remporte un vif succès critique en 2000. En 2001, Hood est choisi pour réaliser l’adaptation de In desert of wilderness, roman de l’écrivain polonais Henryk Sienkiewicz, qui lui a valu de remporter le prix Nobel. L’histoire intéresse Hood, car elle est consacrée au destin d’un groupe d’enfants africains, mais le financement venant de Pologne, le film doit être tourné…en polonais ! Passionné par le projet, Gavin Hood relève le défi et s’aide d’un interprète pour mener sa tâche à bien. Le film reste pendant des semaines à la première place du boxoffice polonais et remporte le prix “Best of the Fest” au festival international de films pour les enfants de Chicago, en 2002. En 2003, Gavin Hood est choisi pour écrire l’adaptation du roman Mon nom est Tsotsi, oeuvre d’Athol Fugard, l’un des plus célèbres auteurs de théâtre sud-africains. En 2006, Mon nom est Tsotsi, écrit et réalisé par Hood, obtient l'Oscar 2006 du Meilleur film étranger. En 2008, Hood réalise Détention secrète avec Reese Witherspoon et Meryl Streep, puis se lance dans l’aventure mouvementée du tournage de X-Men origines : Wolverine.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir tourner sur le site insolite de Cockatoo Island ?

Son aspect unique. Les scènes que nous tournons actuellement se déroulent pendant le troisième acte du film, dans la base créée par William Stryker. Un des sentiments que l’on éprouve quand on arrive dans cet environnement correspond exactement à ce que je souhaitais obtenir à l’image : il y règne une atmosphère à la fois tranquille et très inquiétante. Et l’on sent bien que ces structures sont réelles, qu’elle ont un « vécu ». Quand notre histoire débute, Wolverine essaie de vivre dans le monde des gens normaux, en tournant la page de son passé guerrier. Il se retrouve dans la situation d’un soldat qui souffre de stress post-traumatique, après avoir participé à des combats particulièrement éprouvants. Mais il a décidé de changer de style de vie, et de mener une existence paisible. Il a rencontré une jeune femme - incarnée par une merveilleuse jeune actrice, Lynn Collins - en est tombé amoureux, et lui demande de partager sa vie. Ils vivent donc ensemble et sont heureux jusqu’au jour où a lieu un incident que je ne veux pas révéler, et qui force Wolverine à revenir dans le monde guerrier de William Stryker. Dans le troisième acte, Wolverine découvre le lieu où Stryker s’est installé pour mener ses expériences. Dans notre film, ce site est sensé être une installation nucléaire désaffectée. Il n’est pas aisé de trouver un tel lieu. Nous avions deux possibilités : le faire construire en studio, comme d’autres décors du film, ou utiliser des bâtiments réels. Et ceux qui se trouvent sur Cockatoo Island sont tellement vastes que nous aurions eu beaucoup de mal à obtenir l’équivalent en studio. Dans les grandes structures que vous avez traversées, vous avez certainement remarqué les poutres métalliques et les verrières des toitures, dont certaines fenêtres ont été brisées. C’est un lieu spectaculaire, qui correspondait parfaitement à ce dont nous avions besoin. Pendant un des combats, Wolverine et Victor Creed, alias Sabertooth, pulvérisent une baie vitrée d’un laboratoire qui se trouve au sommet du bâtiment, puis tombent dans le hall principal. Ils font alors une chute d’une hauteur équivalente à un immeuble de 4 étages, que nous n’aurions jamais pu tourner non plus en studio. Bien sûr, Cockatoo Island est un lieu qui pose aussi des problèmes de logistique, puisqu’il nous faut tout amener ici par bateau ou en utilisant des barges spéciales. Mais après avoir tourné deux semaines ici, je peux vous dire que nous avons obtenu des images formidables, qui vont contribuer à enrichir l’impact visuel du film. Bien sûr, tourner dans un tel site a des inconvénients. Le premier d’entre eux, c’est l’enregistrement du son. Il y a de l’écho, de la réverbération, et quand la pluie tombe sur les toitures métalliques et les verrières, on n’entend plus rien : on a l’impression d’être dans un tambour géant, et que quelqu’un s’amuse à verser dessus un énorme sac de billes ! (rires) Quand la pluie tombe sur Sydney pendant deux semaines, comme c’est le cas en ce moment, on peut s’arracher les cheveux et se dire : « Bon sang ! Nous n’aurions jamais dû venir ici, mais tout tourner en studio !! ». Mais finalement, on se reprend, on s’organise différemment, et on filme des scènes de combats dont on pourra facilement doubler le son plus tard. La taille des bâtiments et des structures que nous avons pu utiliser rend si bien à l’image que je ne regrette vraiment pas d’être venu travailler ici, sur Cockatoo Island.

