[Star Wars Day] George Lucas, le père fondateur
Article Cinéma du Samedi 04 Mai 2019

Retour sur les influences et expériences qui ont permises à George Lucas de devenir un des plus illustres conteurs contemporains...

Par Pierre-Eric Salard



Il y a quelques temps, dans une galaxie proche, très proche...

Il était une fois un jeune cinéaste talentueux dont l'imagination débordante déteignit sur toute l'industrie cinématographique. D'un côté, ce visionnaire bouleversa la post-production des films en créant la plus célèbre société d'effets spéciaux, Industrial Light & Magic, et le label de qualité sonore et visuelle THX. De l'autre, il mit ces outils au service de sa créativité et offrit au monde deux des plus grandes sagas du cinéma. Père spirituel de la science-fiction moderne, ce réalisateur créa une hexalogie vénérée par des millions de fans à travers le monde, un univers dense, s'étirant sur 25000 ans, où le Côté obscur ne reste jamais longtemps dans l'ombre. Il imagina également la figure de l'aventurier moderne, Fédora vissé sur la crane et fouet à portée de main. Respecté et décrié à la fois, cet homme, à la tête d'un Empire (galactique) financier, ne possède aucun équivalent à Hollywood. S'il ne devait exister qu'un seul créateur d'univers, il se nommerait George Lucas...



La Force est avec lui

Au sein de l'industrie du cinéma, George Lucas possède un statut unique. Contrairement à la majorité de ses confrères, il est l'auteur de ses grandes sagas cinématographiques. Si James Cameron a suivi des chemins détournés avant de pouvoir donner vie à Terminator, Abyss ou Avatar, le parcours de George Lucas, de son enfance à ses études, le menèrent vers les étoiles. De Star Wars à Indiana Jones en passant par Willow, il a su recycler les contes de fées et s'est inspiré des mythes d'hier pour inventer les légendes de demain. Mais tout n'est pas rose pour le mythique réalisateur-producteur-scénariste ! Si ses premières productions furent couronnées de succès – critiques comme publics -, la tendance s'inversa au cours des années 1980. Alors que Le Retour du Jedi fut critiqué pour ses choix artistiques (les Ewoks, véritables peluches calibrées pour plaire aux plus jeunes), ses productions Howard Le Canard, Willow et Labyrinth ne rencontrèrent pas le succès escompté. La tendance se confirma à la fin des années 1990 : les retouches de l'Edition Spéciale de la trilogie classique de la Guerre des Etoiles (1997) furent vivement dénoncées et le tant attendu premier volet de la nouvelle trilogie, La Menace Fantôme (1999), est actuellement considéré comme le chapitre le moins réussi de la saga. Les choix narratifs, les dialogues et la mise en scène de George Lucas ne convainquirent guère une partie du public – ce qui n'empêcha pas le film d'être un gigantesque succès au box-office mondial. Bien que préférés par les fans, les deux opus suivants, L'Attaque des Clones (2002) et La Revanche des Sith (2005), pâtirent des mêmes lacunes. Et on ne compte plus les détracteurs d'Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal (2008) - un film dont le scénario, imaginé par George Lucas, nécessita de nombreuses itérations avant de convaincre le réalisateur Steven Spielberg et le comédien Harrison Ford. Ce tableau peut sembler peu flatteur, mais n'oublions pas que c'est à l'aune des réussites antérieures que les oeuvres de Lucas sont désormais jugés. Si l'on peut critiquer ses choix artistiques actuels, George Lucas restera l'un des plus grands visionnaires de l'Histoire du cinéma... et l'homme qui créa, à seulement 33 ans, l'univers de science-fiction le plus connu de nos jours ! Revenons sur le destin d'un conteur moderne, dont la carrière prouve que l'obstination et la passion peuvent mener à la création d'univers immortels...

