Dans les coulisses de 2012 - Exclusif : Entretien avec le réalisateur Roland Emmerich
Article Cinéma du Mardi 22 Decembre 2009

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Né en 1955 à Stuttgart, Roland Emmerich manifeste très tôt des dons artistiques. Il se consacre d’abord à la peinture et à la sculpture et suit des études de décoration à l'école de Cinéma de Munich. Il débute dans la réalisation avec Le principe de l’arche de Noé, le film d'étudiant le plus ambitieux et le plus cher jamais tourné en Allemagne, dont le budget avoisine les deux millions de marks. Présenté en ouverture du Festival de Berlin, en 1984, ce film connaîtra un énorme succès en Allemagne et sera vendu dans vingt autres pays.  Roland Emmerich fonde ensuite la société Centropolis Film Productions, sous la bannière laquelle il réalise et produit Making Contact, qui confirme sa maîtrise des trucages, puis la comédie Ghost Chase. Il entame une collaboration avec Dean Devlin, qui devient producteur et co-scénariste de ses films Stargate, Independence Day et Godzilla. En 2000, Emmerich quitte son registre habituel et signe la fresque historique The Patriot avec Mel Gibson. Il retourne à sa passion pour les films-catastrophes en réalisant Le jour d’après. En 2007, il connaît son seul demi-succès avec 10 000, superproduction préhistorique trop kitsch pour convaincre (voir les explications d’Harald Kloser à ce sujet, dans son interview), et nous présente aujourd’hui son époustouflant 2012.

Vous étiez adolescent quand L’aventure du Poseidon (1972) La tour infernale (1974) et Tremblement de terre (1974) sont sortis en salles. Pourquoi ces trois films ont-ils eu sur vous une influence aussi forte et aussi durable ?

Je crois que les films que l’on voit quand on est très jeune ont une influence déterminante. Je dois dire que j’ai surtout vu et revu ces films à la télévision, parce qu’une chaîne de télé allemande en avait acheté les droits, et n’arrêtait pas de les diffuser ! J’ai tendance à avoir facilement peur et quand j’étais jeune et que je regardais un film effrayant, il fallait que je sorte de la pièce dès que le suspense et la tension devenaient trop intenses ! (rires) Bien sûr, je revenais juste après pour voir la suite ! Mais comme ces films-catastrophes étaient constamment rediffusés, au bout d’un moment, je n’avais plus peur, parce que j’en avais vu assez les fois précédentes pour savoir qui allait mourir et qui allait survivre ! (rires) A cause de cela, ces films sont restés gravés à jamais dans ma mémoire. Plus tard, lorsque je faisais des études de cinéma, je suis venu à Paris et j’ai vu Rencontres du troisième type, qui a été un choc profondément marquant. Dans mes films, je choisis pour héros des gens ordinaires,et je fais surgir des situations fantastiques dans des environnements de la vie quotidienne. C’est beaucoup plus inquiétant de décrire une journée banale, et de faire arriver précisément des extraterrestres à ce moment-là. Le public s’identifie plus facilement à des gens qui lui ressemblent qu’à des personnages exceptionnels.

Vous avez presque détruit la terre dans Independence Day (1996), vous l’avez beaucoup endommagée dans Le jour d’après (2004), et vous allez encore beaucoup plus loin dans 2012. Pourquoi êtes-vous fasciné par ces histoires apocalyptiques, au point d’avoir toujours envie d’en tourner de nouvelles ?

Ce qui me plaît, au-delà du spectacle du cataclysme, c’est de suivre les aventures de mes personnages. Personnellement, je ne m’intéresse pas énormément à ce qui se passe aux Etats-Unis en ce moment. Il faut que j’intègre le contexte américain actuel parce que le film est financé par un grand studio, mais je préfère montrer le monde dans son ensemble. Avec les problèmes d’environnement qui menacent toute la planète, je crois qu’un film-catastrophe actuel doit concerner la terre entière pour avoir du sens. D’ailleurs, mon tout premier film s’intitulait Le principe de l’arche de Noé, et il abordait déjà certaines des thèmes que nous traitons dans 2012. D’ailleurs, j’ai toujours été fasciné par le fait que certains grands thèmes existent dans toutes les cultures du monde. Dans presque tous les pays, on retrouve le mythe du déluge, d’une arche dans laquelle se réfugient des gens et des animaux, et des flots qui recouvrent toutes les terres. Dans bien des cas, il y a un héros qui est prévenu par un dieu, et qui est chargé de construire l’arche et de rassembler dedans tout ce qui est bon, afin de permettre à ses compagnons de survivre. De la même manière, le mythe de la fin des temps est commun à toutes les cultures. 2012 est donc une nouvelle manière de raconter ces récits traditionnels très anciens.