Votre film précédent, Tsotsi, était profondément ancré dans la réalité. Avec Wolverine, vous faites votre première incursion dans le domaine du fantastique. Allez-vous apporter un petit de réalité sociale dans le monde de Wolverine ? Est-ce ce qui vous a incité à changer de registre ?

En un sens, quel que soit le film que vous faites, vous exprimez votre point de vue sur la réalité sociale du monde. On prétend que certains films d’action très manichéens ne sont que des œuvres de fiction, mais c’est faux, car ils reflètent aussi une certaine idéologie qui est bien réelle ! Je crois que beaucoup de grosses productions américaines ont réussi à convaincre une partie du public que le monde pouvait être divisé en gens « bons » et en gens « mauvais », et que si vous vous situez du côté du « bien », vous ne pouvez qu’avoir raison d’agir, quoi que vous fassiez, parce que vous avez de « bonnes intentions ». Je crois que nous avons vu pendant les sept dernières années que cette philosophie n’a pas eu des conséquences positives sur le monde. Personnellement, je suis opposé à ce cinéma simpliste du « bien contre le mal », car ce n’est pas seulement une vision naïve du monde, c’est en fait un raisonnement extrêmement dangereux. Je préfère m’intéresser à des personnages qui doivent gérer ce conflit intérieurement, et affronter leurs propres pulsions positives et négatives dans leur vie quotidienne. Chacun de nous connaît ce conflit. Si nous refusons d’admettre que nous avons en nous une part d’ombre, une capacité de nuire, alors nous nous mettons dans la position de faire réellement le mal. Nous devenons sûrs de nous, arrogants, et incapables de juger sainement nos actes et leurs conséquences. A l’opposé, si l’on apprend à déceler les pulsions négatives, destructrices, on se met dans la position de pouvoir les contrôler, ou les désamorcer. On devient critique vis à vis de soi-même. Voilà les thèmes qui m’intéressent et qui m’ont poussé à prendre la décision de réaliser ce film.

Comment avez-vous réagi quand Hugh Jackman vous a contacté ?

Je tournais alors au Maroc, et j’ai reçu un coup de fil de mon agent, ainsi qu’un paquet contenant le script du film. Mon agent m’a expliqué que Hugh Jackman l’avait contacté, et qu’il souhaitait me parler de Wolverine. Je dois dire que j’ai été vraiment très surpris qu’il ait pensé à moi. Pour tout dire, je ne prenais même pas cette démarche très au sérieux, car j’étais convaincu que cela n’avait pratiquement aucune chance d’aboutir ! Avec mon image de réalisateur de films politico-sociaux, je n’imaginais pas qu’un grand studio puisse penser que je sois le metteur en scène qui convienne à un tel projet. Ensuite, quand je suis revenu à Los Angeles, Hugh a demandé à me rencontrer, et nous avons eu une discussion très agréable et très intéressante. Je lui ai dit « Vous pensez vraiment que je suis l’homme de la situation ? Ce n’est pas le genre de film que je réalise habituellement. Qu’est-ce qui vous a fait penser à moi ? ». Ce a quoi Hugh a répliqué que le personnage principal de mon film Tsotsi était en proie à un conflit moral, tout comme Wolverine. Nous avons discuté pendant un long moment, et Hugh m’a expliqué qu’une des caractéristiques passionnantes de Wolverine, qui le différencie de beaucoup d’autres personnages de films d’action, c’est qu’il est conscient à tout instant de cette sorte de « guerre intérieure », de rage qui bout en lui à tout moment. Une réplique des BD de Wolverine est restée célèbre. A un moment, il dit : « Je suis le meilleur qui soit dans mon domaine, mais ce que je fais de mieux n’est pas très plaisant.». (rires) Après avoir écouté Hugh parler avec beaucoup de passion de ce personnage qu’il incarne si bien, je suis retourné à mes travaux en cours, puis j’ai fait tout un travail de recherche sur le personnage. J’ai alors relu le script en connaissant bien mieux cet univers. Je disposais de clés nouvelles pour l’appréhender et l’apprécier pleinement. Je me suis dit qu’un superhéros doté d’une capacité de réfléchir à sa nature intérieure, c’était un sujet de film passionnant, une opportunité formidable qu’il ne fallait pas laisser passer !