Les racines de l'imagination

George Walton Lucas Junior naquit le 14 mai 1944 dans la petite ville nord-californienne de Modesto, non loin de San Francisco, futur QG de son empire financier et cinématographique. Né d'un père gérant d'une papeterie et de mère femme au foyer, le petit George se révèle timide et peureux. Il se rassure dans la lecture de contes de fée, dont Boucle d'Or et les trois ours, son histoire préférée. Ennuyé par la routine scolaire, l'enfant se réfugie dans les méandres de son imagination. Notons que bien avant d'inspirer des attractions dans les parcs Disneyland, à l'instar du simulateur de vol spatial Star Tours, le jeune garçon construit un manège rudimentaire dans le jardin familial... à l'âge de huit ans ! Il dévore de nombreux romans, dont L'île au Trésor et Robinson Crusoé. Il se passionne ensuite pour les comics, qu'il collectionne avec assiduité, et se met lui même à dessiner des personnages pour lesquels il imagine milles aventures. Débordant de créativité, il construit des villes miniatures pour « faire la guerre »... mais encore loin des étoiles, bien qu'il se passionne pour les aventures de Flash Gordon. En 1954, l'arrivée d'un poste de télévision dans le foyer est une révélation pour un garçon qui était auparavant fasciné par le potentiel imaginaire de la radio ! Dessin-animés, sérials des années 1930 et westerns se mettent à alimenter l'imagination du futur cinéaste. A l'occasion des matinées du samedi, il regarde avec assiduité de vieux feuilletons, dont - encore ! - Flash Gordon (1936). L'année suivante, George Lucas subit un nouveau choc : il n'oubliera jamais les sensations vécues lors de sa première visite dans le parc Disneyland californien. Cette première visite sera d'ailleurs suivie par de nombreuses autres ! Toutes les expériences de son enfance émergeront dans son oeuvre future... « Réaliser dans l'âge d'homme les rêves de la jeunesse, c'est ainsi qu'un poète a défini le bonheur », disait Léon Blum. Il faut croire que George Lucas est un homme heureux...

Seconde naissance

Alors qu'il vient d'avoir quinze ans, sa famille emménage dans un ranch situé non loin de Modesto. Il se découvre rapidement une passion pour les voitures et prend goût au cruising, synonyme de « drague automobile ». Désertant peu à peu les bancs de l'école, il passe plusieurs années à arpenter les rues de Modesto avec ses amis tout en écoutant du rock'n roll. A l'époque, ce rituel social met tous les jeunes gens sur un pied d'égalité ; peu importe leurs origines. La voiture devint ainsi une drogue... Jusqu'au jour où il est victime d'un terrible accident automobile, sa voiture déracinant un noyer après une demi-douzaine de tonneaux ! Heureusement pour George Lucas, sa ceinture de sécurité cède et il est éjecté du véhicule une poignée de secondes avant l'impact ! Comme quoi la vie ne tient littéralement qu'à un fil... Inconscient, l''adolescent est admis à l'hôpital, où il reste un mois. Cette période de convalescence fut fondatrice pour le jeune homme. « Etre encore en vie tenait du miracle », disait-il. « Je compris qu'il n'était pas très malin de devenir pilote automobile, ce qui était alors mon souhait ! J'ai décidé de m'assagir, de faire quelque chose de ma vie et je me suis mis à étudier. Je me disais que ma survie ne devait pas être gratuite. Je décida de faire confiance à mon instinct, qui m'incita à aller à l'université, comme plus tard il me poussa à faire La Guerre des Etoiles malgré les conseils de mes proches ». George Lucas est né.

