Pandorum : un formidable thriller de Science-Fiction
Article Cinéma du Vendredi 25 Septembre 2009

ESI a été bluffé par le film de Christian Alvart, et vous recommande de le découvrir au plus vite en salles !

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas mêlé aussi bien l’angoisse et la SF. Connaissant tous les codes du fantastique, Christian Alvart a co-écrit et réalisé un film qui regorge d’idées aussi intéressantes que surprenantes. Il arrive à tenir les spectateurs en haleine jusqu’aux toutes dernières images de son film. Nous ne vous révèlerons pas les détails de l’histoire pour ne pas gâcher votre plaisir… Disons simplement qu’au début du récit, deux astronautes, le Lieutenant Payton (Dennis Quaid) et le Caporal Bower (Ben Foster) se réveillent dans leur gigantesque vaisseau spatial après un long séjour en hyper-sommeil. Désorientés et plongés dans le noir, ils ne se souviennent ni de leurs identités ni de leur mission. Les seuls sons qui leur parviennent sont des vibrations inquiétantes provenant du coeur du vaisseau. Le Caporal Bower part en exploration et ne tarde pas à découvrir quelques survivants qui vivent cachés, traqués par d’effroyables créatures. Ensemble ils vont essayer de découvrir ce qui s’est réellement passé lors de cette mission…

La découverte d’un nouveau talent : Christian Alvart

Né en 1974 dans la région de Francfort, Christian Alvart avait rarement la permission d'aller au cinéma quand il était enfant. Peu à peu, il se passionne pour cet art qui lui a été interdit et se fait passer pour un "expert" auprès de ses amis – tout en réussissant à leur cacher le fait qu'il n'avait presque vu aucun des films dont il parlait. Mais il se consacre en revanche à la lecture d'ouvrages sur le cinéma, sur la réalisation et les romans adaptés pour le grand écran. Lorsqu'il a enfin le droit d'aller au cinéma, il rattrape son retard de manière spectaculaire, n'hésitant pas à voir six films par semaine. En 1990, il tourne de petits films en vidéo et en Super 8 avec ses copains qui forment un groupe de cinéphiles et réalisateurs en herbe. A l'âge de 19 ans, il devient rédacteur et maquettiste pour le magazine de cinéma XTRO, avant d'être nommé rédacteur en chef et d'acquérir finalement la publication. En 1997, il décide de tourner ses propres films et fonde sa société Syrreal Entertainement à Berlin. Pour mieux connaître le milieu du cinéma, il commence à travailler comme coursier avant de devenir 1er assistant réalisateur la même année. En 1998, il écrit, produit et réalise Curiosity & the Cat, son premier long métrage en 35 mm. Tourné avec un budget de 30 000 dollars, le film réunit la plupart de ses vieux copains de Francfort et décroche une citation au Prix Max Ophuls. Alvart est ensuite recruté comme scénariste pour plusieurs longs métrages et téléfilms allemands.En 2005, il signe Antibodies, présenté dans plusieurs festivals, comme l'American Film Institute Festival, le festival d'Edinburgh et celui de Tribeca. Christian Alvart est alors considéré comme un cinéaste à suivre. Alvart vient de tourner Le Cas 39, avec Renée Zellweger, Ian McShane et Bradley Cooper. Il réalisera prochainement The Zero et Killer Queen.