Quelle a été votre vision du film ?

J’ai tout de suite imaginé que nous allions pouvoir utiliser ces thèmes que je trouvais fascinants, et les traiter avec une ampleur et un faste proche des grands opéras, pour en faire un spectacle impressionnant. Après cette conversation avec Hugh, je suis rentré chez moi, et j’ai lu les bandes dessinées de Wolverine qu’il m’avait apporté. J’avais vu les films précédents de la série X-Men, et j’avais trouvé que Bryan Singer avait fait un travail de réalisation formidable, en mêlant très habilement les thèmes sociaux et l’aventure…

Vous n’incluez pas X3 dans cette liste ?

Disons que je suis plus réservé en ce qui concerne ce troisième volet…(rires)…mais que je suis vraiment fan du travail de Bryan Singer et de la manière dont il a lancé cette saga au cinéma. X3 présentait aussi des scènes formidables, très bien filmées, et la production du film a été très soignée, mais les thèmes abordés par le script étaient, à mon avis, moins forts que ceux des deux premiers épisodes. Bryan a donné le ton de cette franchise, et je crois que c’est pour cela que la saga X-Men a su attirer un public beaucoup plus large que celui des films d’action habituels. Bryan a fait des films capables d’attirer le grand public tout en parlant de discrimination, d’intolérance, de racisme, de combat pour l’égalité, et de tous ces grands thèmes qui dépassent largement le cadre d’un film de superhéros sortant pendant l’été. Wolverine, tout comme les autres personnages de l’univers X-Men, s’inscrit dans un cadre de lutte sociale pour l’intégration, et de thèmes politiques. Mais le personnage de Wolverine va encore plus loin, car il est lui-même en conflit avec sa nature profonde. La plupart des autres héros ou méchants de X-Men ont une position assez claire : ils ont tous choisi un camp. Le professeur Xavier est très clair sur sa position morale, tout comme Magnéto. En revanche, Wolverine a le sentiment de ne pouvoir s’intégrer totalement dans aucun groupe.

Parce qu’il est à la fois un héros et un antihéros ?

Oui. C’est ce qui m’a réellement intéressé dans cette histoire, parce qu’elle raconte la vie de quelqu’un qui essaie de se réconcilier avec tous les aspects de sa personnalité, y compris ceux qu’il n’aime pas. Cela, pour moi, c’est la nature même de l’être humain, à moins qu’il ne soit complètement arrogant et aveugle. Nous essayons d’être en paix avec nous-mêmes, malgré nos défauts. C’est le thème central du film. Bien sûr, il va être animé par de fantastiques séquences de combats et d’action, mais ce qui nous amène jusque là, ce sont les questions que soulève ce film : pourquoi Victor Creed cherche-t’il toujours à affronter Wolverine ? Quelles sont les motivations émotionnelles de ces deux personnages ? Si Creed était simplement « un sale type », il ne m’intéresserait pas beaucoup. Mais il est plus que cela. Une des choses intéressantes que Liev Schreiber a apporté au personnage, c’est qu’il le joue comme si sa rage et sa violence lui permettaient de se défouler, et d’éviter d’avoir à affronter le fait qu’il se déteste, et qu’il se sent désespérément seul. Il a absolument besoin de Wolverine pour exister, presque comme s’il s’agissait d’une histoire d’amour névrotique, où l’un des deux n’arrive pas à rompre. Hugh a trouvé cette image très juste de la relation entre Bjorn Borg et John McEnroe, éternels ennemis sur les cours de tennis. Et pourtant, le jour où Borg a annoncé qu’il prenait sa retraite, McEnroe a sombré dans la dépression, car il était soudain privé du seul adversaire qu’il estimait être à son niveau. Wolverine et Victor Creed sont dans le même cas : ils se détestent autant qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Nous essayons d’explorer ce lien émotion dans le film, même s’il est malsain, distordu, et pas forcément compris consciemment par les personnages eux-mêmes. Mais si le public s’en rend compte, alors cet élément de l’histoire sera une énergie qui animera tout le film. Nous avons de fantastiques concepteurs de combats, capables de mettre au point des chorégraphies incroyables. Mais si un combat est juste une scène gratuite, cela m’ennuie. Tandis que si je sais pourquoi les deux combattants en sont venus là et s’affrontent avec une telle fureur, alors là, je suis captivé ! C’est capital de connaître l’origine des choses. C’est la même chose quand vous filmez une dispute au sein d’un couple, elle est bien plus effrayante quand vous en connaissez les causes profondes.