Premiers pas de cinéastes, premiers univers

George Lucas ne dénigre pas pour autant sa passion pour les voitures. Mais au lieu de les conduire, il se met à les photographier. Lorsque son père l'informe qu'il souhaite que George intègre son entreprise, le jeune homme, âgé de 18 ans, refuse. S'il ne sait pas encore ce qu'il pourrait faire de sa vie active, il décide de suivre des études d'anthropologie, un domaine qui le passionne. Au cours de cette période, il découvre Le Héros aux Milles Visages, un livre de Joseph Campbell sur les mythes et religions... et qui sera à l'origine d'une certaine saga galactique ! Après de multiples hésitations, le destin le conduit ensuite à l'USC (University of Southern California), dont le département cinéma est l'un des plus cotés du pays. De la photographie au septième art, il n'y a que 24 images par seconde ! Il se découvre bientôt une passion et un talent pour la réalisation. « Le cinéma était un médium dont je ne savais rien », confiait-il. « Je suis vraiment tombé là par hasard ». Lucas se lie rapidement d'amitié avec de nombreux étudiants - dont ses futurs partenaires Willard Huyck, Walter Murch (THX 1138) et Howard Kazanjian (Le Retour du Jedi) -, avec qui il visionne jusqu'à cinq ou six films par week-end. Il ne désire plus qu'une chose : faire des films. Il s'oriente alors vers un cinéma totalement abstrait, signant des court-métrages pour le moins expérimentaux. Deux de ces court-métrages,Herbie et 1:42:08, tournent cependant autour de l'automobile. Comme on le remarquera, plus de trente ans plus tard, à l'occasion de la course de pods de La Menace Fantôme, George Lucas n'a jamais perdu son attrait pour la vitesse. Il obtient le diplôme de l'USC en 1966. Quelques semaines plus tard, il imagine l'histoire d'un court-métrage, THX 1138 4EB, qui n'est autre que l'ébauche de son premier univers personnel. Rédigé par Matthew Robbins et Walter Murch, le scénario raconte la fuite d'un homme face à l'omniprésence d'un « Big Brother » surveillant les faits et gestes de chaque citoyen. Le court-métrage est remarqué, et George Lucas commence à se faire un nom dans le milieu. En 1967, il rencontre à l'occasion d'un stage au sein du studio Warner Bros le jeune Francis Ford Coppola, qui deviendra – sans jeu de mot – son parrain. Il devient assistant de « l'autre barbu » sur le film La Vallée du Bonheur (1968). « Ainsi a commencé une amitié », confiait George Lucas. Coppola lui propose ensuite de travailler sur son film suivant, Les Gens de la Pluie (1969), promettant en échange de l'aider à écrire le scénario d'un film THX 1138, dont l'univers le fascinait. « Je n'étais pas scénariste, mais Francis me fit comprendre que je ne deviendrais pas un véritable réalisateur si je n'arrivais pas à construire un scénario par moi-même ». Lorsque Coppola décide de monter sa propre société de production, American Zoetrope, George Lucas y voit un moyen d'atteindre son rêve. Parmi plusieurs projets proposés par American Zoetrope, la Warner Bros accepte d'en financer cinq... dont THX 1138 ! Si l'intrigue est plus dense que dans le court-métrage étudiant, le film se déroule toujours dans un univers à la 1984 (George Orwell). Dans une cité souterraine dominée par un ordinateur tout-puissant, un couple, THX 1138 et LUH 3417, découvre l'amour et la sexualité, deux principes bannis par la société. THX décide alors de fuir cet univers oppressant... Incompris par le grand public, le film est un échec commercial. S'il est applaudi au Festival de Cannes, le premier univers créé par Lucas ne convainc guère les foules... George Lucas décide alors de monter sa propre société, Lucasfilm. Malgré l'échec de son premier film, le réalisateur réussit à vendre le scénario d'American Graffiti aux dirigeants des studios Universal. Le scénario de George Lucas s'inspire de ses pérégrinations d'adolescent amateur de musiques rock'n roll, d'automobiles et de cruising. L'univers de son film est simplement celui de sa propre jeunesse... Parallèlement, George Lucas tente d'acheter les droits du personnage Flash Gordon dans l'objectif d'en réaliser une adaptation cinématographique. Mais les ayant-droits désirent confier le projet à Fellini ! Qu'à cela ne tienne ! Désirant ardemment réaliser un film de science-fiction et d'action contemporain, Lucas s'attelle à l'écriture d'un space-opéra épique dans le style des sérials de Flash Gordon et Buck Rogers... Contre toute attente, American Graffiti devient en 1973 le film le plus rentable de l'histoire d'Hollywood. Mais le jeune cinéaste n'est qu'à l'aube de sa propre légende ; sa Guerre des Etoiles n'existe pas encore en dehors de son imagination...