Comment le projet 2012 a t’il commencé pour vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de porter les prophéties Mayas au cinéma ?

Je suis toujours à la recherche de nouveaux projets quand je termine un film. Je parle de différentes idées avec mes collaborateurs et Harald et moi avons évoqué de nombreux sujets, dont celui des prophéties Mayas. Un jour, Harald m’a téléphoné pour me dire qu’il avait lu un livre passionnant, qui s’intitule Apocalypse 2012, et qui est consacré a ces prophéties. Il m’a parlé de certains faits racontés dans le livre, et j’ai tout de suite pensé que nous pourrions nous en servir pour jeter les bases d’une histoire. C’est d’ailleurs de ces éléments-là qu’est né le personnage de Charlie Frost,  l’animateur de radio un peu fou que joue Woody Harrelson. Certains passages du livre ressemblaient à ce que pourrait raconter un conducteur de taxi cinglé comme on en croise quelquefois, et qui commence à vous parler de choses démentes, de conspiration gouvernementale et de secrets occultés par l’armée ! Quand nous avons fait des recherches, nous nous sommes rendus compte que beaucoup de gens croient à ces théories de l’apocalypse et pensent qu’un cataclysme se déroulera vraiment en 2012 . Sur certains forums de discussion, certains disent que ce sera l’anéantissement total de l’humanité, tandis que d’autres affirment que beaucoup de gens survivront, et que cet événement sera une prise de conscience à l’échelle planétaire. Nous nous sommes inspirés de ces points de vues et nous en sommes servis pour adapter le mythe de l’arche de Noé.

Vous avez toujours été fasciné par les mythes, qu’ils soient modernes ou contemporains, comme vous le prouviez déjà dans Stargate…

Oui, ils me passionnent. Stargate était inspiré par les mythes modernes autour des mystères de l’Egypte antique, tandis qu’Independence Day m’a permis de traiter tous les fantasmes qui entourent la fameuse « Aire 51 » et aussi le célèbre « incident de Roswell ». Il y avait tellement de gens qui se passionnaient pour ce qui se passait dans cette fameuse base militaire top secrète que Dean Devlin et moi avons décidé de concevoir un film autour de cela.

A titre personnel, croyez-vous qu’un cataclysme puisse réellement nous menacer en 2012 ?

Je suis assez indécis sur ce sujet. Je suis influencé par les livres que je consulte, et si j’en lis un qui me paraît convaincant, je suis terrifié. Mais si j’en lis un autre, qui développe des thèses complètement différentes, je suis rassuré ! En fait, comme beaucoup de gens qui essaient de se faire une opinion, je ne sais plus quoi penser ! (rires) Mais je reste fasciné par ce sujet.

Mais vous restez suffisamment optimiste pour préparer des films qui sortiront après l’année 2012, n’est-ce pas ?   (rires) Oh oui ! J’ai envie de réaliser encore beaucoup d’autres films ! (rires)

Selon vous, quels sont les éléments de l’histoire de 2012 qui sont les plus captivants ?