En voyant les premières images du film, nous avons constaté que vous avez modifié l’aspect de Victor Creed/Sabertooth pour qu’il soit plus réaliste. Pour l’incarner, vous n’avez pas choisi un catcheur de 2 mètres avec une toison blonde, comme dans le premier X-Men, mais Liev Schreiber, un homme que l’on pourrait croiser dans la rue, et qui passerait inaperçu…

Merci. Vous avez bien résumé les choses en peu de mots ! Les fans vont peut-être me maudire pour ce genre de choix, mais franchement, faire de Creed un colosse à la tignasse blonde et à la grosse voix rauque m’intéressait nettement moins que de le présenter comme un homme presque normal, dont l’âme est sombre, et qui se déteste sans se l’avouer complètement. Sans vouloir trop en dire, les destins de ces deux personnages sont liés… Ils ont des liens familiaux. Et ces deux familles se sont séparées à la suite de quelque chose que Victor a fait, un acte que Wolverine réprouve, car il estime qu’il est allé beaucoup trop loin. Et à la suite de cela, Wolverine s’en est allé de son côté. Maintenant, si vous vous placez du point de vue de Victor, non seulement cette seule connexion avec sa famille s’est rompue, mais il a aussi été jugé pour ce qu’il a fait, ce qu’il ne peut pas admettre, même s’il sent bien lui-même qu’il est allé trop loin. Il cherche le pardon pour cet acte qu’il a commis, et a justement besoin que ce soit cette personne qui l’a rejeté, Wolverine, qui le lui accorde. Avant d’en arriver au point d’admettre humblement qu’il a eu tort, parce qu’il se trouve encore en situation de nier tout cela, Victor se laisse submerger par sa rage et la dirige vers Wolverine. Il pense « Comment ose-t’il me juger, et me repousser ?! », et aussi, mais plus inconsciemment « Reviens, espèce de salaud, que je puisse te dire que je sais que j’ai mal agi ! ». (rires) Je crois que tout cela est essentiel pour bien décrire la dynamique de ces personnages. Je ne souhaite pas insister lourdement sur cet aspect dans le film, mais les acteurs et moi-même, nous savons d’où vient cette colère terrible qui anime Wolverine et Sabertooth quand ils s’affrontent.

Comment allez-vous renouveler le personnage de Wolverine après les trois films de la série X-Men ?

