Dans les coulisses de 2012 de Roland Emmerich - Dernière partie
Article Cinéma du Lundi 16 Novembre 2009

Retrouvez la seconde partie du dossier


Nous vous présentons la troisième et dernière partie du dossier consacré au formidable film de Roland Emmerich.



Quand la nature se déchaîne

2012 a été pour les coproducteurs et superviseurs des effets visuels Volker Engel et Marc Weigert l’occasion de retravailler avec Roland Emmerich. Volker Engel et Roland Emmerich se sont rencontrés en 1988 à Stuttgart, où Engel était étudiant en cinéma. Emmerich l’a engagé pour travailler sur MOON 44, puis sur UNIVERSAL SOLDIER, GODZILLA et INDEPENDENCE DAY. Marc Weigert et Volker Engel ont entamé leur collaboration sur INDEPENDENCE DAY. Marc Weigert raconte : « Une des plus grandes difficultés du projet était le nombre incroyable de types de catastrophes dans le film : des tremblements de terre, des crevasses qui déchirent le sol, la destruction de plusieurs villes, des inondations, des éruptions volcaniques énormes. Chacune de ces catastrophes devait être très réaliste, nous avons donc fait de la recherche et du développement pour accomplir des choses qui n’avaient encore jamais été faites. »Marc Weigert poursuit : « Bien sûr, plus les effets visuels s’améliorent, plus le public devient expert et remarque le moindre défaut. Nous avons donc été très exigeants sur la qualité de notre travail pour être certains que tout était absolument parfait. Beaucoup d’effets visuels du film auraient été impossibles à réaliser il y a encore deux ou trois ans. » Le producteur Larry Franco observe : « Pour mélanger des éléments tournés en prises de vues réelles avec des effets visuels, il a fallu procéder au coup par coup. Quand on pense à ce projet dans sa globalité, on se dit qu’il n’existe aucune façon de faire un film comme celui-là, que c’est impossible et complètement dingue. Mais Roland avait une autre approche. Il nous a dit : « Comment mange-t-on un éléphant ? On le découpe, et on l’avale morceau par morceau. Nous n’avons besoin que de quelques éléments, le reste sera ajouté à l’image grâce à des écrans bleus. Et on obtiendra ces éléments virtuels en procédant petit à petit. Ce n’est pas aussi difficile qu’on pourrait le croire. » Et effectivement, de cette façon le tournage s’est révélé plus facile que prévu. »

L’apocalypse en 3D

La première étape pour Marc Weigert et Volker Engel a été de créer ce qu’on appelle une prévisualisation, c’est-à-dire une version animée du storyboard. Marc Weigert explique : « C’est une représentation simplifiée en 3D des différentes scènes. C’est un travail qui nous a demandé entre six et sept mois. Nous avons fait une prévisualisation de toutes les grandes séquences du film. » Pour illustrer la complexité des effets visuels du film, Marc Weigert décrit la séquence du tremblement de terre à Los Angeles : « Nous sommes d’abord allés à Los Angeles pour trouver l’endroit où nous allions tourner cette séquence, mais très vite, nous avons réalisé que nous ne pouvions filmer nulle part parce que tout devait s’effondrer. Toute la ville devait être secouée par le tremblement de terre, tous les palmiers, toutes les boîtes aux lettres, toutes les voitures et tous les immeubles devaient s’effondrer ou tomber en morceaux. Nous avons donc décidé d’utiliser les effets visuels, et nous avons construit un immense écran bleu qui faisait 180 mètres de long et 12 mètres de haut. » Cet écran bleu a été placé à côté de la plate-forme mouvante de Mike Vezina. Marc Weigert déclare : « La plate-forme mouvante construite par Mike Vezina était fantastique parce qu’elle permettait aux acteurs de marcher sur un sol qui bougeait comme s’il y avait un séisme d’une magnitude de 10,5. Tous leurs mouvements et toutes leurs réactions étaient donc réels. Tout ce qui se trouvait sur la plate-forme était secoué dans tous les sens. Comme les décors incrustés sur le fond bleu devaient bouger en même temps et de la même manière que les éléments réels, nous avons enregistré les mouvements de la caméra et ceux de la plate-forme pour ensuite les appliquer aux décors virtuels dans nos ordinateurs. » Marc Weigert raconte : « Roland Emmerich avait une vision très claire de l’aspect final du tremblement de terre. Le sol devait se soulever un peu comme les vagues de l’océan, et la plate-forme mouvante nous a aidés à reproduire cet effet. Avec Volker Engel, nous avons retiré tout ce qui était dessus, puis nous l’avons filmée après avoir peint une grille dessus. Cela nous a permis de voir comment le sol ondulait de façon à le faire bouger de façon identique. » Marc Weigert ajoute : « Tout ce qui n’était pas sur la plate-forme a été créé par ordinateur. Nous avons conçu tout ce qui bouge : tout ce qui est dans, sur ou au-dessus de la rue est en images de synthèse. Et tout a les mêmes couleurs et les mêmes textures que dans le monde réel. » En général, les effets visuels utilisent des plans fixes filmés spécialement pour les transparences – paysages ou décors – qui sont ensuite intégrés à l’image finale à l’endroit où se trouvait l’écran bleu lors des prises de vues réelles. Avec 2012, l’activité sismique et les mouvements qu’elle provoque ont nécessité l’utilisation de plans mobiles pour une cohérence dynamique.  Marc Weigert explique : « Sur l’écran bleu, c’est Los Angeles. Les gens sont allés là-bas, ou ils ont vu cette ville à la télévision et au cinéma. Ils savent à quoi elle ressemble. Si nous avions commis des erreurs en matière d’éclairage, de couleurs ou de textures, cela aurait été flagrant et aurait ressemblé à un jeu vidéo. C’est une chose à laquelle nous avons sans cesse fait très attention. »Volker Engel ajoute : « Tout ce que nous faisons doit être le plus proche possible de la réalité. Nous tenons compte des lois de la physique pour la façon dont les immeubles s’écroulent ou le comportement en vol des avions. Il nous arrive de prendre quelques petites libertés avec la réalité pour rendre une scène plus impressionnante ou plus amusante, parce que l’objectif est aussi de raconter une histoire, mais nous faisons très attention parce que si on va trop loin, on peut perdre le public. Tout doit rester globalement très réaliste. »