La genèse de Pandorum

Deux ans après la saga Resident Evil, les trois producteurs Paul W.S. Anderson, Jeremy Bolt et Robert Kulzer souhaitaient s'atteler à leur nouveau thriller : Pandorum. "J'ai lu Pandorum juste après avoir terminé Alien vs. Predator," signale Anderson. "Le scénario m'a emballé. J'ai eu le sentiment qu'il abordait des sujets qui m'avaient toujours intéressé, notamment l'idée que l'horreur peut se trouver aux confins de l'univers – là où la terreur est amplifiée par la claustrophobie du vaisseau et par le sentiment d'isolement qu'on peut éprouver dans l'espace. Ce sont les mêmes motivations qui m'ont poussé à réaliser Event Horizon : le vaisseau de l'au-delà il y a dix ans. J'ai aussitôt envoyé Pandorum à Jeremy et Robert, en leur suggérant qu'on devrait prendre une option sur le scénario et le produire," poursuit Anderson. "C'était vraiment le genre de film que j'avais envie de voir en tant que spectateur." "Je suis constamment à la recherche d'une intrigue qui me fasse dire : 'Celle-là, c'est la bonne,'" ajoute Kulzer. "Pandorum m'a franchement fasciné par son originalité." Kulzer et ses partenaires étaient conscients qu'il s'agissait d'un projet à part. Travis Milloy est l'auteur du scénario. A l'époque où il achevait l'écriture, le jeune réalisateur Christian Alvart avait débarqué à Hollywood après la sortie de son premier long métrage, Antibodies. A son arrivée, Alvart travaillait sur son propre scénario, No Where : il s'agissait de l'histoire de quatre astronautes qui partent à bord d'un vaisseau spatial et se réveillent d'un hyper-sommeil sans le moindre souvenir du but de leur mission. "Je ne pensais pas que j'aurais les moyens de tourner ce film avant une bonne quinzaine d'années," confie Alvart. "En effet, c'était un énorme projet difficile à financer." Après avoir visionné Antibodies – thriller très noir truffé de rebondissements – et rencontré Christian, le producteur Bolt a songé à lui confier la réalisation de Pandorum : "Quand j'ai commencé à lire le scénario, je suis resté sous le choc car il y avait de nombreux points communs avec ma propre histoire," note Alvart. "Comment est-ce que je pouvais tourner mon film puisqu'il existait un projet quasi identique ?" "Je leur ai présenté ma version de l'histoire," poursuit le réalisateur. "J'ai mélangé No Where et Pandorum. Je m'attendais à ce qu'on me rie au nez." Bien au contraire, les producteurs ont réussi à faire travailler Milloy et Alvart ensemble : après une phase de développement rigoureux, Pandorum a vu le jour. Les auteurs ont souhaité plonger le spectateur dans l'univers mystérieux du cosmos dans un thriller aux étranges rebondissements.