Je crois que la dynamique la plus intéressante du film, c’est l’aventure parallèle de deux groupes de gens : ceux qui savent ce qui va se passer, et ceux qui l’ignorent, qui représentent l’immense majorité de la population. Les politiciens disposent des informations scientifiques précises qui prouvent que la catastrophe est inévitable. Ils décident de ne rien révéler du cataclysme à venir, et s’organisent en secret pour planifier la construction d’arches gigantesques. Ces dirigeants des grands pays ont de nombreuses discussions entre eux, et s’interrogent souvent sur le bien fondé de leurs décisions. Est-ce que leurs actions sont moralement  justifiables ? Plus ils avancent dans l’aboutissement de leur projet, plus ils sont saisis par un sentiment de culpabilité terrible. Les gens qui ne savaient pas ce qui se passe, et qui l’apprennent par accident ou par coïncidence se jettent alors dans une course folle en espérant pouvoir sauver leur vie et celles de leurs proches. Le problème commun de ces deux groupes, c’est « Qui et quoi doit t’on sauver ? ».  Les responsables gouvernementaux doivent établir des programmes et sélectionner les échantillons génétiques, les semences, les œuvres d’art, les gens d’exception, les banques de données et le savoir scientifique qu’il faut préserver pour assurer la survie de l’espèce humaine et de son patrimoine. Tous nos personnages sont contraints de se demander « Qu’est-ce qui m’est le plus cher ? » Le personnage principal, qui est incarné par John Cusack, est séparé de son épouse, et perd peu à peu la complicité qu’il avait avec ses enfants. Le cataclysme lui donne une seconde chance, car il déploie des efforts incroyables pour parvenir à les sauver. Il traverse le monde avec eux pour atteindre ce but.

On pourrait y voir un parallèle avec l’odyssée de Roy Neary, le personnage principal de Rencontres du 3ème type : il mène son enquête alors que le gouvernement garde un secret absolu sur ce qui se prépare, et il traverse tous les USA pour arriver enfin au lieu où va se dérouler cette fameuse rencontre…

Oui, je ne l’ai pas fait de manière consciente, mais c’est vrai que Rencontres du 3ème type est gravé dans ma mémoire, et a du ressurgir un peu. Cela dit, Roy Neary abandonne sa famille pour aller au bout de son destin, tandis que ce qui motive Jackson Curtis est à l’opposé : il veut rester avec les siens pour parvenir à les sauver, quels que soient les obstacles qui se dressent devant lui. Dans le film, on apprend que Jackson est un auteur, et qu’il a publié un roman sur le thème de l’Atlantide, qui n’a pas marché. Et c’est justement ce roman qui fait qu’à un moment précis la trajectoire de Jackson croise celle d’Adrian Helmsley, le conseiller scientifique du président des Etats-Unis.

Savez-vous si le gouvernement américain a prévu des mesures en cas de cataclysme massif ?

Je n’en ai aucune idée, mais je suis toujours frappé de découvrir des images de sites étranges, comme ce souterrain hermétique aménagé dans les montagnes du Spitzberg, dans lequel sont stockées les graines de la plupart des plantes et des céréales. De toute évidence, ce lieu a été préparé pour que ces échantillons soient à l’abri en cas de cataclysme massif. Mais qu’est-ce qui a poussé les dirigeants du pays à faire cela ? Et pourquoi avoir créé ce lieu à cet endroit-là, plutôt qu’au Groenland ou ailleurs ? On peut se poser des questions sur les motivations des instigateurs du projet. L’autre point que nous abordons dans le film, c’est l’attitude qu’adoptent les politiciens quand ils accèdent à de très hautes responsabilités. Une fois qu’ils sont en place, ils ont le sentiment de détenir un pouvoir qui les rend tout puissants et qui leur donne le droit de prendre des décisions qui peuvent bouleverser la vie des gens. Ce genre de réaction me met en colère, car ils devraient bien au contraire se sentir responsables de la confiance que les citoyens ont placée en eux. Ils devraient comprendre qu’il ne faut pas perdre pied avec la réalité, et tout faire pour se mettre à la place de l’homme de la rue. Bien sûr, quand on devient président ou ministre, il faut respecter certaines règles de sécurité qui rendent plus difficile les contacts avec les citoyens. Le terrorisme a contribué à accentuer l’isolement des dirigeants politiques.

Comment avez-vous conçu les séquences de destruction du film, qui sont à la fois très originales et très spectaculaires ?