Je crois que Hugh fait déjà une grande partie de ce travail. Il n’a jamais été en meilleure forme physique qu’en ce moment. Il s’est astreint à un régime alimentaire terrible à base de protéines, de légumes, de poisson cru et de poulet cuit sans peau qu’il mange sept fois par jour ! Il s’est entraîné comme un fou pour tenir ce rôle, afin de développer la musculature la plus impressionnante possible. Et il y est parvenu. Il n’y a aucune vanité de sa part dans cette démarche. S’il a entrepris tout cela, c’est parce qu’il savait qu’il allait devoir pousser l’apparence physique de ce personnage à un tout autre niveau. Il savait qu’il allait devoir incarner un Wolverine beaucoup plus dynamique, plus puissant et plus enragé que celui des films précédents. Dans la trilogie X-Men, s’il y avait un moment un peu moins intéressant avec Wolverine, on pouvait toujours se reposer sur les autres personnages. Dans notre film, tout repose sur lui. Si Wolverine ne convainc pas le public, tout le film s’écroule. C’est son histoire. Et Hugh était tellement conscient de tout cela qu’il a travaillé comme un fou, sans même que je ne lui en parle, pour livrer une interprétation de Wolverine encore plus forte que les précédentes.

Pourrait-on dire que X-Men Origins : Wolverine est aussi une sorte de « Road movie » ?

Oui. Car Wolverine voyage et rencontre de beaucoup de personnages sur son chemin, dans sa quête pour savoir où est passé son frère et pourquoi il a agi comme il l’a fait.

Nous allons découvrir aussi de nouveaux mutants dans le film. Comment avez-vous abordé ces personnages-là ?

Vous savez, je ne suis pas un spécialiste de BD, et j’avais donc de grosses lacunes dans le domaine des récits de superhéros. Mais en m’intéressant de plus en plus à l’univers X-Men et à Wolverine, j’en suis venu à songer que les pouvoirs extraordinaires de ces mutants étaient presque comme les manifestations physiques de certains traumatismes psychologiques. Le personnage de Wolverine a subi une expérience si dévastatrice dans sa jeunesse qu’il s’est transformé à jamais. Cela fait écho à ce que nous expérimentons tous quand nous sommes confrontés à des situations terribles : nous devons y faire face, puis apprendre à vivre en portant cela en nous, et en ajustant notre comportement pour y faire face. Qu’il s’agisse d’une histoire d’amour passionnel qui se termine mal, ou d’un incident marquant, nous devons « muter » et changer. Dans la mythologie grecque, ces évènements graves pouvaient provoquer des transformations physiques. Dans l’univers des X-Men, c’est exactement pareil : Wolverine voit soudain des griffes émerger de ses mains car il a envie de réduire le monde entier en pièces, mais il est également effrayé par ce monstre qu’il devient, et veut que ses griffes disparaissent…et elles se rétractent alors dans ses avant-bras, sans laisser de traces. Je trouve que c’est une métaphore assez extraordinaire des conflits qui agitent l’esprit humain. C’est un peu comme Zeus qui envoie des éclairs sur le monde des mortels, et qui déchaîne des tempêtes, juste parce qu’il est en colère, ou qu’il vient de se disputer avec un autre dieu ! (rires) Ces personnages de l’univers Marvel sont les héritiers modernes de la mythologie. On pourrait même dire que les dieux grecs étaient les premiers superhéros !

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, depuis que vous avez commencé à réaliser ce film qui sort de votre registre habituel ?