Les racines de la guerre

En 1973, le réalisateur, âgé de 29 ans, se trouve à la croisée des chemins. Toutes ses expériences, passions et inspirations vont se mêler pour donner vie à un univers à part entière : l'imagination débordante de son enfance, l'attrait pour la vitesse de son adolescence, la passion pour les sérials de science-fiction et pour le cinéma, l'intérêt pour les mythes et légendes... Nous pouvons d'ailleurs retracer l'origine de Star Wars à la lecture du livre de Joseph Campbell, Le Héros aux Milles Visages, qui étudiait les liens entre les mythes et religions. « L'artiste est celui qui transmet les mythes de son époque », écrivait Campbell. George Lucas s'inspire de l'oeuvre de l'écrivain et décide de revisiter et synthétiser les thèmes mythologiques. De la quête du Saint-Graal à l'origine des religions, sa saga recycle les mythes et légendes en les confrontant aux problématiques du vingtième siècle (la confrontation entre l'homme et la machine...). A l'instar de J.R.R. Tolkien (qui était, rappelons-le, un expert en mythologies anglo-saxonnes) pour Le Seigneur des Anneaux, George Lucas retrace surtout la quête du héros, clairement défini par Joseph Campbell dans son livre : « Le héros doit quitter son environnement habituel au moment où l'histoire commence ; puis, dans le nouveau monde à travers lequel il voyage, il doit subir une série d'épreuves initiatiques et surmonter de nombreux obstacles pour découvrir des manières d'être qui lui étaient inconnus jusqu'alors ; enfin, il retourne vers les autres afin de partager avec eux ce qu'il a appris ». Un rite initiatique qui rappelle les aventures d'un certain Frodon Sacquet ou de Luke Skywalker. Un destin qui sera perverti par Anakin Skywalker, héros victime de ses passions, dont l'histoire sera davantage inspirée par les tragédies antiques. Mais une thématique forte ne suffit pas à faire un bon film. George Lucas s'inspire des sérials de science-fiction diffusés lors de son adolescence pour développer une toile de fond captivante. Transposer le rite initiatique du héros dans l'espace, sous forme de space-opéra, est une idée pour le moins séduisante ! Certains éléments de son histoire sont également tirés des westerns, des contes de fées et des films d'arts martiaux japonais. Il n'a d'ailleurs jamais caché son admiration pour La Forteresse Cachée d'Akira Kurosawa. On peut également retrouver l'influence du Japon médiéval dans les costumes : des Jedi à Dark Vador, les Samouraïs ne sont pas loin... N'oublions pas non plus les points communs entre la Force et le bouddhisme ! Enfin, George Lucas injecte dans son univers des réminiscences de notre Histoire ; la désagrégation de la République Galactique et son remplacement par un Empire reflète fortement plusieurs évènements marquants de notre civilisation. De l'avènement de l'Empire Romain à la prise de pouvoir d'Adolf Hitler, notre passé ne manque pas de « bonnes histoires », où la réalité dépasse souvent la fiction... Mais le cinéaste n'est pas à l'aise avec l'écriture de scénarii, et c'est davantage un synopsis détaillé qui voit le jour. Notons que deux idées germent dans l'esprit du cinéaste à l'occasion de cette période de recherches : l'histoire d'un aventurier dont le récit serait inspiré des sérials de son enfance et un film de « sorcellerie et d'épées ». Mais ces deux univers attendront leur heure...