Des effets inédits

Après avoir été méticuleusement conçus par ordinateur, tous les éléments de décor ont été soigneusement détruits – toujours par ordinateur. Marc Weigert raconte : « Un immeuble devait par exemple être découpé en millions de petits morceaux pour qu’un logiciel de simulation qui utilise les lois de la physique puisse le faire s’effondrer quand le sol se met à bouger. Il a fallu répéter cette opération sur plusieurs centaines de bâtiments qui se trouvent au bord de la route, et sur des milliers de petits éléments que nous avons ajoutés dans l’image et qui devaient eux aussi bouger. » Tout ce travail titanesque a été réalisé pour une seule et unique séquence. Marc Weigert explique : « Il faut beaucoup de personnes, d’ordinateurs et de logiciels pour faire un film comme celui-ci. Une douzaine de sociétés basées partout dans le monde ont travaillé sur 2012, et chacune d’entre elles employait entre soixante et cent personnes. Nous avions aussi une unité intégrée chez Sony Pictures pour créer deux séquences importantes. Au total, environ mille personnes ont travaillé sur les effets visuels du film, et Volker Engel et moi avons supervisé leur développement dès le début. Les deux séquences que nous avons créées au sein du studio faisaient à elles seules plus d’une centaine de térabits de données représentant toutes les informations générées par chaque image. Une « render farm » de 250 ordinateurs a été nécessaire pour calculer le rendu de ces deux séquences. Dans un film comme celui-là, l’ensemble des données dépasse facilement le pétabit (un million de gigabits). » Et tout cela pour servir la vision de Roland Emmerich de la fin du monde… Marc Weigert commente : « Roland Emmerich adore divertir les gens. Quel que soit le film qu’il est en train de faire, il cherche avant tout à divertir le public et à lui faire vivre une aventure excitante dont il se rappellera très longtemps. » Marc Weigert conclut : « Tous les collaborateurs réguliers de Roland adorent travailler avec lui parce qu’il veut toujours montrer quelque chose de nouveau et de différent, et c’est ce qui nous fait tous avancer. Ce serait terriblement ennuyeux de faire toujours la même chose. Avec lui, vous faites toujours des choses que personne n’a encore jamais vues, cela nous oblige à faire des recherches et à innover. On passe son temps à se gratter la tête en se demandant : « Comment allons-nous faire ça ? » Mais on trouve toujours une solution, et c’est aussi ce qui rend le travail avec Roland aussi merveilleux et passionnant. »

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