Comme j’ai souvent réalisé des films-catastrophes, je ne veux surtout pas me répéter. Je pense constamment à cela quand je cherche de nouvelles idées. Je vais vous en donner un exemple. La première image qui m’est venue en tête quand j’ai pensé à la manière de représenter le déferlement des eaux, c’est l’énorme vague du raz de marée qui franchit la chaîne de l’Himalaya. J’en ai parlé à Harald, qui a trouvé que c’était une idée fantastique. J’ai pensé qu’il fallait que ce soit une scène presque silencieuse, dans laquelle on n’entendrait que le souffle du vent, et qui serait précédée par une ambiance très zen. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu voir ce moine qui sert de vigie en haut d’un bâtiment perché sur une haute montagne, et qui sonne l’alerte en voyant les flots arriver. Un peu plus tard, Harald m’a demandé ce nous allions faire avec la Maison Blanche. Il m’a dit « Tout le monde se souviens de la destruction de la Maison Blanche dans Independence Day. Si tu ne montre pas ce qui lui arrive dans 2012, tout le monde te demandera pourquoi tu ne l’as pas fait ! ». Au début, j’étais sceptique, et nous n’arrivions pas à trouver une manière vraiment originale de l’anéantir. (rires)  J’ai dit à Harald « Laisse-moi un peu de temps pour y réfléchir ». Il se trouve qu’à ce moment-là, je lisais un livre consacré à la famille Kennedy. Et je me suis soudain souvenu que quand j’avais 15 ou 16 ans, j’avais visité le porte-avion John F. Kennedy qui était ancré à l’extérieur de Washington, dans la baie de Chesapeake, près d’une zone désaffectée où sont stockés de vieux vaisseaux de guerre. Je me suis dit que ce serait formidable de voir ce gigantesque porte-avion et les vieux jets exposés sur son pont être soudain emportés par le raz de marée, puis foncer sur Washington et s’écraser sur la Maison Blanche. Et en plus de cela, il y avait aussi un brin d’humour sarcastique, car à l’époque où j’ai imaginé ce « retour de JFK » à la Maison Blanche, son occupant était encore George W. Bush. C’est ce qui rend la scène intéressante, et la différencie d’un plan banal de catastrophe.

Vous collaborez à nouveau avec Volker Engel, votre vieux complice qui avait si bien supervisé les effets visuels de Moon 44, Universal Soldier, Independance Day et Godzilla…Pouvez-vous évoquer votre collaboration ?

Ce que j’aime chez Volker, outre son talent, c’est son calme et sa détermination. Quand vous lui expliquez ce que vous voulez faire, il ne dit jamais non. Il dit simplement « Laissez-moi le temps d’y réfléchir. » Ensuite, il prend le temps de faire des recherches et procède très intelligemment pour trouver les meilleures solutions. Son premier réflexe est toujours de chercher des images réelles pour disposer de références indiscutables, sur lesquelles il pourra baser son travail. Pour ce film, il a créé un montage de références de vues de tremblements de terre, de raz de marées, de glissements de terrain et d’avalanches. Ensuite, quand il a bien réfléchi à la manière dont les trucages pourraient être réalisés, il vous dit franchement ce qu’il pense. Mais même à ce moment-là, ce n’est jamais un non, mais une description des problèmes que nous allons rencontrer en utilisant telle option, et des inconvénients de telle autre technique. Volker garde toujours son sang-froid, et agit toujours de manière intelligente. On ne l’entend jamais crier ou s’énerver contre un de ses collaborateurs. Et j’apprécie beaucoup ce genre d’attitude. Volker supervise le travail de plus de 2000 personnes, et il ne s’est jamais mis en colère une seule fois. Si jamais il atteint le comble de l’exaspération, il peut lui arriver d’élever la voix un tout petit peu, mais ça ne va jamais plus loin ! (rires) C’est assez remarquable d’arriver à se maîtriser ainsi. J’admire sa sérénité. Et je peux vous dire que les équipes qui travaillent avec lui l’adorent.

C’est incroyable de voir le niveau de perfection qu’ont atteint les effets numériques aujourd’hui. Est-ce que toutes les scènes de destruction ont été réalisées en synthèse, ou avez-vous utilisé aussi quelques miniatures ?