Un phénomène inédit

George Lucas se lance donc dans la rédaction d'un manuscrit intitulé « Journal of the Whills », soit-disant écrit par le mystérieux « C.P. Thorpe, apprenti padawan des célèbres Jedi ». A vrai dire, ce résumé des exploits de « Mace Windy, Jedi-bendu révéré d'Ophuchi » ne ressemble pas vraiment au film qu'il engendrera. Par contre, George Lucas y introduit un certain nombre de concepts, évènements, planètes et personnages que nous retrouverons dans les six volets de la saga. Certains noms inventés pour ce document ne seront d'ailleurs pas recyclés avant La Revanche des Sith (2005), plus de trente ans plus tard... Le réalisateur s'attelle ensuite à l'écriture du scénario, dont chaque version représente une importante évolution par rapport à la précédente. Un certain Anakin Starkiller fit son apparition avant d'être renommé Luke. L'Etoile Noire, Dark Vador, L'Empire Galactique ou encore la Force apparurent en cours de route. Il faudrait bien davantage que ces quelques lignes pour raconter ces passionnantes réécritures ! La quatrième version, livrée le 1er janvier 1976, ressemble enfin au résultat que nous connaissons. Finalement, le succès d'American Graffiti permet à George Lucas de négocier un contrat avec le studio 20th Century Fox. Il exige le contrôle artistique du film, ainsi que les droits de merchandising, d'édition musicale... et des éventuelles suites que pourrait engendrer son film ! Car le cinéaste a rapidement compris qu'il ne pourrait jamais intégrer tous les éléments de son histoire dans une unique production. Ce premier film sera donc le quatrième volet de sa saga. Cette décision fera sa richesse... et lui apportera une liberté totale par la suite - soit un statut unique à Hollywood, où les réalisateurs doivent rendre des comptes aux studios ! Le film sort finalement le 25 mai 1977 aux Etats-Unis et bénéficie d'un excellent bouche-à-oreille. La suite fait partie de la légende. Le succès de Star Wars : Un Nouvel Espoir est phénoménal. Les recettes permettent de produire une suite, L'Empire Contre-Attaque (1980), souvent considérée comme le meilleur volet de la série. L'univers de George Lucas s'étoffe ensuite avec Le Retour du Jedi (1983), ultime volet de la trilogie. Notons que pour ces deux derniers films, Lucas n'est que producteur et à l'origine de l'histoire, et non scénariste... Parallèlement, Lucasfilm fait éditer plusieurs romans et comics, avant de produire deux téléfilms et quelques dessin-animés centrés sur les Ewoks. N'oublions pas que George Lucas dit faire ces films pour les enfants, et qui pourrait mieux que ces derniers convaincre les parents de leur acheter les nombreux produits dérivés mis sur le marché ! Mais le succès n'a qu'un temps, et le phénomène Star Wars s'estompe au cours des années 1980 – en attendant que la technologie puisse permettre au réalisateur de concrétiser sa vision pour la - véritable - première trilogie ! Pourtant, à l'orée de la décennie suivante, une trilogie de romans Star Wars est publiée : La Croisade Noire du Jedi Fou de l'auteur Timothy Zahn. Son succès est retentissant et inaugure la publication de centaines de comics et romans estampillés Star Wars ; ce qui sera nommé « l'univers étendu » de la saga. Supervisé – de main de maître, avouons-le - par Lucasfilm, cet univers étendu alimente la passion des fans et étend considérablement la richesse du monde de George Lucas. Il faut cependant attendre 1999 pour retrouver la vision du réalisateur. Mais La Menace Fantôme initie une trilogie mal comprise, la quête initiatique de Luke Skywalker étant remplacée par la tragédie de son père. Dévoré par ses passions (amour pour sa mère et Padmé, révolte contre le système), Anakin finira pas détruire tout ce (et ceux) qu'il aime et offrira la galaxie au plus grand despote de son histoire. Il représente finalement le double négatif de son fils. Mais une partie des fans vivent mal la découverte du futur Dark Vador en tant que petit garçon, puis adolescent insupportable (L'Attaque des Clones, 2002). L'habile conspiration politique passera inaperçue face aux pitreries d'un Jar Jar Binks. En outre, le règne du tout numérique, les dialogues et la réalisation de George Lucas (qui est également scénariste de ces opus) ne convaincront pas tous les spectateurs. Cette trilogie est certainement victime de l'attente fébrile qui la précédait. Qu'importe, l'histoire et l'imagerie de cette « prélogie » sont bien plus denses que celles de son aînée, et le spectacle est bel et bien au rendez-vous. Lucas complexifie son univers et le fait entrer au 21ème siècle. Dans vingt ans, les enfants de notre époque auront peut-être le regard que nous portons sur l'ancienne trilogie ...



Un conteur moderne

Mais la créativité de George Lucas ne s'est pas limitée aux étoiles. En 1977, peu de temps après la sortie d'Un Nouvel Espoir, le réalisateur partage des vacances avec son ami Steven Spielberg. Lorsque ce dernier lui confie son envie de réaliser un James Bond, George Lucas lui parle d'une histoire imaginée pendant l'écriture de Star Wars : celle d'un aventurier, inspirée par les vieux sérials des années 1930. Vous connaissez la suite...

George Lucas est également à l'origine d'un autre univers. En 1973, lorsqu'il choisit de revisiter les mythes et légendes sous forme de space-opéra, il décide de reproduire ultérieurement ce schéma dans un univers fantasy. Or au début des années 1980, ce genre bénéficie d'une certaine popularité suite au succès de Conan le Barbare et autres Legend. Ainsi naquit la méconnu Willow (1988), réalisé par Ron Howard. Un prophète y prédit que la naissance d'une princesse mettrait fin au règne de la terrible reine Bavmorda. Celle-ci s'empresse d'ordonner l'assassinat du bébé pour empêcher que s'accomplisse la prophétie. L'enfant est cependant sauvé, avant d'être recueilli par un nain, Willow. Ce dernier s'engagera dans des aventures éprouvantes aux côtés du mercenaire Madmartigan... On retrouve donc la quête initiatique du héros chère à George Lucas. Mais Willow ne rencontre pas son public, et cet univers ne sera perpétué qu'à travers une trilogie de romans, Chronicles of the Shadow War, écrite au cours des années 1990 par Chris Claremont d'après une idée du cinéaste. La saga >I>Star Wars restera donc le plus grand succès de George Lucas. Malgré les nombreuses critiques émises à son encontre, il restera avant tout, dans l'Histoire du cinéma, un producteur avisé et un créateur visionnaire... Car qui d'autre peut se vanter d'avoir initié le plus célèbre univers de science-fiction de ce nouveau millénaire, avant de le confier au roi du divertissement hollywoodien ?

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