Un pari ambitieux

Bien qu'Alvart soit un réalisateur débutant, les producteurs avaient toute confiance en lui. "Christian a toutes les compétences requises et il connaît parfaitement les codes du genre," signale Kulzer. "C'est à la fois un grand gamin et un immense cinéphile. Il a beaucoup d'imagination et des idées formidables." "Depuis que j'ai vu le premier film de Christian, je me suis dit que c'était un cinéaste très doué," note Anderson. "J'aime sa sensibilité et ses idées sombres et tordues – on a vraiment ça en commun. Il a apporté au film sa conception du monde totalement à part." "Christian nous avait promis un film déconcertant et plein de coups de théâtre inattendus et il a tenu ses promesses," ajoute Bolt. "Il est très intègre dans le travail et sa vision du monde en fait un metteur en scène hors du commun." Dennis Quaid a été le premier à faire partie de l'équipage du vaisseau spatial Elysium, en acceptant le rôle du lieutenant Payton.Souffrant de claustrophobie aiguë, il guide le jeune caporal Bower à travers les couloirs labyrinthiques du vaisseau. "Dès le départ, on s'était dit que ce serait formidable qu'un type comme Dennis Quaid campe Payton," souligne Kulzer. "Le fait qu'il nous ait donné son accord marquera certainement un tournant dans ma carrière." "Il y a très peu d'acteurs qui aient autant de charisme, d'expérience et de professionnalisme que lui," ajoute Alvart qui, d'ailleurs, connaît par coeur L'Aventure intérieure, où Dennis Quaid donne la réplique à Meg Ryan. En raison des relations psychologiques complexes du film, il fallait un comédien auquel le public puisse s'identifier immédiatement. Quaid s'est imposé naturellement dans le rôle : "Je prends beaucoup plus de plaisir dans mon travail aujourd'hui qu'à mes débuts," déclare Quaid. "J'ai ça dans le sang." L'acteur s'intéresse à l'espace depuis son enfance : "J'ai grandi au Texas et c'est là que le programme spatial est né," explique-t-il. "Du coup, je n'ai plus voulu devenir cow-boy. Et j'ai lu beaucoup d'auteurs comme Ray Bradbury dans les années 60." "Quand je lis un scénario, c'est le seul moment où je me retrouve dans la peau du spectateur qui découvre le film," poursuit-il. "Et lorsque j'ai lu Pandorum, je me suis laissé embarquer dans l'intrigue. Ensuite, j'ai rencontré Christian qui m'a raconté sa vision du film, et j'ai aussitôt voulu faire partie de l'aventure." "C'est un thriller, mais c'est aussi une histoire universelle," renchéri-t’il. "C'est en cela que ce genre de film fonctionne : certes, cela parle d'événements inconnus du grand public, mais les personnages vivent des expériences humaines auxquelles tout le monde peut s'identifier. C'est pour cela que c'est génial." Quaid a collaboré avec de très grands cinéastes tout au long de son parcours – ce qui ne l'a pas empêché de se montrer impressionné par Alvart : "Il n'a que 34 ans, mais on dirait un réalisateur qui a déjà 40 ans de carrière," dit-il. "Il n'y a aucun plan inutile dans ce film car la moindre scène est là pour servir l'intrigue et la psychologie des personnages." Ben Foster incarne le caporal Bower, ingénieur mécanicien. Guidé par le lieutenant Payton, il se fraie un chemin à travers les couloirs de l'appareil et doit faire face aux horreurs que recèle l'Elysium. Jusque-là, Foster ne s'était guère intéressé à l'espace. "Quand j'étais gamin, je jouais à l'astronaute, mais je ne suis jamais allé plus loin," dit-il. "De toute façon, pour faire ce métier, il fallait être bon en physique et en maths – et ce n'est pas mon cas. Je ne pense pas que j'aurais fait un très bon astronaute dans la vraie vie." Pour autant, Pandorum l'a fasciné. "En général, j'ai du mal à lire un scénario jusqu'au bout," reconnaît Foster. "Mais cette fois, j'ai été vraiment accroché. Il y a tellement de rebondissements et c'est tellement bien écrit que je l'ai lu d'une traite." Le concept de "pandorum" l'a subjugué : pour lui, il s'agit "de troubles psychologiques liés au sentiment de claustrophobie d'un séjour à bord d'un vaisseau spatial qui entraînent névroses et folie des grandeurs." Anderson en donne une définition plus courte : "C'est une psychose terrifiante liée à l'espace – une sorte de sentiment de claustrophobie sous acide."

De nombreux défis à relever…

Le film a été tourné en très peu de temps, mais le réalisateur a souhaité multiplier les angles de prises de vue. Pour Foster, c'était là une difficulté majeure. "Il y avait parfois plus de 70 plans par scène," dit-il. "Pour moi, c'était une expérience inédite. Mais je savais que Christian arriverait à donner du sens à cette mosaïque d'images." "Le plus difficile, c'est de rester concentré tout en mobilisant son énergie," poursuit-il. "C'était très abstrait. J'ai essayé de donner un ancrage réaliste au contexte du film. On cherchait tous à trouver le ton juste." "Ben Foster est l'un de mes acteurs préférés au monde," reprend Alvart. "Personne ne se serait mieux débrouillé que lui." Bolt ajoute : "Ben est un comédien épatant. Son jeu est d'une grande intensité." De son côté, Foster a été heureux d'avoir un comédien aussi chevronné que Quaid comme partenaire. "C'est un grand pro," confie-til. "Il se marre constamment, tout en étant très concentré. Il m'a vraiment aidé à me sentir à l'aise sur le plateau." Au final, Foster estime que Pandorum plaira à tous ceux qui aiment les divertissements de grande qualité : "C'est un film à la fois ludique et sombre, où les rapports entre les personnages sont complexes, mais qui s'inscrit surtout dans la grande tradition des films qu'on va voir avec sa petite amie pour jouer à se faire peur." Bower fait bientôt la connaissance de Nadia, interprétée par Antje Traue, jeune comédienne allemande quasi inconnue. Après une tournée mondiale de quatre ans de la comédie musicale West End Opera, et quelques rôles pour le cinéma et la télévision allemands, Antje Traue trouve son premier grand rôle avec Pandorum. La jeune actrice a dû suivre un entraînement physique rigoureux : "Il a souvent fallu que je me fasse violence," rapporte-t-elle. "Mais ce qui était formidable dans cette préparation physique intense, c'est que j'ai pu moi-même exécuter les cascades et vivre pleinement chaque scène." Antje Traue a également dû surmonter son vertige : "Je me souviens du jour où Christian m'a demandé si j'avais des problèmes de vertige," note-t-elle. "Je lui ai répondu que non, sans me rendre compte que j'étais alors sur la terre ferme. Quelques jours plus tard, on tournait dans une vieille usine et il fallait que je saute sur un pont très élevé au-dessus du sol – et tout d'un coup, j'ai eu comme une révélation : je peux basculer dans le vide à tout instant. Il a fallu que je me rende à l'évidence : je souffre vraiment du vertige." Nadia est une scientifique dont la mission à bord de l'Elysium consiste à superviser une banque génétique, destinée à répandre la vie sur une autre planète. Au début du film, Nadia est, elle aussi, en quête de réponses à ses questions et elle doit se battre seule pour sa survie – jusqu'au moment où elle rencontre le caporal Bower. "Nadia est extrêmement méfiante car elle a été seule pendant longtemps," explique la comédienne. "Il lui faut un moment pour avoir de nouveau confiance en quelqu'un, mais Bower réussit à faire d'elle une alliée. Par la suite, leur relation est essentielle pour leur survie." "Antje était une vraie découverte," signale Bolt. "Elle est intelligente, elle se débrouille très bien physiquement et elle est parfaitement crédible dans une scène d'action." Foster renchérit : "Antje est l'un des points forts du film," dit-il. "Elle apporte de l'humanité et de la force à son personnage." Traue a été ravie de donner la réplique à un acteur comme Foster : "Il était constamment à mes côtés, dans le film et entre les prises," observe-t-elle. "Tout s'est avéré formidablement stimulant. Ben est à la fois très créatif et très concentré, ce qui m'a beaucoup rassurée."