Je pense que la plus grosse surprise, pour quelqu’un comme moi, qui n’a pas beaucoup d’expérience dans la réalisation de films qui contiennent beaucoup d’effets spéciaux et de dispositifs techniques très complexes, c’est qu’il faut être encore plus patient que pendant le tournage d’un film « normal ». Quand vous tournez une scène, vous êtes complètement concentré, et vous aimeriez enchaîner tout de suite avec la scène suivante, mais soudain, quelqu’un crie « Stop ! », et demande à ce que l’on filme une boule chromée, puis une boule grise pour servir de référence aux effets visuels, puis que l’on reprenne certaines mesures, etc. Après cette pause, vous devez retrouver l’énergie dans laquelle vous étiez juste avant l’interruption. C’est de plus en plus dur au fur et à mesure que la journée avance, parce que l’on est constamment obligé de s’arrêter pour permettre aux techniciens d’enregistrer les informations visuelles dont ils ont besoin. On filme, on s’arrête, on filme, on s’arrête… A cause de cela, la moindre scène est beaucoup plus longue à tourner. Pour moi, c’est une toute nouvelle discipline à laquelle je dois m’astreindre. Il faut que je conserve mon énergie et que je reste en éveil, l’esprit critique, toute la journée, et souvent jusque tard dans la soirée. Après une douzaine d’heures de tournage, quand vous vous retrouvez à 3 heures du matin en train de filmer un gros plan qui aura une importance capitale dans une scène, il serait facile de dire, « Bon, allez, on va tourner ça vite fait, et après, on va tous dormir ! ». Mais c’est justement dans ce piège qu’il ne faut surtout pas tomber. C’est là qu’il faut se ressaisir et se dire « Hé, réveille-toi mon vieux ! Ce gros plan qu’on vient de tourner, ce n’est pas vraiment ce dont tu as besoin. Il te faut quelque chose de mieux que ça ! » Je me souviens que je me suis dit cela il y a trois jours, pendant le tournage d’un scène de combat entre Wolverine et Sabertooth. J’avais besoin d’un gros plan de Liev Screiber dans lequel il fallait que l’on sente toute la rage accumulée en lui. On l’a refait plusieurs fois, jusqu’au moment où j’ai obtenu la « pépite d’or » émotionnelle qui allait donner tout son impact à la scène. L’un des aspects les plus importants de mon rôle de réalisateur, pendant le tournage d’une grosse production comme Wolverine, c’est de m’assurer que je récolte bien toutes les « pépites d’or » dont le film a besoin. Nous nous souvenons tous d’avoir vu des blockbusters très spectaculaires, techniquement parfaits, mais totalement dénués d’âme. Quand on sort de la salle, on se dit « Bon, et après ? Qu’est-ce que ce film m’a apporté ? » et on sent bien qu’on l’aura oublié dès le lendemain…

Compte tenu de votre souci de réalisme et de justesse des rapports entre les personnages, comment avez-vous abordé les scènes de combat ? Dès que les mutants utilisent leurs pouvoirs, on bascule dans le fantastique pur…

Vous soulevez une question très intéressante, que nous nous sommes justement posés très tôt, pendant la préparation du film. Jusqu’où allions-nous aller dans le spectaculaire, pendant les combats ? Compte tenu de l’aspect réaliste que nous voulions donner à l’histoire de Wolverine, il ne fallait pas aller soudainement trop loin. Disons que nous avons décidé que les combats entre mutants seraient presque comme des combats d’athlètes humains très forts, mais avec 30% de puissance en plus. Par contre, nous nous voulions pas aller jusqu’à 120% de puissance en plus. Nous n’avons pas surexploité non plus les acrobaties et effets de voltiges réalisés avec des câbles. Hugh et Liev se sont entraînés de manière très rigoureuse avec le chorégraphe des combats pour réussir à faire des choses spectaculaires par eux-mêmes. Ang Lee a utilisé de manière brillante la technique des câbles dans Tigre et dragon, et nous serions bien présomptueux de croire que nous pourrions dépasser ce qu’il a réalisé dans ce film. Nous avons fait le choix d’insuffler beaucoup plus de rage émotionnelle dans nos combats, sans nous appuyer sur des effets qui font désormais partie du vocabulaire habituel des films d’action. Je crois que cela permettra d’éviter que les spectateurs se disent « Oh, j’ai déjà vu ci et ça avant, dans tel ou tel film. » parce qu’ils seront captivés par les circonstances dramatiques de la scène.

Quelles sont les principales scènes d’action du film ?

Il y a une grande scène de combat entre Wolverine et Sabertooth, puis un fantastique affrontement entre Wolverine et Gambit, qui est incarné par Taylor Kitsch. Ce combat-là s’inscrit davantage dans la tradition des comics, en raison de la nature des pouvoirs de Gambit. Comme vous le savez, il peut projeter de l’énergie dans n’importe quel objet et le transformer en une arme destructrice. Il est notamment connu pour utiliser un jeu de cartes et une longue canne qu’il transporte toujours avec lui. Dans ce combat, Gambit vole avec sa canne, utilise ses pouvoirs, bref, les fans devraient être contents ! Nous accédons là à un autre niveau de fantastique. Il y a aussi la séquence finale, qui se déroule au sommet d’une gigantesque tour de refroidissement de centrale nucléaire, dans laquelle intervient le personnage de Deadpool, qui est incarné par Ryan Phillips. La personne qui double Ryan Phillips au cours de ce combat est un champion d’arts martiaux qui s’appelle Scott Atkins. Il est extraordinaire. Il est capable de faire des triples sauts sans aucun câble. C’est très excitant à voir, car vous sentez vraiment les capacités physiques de l’athlète dans ces scènes, et que l’on n’a pas été obligé d’utiliser des trucages pour améliorer les choses. Le résultat final est de ce fait beaucoup plus spectaculaire.