Nous avons employé seulement une petite maquette, à un moment, pour représenter le haut de la reproduction de la Tour Eiffel qui se trouve à Las Vegas. Nous l’avons filmée, et ensuite, quand nous avons vu les rushes, nous nous sommes dits que nous aurions pu la créer tout aussi bien en images de synthèse ! Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un point où l’on peut réussir à créer ces scènes uniquement en 3D, en atteignant un niveau de réalisme incroyable. Même si j’en ai utilisé beaucoup dans mes précédents films, je dois dire que je n’ai jamais été un fan absolu des maquettes. Même si elles permettent de créer des images spectaculaires, dans la plupart des cas, le résultat n’est pas convaincant à 100%. Il y a toujours un petit quelque chose qui me gêne, même si ces plans fonctionnent bien dans la continuité du film. Maintenant, les nouveaux logiciels que nous utilisons fonctionnent à merveille et permettent de créer des simulations de destruction totalement convaincantes. Le résultat est quasiment parfait.

Avez-vous conçu des scènes de destruction que vous avez finalement abandonnées ?

Non, pas une seule. Nous avons tourné et utilisé tout ce qui était prévu initialement dans le script. Non seulement nous avons utilisé toutes nos idées, mais nous en avons ajouté de nouvelles !

Quel est le pourcentage du budget du film que vous avez investi dans les effets visuels ? 40% ? Davantage ?

Notre film a coûté environ 205 millions de dollars, et nous avons dépensé 85 millions pour produire les effets visuels. Je vous laisse faire le calcul du pourcentage !

On ne doit pas être loin des 40% ! (Vérification faite, cela représente 41,5% du budget !) Est-il très dur d’arriver à maintenir l’équilibre entre le chaos global et le point de vue intime des personnages principaux ?

Tout se joue au moment de l’écriture du script. J’ai eu la chance de travailler avec Harald, qui s’est vraiment pris de passion pour tous ces personnages. Je crois que l’histoire du personnage de John Cusack est un peu inspirée de sa propre vie. Lui aussi s’est marié, a eu deux enfants, et a divorcé. Il s’est retrouvé à travailler seul dans son studio de musique, alors que sa femme menait une autre vie…Comme tous les bons auteurs, Harald a choisi de parler de choses qu’il connaît parce qu’il les a vécues. Depuis le début du projet,  il m’a dit « Il faut que nous prenions toujours nos personnages au sérieux. Et que le ton du film soit réaliste et n’utilise pas des raccourcis caricaturaux. » En ce moment à Hollywood, quand on teste des films qui fonctionnent très bien, mais qui durent entre 1h45 et 2 heures, les spectateurs des projections-tests disent « C’est beaucoup trop lent ».Après, le studio demande au réalisateur de couper 10 minutes et organise une autre projection. Et la réaction est la même : « Trop lent ». Et au bout de ce processus, le studio demande que l’on élimine tous les petits moments pendant lesquels on voit les personnages évoluer et se développer. Ce ne sont pas des moments indispensables pour comprendre l’histoire globale, mais ce sont des éléments essentiels pour que l’on s’attache vraiment à ces personnages. Nous avons donc décidé d’emblée de nous en tenir à notre script, et de refuser qu’il soit tronçonné après les projections-tests. Nous avons été très clairs avec le studio quand nous avons négocié avec lui. L’un de nos arguments, c’est que la plupart des plus grands succès du boxoffice durent en moyenne deux heures à deux heures et demie. Alors pourquoi vouloir toujours réduire un film à 1h45 en croyant qu’il plaira davantage ?

Quelles ont été les scènes les plus difficiles à réaliser et pourquoi ?

En tant que réalisateur, ce sont surtout les plans complexes tournés sur fond vert qui me créent le plus de difficultés. Par exemple le tournage de la scène où l’on voit John Cusack courir derrière l’avion. J’ai besoin de tellement d’angles différents pour décrire l’action qu’il devient difficile à l’acteur de garder sa motivation au bout de cinq heures de tournage de la même scène…Mais heureusement, il régnait une bonne ambiance sur le plateau et tout s’est bien passé.

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