Un champion du monde dans l’équipage !

Autre membre de l'équipage du vaisseau : Manh, expert agricole vietnamien, campé par le champion du monde d'arts martiaux Cung Le. "Il nous fallait quelqu'un de crédible dans le rôle d'un vrai guerrier," explique Bolt. "Cung est un champion d'arts martiaux qui tente sa chance comme acteur. On lui a fait passer des bouts d'essai et il nous a conquis." En mars 2008, Le a remporté une victoire sur Frank Shamrock au cours d'un combat spectaculaire qui lui a valu le titre de "Champion Poids Moyen de la Strikeforce." Après avoir lu le scénario, Le était prêt à tout pour décrocher le rôle : "J'ai dit à mon agent que je voulais absolument tourner dans ce film," dit-il. "J'étais prêt à sauter à travers des cerceaux ! Je suis au plus haut niveau de ma carrière dans le domaine des arts martiaux, mais je ne fais que découvrir le métier d'acteur. C'est un nouveau carburant pour moi. Je me suis senti très flatté d'avoir joué dans Pandorum." "D'ailleurs, on est beaucoup plus en sécurité quand on travaille avec des acteurs que lorsqu'on se retrouve dans une cage pour y affronter un vrai combattant," ajoute-t-il. Comme les autres personnages du film, Manh lutte pour sa survie.Quand il rencontre Bower et Nadia, il se méfie d'eux. "Dans leur première scène ensemble, Manh se bat contre Nadia," indique Le. "Je me suis dit que je ne m'étais encore jamais battu avec une fille, mais là c'était une question de survie !" "On savait tous les deux qu'il aurait pu me tuer en deux secondes," signale Traue en riant. " "Cung est l'un des combattants les plus redoutables de la planète," reprend Foster, "mais c'est aussi l'un des types les plus adorables et drôles que j'aie jamais rencontrés." Pour Le, le plus difficile a été de se retrouver en Allemagne, loin de ses proches. "Je n'ai jamais été aussi longtemps loin d'eux et du coup, j'avais le mal du pays," souligne-t-il. "Mais cela fait partie du boulot et j'aime aller au bout de ce que j'entreprends." Le a beaucoup apprécié la complicité qui régnait sur le plateau : "Lorsqu'on tournait une scène, on était très concentré, mais entre les prises, on se marrait tout le temps," dit-il. Il a également été rassuré par le climat de confiance qui prévalait entre acteurs et techniciens.

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