Dans les bandes dessinées, on apprend que Wolverine est beaucoup plus âgé qu’il n’en a l’air, parce qu’il est immortel. Sur les quelques images du film que nous venons de découvrir, nous avons pu voir des scènes qui semblent se dérouler pendant la guerre du Vietnam, et pendant la seconde guerre mondiale…

En fait, la première bataille à laquelle Wolverine participe a lieu pendant la guerre civile américaine, qui eut lieu de 1775 à 1783. On le voit aussi combattant dans les tranchées de la première guerre mondiale, puis participant au débarquement sur les plages de Normandie, et enfin aux combats dans les jungles du Vietnam. Mais toutes ces scènes sont très brèves. La plus grande partie du film se déroule il y a 25 ou 30 ans.

Les scènes qui se déroulent au Vietnam ont l’air d’être plus développées que celles des autres guerres…

Oui. A cause des incidents qui ont fait de Wolverine ce qu’il est devenu, il nous fallait montrer ce qui se passe au Vietnam, avec son frère. Ce problème entre eux est demeuré aussi vif, malgré les années. Les scènes du Vietnam sont un peu plus longues, mais la majorité du film ne se passe pas là-bas.

En réalisant ce film consacré à un superhéros, avez-vous l’impression de renouer un peu avec votre enfance ?

Oh oui, absolument. Même si je ne suis pas un spécialiste de la BD, j’ai lu des histoires de superhéros quand j’étais enfant, et comme beaucoup, j’ai rêvé d’avoir une force surhumaine, afin de pouvoir donner une bonne raclée à la brute qui m’embêtait à l’école ! (rires) Je crois qu’on a tous eu ce fantasme un jour ! J’espère que ce film réussira à évoquer à la fois ces souvenirs de lecture d’enfance, tout en présentant les personnages dans un contexte émotionnel réaliste qui plaira aussi au public adulte. Wolverine me donne aussi le plaisir de pouvoir toucher un nouveau public. Je vais vous en donner un exemple. Mon petit neveu, qui a 9 ans, n’a pu voir aucun des films que j’ai fait jusqu’à présent, car ils ne conviennent pas aux enfants. Cela fait déjà plusieurs années qu’il me dit « Quand vas-tu faire un film que je pourrai voir ? ». Eh bien maintenant, j’espère qu’il sera content de pouvoir dire à ses copains « Mon oncle a enfin tourné un film qui n’est pas réservé aux adultes ! ». (rires)

Le studio vous a-t’il imposé des restrictions quant à la description des scènes violentes ?

Oui, il a été très clair à ce sujet : notre but est que le film soit classé « PG 13 » aux Etats-Unis (NDLR : Interdit aux moins de 13 ans non accompagnés par leurs parents), pour des raisons évidentes d’exploitation. Cela a été un défi en soi. Mais je me suis dit « OK, on ne va pas montrer des torrents de sang et faire jaillir des tripes, mais depuis le départ, ce qui m’intéresse le plus, c’est de montrer les raisons profondes de cette agressivité entre les personnages. Donc, ce n’est pas vraiment un problème. » Ce sont ces raisons psychologiques qui provoquent ces montées d’adrénaline, toute cette énergie déployée par Wolverine et Sabertooth pendant leurs combats. Compte tenu de la manière dont cette histoire est racontée, et des évènements qui se passent, je crois que nous n’aurons pas besoin de montrer des choses horriblement sanglantes pour retenir votre attention pendant ces combats. Le conflit qui oppose les personnages et la rage qu’ils déploient sera déjà très spectaculaire.

