Prothèses Transferts « sur mesures » - Première partie : la fabrication du moule
Article Tutoriaux du Mardi 09 Octobre 2018

Par Laurent Zupan

ESI vous propose aujourd’hui de réaliser un effet de vilaine plaie suturée en utilisant la technique des « transferts ».

Ces prothèses, finalisées à plat puis moulées en silicone, sont idéales pour créer des effets génériques de plaies, bosses, cicatrices etc. et permettent des raccords de toute beauté. Elles se déclinent en plusieurs types, comme celles qui sont « transférées » sur papier à tatouage, sur carton, ou directement appliquées avec leur moule sur la peau. Elles peuvent également être produites en différents matériaux (acrylique, gélatine, silicone…). Mais avec une sculpture réalisée à plat, il est plus difficile de créer un effet parfaitement adapté au modèle… C’était sans compter sur la technique ancestrale du « floating »…

Nous allons donc commencer par sculpter notre suture sur une empreinte en plâtre (photo 1) afin de réaliser un effet parfaitement adapté à notre modèle.

Avant de commencer, nous allons appliquer une couche d’alcote (ou alcool polyvinylique) sur la zone qui nous intéresse, à savoir la moitié du visage (photo 2). A l’aide d’un sèche cheveux, vous pouvez accélérer le séchage de l’alcote (photo 3) avant de passer à la sculpture. Important : la sculpture doit être réalisée avec une plastiline non souffrée, afin de ne pas inhiber le silicone qui servira ultérieurement à la mouler. Choisissez une plastiline de type « Chavant NSP » ou « Le Beau Touché » en dureté moyenne (medium), évitez les pâtes trop souples (soft ou dureté inférieure à 60 shores).

Avec de petits boudins de plastiline, modelez les futurs bourrelets des sutures de votre plaie (photo 4). Utilisez une mirette pour retracer le centre de l’entaille (photo 5) et un ébauchoir pour lissez les transitions avec l’empreinte (photo 6). Enlevez l’excédent de matière qui rendrait votre sculpture trop volumineuse (photo 7) mais ne vous inquiétez pas trop pour ce point car les futures étapes vous permettront de réduire le volume de la prothèse tout en conservant son design. Pour rendre votre sculpture moins « brute », diluez la plastiline à l’aide d’essence F (photo 8) mais évitez de déborder sur le plâtre, vous risqueriez d’ôter l’alcote. Les raccords seront affinés ultérieurement, comme les détails et textures de votre travail.

Quand l’essentiel est là (photo 9), vous allez pouvoir passer au « floating ». Comme l’explique si bien Neill Gorton dans son nouveau DVD, le terme « floating » est un faux ami car la plastiline flotte aussi bien qu’un sac de sable… Placez votre empreinte dans un grand seau et remplissez-le d’eau pour immerger totalement votre sculpture (photos 10 et 11).

Une petite astuce perso vous permettra de gagner du temps lorsqu’il est recommandé de laisser tremper votre sculpture pendant un nuit : Au bout de deux heures, l’alcote (en se réactivant au contact de l’eau) aidera les rebords de la plastiline à se décoller. Si vous essayez d’ôter à la main votre sculpture, vous pouvez être certain de l’endommager… L’astuce consiste à remplir une seringue d’eau et à en injecter doucement à l’endroit où la plastiline se décolle pour aider l’eau à s’infiltrer. Il vous faudra recommencer de nombreuses fois pour séparer toute la pièce du plâtre (photos 12 et 13) mais en quelques minutes, cette dernière sera libre (photo 14). L’avantage d’une plastiline medium est que le froid de l’eau la durcira davantage, l’empêchant ainsi de trop se déformer.

Egouttez la sculpture et posez-là à plat sur une table à proximité d’un radiateur (photo 15). Quand la plastiline est sèche et légèrement ramollie, vous pouvez doucement la plaquer sur la table (photo 16) et entamer les finitions de sculpture, à commencer par le lissage des raccords (photos 17 et 18) puis les textures (photo 19).

Photo 20 : en brossant du talc sur la sculpture puis en utilisant un morceau d’éponge à barbe (photo 21) vous obtiendrez de beaux effets de micro-ridules. La pointe d’une mirette servira à imprimer des pores et l’essence F adoucira les tracés trop durs.

Votre sculpture est maintenant terminée (photo 22). Passons au moulage : Ecrasons un petit boudin de plastiline que nous couperons bien droit au cutter pour construire autour de la sculpture un muret qui évitera les débordements de silicone (photos 23 et 24).

Le silicone que nous utiliserons se nomme le Dragon Skin FX PRO (photo 25). Il s’agit d’un nouveau produit élaboré par Smooth One pour réaliser des moules mais aussi des prothèses. Ses propriétés, très différentes de son ancêtre le Dragon Skin, le rapprochent très fortement du fameux PlatSil Gel 10. Mélangez deux parts égales de composant A et B (deux seringues vous seront utiles dans cette tâche (photo 26).

Photos 27 : le Dragon Skin FX Pro ayant un temps de prise assez rapide, il n’a pas le temps de « débuller » complètement. Une fine couche de saisie de détail au pinceau est donc recommandée pour éviter les bulles en surface de votre sculpture, avant de couler le restant du moule (photo 28).

Au bout d’une demie-heure en ambiance chauffée (près d’un radiateur), le silicone aura totalement vulcanisé. Pour vous en assurer, vérifiez dans le récipient qui vous a servi à faire le mélange (photo 29), et décollez le moule. La proximité du chauffage va rendre la plastiline collante et il est probable que cette dernière adhère dans le moule dans sa phase molle (photo 30). Qu’à cela ne tienne, plongez le moule dans l’eau froide et enlevez toute trace de plastiline (photo 31) pour récupérer un moule bien propre (photo 32).

C’est terminé pour cette étape ! Rendez-vous au prochain tutorial pour la réalisation de la prothèse et son application.

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