Est-ce que ce film est conçu comme le premier épisode d’une trilogie entièrement consacrée à Wolverine ?

Il n’y a que le public qui pourra répondre à cette question, en aimant le film ou pas !

Certes, mais avez-vous déjà intégré des éléments qui permettraient de prolonger cette histoire au-delà d’un seul épisode ?

Ce que je peux vous dire, c’est que le studio a d’ors et déjà d’autres idées et histoires en tête, mais pour l’instant il faut attendre et voir quel sera l’accueil réservé à Wolverine

Avez-vous signé une option pour réaliser une suite ?

Non.

Vous disiez qu’avant ce tournage, vous n’aviez pas l’expérience de films très techniques, dans lesquels les effets spéciaux jouent un rôle important. Comment cet aspect de votre travail se passe-t’il ?

Je crois que si Hugh m’a choisi pour réaliser ce film, c’est parce qu’il comptait sur moi pour que toutes les scènes dramatiques soient justes. C’est mon regard qui l’intéressait. Bien sûr, quand nous devons filmer quelque chose qui est essentiellement technique, je laisse les spécialistes faire leur travail, tout en veillant au jeu des acteurs, même s’il s’agit d’une scène très courte tournée devant un fond bleu. Il est normal de procéder ainsi. Je savais que j’allais devoir en passer par là, et j’ai d’ailleurs appris beaucoup et je continue à apprendre des choses tous les jours, ce qui est une expérience très intéressante. Elle me passionne à la fois à cause de l’ampleur de cette production, de tout ce que j’apprends, et aussi parce que Hugh, depuis le départ, attendait de moi l’essentiel de ce que je pouvais apporter à ce projet, dans les domaines de la direction d’acteurs, et de la mise en scène dramatique.

Pourrait-on dire que le Wolverine que l’on va découvrir dans le film sera encore plus réaliste que celui que l’on a vu dans la série des X-Men ?

Hugh s’est démené pour que le personnage soit le plus intéressant possible, aussi bien dans la présentation de son histoire personnelle que dans son comportement, et son apparence physique. Mais c’est surtout le personnage de Sabertooth qui n’a pratiquement plus rien à voir avec la manière dont il agissait dans le premier X-Men. La composition de Liev Schreiber en fait un personnage beaucoup plus riche et plus complexe. Le défi que nous voulions relever, c’était de faire de Victor Creed / Sabertooth un adversaire à la mesure de Wolverine. Tout aussi intéressant que lui, tout aussi héroïque par moments, et tout aussi dangereux. Liev a fait un travail fantastique. Il a réussi à créer un personnage qui est une formidable source de conflits pour Wolverine. Liev et Hugh ont énormément travaillé ensemble, non seulement sur les scènes de combats dont nous parlions auparavant, mais aussi sur toutes les raisons profondes de leur antagonisme.

Existe-t’il aussi une petite rivalité entre eux, hors caméra ?

Bien sûr, et c’est ce qui rend cette situation fascinante ! (rires) Non, bien sûr, je plaisante ! Liev et Hugh sont amis et se connaissent depuis des années. Mais je joue aussi sur le fait qu’ils sont tous les deux des professionnels de très haut niveau, des perfectionnistes entièrement dédiés à leur art. Aucun des deux ne veut que l’autre le dépasse. (rires) Pour un réalisateur, c’est une situation parfaite ! Bien sûr, ils s’amusent eux-mêmes de cette tendance qu’ils ont chacun à vouloir être le meilleur. Ils jouent chacun pour gagner ce combat ! (rires)

Diriez-vous que ce film va révéler tout ce qui concerne le programme «Weapon X », qui est à l’origine de la transformation du squelette de Wolverine et de ses griffes qui sont organiques au départ ? Ou gardez-vous encore quelques secrets en réserve ?

Oh, vous savez, avec ce genre de récit, il y a toujours la possibilité de laisser certaines choses de côté. Disons que pour l’instant, le film révèle tout sur « Weapon X » ! (rires) Mais seulement pour l’instant ! Et comme la mémoire de Wolverine est effacée à l’issue de l’histoire, tout est toujours possible…

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